Document extrait de la TMN Rbi8 p. 1679-1681 dans "1C Le nom divin dans des versions grecques anciennes"
Au cours des dernières décennies, on a découvert de nombreux fragments de versions grecques anciennes des Écritures hébraïques, fragments où se trouve écrit le nom divin, le plus souvent en lettres hébraïques. C’est là une indication que le nom divin s’employait dans des versions grecques jusqu’au IXe siècle de n. è. Nous présentons ci-dessous, avec des renseignements utiles, dix manuscrits qui contiennent le nom divin.
1) LXXP. Fouad Inv. 266 rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux carrés ( ) aux endroits suivants : Dt 18:5, 5, 7, 15, 16 ; 19:8, 14 ; 20:4, 13, 18 ; 21:1, 8 ; 23:5 ; 24:4, 9 ; 25:15, 16 ; 26:2, 7, 8, 14 ; 27:2, 3, 7, 10, 15 ; 28:1, 1, 7, 8, 9, 13, 61, 62, 64, 65 ; 29:4, 10, 20, 29 ; 30:9, 20 ; 31:3, 26, 27, 29 ; 32:3, 6, 19. Ainsi donc, dans cette collection, le Tétragramme se rencontre 49 fois en des endroits identifiés du Deutéronome. De plus, dans cette collection, le Tétragramme figure trois fois dans des fragments non identifiés : les fragments 116, 117 et 123. On fait remonter au Ier siècle av. n. è. ce papyrus découvert en Égypte.
En 1944, un fragment de ce papyrus a été publié par W. Waddell dans JTS (vol. 45, p. 158-161). En 1948, au Caire, deux missionnaires, anciens élèves de Guiléad, l’École biblique de la Société Watchtower, ont obtenu des photographies de dix-huit fragments de ce papyrus, avec l’autorisation de les publier. Par la suite, douze de ces fragments ont été publiés dans la New World Translation of the Christian Greek Scriptures, par la Watch Tower Bible and Tract Society (New York 1950, p. 13, 14). Ont paru ensuite les trois études suivantes, toutes basées sur les photographies de cette publication : 1) A. Vaccari, “ Papiro Fuad, Inv. 266. Analisi critica dei Frammenti pubblicati in : ‘ New World Translation of the Christian Greek Scriptures ’. Brooklyn (N. Y.) 1950 p. 13s. ”, étude publiée dans Studia Patristica (vol. I, part I, Berlin 1957, p. 339-342) ; 2) W. Baars, “ Papyrus Fouad Inv. No. 266 ”, étude publiée dans Nederlands Theologisch Tijdschrift (vol. XIII, Wageningen 1959, p. 442-446) ; 3) G. Howard, “ The Oldest Greek Text of Deuteronomy ”, étude publiée dans Hebrew Union College Annual (vol. XLII, Cincinnati 1971, p. 125-131).
À propos de ce papyrus, voici ce qu’a écrit P. Kahle dans Studia Evangelica (Berlin 1959, p. 614) : “ D’autres fragments du même papyrus ont été reproduits grâce à une photo du papyrus par la Watch Tower Bible and Tract Society dans l’introduction d’une traduction anglaise du Nouveau Testament, Brooklyn, New York 1950. Le papyrus présente cette particularité : le nom de Dieu y est rendu par le Tétragramme en lettres hébraïques carrées. Sur ma demande, le P. Vaccari a examiné les fragments du papyrus qui avaient été publiés, et il a abouti à la conclusion que ce papyrus, qui a dû être écrit environ 400 ans avant le Codex B, contient peut-être, pour le Deutéronome, le texte le plus parfait de la Septante qui nous soit jamais parvenu. ” Voici ce que dit Françoise Dunand à propos du même papyrus (Papyrus grecs bibliques — Volumina de la Genèse et du Deutéronome, Le Caire 1966, p. 18, 19) : “ Le Papyrus F. 266, qui nous donne le texte de la LXX sous une forme plus sûre que celles du Codex Vaticanus et des codices qui s’y rapportent — et qui a dû être écrit 400 ans plus tôt que le Codex Vaticanus — serait ainsi ‘ le meilleur représentant de la Version grecque primitive du Deutéronome ’. ” Et voici ce qu’elle écrit encore à la p. 39 : “ Si le Papyrus F. 266 présente déjà un intérêt en tant que ‘ chaînon ’ de l’histoire de la Septante, en tant que texte de la Bible grecque écrit par un Juif et pour des Juifs, cet intérêt s’accroît considérablement du fait qu’il est le seul texte connu de la LXX à avoir conservé le tétragramme dans une écriture sémitique. ”
Au total, 117 fragments de LXXP. Fouad Inv. 266 ont été publiés dans Études de Papyrologie (t. 9, Le Caire 1971, p. 81-150, 227, 228). Des clichés de tous les fragments de ce papyrus ont été publiés par Z. Aly et L. Koenen sous le titre Three Rolls of the Early Septuagint : Genesis and Deuteronomy, dans la collection “ Papyrologische Texte und Abhandlungen ”, vol. 27, Bonn 1980.
