1° Les manuscrits anciens les plus importants, c'est-à-dire les plus anciens, omettent complètement
les douze versets dont nous parlons (א, A, B, C, L, T, X, Δ ; il est vrai que A et C sont incomplets et mutilés
en cet endroit ; mais on a calculé que les pages disparues seraient insuffisantes pour contenir l'épisode). De
nombreux manuscrits en écriture cursive (soixante environ) les ont pareillement omis ; de même une
trentaine d'évangéliaires. Là où on les trouve, tantôt ils sont notés comme douteux au moyen de l'astérisque
ou de l'obèle (par exemple dans E, M, S, Λ, II,) ; tantôt ils occupent des places extraordinaires (les
minuscules 1, 19 et 20 les renvoient à la fin du quatrième évangile ; 13, 69, 124, 346 les insèrent après Luc
21, 38) ; toujours le texte en est très flottant et présente des variantes multiples : nouvelle preuve, assure-t-on,
du peu de cas que l'on faisait de tout ce passage. - A cela que répondre ? Sans doute, parmi les manuscrits de
premier ordre, nous n'en pouvons citer qu'un seul, le Codex D, qui contienne l'histoire de la femme adultère,
et encore ne remonte-t-il qu'au 6ème siècle ; mais il est à peu près démontré qu'il est lui-même une copie d'un
texte très antique, du 3ème ou du second siècle (voyez des preuves dans Hug, Einleitung in die Schriften des
N. Test., t. 1, p. 124 et ss. ; Études relig., philos., historiq., 1877, n° de février, p. 147 et ss.) : son autorité est
donc réellement très sérieuse. D'autres manuscrits anciens contiennent aussi notre fragment (F, G, H, K, V, T,
du 7ème au 9ème siècle). Quant aux "minuscules" nous en pouvons alléguer plus de trois cents. Plusieurs
évangéliaires et livres liturgiques prescrivent la lecture de ces douze versets aux fêtes de quelques saintes
pénitentes. Certes, tout cela vaut bien quelque chose. Et les manuscrits qui déplacent l'épisode ou qui le
notent d'un signe quelconque sont-ils donc si défavorables à l'authenticité ? Le fait de l'insertion n'est-il pas
le principal ? Même remarque pour L et Δ, qui laissent un espace blanc après 7, 52 ; les copistes montraient
ainsi que l'omission leur causait une certaine répugnance. Les variantes du texte n'ont rien d'étonnant dans
un pareil état de choses.
2° Les versions. Un fait analogue se reproduit ici, comme il est naturel de s'y attendre, les versions
dépendant des manuscrits qui leur servirent de base. La Peschito et la traduction syriaque de Philoxène, le
copte, l'arabe, l'arménien, le gothique, le sahidique et plusieurs manuscrits très anciens de l'Itala n'ont pas ce
célèbre récit ;
Bible Leithielleux.