L’évangile de Matthieu en hébreu
Chapitre 5
La langue hébraïque et les études des manuscrits sont importantes pour une compréhension adéquate des Écritures grecques chrétiennes. La langue hébraïque autant que la culture ont grandement influencé les mots grecs et les schèmes de pensée employés dans les Écritures chrétiennes. Même si la majorité des citations des Écritures hébraïques viennent de la Septante, d’aucune manière cela est-il toujours le cas. Dans certains cas, tels que la lettre aux Hébreux, le rédacteur traduisait directement de l’hébreu au grec lorsqu’il citait les Écritures.Donc, une étude complète des Écritures chrétiennes doit aussi prendre en considération les documents en langue hébraïque. Dans le cas de cette présente étude, toutefois, nous avons même grand besoin de faire connaissance avec les textes écrits en hébreu, dans la mesure où la vérification de la présence du nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes de la «Traduction du monde nouveau » vient directement de sources écrites en hébreu.[1]Un ancien Évangile écrit en hébreu
Le 15 août 1996, «La Tour de Garde» présentait un livre important, œuvre de George Howard.[2] Le livre de Howard, «The Gospel of Matthew According to a Primitive Hebrew Text»,[3] évaluant la dernière section (identifiée dans le livre) au sein d’un ouvrage publié par Shem-Tob ben-Isaac ben-Shaprut dans les années 1380. Ce docteur juif, à qui nous ferons référence simplement par Shem-Tob, a publié une polémique[4] intitulée Even Bohan (???? ???, «La pierre de touche») qui consistait en 17 sections ou livres.À la première page de l’introduction, Howard décrit l’ouvrage de Shem-Tob : « Des livres originaux, le premier traite des principes de la foi juive, les neuf suivants traitent de différents passages de la Bible qui étaient débattus entre Juifs et chrétiens, le onzième discute de certaines sections haggadiques (commentaires) dans le Talmud employées par des chrétiens ou par des prosélytes du christianisme, et le douzième contient en entier l’Évangile de Matthieu en hébreu, en compagnie de commentaires polémiques de Shem-Tob dispersés tout au long du texte. »
Le livre de Howard s’intéresse à la dernière portion de l’œuvre de Shem-Tob dans laquelle l’apologiste Juif reproduit en entier un Évangile de Matthieu en hébreu.La base de notre intérêt
Nous nous intéressons au travail de Howard pour deux raisons. Premièrement, Howard présente des preuves persuasives que cet ouvrage est une ancienne recension du vrai texte de l’Évangile hébreu écrit par Matthieu. Si cela est vrai, alors cet Évangile en hébreu ne devrait pas être classé avec les versions hébraïques, mais comme un descendant réel de l’œuvre de l’apôtre lui-même.En outre, Howard déclare que des travaux érudits plus poussés doivent être faits pour établir la validité de cette affirmation. Néanmoins, que cet Évangile de Matthieu en hébreu en vienne à être pleinement authentifié comme étant une recension de l’Évangile hébreu «perdu» du premier siècle, cela jettera un éclairage textuel important sur les études des manuscrits des Écritures chrétiennes. C’est une découverte excitante !Deuxièmement, le manuscrit de Shem-Tob est un des documents «J» faisant partie des notes en bas de page de la KIT. J2 est vraiment le Matthieu de Shem-Tob, alors que J3 et J4 sont identifiés comme étant des révisions.[5] Le résumé de ces trois références «J» tel que mentionné par la KIT (édition 1969, pages 28 et 29) se lit comme suit : J2
Matthieu en hébreu. Aux environs de 1385, un Juif appelé Shem Tob ben Shaprut, de Tudela en Castille, Espagne, a écrit une œuvre polémique contre le christianisme intitulé Eben Bohan dans lequel il incorpore [l’évangile de] Matthieu en hébreu dans un chapitre séparé. (Les manuscrits en écritures cursives du Eben Bohan de Shem-Tob se trouvent au Jewish Theological Seminary of America, New York.)
J3
Matthieu et Hébreux en hébreu. Sebastian Münster a révisé et complété une copie manuscrite imparfaite du Matthieu de Shem-Tob. Cette copie, il l’a publiée et imprimée à Bâle en Suisse, en 1537. Plus tard, en 1557, Münster a publié sa version hébraïque de l’Épître aux Hébreux. (Une copie se trouve à la New York Public Library.)
J4
Matthieu en hébreu. Une révision du Matthieu de Münster faite et publiée par Johannes Quinquarboreus, Paris, France, 1551.(Une copie se trouve à la New York Public Library.)