2) LXXVTS 10a rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux anciens ( ) aux endroits suivants : Yon 4:2 ; Mi 1:1, 3 ; 4:4, 5, 7 ; 5:4, 4 ; Hab 2:14, 16, 20 ; 3:9 ; Tse 1:3, 14 ; 2:10 ; Ze 1:3, 3, 4 ; 3:5, 6, 7. On fait remonter à la fin du Ier siècle de n. è. ce rouleau de cuir découvert dans le désert de Juda, dans une grotte du Naḥal Ḥever. Les fragments de ce rouleau ont été publiés dans Supplements to Vetus Testamentum (vol. X, Leiden 1963, p. 170-178).
3) LXXIEJ 12 rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux anciens ( ) en Yon 3:3. On fait remonter à la fin du Ier siècle de n. è. ce fragment de parchemin découvert dans le désert de Juda, dans une grotte du Naḥal Ḥever. Il a été publié dans Israel Exploration Journal (vol. 12, Jerusalem 1962, p. 203).
4) LXXVTS 10b rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux anciens ( ) aux endroits suivants : Ze 8:20 ; 9:1, 1, 4. On fait remonter au milieu du Ier siècle de n. è. ce rouleau de parchemin découvert dans le désert de Juda, dans une grotte du Naḥal Ḥever. Il a été publié dans Supplements to Vetus Testamentum (vol. X, Leiden 1963, p. 178).
5) 4Q LXX Levb rend le nom divin en lettres grecques (IAÔ) en Lv 3:12 ; 4:27. On fait remonter au Ier siècle av. n. è. ce manuscrit de papyrus découvert dans la Grotte 4 de Qoumrân. Un compte rendu préliminaire de ce manuscrit a été présenté dans Supplements to Vetus Testamentum (vol. IV, Leiden 1957, p. 157).
6) LXXP. Oxy. VII.1007 rend le nom divin par un double yôdh ( ) en Gn 2:8, 18. Cette feuille de manuscrit sur vélin qu’on fait remonter au IIIe siècle de n. è. a été publiée dans The Oxyrhynchus Papyri, par A. Hunt (London 1910, part VII, p. 1, 2).
7) AqBurkitt rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux anciens ( ) aux endroits suivants : 1R 20:13, 13, 14 ; 2R 23:12, 16, 21, 23, 25, 26, 27. Ces fragments du texte grec de la version d’Aquila ont été publiés par F. Burkitt dans son ouvrage Fragments of the Books of Kings According to the Translation of Aquila (Cambridge 1897, p. 3-
. Ces fragments de palimpseste des livres des Rois ont été découverts dans la Geniza du Caire. On les fait remonter à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle de n. è.
AqTaylor rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux anciens ( ) aux endroits suivants : Ps 91:2, 9 ; 92:1, 4, 5, 8, 9 ; 96:7, 7, 8, 9, 10, 13 ; 97:1, 5, 9, 10, 12 ; 102:15, 16, 19, 21 ; 103:1, 2, 6, 8. Ces fragments du texte grec de la version d’Aquila ont été publiés par C. Taylor dans son ouvrage Hebrew-Greek Cairo Genizah Palimpsests (Cambridge 1900, p. 54-65). On fait remonter ces fragments à la seconde partie du Ve siècle de n. è., mais pas au-delà du VIe siècle.
9) SymP. Vindob. G. 39777 rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux archaïques ( ou ) aux endroits suivants : Ps 69:13, 30, 31. On fait remonter au IIIe ou au IVe siècle de n. è. ce fragment de rouleau en parchemin, qui porte une partie du Ps 69 de la version de Symmaque (Ps 68 dans LXX) et qui est conservé à la Bibliothèque nationale de Vienne. Il a été publié par C. Wessely dans Studien zur Palaeographie und Papyruskunde (vol. XI, Amsterdam 1966, p. 171).
Nous reproduisons ici un fragment de ce rouleau, fragment qui porte le nom divin.
10) Ambrosienne O 39 sup. rend le nom divin par le Tétragramme écrit en caractères hébreux carrés ( ) dans les cinq colonnes, aux endroits suivants : Ps 18:30, 31, 41, 46 ; 28:6, 7, 8 ; 29:1, 1, 2, 2, 3, 3 ; 30:1, 2, 4, 7, 8, 10, 10, 12 ; 31:1, 5, 6, 9, 21, 23, 23, 24 ; 32:10, 11 ; 35:1, 22, 24, 27 ; 36:sus, 5 ; 46:7, 8, 11 ; 89:49 (aux colonnes 1, 2 et 4), 51, 52. Ce codex qu’on fait remonter à la fin du IXe siècle de n. è. comporte cinq colonnes. Dans la première colonne figure une transcription du texte hébreu en grec ; la deuxième colonne contient la version grecque d’Aquila ; la troisième, la version grecque de Symmaque ; la quatrième, la LXX ; la cinquième, la version grecque de Quinta. Une édition en fac-similé de ce palimpseste, ainsi qu’une transcription du texte, a été publiée par G. Mercati sous le titre Psalterii Hexapli Reliquiae (...) Pars prima. Codex rescriptus Bybliothecae Ambrosianae O 39 sup. phototypice expressus et transcriptus (Rome 1958).
Ces dix fragments de manuscrits indiquent que les traducteurs qui ont rendu le texte hébreu en grec ont employé le nom divin toutes les fois qu’il paraissait dans le texte hébreu. De plus, le fait que le Tétragramme figure en Ze 9:4 corrobore cette affirmation que les scribes juifs ont remplacé le Tétragramme par ’Adhonay (Souverain Seigneur) dans le texte hébreu en 134 endroits. — Voir App. 1B.