Extrait d'un commentaire de La Maison de la Bible
"Ce NT permet d'approcher les Juifs d'un point de vue juif messianique, tout en aidant les chrétiens à se rendre mieux compte de ce que peut impliquer l'arrière-plan juif du NT. Les présupposés de la traduction sont clairement indiqués dans l'introduction, si bien que le lecteur sait à quoi il a affaire. La traduction est originale dans le sens où elle intègre des mots employés couramment par les Juifs aujourd'hui encore, ce qui donne une saveur particulière au texte (talmid pour disciple, Adonaï pour Seigneur, Torah pour loi, etc.)...."
Je reproduis ci-dessous une grande portion de l'introduction de cet ouvrage
Le Nouveau Testament est un Livre Juif.
Pourtant, le moment est venu de restaurer la judéité du Nouveau Testament, qui est véritablement un livre écrit des Juifs, qui parle principalement de Juifs et qui s’adresse aux juifs mais aussi aux non-Juifs. II est tout à fait convenable d’adapter un livre Juif afin qu’il soit plus aisément apprécié des non-juifs, mais pas au point de supprimer tout ce qui fait sa judaïté. Le Nouveau Testament Judéo-Messianique met en évidence cette judéité par son intitulé qui, comme l’expression « Juifs pour Jésus » unit deux idées que certains considèrent incompatibles et qu’ils préfèreraient voir séparées.
Mais cette séparation n’a pas lieu d’être. En effet, le messie Yéshoua, figure centrale du Nouveau Testament, est né Juif à Bethléem, de parents Juifs et a grandi parmi les Juifs à Nazareth. Il a prêché aux Juifs de la Galilée, puis il est mort et ressuscité dans la capitale juive, Jérusalem. Il a vécu toute sa vie en Eretz-Israel, la terre que Dieu a donnée au peuple Juif. De plus, Yéshoua est toujours Juif puisqu’il est toujours vivant et les Ecritures ne disent, ni ne suggèrent qu’il a cessé d’être juif.
Ses douze disciples les plus proches étaient juifs et pendant des années, tous ses disciples étaient eux aussi Juifs, totalisant des « dizaines de milliers » de personnes dans la seule ville de Jérusalem. Le Nouveau Testament a été écrit entièrement par des Juifs (Luc étant vraisemblablement converti au Judaïsme) ; et son message est destiné « en particulier au Juif mais également au païen. » Ce sont des juifs qui ont apporté l’évangile à des non-Juifs, et non l’inverse. Paul, le principal émissaire auprès des païens, a passé sa vie dans l’observance des traditions juives, comme nous pouvons le constater dans le livre des Actes. En effet, pour les premiers convertis de la Communauté (« Eglise ») Messianique primitive, la question n’était pas de savoir si un Juif pouvait croire en Yéshoua, mais plutôt de se demander si un païen pouvait devenir Chrétien sans avoir à se convertir au Judaïsme. Le sacrifice expiatoire tel qu’il a été vécu par le Messie, et qui consiste à subir le châtiment pour autrui, est enraciné dans le système sacrificiel Juif. Le repas du Seigneur trouve son origine dans la Pâque juive. L’immersion (baptême) est une tradition juive. Yéshoua a dit « le salut vient des Juifs » et la nouvelle Alliance, elle-même, a été promise par le prophète juif Jérémie. Le concept même d’un messie est exclusivement juif. Ainsi, le Nouveau Testament sans l’Ancien est aussi invraisemblable que le premier étage d’une maison sans un rez-de-chaussée, et l’ancien Testament sans le Nouveau serait comme une maison qui demeurerait sans toit.
De plus, la plupart des enseignements du Nouveau Testament sont incompréhensibles si on les sort du contexte juif. En voici un exemple (un seul entre plusieurs). Yéshoua dit dans le Sermon sur la Montagne et de manière littérale « si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans l’obscurité ». Qu’appelle-t-on un œil mauvais ? Une personne qui ne connaîtrait pas l’arrière-plan juif pourrait supposer que Yéshoua parlait de jeter des sorts. Cependant, en hébreu, l’expression avoir un( e) ‘ayin ra’ah, un œil mauvais », signifie être avare ; alors que l’expression « avoir un(e) « ayin tovah, un bon œil, signifie être généreux. Yéshoua encourageait simplement la générosité en opposition avec l’avarice. Cette compréhension du texte s’accorde parfaitement avec le verset précédent et le suivant : "Là où se trouvent tes richesses, là aussi sera ton cœur .. .Vous ne pouvez être l’esclave à la fois de Dieu et de l’argent."
Mais la meilleure démonstration de la judéité du Nouveau Testament est également la preuve la plus convaincante de sa véracité, à savoir le nombre impressionnant de prophéties du Tanakh qui trouvent leur accomplissement en la personne de Yéshoua de Nazareth (alors que ces prophéties ont été écrites des siècles avant les évènements du NT). Les probabilités qu’une personne puisse remplir les conditions prophétiques par le seul fait du hasard sont infinitésimales. Certains prétendants à la Messianité, tels que Simon Bar-KoKhva (mort en 135) ou Shabtaï Tzvi (1626-1676), n’en ont accompli que quelques-unes. Yéshoua a accompli chacune des prophéties qu’il devait accomplir à sa première venue ; Yéshoua accomplira le reste des prophéties à son retour en gloire.