L’identification des manuscrits de Shem-Tob
Howard identifie neuf manuscrits de Shem-Tob employés dans cette étude. (C’est-à-dire, neuf manuscrits séparés du texte du Matthieu de Shem-Tob sont disponibles pour la comparaison.) Un de ces neuf manuscrits est vraisemblablement l’actuel manuscrit J2 employé par le comité de traduction de la Bible du monde nouveau et il se trouve à la Jewish Theological Seminary of America, New York.Précédemment nous avons parlé de la critique textuelle et de l’étude des variantes des manuscrits. Les neuf manuscrits de Shem-Tob donnent un exemple de ce processus. Aux pages X et XI de son introduction, Howard identifie tous ces manuscrits comme étant des copies datant du quinzième au dix-septième siècle. De celles-ci, certaines sont identifiées comme étant de bonne qualité, même si elles montrent de toute évidence des révisions considérables au sujet de l’amélioration grammaticale et qu’elles ont été publiées avec comme objectif de les faire s’accorder avec la formulation de l’Évangile grec de Matthieu. Il y a d’autres manuscrits qu’il classe comme étant de qualité médiocre. Certains manuscrits sont incomplets. Deux manuscrits sont de haute qualité avec moins d’édition de copistes. Howard s’est fié généralement sur ces deux derniers manuscrits de haute qualité pour la traduction de l’Évangile de Matthieu incluse dans son livre.Le témoignage supportant l’Évangile en hébreu de Matthieu
Il y a d’abondantes et d’anciennes mentions que Matthieu a écrit un Évangile en hébreu. Jérôme, écrivant au quatrième siècle, est cité dans l’édition avec référence de la Traduction du monde nouveau comme suit : « MATTHIEU, nommé aussi Lévi, et de publicain devenu apôtre, composa le premier en Judée, pour ceux qui avaient cru parmi les circoncis, l’Évangile du Christ, et le rédigea en caractères et langage hébraïques. Quelle personne le traduisit plus tard en grec, c’est ce que l’on ne sait pas au juste. L’Évangile se trouve aujourd’hui encore à la bibliothèque de Césarée, que le martyr Pamphilus avait formé avec le soin le plus grand. Les Nazaréens de Beroea, ville de Syrie, se servent du texte hébreu, et j’ai eu par eux la facilité de le transcrire. »[6]
Il n’y a pas de raison de douter de la véracité de la déclaration de Jérôme. Selon toute vraisemblance, Matthieu, un Juif employé par Rome comme collecteur de taxes, a été capable d’écrire en hébreu,[7] en grec et en latin. Il est certainement probable qu’il a écrit un compte-rendu d’Évangile pour ses concitoyens Israélites dans la langue parlée de son époque. Il est tout à fait possible que l’Évangile que nous avons aujourd’hui soit une traduction[8] de Matthieu lui-même et de son Évangile en hébreu. L’affirmation de Jérôme implique que le texte hébreu qu’il a copié était identifiable par lui comme un parallèle de l’Évangile grec de Matthieu.Dans le livre de George Howard que nous consultons, celui-ci donne de plus amples preuves de l’Évangile de Matthieu en hébreu (pages 156, 157). Les citations suivantes d’anciens rédacteurs représentent simplement quelques-unes des meilleures références préservées : Irénée, Adv. Haer. 3. 1. 1 :
« Matthieu a aussi publié un Évangile écrit parmi les Hébreux dans leur propre dialecte, alors que Pierre et Paul prêchaient à Rome et qu’ils posaient les fondations de l’Église. »
Origène, tel que cité par Eusèbe, H E. 3. 24. 6 :
« Ayant appris par la tradition concernant les quatre Évangiles, lesquelles sont les seules étant incontestables dans l’Église de Dieu sous les cieux, que le premier qui fut écrit est celui selon Matthieu, qui autrefois était un collecteur d’impôt, mais qu’ensuite il devint un apôtre de Jésus Christ, qui le publia pour ceux qui du judaïsme en vinrent à croire, le composa tel quel en langue hébraïque. »
Eusèbe, H. E. 3. 24. 6 :
« Matthieu a en premier lieu prêché aux Hébreux, et quand il était sur le point d’aller vers d’autres, il transmit par écrit dans sa langue maternelle l’Évangile selon lui, et ainsi il suppléa par écrit son absence à ceux de chez qui il fut envoyé. »
À partir des preuves abondantes disponibles, il n’y aurait pas de raison de douter qu’en fait l’apôtre Matthieu ait composé un Évangile écrit en hébreu. De plus, nous pouvons être certains que cet Évangile en hébreu a été copié et mis en circulation pendant une longue période de temps parmi les lecteurs parlant l’hébreu.Shem-Tob comme recension de l’Évangile en hébreu de Matthieu
Nous sommes incapables de dépeindre adéquatement un travail de la valeur de celui de Howard dans un si bref chapitre. À tout le moins, nous simplifierons grandement la complexité en identifiant le Matthieu de Shem-Tob comme une recension de l’Évangile hébreu original. Howard a fait de très nombreux travaux textuels menant à ses conclusions qui nécessitent une qualification appropriée plutôt qu’une simple déclaration identifiant J2 (le Matthieu de Shem-Tob) comme l’Évangile hébreu écrit par Matthieu lui-même.Néanmoins, nous nous retrouvons avec la fascinante possibilité qu’avec le J2 que nous possédons, nous avons une copie de l’Évangile en hébreu de l’apôtre Matthieu, malgré le fait que ce texte soit passé à travers des générations successives de copistes et d’éditeurs inconnus. Même si cette édition affaiblit le plein impact de l’Évangile, elle