Jean comprenait-il sa vision de l'Apocalypse ?Il y a doute sur la fin du monde durant 150 ans de jéhovismeCharles Russel le premier, note dans ses Etudes au chapitre
"Un matin de joie" page 21 :
De même, ce livre n'a été jusqu'à présent rien de moins que
ce que son nom indique, - un dévoilement, une REVELATION. En tant que cela concerne l'Eglise primitive, il est probable que personne ne comprit aucune partie de ce livre. Même Jean, qui eut les visions, ignorait probablement la signification de ce qu'il voyait. Il était à la fois prophète et apôtre; et tandis que, comme apôtre, il comprit et enseigna ce qui était alors de « la nourriture au temps convenable », en qualité de prophète, il prononça des choses qui devaient fournir une « nourriture » aux gens de la maison dans des saisons futures.Le temps est procheLe temps est proche : tout ce qui suivra s’adresse d’abord aux premiers lecteurs de Jean. Ne cherchons donc pas une description d’événements actuels.
◆ 1.2 Le texte dit : “témoignage (ou : déclaration) de Jésus Christ”. Cette expression désigne ici les messages donnés par les prophètes de l’Église (19.10). Jean considère donc cette “apocalypse” comme le fruit de l’esprit de prophétie qui lui a été donné. Pour cela, même sachant que l’apocalypse est un genre littéraire qui obéit à certaines règles et recourt à des images conventionnelles, nous savons que l’inspiration est prophétique ; c’est tout autre chose qu’une composition littéraire et la différence ressort quand on la compare avec d’autres apocalypses de ce temps — même avec les parties apocalyptiques de Daniel 10-12.
Les égarements fanatiques détournent de la compréhension véritable de JeanL’Église ne s’y est pas trompée, qui a parlé très vite de l’apocalypse de Jean le Prophète sans trop savoir si c’était le même que Jean l’apôtre.
666, Néron" Jean, à qui fut révélée l'Apocalypse et qui vit en vision la même bête gouvernement symbolique, ne sut pas non plus par quel nom il devait la décrire, ii lui en donna finalement plusieurs. Entre autres, il l'appela « le diable » Apoc. 12: 9. Il choisit certainement là un nom approprié, car Rome, envisagée à la lumière de ses persécutions sanglantes, a été en effet le plus diabolique de tous les gouvernements terrestres." (ibid)
Le diable essaie de retarder la victoire du Christ : il veut convaincre les hommes que, dans la pratique, le Christ n’est pas le maître de la vie présente. S’ils désirent vivre, il leur faut livrer leur liberté et leur conscience à un autre seigneur, qui est le pouvoir politique, l’empereur de Rome.
Les chrétiens de la première génération vivaient dans l’Empire Romain qui, après deux siècles de conquêtes et d’action organisée, avait réussi à unifier de nombreux peuples. Les gens s’émerveillaient de la paix romaine et de la prospérité qui l’avait suivie. Ils ignoraient les dangers d’une société totalitaire, et Jean écrit précisément au moment où l’empereur Domitien vient d’imposer à tous les sujets de l’Empire l’obligation de l’honorer comme un dieu.
Dans de telles circonstances, les chrétiens avaient un choix terrible à faire En confessant le Christ, Seigneur de la vie, ils faisaient face aux persécutions. Jean indique leur devoir : demeurer fidèles au Christ et refuser d’adorer César. Une poignée de chrétiens va donc affronter l’état totalitaire : l’Église vaincra par le sang de ses martyrs.
C’est ce qu’exprime la présente vision avec les deux bêtes qui représentent les deux pouvoirs unis au service du dragon, ou du démon, contre l’Église.
La première bête ressemblait à un léopard C’est le pouvoir romain qui va se faire persécuteur. Il est décrit sous des traits provenant de Daniel 7.3-7. La bête surgit de la mer, ou de l’ouest, c’est-à-dire de Rome. La vitalité et la puissance de l’empire romain sont comme une caricature de la résurrection.
J’ai vu une autre bête avec des cornes comme celles de l’Agneau Cette bête vient du continent, c’est-à-dire de l’est, de l’Asie. Elle représente les religions qui en ce temps sont en compétition avec le christianisme. Elles prétendent offrir un salut céleste, mais elles ne condamnent pas les péchés du monde romain, en particulier la corruption de la société.