C’est pourquoi le Nouveau Testament Judéo-messianique a pour but de présenter le Nouveau Testament tel qu’on devrait le voir, à savoir un document juif.
Mais il y a trois domaines très différents dans lesquels le Nouveau Testament Judéo-Messianique peut aider au tikkoun-ha’olam (« la réparation du monde ») : l’antisémitisme chrétien, l’échec du peuple Juif à ne pas recevoir l’Evangile, et la séparation de l’Eglise et du peuple juif.
Antisémitisme Chrétien.
Premièrement, il est incontestable qu’un courant d’antisémitisme chrétien se nourrit du Nouveau Testament. Pourtant le Nouveau Testament ne contient en lui-même aucun antisémitisme ; mais depuis les premiers jours de l’Eglise, l’antisémitisme a fait un mauvais usage du nouveau Testament pour se justifier et pour infiltrer la théologie chrétienne. Les traducteurs du NT, quoiqu’ils ne soient pas antisémites, ont absorbé cette théologie antisémite et ont produit des traductions anti-juives, Quant aux lecteurs de ces traductions, ils acquièrent des attitudes et une pensée qui sont anti-juives et étrangères au Judaïsme. Certains de ces lecteurs deviennent des théologiens qui, à leur tour, raffinent et développent le caractère antisémite de la théologie chrétienne (sans être pour autant conscients de l’incorporation de cet antisémitisme). D’autres théologiens deviennent même des activistes antisémites qui persécutent les Juifs, pensant qu’en agissant de la sorte, ils servent Dieu. Ce cercle vicieux doit être brisé. C’est l’objectif du Nouveau Testament Judéo-Messianique qui, en ôtant les partis pris théologiques séculiers et en insistant sur sa Judéité, tente d’accomplir cette tâche.
Les inquiétudes juives concernant l’Evangile.
Deuxièmement, quoiqu’il y ait plus de 100 000 Juifs Messianiques dans les pays anglophones et des dizaines de de milliers dans les autres pays du monde, il faut se rendre à l’évidence que la majeure partie du peuple Juif n’accepte pas Yéshoua en tant que Messie. Les raisons sont nombreuses et elles incluent la persécution chrétienne des Juifs, la vision séculière du monde qui laisse peu de place à Dieu ou à un Messie ou le refus de se détourner du péché. Mais il existe également un motif majeur : les Juif s ont une mauvaise perception de l‘Evangile car il ne leur semble pas avoir été écrit pour eux. Le Christianisme, dans sa manière de se présenter, a induit une perception négative de l‘évangile. L’aliénation causée par la plupart des traductions du Nouveau Testament y semble jouer un rôle majeur. A cause d’ornements d’origine pagano-chrétiens et de fondations théologiques anti-juives, un grand nombre de Juifs voient le Nouveau Testament comme un livre païen, concernant un dieu païen. Le Jésus qui y est dépeint semble n’avoir aucun rapport avec la vie juive. Par conséquent, cela devient difficile pour un Juif de faire l‘expérience de Yéshoua le Messie tel qu’il est réellement, à savoir l’ami de n’importe quel Juif qui lui ouvre son cœur. Tandis que le Nouveau Testament Judéo- Messianique ne peut éliminer toutes les barrières qui se trouvent encore entre les Juifs et la foi dans leur Messie, il tente néanmoins de retirer un grand nombre d’obstacles culturels, linguistiques et théologiques. Le Juif qui lira le Nouveau Testament Judéo- Messianique peut expérimenter Yéshoua le Messie tel que l‘avait promis le Tanakh au peuple Juif, et il pourra constater que le Nouveau Testament a été donné pour les Juifs autant que pour les païens. Il sera confronté au message de la Bible en tant qu’unicité, les deux testaments étant réunis en tant que vérité, importants et dignes d’acceptation comme une clé pour le salut personnel du Juif et de toute sa nation.
Séparation entre la Communauté Messianique et le Peuple Juif.
Finalement, au regard du rejet de Yéshoua depuis des siècles par les Juifs et du rejet des Juifs par les Chrétiens, nous constatons que la situation qui en découle aujourd’hui, et qui est communément accepté est la suivante : le Christianisme est le Christianisme, et le Judaïsme est le Judaïsme, les deux étant inconciliables. Qui plus est, beaucoup de Juifs et de Chrétiens sont parfaitement satisfaits de cet arrangement. Mais ce n’était pas dans la volonté de Dieu qu’il y ait deux peuples de Dieu séparés. Les Chrétiens issus des nations, reconnaissant qu’ils se se sont joints à Israël, mais qu’ils ne l’ont pas remplacé, et les Juifs Messianiques qui s’identifient pleinement au peuple juif et au Messie juif Yéshoua, doivent œuvrer ensemble pour réparer le plus grand schisme de l’histoire du monde, à savoir la division entre l’Eglise et le peuple Juif. Le Nouveau Testament Judéo-Messianique doit jouer un rôle dans ce grand projet de réunir les deux entités de façon à ce que l’identité du peuple juif soit préservée dans la Messianique afin que Juifs et chrétiens issus des nations honorent Dieu et son Messie selon le Tanakh et le Nouveau testament.
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