nous donne une plus grande compréhension de l’œuvre de Matthieu en hébreu, plus que ne le fait n’importe quelle autre source connue aujourd’hui.Après une série de comparaison du texte hébreu de Shem-Tob avec le texte grec canonique de Matthieu, Howard fait ce commentaire aux pages 176 et 177 : « Ces exemples montrent à certains points de vue que le premier Évangile de Shem-Tob s’insère dans le processus de l’évolution textuelle qui a commencé à une époque primitive et qui a culminé avec du Tillet [J1] au seizième siècle ou possiblement plus tard si notre étude devait inclure les textes hébreux ultérieurs de Matthieu. La suggestion faite ici est à l’effet que le texte évangélique incorporé dans Even Bohan n’était pas une traduction récemment effectuée du premier Évangile par Shem-Tob, mais qu’elle était une reproduction, possiblement avec certaines révisions, faites par Shem-Tob lui-même, d’une tradition littéraire hébraïque existant déjà, qui avait été dans le processus d’évolution pendant un certain temps. »
À la page 223 Howard ajoute ce commentaire : « Aussi, le texte est écrit dans une sorte d’hébreu auquel nous nous attendrions d’un document composé au premier siècle, mais préservé en d’anciens manuscrits rabbiniques. Il est fondamentalement composé en hébreu biblique avec un sain mélange d’hébreu mishnaïque et d’un ancien idiome et vocabulaire rabbinique. »
Dans ces déclarations tenant lieu de résumé, Howard dit que le Matthieu de Shem-Tob a été copié — et possiblement préparé plus avant pour la publication par Shem-Tob lui-même — d’une série de manuscrits qui plongent les racines de leurs origines jusque dans l’Évangile original que l’apôtre Matthieu avait écrit en langue hébraïque. Même si maintenant nous comprenons les variations introduites successivement dans le texte à la main en passant par de nombreuses générations, nous comprenons la signification de la terminologie de Howard affirmant que l’actuel Matthieu de Shem-Tob «concorde dans le processus de l’évolution textuelle.»[9] Néanmoins, l’importance du travail menant à cette affirmation (présumant qu’elle puisse être pleinement corroborée par des efforts érudits additionnels) range le travail de Howard parmi les avancées textuelles dramatiques dans les études des Écritures chrétiennes.[10]Il est intriguant de réaliser que ce livre publié en 1987 change notre point de vue à considérer l’œuvre de Shem-Tob comme une simple traduction, à la réalisation qu’elle peut être vraiment une copie — quoique imparfaite — de l’œuvre de l’apôtre lui-même!Le nom divin dans le Matthieu de Shem-Tob
Dans le contexte de cette étude, notre intérêt pour l’Évangile de Matthieu en hébreu est l’emploi du Tétragramme. Shem-Tob a-t-il employé le nom divin ?Howard a transcrit au complet l’Évangile hébreu selon les manuscrits disponibles les plus dignes de foi. De cette transcription, il dit : « Le texte [hébreu] imprimé préserve le manuscrit de la British Library et D dans leurs sections pertinentes en compagnie de leurs erreurs et incohérences dans l’épellation et la grammaire. Les points réguliers et les points d’interrogation ont été ajoutés rédactionnellement à l’hébreu imprimé. Dans quelques cas où le texte de base a une lacune [une partie manquante dans le texte], le texte d’un autre manuscrit est imprimé entre parenthèses. »
En addition au texte hébreu, Howard donne une traduction anglaise parallèle sur la page opposée. Le format des lignes et des numéros de versets permettent au lecteur qui n’est pas familier avec l’hébreu d’examiner d’un coup d’œil le texte pour trouver le nom divin avec une certitude raisonnable.Avant d’évaluer le texte hébreu lui-même, nous devons résumer une intéressante section du livre de Howard sous le titre, «Le nom divin», qui se trouve aux pages 201 à 203. À la page 201, il dit : « Un ensemble de lectures intéressantes dans le Matthieu hébraïque de Shem-Tob est une série de passages incorporant le nom divin symbolisé par ?? (apparemment une circonlocution pour ???, «Le Nom»). Celui-ci apparaît dix-neuf fois. (Écrit tout au long ??? apparaît en 28 : 9 et il est inclus dans le dix-neuvième.) Habituellement le nom divin apparaît là où le grec se lit ????? [Lord (Seigneur)], deux fois (21 : 12 mss, 22 : 31) où le grec se lit ?e?? [God (Dieu)], et deux fois où il apparaît seul (22 : 32; 27 :9). (1) Il apparaît régulièrement dans des citations de la Bible hébraïque où le T[exte] M[assorétique] emploie le Tétragramme. (2) Il apparaît dans les introductions de citations comme, par exemple, en 1 : 22, «Tout cela était pour compléter ce qui était écrit par le prophète selon le SEIGNEUR»; et en 22 : 31, «N’avez-vous pas lu à propos de la résurrection des morts ce dont le SEIGNEUR vous parlait en disant.» (3) Dans des narrations à l’extérieur des citations il apparaît en des phrases telles que «ange du SEIGNEUR» ou «la maison du SEIGNEUR.» Ainsi, 2 : 13, «Alors qu’ils se furent retirés, regardez, l’ange du SEIGNEUR apparut en rêve à Joseph et il lui dit», 2 : 19, «Lorsque fut décédé le roi Hérode, l’ange du SEIGNEUR apparut en rêve à Joseph en Égypte», 21 : 12, «Alors Jésus entra dans la maison du SEIGNEUR», 28 : 2, «Alors, la terre fut ébranlée parce que l’ange du SEIGNEUR descendit du ciel vers la tombe, il déplaça la pierre, et il se tint là.»
