La première bible catholique en kurde publiée en Irak
LAURENCE DESJOYAUX
CRÉÉ LE 17/09/2015 / MODIFIÉ LE 21/09/2015 À 18H19
© Laurence Desjoyaux pour La Vie © Laurence Desjoyaux pour La Vie
Une traduction en langue kurde de l'intégralité du Nouveau Testament et des Psaumes a été publiée en Irak. L'Ancien Testament est en cours de traduction.
L'idée de traduire la Bible en langue kurde remonte au milieu des années 1990, en Irak. Mgr Yousif Thomas Mirkis, devenu depuis évêque de Kirkouk, est alors dominicain à Bagdad où il dirige La Pensée chrétienne, revue chrétienne de référence en Irak. « C'était l'embargo, sous Saddam Hussein. Les temps étaient très difficiles. J'avais des amis kurdes, des hommes de lettres qui ne trouvaient pas de travail, alors je leur ai proposé de se lancer dans cette traduction », raconte-t-il. « Il y a eu moins vingt millions de personnes dans le monde qui parlent kurde, ils ont le droit d'avoir accès dans leur langue à cette merveille du patrimoine de l'humanité », explique l'évêque.
Dans un pays où le prosélytisme est proscrit et où les conversions au christianisme sont interdites, l'initiative peut paraître osée. « Je ne le fais pas dans un but prosélyte, mais bien pour donner accès aux Kurdes à ce texte qui est l'axiome utilisés par les juifs et les chrétiens depuis 3000 ans ! » Dans l'exergue de l'ouvrage, Mgr Yousif Thomas Mirkis écrit simplement : « j'offre au locuteur de kurde ce que j'ai de meilleur.»
À l'époque où le petit groupe constitué par l'évêque commence ses travaux, seuls les quatre évangiles ont déjà été traduit en 1964 par un prêtre chaldéen, le P. Yousef Pari. Des parties de la Bible ont aussi été traduites en kurde par des protestants. « Une de équipe de protestants d'Erbil était aussi en train de travailler à une traduction intégrale, alors je leur ai proposé de faire une Bible oecuménique », se souvient Mgr Yousif Thomas. Mais les deux groupes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur de nombreux points, à commencer par la traduction du nom de Jésus. Les protestants préfèrent le nom arabe Issa, utilisé par les musulmans, tandis que les catholiques tiennent à conserver celui utilisé dans la Bible en arabe, Yassoua.
L'équipe kurde du P. Yousif Thomas poursuit donc ses travaux de traduction de la Bible en sorani, le dialecte le plus répandu parmi les kurdes. Elle s'appuie sur les traductions oecuménique de la Bible en arabe et en araméen. « Quand nous sommes arrivés aux Epitres de Saint Paul, c'est devenu plus compliqué, explique l'évêque. Comment traduire et surtout rendre le sens de mots comme 'rédemption ' ou encore salut' ? Il a fallu chercher dans le persan et l'ourdou puis forger des mots en kurde »
Le terme de « salut » fait ainsi l'objet de nombreuses discussions. Au début, l'équipe pense le traduire par le mot kurde de rachat, évoquant le rachat d'esclaves. « Mais cela ne traduisant pas la réalité, souligne Mgr Yousif Thomas Mirkis. En fait, le salut est à l'intérieur de la personne humaine. Nous sommes sauvés d'un mal qui est à l'intérieur de notre cœur. » Le mot retenu est finalement celui de « déchargement » d'un poids à la fois intérieur et extérieur.
En 2014, la traduction de l'intégralité du Nouveau Testament et des Psaumes est imprimé en 1000 exemplaires. Cette édition test, contenant une version audio des Psaumes « pour pouvoir écouter dans la voiture », a été bien accueilli et une impression définitive de 5000 exemplaires a été lancée au Liban. L'Ancien Testament est cours de traduction.
LAURENCE DESJOYAUX
CRÉÉ LE 17/09/2015 / MODIFIÉ LE 21/09/2015 À 18H19
© Laurence Desjoyaux pour La Vie © Laurence Desjoyaux pour La Vie
Une traduction en langue kurde de l'intégralité du Nouveau Testament et des Psaumes a été publiée en Irak. L'Ancien Testament est en cours de traduction.
L'idée de traduire la Bible en langue kurde remonte au milieu des années 1990, en Irak. Mgr Yousif Thomas Mirkis, devenu depuis évêque de Kirkouk, est alors dominicain à Bagdad où il dirige La Pensée chrétienne, revue chrétienne de référence en Irak. « C'était l'embargo, sous Saddam Hussein. Les temps étaient très difficiles. J'avais des amis kurdes, des hommes de lettres qui ne trouvaient pas de travail, alors je leur ai proposé de se lancer dans cette traduction », raconte-t-il. « Il y a eu moins vingt millions de personnes dans le monde qui parlent kurde, ils ont le droit d'avoir accès dans leur langue à cette merveille du patrimoine de l'humanité », explique l'évêque.
Dans un pays où le prosélytisme est proscrit et où les conversions au christianisme sont interdites, l'initiative peut paraître osée. « Je ne le fais pas dans un but prosélyte, mais bien pour donner accès aux Kurdes à ce texte qui est l'axiome utilisés par les juifs et les chrétiens depuis 3000 ans ! » Dans l'exergue de l'ouvrage, Mgr Yousif Thomas Mirkis écrit simplement : « j'offre au locuteur de kurde ce que j'ai de meilleur.»
À l'époque où le petit groupe constitué par l'évêque commence ses travaux, seuls les quatre évangiles ont déjà été traduit en 1964 par un prêtre chaldéen, le P. Yousef Pari. Des parties de la Bible ont aussi été traduites en kurde par des protestants. « Une de équipe de protestants d'Erbil était aussi en train de travailler à une traduction intégrale, alors je leur ai proposé de faire une Bible oecuménique », se souvient Mgr Yousif Thomas. Mais les deux groupes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur de nombreux points, à commencer par la traduction du nom de Jésus. Les protestants préfèrent le nom arabe Issa, utilisé par les musulmans, tandis que les catholiques tiennent à conserver celui utilisé dans la Bible en arabe, Yassoua.
L'équipe kurde du P. Yousif Thomas poursuit donc ses travaux de traduction de la Bible en sorani, le dialecte le plus répandu parmi les kurdes. Elle s'appuie sur les traductions oecuménique de la Bible en arabe et en araméen. « Quand nous sommes arrivés aux Epitres de Saint Paul, c'est devenu plus compliqué, explique l'évêque. Comment traduire et surtout rendre le sens de mots comme 'rédemption ' ou encore salut' ? Il a fallu chercher dans le persan et l'ourdou puis forger des mots en kurde »
Le terme de « salut » fait ainsi l'objet de nombreuses discussions. Au début, l'équipe pense le traduire par le mot kurde de rachat, évoquant le rachat d'esclaves. « Mais cela ne traduisant pas la réalité, souligne Mgr Yousif Thomas Mirkis. En fait, le salut est à l'intérieur de la personne humaine. Nous sommes sauvés d'un mal qui est à l'intérieur de notre cœur. » Le mot retenu est finalement celui de « déchargement » d'un poids à la fois intérieur et extérieur.
En 2014, la traduction de l'intégralité du Nouveau Testament et des Psaumes est imprimé en 1000 exemplaires. Cette édition test, contenant une version audio des Psaumes « pour pouvoir écouter dans la voiture », a été bien accueilli et une impression définitive de 5000 exemplaires a été lancée au Liban. L'Ancien Testament est cours de traduction.