Elle parlait comme le dragon. Ces religions asiatiques étaient utilisées, comme bien des groupes religieux aujourd’hui dans le monde. C’est un fait que les agences de pression politique des pays riches dépensent beaucoup dans le domaine religieux et, dans le Tiers-Monde, c’est très souvent pour paralyser l’Église.
Faites donc une image de cette bête. Il y avait tout un mouvement religieux derrière la divinisation de Rome et le culte à l’empereur. Le culte de la personnalité n’était pas propre à l’Empire Romain : il a des racines profondes dans l’homme. Mais, quelle que soit sa forme, il menace autant la pureté de la foi que l’esprit critique.
La tactique du diable consiste à unir le pouvoir fort et efficace à une idéologie que les chrétiens ne peuvent pas accepter : c’est ce que nous voyons dans tant de pays où ne sont pas respectés les exigences les plus élémentaires de la conscience. Harcelés à la fois par les dirigeants et par une opinion publique manipulée par les techniques modernes de propagande, les croyants doivent faire face à la persécution ouverte ou déguisée. Les problèmes économiques fournissent au pouvoir de nouveaux moyens de pression là où il peut faire perdre aux gens leur gagne-pain : ils ne peuvent plus acheter ni vendre, ni obtenir du travail ni étudier, s’ils ne sont pas marqués de la marque de la bête.
Qui était 666 ?Six cent soixante-six : il était courant à l’époque d’attribuer une valeur numérique à chaque lettre de l’alphabet et d’obtenir ainsi le “chiffre” d’une personne. On a trouvé bien des noms et groupes de mots qui font le compte ; la solution la plus probable est : Néron-empereur. Nous savons que six signifie quelque chose d’imparfait : celui qui essaie d’être sept et qui n’y parvient pas.
Dans le passé certains polémistes anticatholiques ont voulu appliquer ce chiffre au pape. Cette application n’avait rien à voir avec le sens de tout le paragraphe, mais elle ne coûtait pas cher. Quiconque sait les règles de ce jeu de chiffres peut l’appliquer avec un peu de patience à qui il veut. Même écrit par l’apôtre Jean, ce n’était qu’un jeu à l’usage de ses lecteurs.
◆ 13.1 Après la vision de la femme et du dragon, une nouvelle fresque commence, qui sera plus développée : ce sera la lutte des enfants de la femme contre la descendance du dragon. D’abord, au chapitre 13, présentation de l’Empire persécuteur (la Bête) et de ses alliés au service du dragon. Puis une pause pour contempler à la fois la joie des fidèles et les épreuves qui atteignent les pécheurs : 14.1—16.21.
Puis seconde moitié du thème de la Bête, le Jugement de la Bête : 17.1—19.21Les sept têtes et les dix cornes peuvent n’avoir qu’une signification générale : beaucoup d’intelligence, mais un pouvoir limité. Certains veulent y voir les empereurs romains depuis Caligula jusqu’à Domitien (date possible pour la rédaction de l’Apocalypse). Selon qu’on compte ou non ceux qui n’ont fait que passer, ils sont sept ou dix. Tout cela est hypothèses, ce qui reste est que la bête, synthèse des quatre bêtes de Daniel 7.2, régente l’existence des personnes, usurpe les droits de Dieu et finit par se faire adorer. Bien des pouvoirs ou institutions réunissent ces trois caractéristiques.
◆ 13.18 Calculer le chiffre est une préoccupation très hébraïque et doit se faire en hébreu. Les 22 lettres vont de 1 à 10, puis de 20 à cent, et terminent avec 400. Il faudrait beaucoup de chance pour qu’un nom tombe juste, donc il convient d’y joindre le prénom, les titres, on joue avec les voyelles et on finit par arriver. Le seul intérêt de ce jeu, c’est qu’il pourrait nous aider à donner une date à l’Apocalypse, car la solution semble bien être Néron César (ou : empereur). Mais alors l’Apocalypse de Jean serait antérieure de près de trente ans à la date qu’on lui assigne le plus souvent, en 95, sous la persécution de Domitien.
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