Nous devrions aussi considérer l’information dans la note en bas de page de la page 202, laquelle dit en partie : « En incorporant le Matthieu en hébreu dans son Even Bohan, Shem-Tob s’est apparemment senti obligé de préserver le nom divin en compagnie du reste du texte. ?? dans le Matthieu de Shem-Tob ne devrait pas être vu comme un symbole pas plus pour Adonaï que pour le Tétragramme comme il était coutume dans les documents hébreux copiés au cours du Moyen-Âge. L’auteur du Matthieu en hébreu emploie Adonaï et ?? avec discrimination. Il emploie Adonaï en référence à Jésus et ?? seulement en référence à Dieu. Puisque ????? (souvent abrégé par (????) fait référence à Jésus, pas à Dieu, tout au long du texte, l’emploi par l’auteur de ?? est un symbole seulement pour le Tétragramme et selon toute probabilité représente la circonlocution ???, «Le Nom.» »
Les passages qui suivent ont été reproduits du Matthieu de Shem-Tob dans le livre «The Gospel of Matthew According to a Primitive Hebrew Text » de George Howard. La traduction anglaise tirée du même livre est reproduite sous le texte hébreu. Le premier passage du chapitre 1 de Matthieu montre deux exemples se trouvant dans les versets 22 et 24 du substitut ??, lequel remplace la circonlocution ??? qui veut dire Le Nom. Au cours du reste de ce chapitre, nous identifierons généralement soit le substitut ou une forme écrite plus longue simplement par le terme circonlocution.) Ce passage montre aussi un exemple intéressant dans lequel il y a un désaccord entre la Traduction du monde nouveau et Shem-Tob. Au verset 20 la Traduction du monde nouveau se lit comme suit : «L’ange de Jéhovah,» là où Shem-Tob se lit comme suit : «un ange.» Lorsque cela s’appliquera dans les exemples suivants, la formulation de la «New World Translation» [et la Traduction du monde nouveau] sera insérée dans le texte anglais [et français] entre crochets. Le nom divin est encerclé et relié à sa traduction correspondante dans le texte anglais. 20 Mais après qu’il eut réfléchit à ces choses dans son cœur, voyez, un ange [TMN, de Jéhovah] lui apparut en rêve et dit : «Joseph, fils de David, n’aie pas peur de prendre chez toi Marie ta femme, car elle est enceinte par le Saint Esprit.»
21 Elle portera un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus parce qu’il sauvera mon peuple de leurs péchés.
22 Tout cela était pour compléter ce qui fut écrit par le prophète selon le Seigneur [TMN, Jéhovah].
23 Voyez, la jeune femme concevra et portera un fils et elle l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui signifie, Dieu est avec nous.
24 Alors Joseph se réveilla de son sommeil, il fit tout selon ce que l’ange du Seigneur [TMN, Jéhovah] lui avait commandé et il prit sa femme.
Dans les deux prochains exemples, nous rencontrons des variantes dans la circonlocution dans le manuscrit Shem-Tob lui-même. La référence à Matthieu 5 : 33 ajoute le caractère hébraïque lamèdh (?) qui est la proposition «à» en combinaison avec la circonlocution pour le nom divin. La référence à Matthieu 28 : 9 montre la circonlocution écrite au complet. 33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit à ceux des temps anciens :Tu ne dois pas jurer sans tenir,, mais tu dois t’acquitter auprès du Seigneur [TMN, envers Jéhovah] de tes vœux.
9 Alors qu’elles allaient leur chemin, Jésus passant devant elle leur dit: Que le Nom vous délivre [TMN, «Bonjour!»]. Elles vinrent près de lui et se «prosternèrent et l’adorèrent. »
Dans le dernier exemple, nous voyons une référence employant la circonlocution dans le Matthieu de Shem-Tob là où la Traduction du monde nouveau n’emploie pas le nom divin. 12 Jésus entra dans la maison du Seigneur [TMN, temple] et il y trouva ceux qui achetaient et vendaient. Il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes.
Le nom divin est employé 18 fois dans l’Évangile de Matthieu dans la Traduction du monde nouveau. En guise de comparaison, la circonlocution qui tient lieu de nom divin (incluant toutes les variantes de ses formes écrites) est employée 19 fois dans le Matthieu de Shem-Tob. Le tableau 3 compare ces références dans les deux Évangiles de Matthieu.Comme nous pouvons le voir, il n’y a pas de désaccord dans le sens de la traduction entre l’emploi de la circonlocution du Matthieu de Shem-Tob et le nom divin aux même endroits dans la Traduction du monde nouveau. Les variantes sont simplement des altérations textuelles dans la formulation. (Toutefois, nous devons ajouter qu’en composant avec les variantes textuelles entre les manuscrits, nous pouvons affirmer que certaines différences sont sans importance. Cela ne veut pas dire que nous ne nous soucions pas du résultat final des études textuelles. Lorsque le travail sera complété, cela deviendra notre but d’obtenir la formulation exacte des rédacteurs inspirés des Écritures.) Par exemple, dans certains cas (1 : 20, 2 : 15 et 4 : 4) Shem-Tob n’inclut pas le nom divin, là où le texte de Westcott et Hort emploie Kurios (??????). L’inverse est aussi vrai en 27 : 9. En un cas, (27 : 10), Shem-Tob emploie Adonaï plutôt que la circonlocution Le Nom. En deux endroits, (22 : 31-32) la Traduction du monde nouveau emploie Dieu plutôt que Jéhovah. En 28 : 9, Shem-Tob écrit «Le Nom» comme une forme de salutation là où le texte grec de Westcott et Hort écrit le mot ?a??ete (kaivrete) qui est une salutation dérivée de l’expression se réjouir. Tableau 3. Le nom divin dans le Matthieu de Shem-Tob comparé à la Traduction du monde nouveau.
Dans et en elles-mêmes, celles-ci ne sont pas des différences textuelles importantes. Ce qui est gênant, cependant, c’est qu’il n’y a pas de variante d’aucune sorte à la lumière de la présomption que la Traduction du monde nouveau représente un texte corrigé qui reflète mieux l’Évangile original de Matthieu.Avant de quitter cette section, il sera intéressant de comparer la fréquence des citations des notes en bas de page dans la KIT pour chacune des références «J» qui viennent de la tradition hébraïque. Ces quatre références sont : J1 Matthieu par Jean du Tillet (1555), J2 Matthieu de Shem-Tob (1385), J3 Matthieu par Münster (1537) et J4 une révision du Matthieu de Münster faite par Quinquarboreus (1551). Le tableau 4 indique la présence (oui) ou l’absence (non) de la citation de la note en bas de page pour le Tétragramme dans le texte hébreu. (Notez que le texte de Shem-Tob n’emploie pas le Tétragramme, mais nous y lisons une circonlocution telle qu’indiquée. Dans les cas de J1, J3 et J4, nous citons les notes en bas de page de la KIT sans référence au document lui-même pour faire une vérification.)Si chacune de nos quatre recensions étaient des transmissions parfaites de l’Évangile original en hébreu de Matthieu, nous verrions des réponses oui ou non identiques à chaque ligne. Comme de raison, il n’y a pas de copie manuscrite, séparée de l’originale par 1300 ans, qui soit parfaite. Ainsi, le tableau ci-dessous donne une idée des variantes textuelles qui se sont glissées dans ces recensions au cours de cette période de temps.Le tableau 4 est présenté simplement pour l’intérêt qu’il y a à comparer les quatre recensions hébraïques de cette ancienne tradition hébraïque concernant les manuscrits. D’aucune manière les variantes jettent-elles le doute sur la véracité du manuscrit de Shem-Tob. | Shem-Tob | J1 | J3 | J4 |
Matthew | | | | |
1:20 | no | no | yes | no |
1:22 | yes | yes | yes | no |
1:24 | yes | no | yes | yes |
2:13 | yes | no | no | no |
2:15 | no | no | no | no |
2:19 | yes | no | no | yes |
3:3 | yes | yes | no | yes |
4:4 | yes | yes | yes | yes |
4:7 | yes | yes | yes | yes |
4:10 | yes | yes | yes | yes |
5:33 | yes | yes | yes | no |
21:9 | yes | no | no | yes |
21:42 | yes | yes | yes | yes |
22:37 | yes | yes | no | no |
22:44 | yes | yes | no | yes |
23:39 | yes | yes | yes | yes |
27:10 | yes | yes | no | yes |
28:2 | yes | no | no | yes |
Tableau 4. Le nom divin dans le Matthieu de Shem-Tob (J2) comparé avec l’emploi du nom divin dans J1, J3 et J4.
Les questions cruciales
Les différences entre le Matthieu de Shem-Tob et la présentation de Matthieu dans les Écritures chrétiennes de la Traduction du monde nouveau ne sont pas grandes. Néanmoins, deux domaines de comparaison entre une recension probable de l’ancien Évangile de Matthieu et le Matthieu de la Traduction du monde nouveau, nous surprennent à la lumière de l’affirmation que la Traduction du monde nouveau restitue le nom divin qui a été supprimé par négligence et à cause d’une hérésie.[list="color: rgb(0, 0, 0); font-family: \"Times New Roman"; font-size: medium;"]
[*]Nous nous attendrions qu’une restauration adéquate de l’Évangile de Matthieu mettrait en parallèle l’emploi du nom divin dans une recension de l’Évangile en langue hébraïque de Matthieu avec une grande précision. Cependant, comme nous l’avons vu dans le tableau 3, ce n’est pas le cas. En dépit du fait qu’il y a une correspondance précise en 15 endroits où Shem-Tob emploie Le Nom (ou une forme semblable) et où la Traduction du monde nouveau emploie Jéhovah, nous restons, néanmoins, avec huit endroits dans lesquels un ou l’autre ne correspond pas exactement à l’emploi du nom divin. Considérant l’affirmation que la Traduction du monde nouveau restitue la formulation des Écritures chrétiennes à leur forme écrite originale, cette variation est trop grande pour être acceptable. Vu de l’angle de la terminologie mathématique, nous avons seulement une corrélation de 0.65, là où nous nous attendrions à avoir une corrélation près de 1.00 pour une vraie restitution. (C’est-à-dire, sur un total de 23 occurrences du nom divin soit dans le Matthieu de Shem-Tob, soit dans l’Évangile de Matthieu dans la Traduction du monde nouveau, il y a accord en quinze occasions. Donc, 15 divisé par 23 égale 0.65, là où l’idéal de 23 divisé par 23 égale 1.00.)
[*]Dans et en elle-même, la présence de la circonlocution signifiant Le Nom (??) plutôt que le Tétragramme (????) lui-même n’est pas de grande importance considérant les variantes textuelles typiques que nous trouvons les études de la critique textuelle. Pourtant, dans ce cas, c’est une cause de souci. Le comité de traduction de la Bible du monde nouveau nous assure que Matthieu a employé le Tétragramme. Cela est en net contraste avec l’emploi de la circonlocution de Matthieu.
[11] Si Matthieu a écrit ?? sous la forme d’un substitut ??? (Le Nom dans sa forme écrite), il n’a pas, en fait, écrit le Tétragramme. Comme nous l’avons vu précédemment, le Matthieu de Shem-Tob est une recension qui «concorde dans le processus de l’évolution textuelle.» Nous pouvons spéculer que Matthieu lui-même a employé le Tétragramme et que cela aussi a été changé au cours du temps. Toutefois, nous sommes néanmoins confrontés avec la réalité que le texte actuel que nous possédons, lequel nous donne des indications de l’écrit de Matthieu en hébreu, n’emploie pas le Tétragramme.
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Nouvelle compréhension au sujet des études des Écritures chrétiennes
Notre recherche dans ce livre a pour objectif d’en arriver à une nouvelle compréhension des manuscrits anciens des Écritures chrétiennes. Nous cherchons particulièrement de l’information qui n’était pas disponible pour le comité de traduction de la Bible du monde nouveau à la fin des années 1940. Très certainement que la découverte que l’œuvre de Shem-Tob ne soit plus considérée comme une version hébraïque est, en fait, une nouvelle compréhension ! Dans l’édition de 1969 de la KIT (page 16), le comité de traduction de la Bible du monde nouveau déclarait ce qui suit : « Il y a différentes preuves que différentes recensions du texte de Matthieu dans des versions hébraïques et araméennes ont existé depuis des siècles parmi les anciennes communautés juives chrétiennes de Palestine et de Syrie. D’anciens écrivains, comme Papias, Hégésippe, Justin martyr, Tatien, Simmaque, Irénée, Pantène, Clément d’Alexandrie, Origène, Pamphile, Eusèbe, Épiphane et Jérôme, nous donnent des preuves qu’ils ont soit possédé soit eu accès à des écrits hébraïques ou araméens de Matthieu. »
À quel point seraient ravis ces hommes aujourd’hui de voir la confirmation, se trouvant dans le livre de George Howard, de leur déclaration de l’époque. En 1950, ils pouvaient seulement s’en remettre à des preuves de l’emploi de ces recensions du contenu de Matthieu en hébreu et en araméen. Selon toute probabilité, aujourd’hui nous sommes capables de jeter nos regards sur un Évangile hébraïque reconstruit de Matthieu lui-même!S’il se vérifie, finalement, que ce document est une ancienne copie de l’Évangile de Matthieu en hébreu, pour la première fois dans les temps modernes des études bibliques, nous aurons un accès limité à son Évangile hébraïque perdu. Comme de raison, les changements survenus suite aux différentes éditions au cours des siècles ont réduit sa précision. Malgré tout, il demeure un outil valable de recherche.Le travail de Shem-Tob était connu parmi les érudits juifs et chrétiens puisque ce travail a été publié à la fin du quatorzième siècle. En tant que tel, il est cité 16 fois dans les notes en bas de page de la KIT en tant que version hébraïque portant l’identification de nomenclature J2. Cependant, avec les récentes recherches de Howard, nous avons un nouvel aperçu complet du contenu de l’Évangile de Matthieu en hébreu, lequel était disponible seulement par l’intermédiaire de spéculations pour ceux qui travaillaient à la Traduction du monde nouveau entre 1947 et 1949.Nous savons maintenant que la meilleure recension ayant survécu du travail de l’apôtre Matthieu nous permet de vérifier l’emploi du nom divin dans les 20 cas indiqués dans le Tableau 3. Nous savons aussi que ces mêmes 20 cas emploient une circonlocution plutôt que le Tétragramme et qu’ils diffèrent en l’endroit des versets des 18 références Jéhovah de la Traduction du monde nouveau.
Résumé du chapitre Shem-Tob, un docteur Juif écrivant dans les années 1380, a inclus l’Évangile en hébreu de Matthieu comme le dernier livre dans sa polémique contre le christianisme. Il y a une preuve convaincante que ce vieil Évangile en hébreu est une révision (passant par plusieurs copistes et éditeurs) de l’Évangile en hébreu écrit par l’apôtre lui-même. Si cela s’avère finalement vrai, alors la référence «J» employée dans les notes en bas de page de la KIT, référence identifiée par J2, est, en fait, la reproduction la plus fidèlement proche de cet écrit ancien.[list="color: rgb(0, 0, 0); font-family: \"Times New Roman"; font-size: medium;"]
[*]Il ne devrait pas y avoir de débat pour savoir si Matthieu a écrit un Évangile en langue hébraïque. Des écrivains anciens, tels que Jérôme, Irénée, Origène et Eusèbe ont laissé de nombreux témoignages au sujet de cet œuvre.
[*]La preuve présentée par George Howard indique que le Matthieu de Shem-Tob n’était pas une traduction de sources grecques. Plutôt, celui-ci contient un style d’écriture hébreu qui l’identifie en tant que document qui a été composé au premier siècle en employant l’hébreu biblique et qu’il a été ultérieurement édité au cours des siècles suivants.
[*]Le Matthieu de Shem-Tob emploie le nom divin. Pourtant, ce n’est pas sous la forme du Tétragramme, mais plutôt sous la forme d’un substitut de la circonlocution Le Nom (??). Quoiqu’il soit impossible de dire à partir de la forme actuelle de cet Évangile si oui ou non Matthieu a réellement employé le Tétragramme, la preuve substantielle demeurant aujourd’hui ne donne aucun support pour cette affirmation.
[*]La corrélation entre l’emploi de la circonlocution pour le nom divin dans le Matthieu de Shem-Tob et l’emploi de Jéhovah dans les Écritures chrétiennes de la Traduction du monde nouveau n’est pas forte. Il y a 15 cas dans lesquels les deux sont d’accord, et huit où il y a une variante. Cela donne une corrélation d’un simple 0.65 en comparaison avec un idéal de 1.00. Nous nous attendrions à ce qu’un Évangile de Matthieu restauré s’approcherait plus près d’une recension de l’œuvre de l’apôtre lui-même.
[*]Le Matthieu de Shem-Tob donne un exemple admirable d’une nouvelle compréhension des textes bibliques. Cette connaissance concernant les Écritures chrétiennes hébraïques n’était pas disponible pour le comité de traduction avant la publication de la Traduction du monde nouveau en 1950.
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Notes[1] À la page 12 de la préface de la KIT (édition 1985) le comité de traduction de la Bible du monde nouveau dit : « Nous avons cherché certains accords par les versions hébraïques que nous avons consultées pour confirmer notre propre traduction [du nom divin]. Ainsi, des 237 fois où nous avons restitué le nom de Jéhovah dans le texte de notre traduction, il y a seulement un endroit là où nous n’avons pas de support ou d’accord d’aucune des versions hébraïques. Mais en cet endroit, c’est-à-dire, en 1 Corinthiens 7 : 17, le contexte et les textes apparentés supportent fortement la restitution du nom divin. »[2] La référence se trouve à la page 13 de l’article «Venue ou présence de Jésus?»[3] La permission a été accordée par Mercer University Press, Maçon, Georgia, 31207, de reproduire le matériel dans ce chapitre du livre «The Gospel of Matthew According to a Primitive Hebrew Text», de George Howard, 1987. Cela inclut les citations en hébreu et en anglais du Matthieu de Shem-Tob et aussi de diverses citations tout au long de ce chapitre du livre de Howard.[4] Le «Webster New Collegiate Dictionary» définit une polémique comme étant: «Une attaque agressive sur ou une réfutation des opinions ou principes de quelqu’un.»[5] Aux pages 160 à 162 du livre cité, Howard argumente contre le fait que l'ouvrage de Münster était une révision de Shem-Tob. Pourtant, que J2 soit ou non une révision de Shem-Tob est discutable de la perspective de son emploi en tant que référence «J.» Le souci du comité de traduction de la Bible du monde nouveau était le mot employé dans le texte hébreu, pas sa source. L’emploi de ???? (ou ??) dans J2 demeure inchangé. Néanmoins, Howard identifie le travail de Münster comme provenant d’une tradition hébraïque plus ancienne plutôt que de la traduction d’un texte grec (pages 160-176). Ainsi, J3 serait probablement considéré correctement comme un authentique Évangile en hébreu et il ne devrait pas être classé comme une version. Dans la même section, Howard identifie le Matthieu en hébreu de Jean du Tillet comme provenant lui aussi d’une source d’un Évangile en hébreu plutôt que d’une traduction du grec. Donc, J1 serait aussi à être classé comme un Évangile en hébreu plutôt que comme une version hébraïque. La redéfinition de J1, J2, J3 et J4, comme Évangiles hébraïques provenant d’un texte hébreu original, donne au comité de traduction de la Bible du monde nouveau une position considérablement plus solide que d’identifier simplement ces documents «J» comme des versions hébraïques.[6] Traduction du monde nouveau avec notes et références (1995), page 1682.[7] Il a été depuis longtemps soutenu que la langue parlée en Palestine aux jours de Jésus était limitée à l’araméen plutôt qu’à l’hébreu. Cependant, se basant sur les manuscrits de la Mer Morte, Howard donne la preuve que l’hébreu biblique était employé comme langue parlée aux jours de Jésus (Op. Cit., pages 155 et 156). En conséquence, Matthieu peut aussi bien avoir écrit autant en hébreu qu’en araméen. Toutefois, le lecteur devrait se rappeler que l’hébreu et l’araméen sont des langues étroitement apparentées. Elles emploient une écriture et un vocabulaire semblables, et elles diffèrent fondamentalement dans des domaines de structure grammaticale.[8] Howard présente des preuves convaincantes que le Matthieu de Shem-Tob (qui est J2) est réellement une copie de l’ancien Évangile de Matthieu en hébreu. Il fait ensuite les commentaires suivants aux pages 225 et 226 (Op. Cit.) : « Si la conclusion de cette étude est exacte, à savoir que le vieux substrat du Matthieu en hébreu se trouvant dans Even Bohan [J2] est une composition hébraïque originale, la question de la relation de ce vieux substrat hébreu au texte canonique grec est de la plus grande importance. Comme nous l’avons précédemment mentionné, trois possibilités fondamentales existent : (1) Le vieux substrat du texte de Shem-Tob est une traduction du Matthieu grec. [Une conclusion d’une discussion précédente] dans le jugement de ce rédacteur, exclut cette possibilité. (2) Le Matthieu grec est une traduction du vieux substrat hébreu. Cela non plus n’apparaît pas être une possibilité. Bien que les deux textes soient un compte-rendu des mêmes événements, fondamentalement dans le même ordre, une analyse minutieuse de leurs correspondances grammaticales et lexicales ne réussit pas à supporter le grec comme traduction. (3) Autant le vieux substrat hébreu et le Matthieu grec représentent des compositions de leurs propres langues respectives. Ces dernières paraissent être la meilleure explication de la preuve. Cela implique que les deux textes sont deux éditions en langues différentes du même matériel traditionnel sans être non plus une traduction de l’autre. Parfois apparaissent des preuves remontant aux temps anciens. Josèphe nous dit que son œuvre La guerre des Juifs (75-79 de notre ère), a été en premier lieu écrite en araméen ou en hébreu et ensuite traduite en grec (Josèphe, Guerre 1 :3). La preuve suggère, cependant, que Josèphe n’a pas réellement traduit, littéralement parlant, le texte sémitique original, mais, en fait, qu’il a virtuellement réécrit le texte en entier. L’original araméen/hébreu a apparemment servi seulement comme modèle pour la version grecque qui a suivi. Relativement au Matthieu hébreu et grec, leurs ressemblances dans leur arrangements et l’écriture suggèrent qu’un des deux, comme dans le cas de Josèphe, a servi de modèle pour l’autre. Toutes conclusions relativement à la priorité du Matthieu hébreu vis-à-vis du grec ou vice-versa, ne doivent pas être tirées précipitamment. Celui qui vient en premier sera déterminé de façon concluante seulement après de plus amples études et de l’accumulation d’autres preuves.[9] Le lecteur pourra bien demander pourquoi est-il si difficile d’être certain de la formulation originale de ce texte alors que nous sommes si confiant au sujet de la formulation des Écritures chrétiennes. La réponse se trouve dans un nombre limité — et d’époque récente — de manuscrits hébraïques, existants encore et disponibles pour la comparaison. Il y a un nombre limité d’Évangiles hébreux venant de cette tradition qui sont disponibles pour l’étude. (C’est-à-dire que seulement les manuscrits qui témoignent d’une transmission de l’œuvre originale de Matthieu pourraient être employés. Les versions hébraïques doivent être complètement exclues.) Deuxièmement, des manuscrits potentiels qui tombent dans cette catégorie, tous sont des copies récentes, vraisemblablement du treizième siècle ou plus récents. En comparaison, nous avons quelques 5 000 manuscrits partiels ou complets des Écritures chrétiennes, dont quelques-uns d’entre eux remontent au deuxième et au troisième siècle.[10] Il est évident qu’à partir des références des notes en bas de page du livre «The Gospel of Matthew According to a Primitive Hebrew Text» que d’autres individus ont aussi contribué à cette étude.[11] Dans la rubrique «Questions des lecteurs» dans le périodique «Tour de Garde du 15 août 1997», la Watchtower réponds à la question et donne la réponse suivante : Le Tétragramme (les quatre lettres hébraïques qui composent le nom de Dieu) apparaît-il dans le texte hébreu de Matthieu copié au XIVe siècle par le médecin iuif Shem-Tob ben Isaac Ibn Shaprut ?
Non. Cependant, comme l'expliquait La Tour de Garde du 15 août 1996 (page 13), dans ce texte de Matthieu on trouve 19 fois hashShém en entier ou sous forme abrégée. L 'hébreu hashShém signifie" le Nom" , expression qui désigne manifestement le nom divin. Par exemple, dans le texte de Shem- Tob, une forme abrégée de hashShém apparaît en Matthieu 3:3, passage où l'évangéliste cite Isaïe 40:3. Il est logique de penser que lorsqu'il reprenait un verset des Écritures hébraïques où figurait le Tétragramme Matthieu introduisait le nom divin dans son Évangile. Par conséquent, même si le Tétragramme ne se rencontre pas dans le texte hébreu présenté par Shem-Tob, la présence de l'expression" le Nom ", comme en Matthieu 3:3, appuie l' emploi de" Jéhovah" dans les Écritures grecques chrétiennes. (...)
Comme nous l'avons dit, le texte de Matthieu Shem-Tob met " le Nom " là où il y a de bonnes raisons de penser que Matthieu avait écrit le tétragramme. Voilà pourquoi, depuis 1950, le teste de Shem-Tob a été utilisé pour appuyer l' emploi nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes qu'il est toujours cité dans Les Saintes Écritures Traduction du monde nouveau avec notes et références.(Publié en 1995 par l' Association. Les Témoins de Jéhovah. » Voir aussi New Testament Studies, volume 43, numéro 1, janvier 1997, pages 58-71. 30 LA TOUR DE GARDE 15 AOÛT 1997)