Publié le 19 octobre 2012
Il est très dommage que le nom Jéhovah soit aujourd’hui associé, dans l’esprit de nombreuses personnes, à une secte protestante anticatholique. Ce que les Témoins de Jéhovah et leur société Watch Tower ne vous diront jamais, c’est que le nom qu’ils se sont illégitimement approprié en 1931 est en réalité une latinisation catholique du nom propre de Dieu vieille de plus de 700 ans.
Le nom propre de Dieu apparaît dans l’ancien testament sous la forme du tétragramme יהוה. Sa prononciation a été oubliée au cours des IIe et IIIe siècles avant Jésus-Christ car les juifs rendant leur culte dans le second Temple de Jérusalem avait pris l’habitude de ne plus prononcer le nom de Dieu. Chaque fois que le tétragramme apparaissait dans la portion du texte de la Bible à lire publiquement dans la synagogue ou dans le Temple, le lecteur prononçait le mot אדני (adonai, « maître » ou « seigneur ») au lieu de prononcer le nom de Dieu (יהוה).
Afin de s’assurer que le lecteur ne prononcerait pas accidentellement יהוה au cours de la liturgie, on copia, dans un premier temps, les marques de vocalisation du mot adonai (dont la forme vocalisée est אֲדֹנָי) sur le tétragramme. Néanmoins, les lecteurs inexpérimentés commettaient parfois l’erreur de prononcer la première partie du tétragramme (יה) avec la première marque de vocalisation de adonai ce qui résultait dans la prononciation accidentelle de la contraction du nom de Dieu — Iah (ou Jah) que l’on retrouve dans le mot « Alleluia » (ou « Hallelujah ») chanté lors de la sainte Messe catholique. Afin de remédier à ces accidents, on modifia la vocalisation de la première syllabe en remplaçant la voyelle a par la voyelle é. C’est ainsi que l’on vint à écrire le tétragramme assorti des voyelles é-o-a (יְהֹוָה) dans les manuscrits hébreux massorétiques plutôt qu’assorti des voyelles d’origine d’adonai, a-o-a.
Afin de transcrire ce tétragramme dans notre langue, il faut attribuer à chacune de ces lettres hébraïques une lettre de l’alphabet latin comme suit :
la lettre hébraïque י correspond aux lettres latines I, J ou Y ;
la lettre hébraïque ה correspond à la lettre latine H ;
la lettre hébraïque ו correspond aux lettres latines U, V ou W.
Jehova Pugio Fidei Raymond Martin (Image de Pvasiliadis/Wikipedia)
La forme latine "Jehova" du tétragramme apparaît pour la première fois dans le livre Pugio Fidei adversus Mauros et Judaeos du dominicain Raymond Martin (Raymundus Martini).
Le premier à avoir effectué la latinisation du nom de Dieu était le frère dominicain et théologien Raymond Martin. C’est dans son œuvre Pugio Fidei (1278 après Jésus-Christ) que figure pour la première fois le nom de Dieu écrit en lettres latines sous la forme Jehova.
Les lettres I et J étaient indistinctes avant 1524, le J n’étant qu’une forme stylisée du I. Quant à la lettre Y, il s’agit d’un ajout tardif à partir de l’alphabet grec pour en noter des mots d’emprunt. Le tétragramme étant un ancien nom hébreu, il est plus approprié de latiniser sa première lettre en utilisant la lettre latine I/J plutôt qu’en utilisant la lettre grecque Y.
Les lettres U et V étaient indistinctes et interchangeables avant le milieu du XVIe siècle. Quant à la lettre W, il s’agit d’une ancienne ligature du Moyen Âge unissant deux V (d’où le nom en français, double v) ou de deux U. L’avant-dernière lettre du tétragramme n’étant pas double, il est plus approprié de la latiniser en utilisant la lettre latine simple U/V.
En 1428 après Jésus-Christ, le cardinal Nicolas de Cues proposa les latinisations voisines Ieoa, Iehoua, Iehova et Ihehoua. Véritablement, la latinisation du tétragramme יהוה en Jéhovah est le résultat des travaux du dominicain Raymond Martin et du cardinal Nicolas de Cues. Plus récemment, Jéhovah fut utilisé par l’abbé Augustin Crampon, chanoine de la cathédrale d’Amiens, dans sa traduction française de la Bible (édition de 1904).
Bien que préférant la forme latine Jéhovah à la forme Yahweh, dérivée d’un contexte hellénique, nous considérons cette dernière comme étant aussi catholique que la première. Néanmoins, nous utiliserons abondamment la latinisation Jéhovah sur ce site, d’une part, pour ses qualités esthétiques latines et, d’autre part, afin de manifester notre désir de voir les catholiques se réapproprier cette forme qui leur a été dérobée par les disciples de la société Watch Tower. Remarquons que les Témoins de Jéhovah n’utilisent cette forme du nom divin qu’à cause de l’influence qu’a eu le protestant évangélique Jean Darby sur leur mouvement.
Oui, chers amis, réapproprions-nous l’utilisation de la forme Jéhovah qui est, avant tout, une version catholique du nom divin !
http://patriotismedeclocher.wordpress.com/2012/10/19/jehovah-une-version-catholique-du-nom-de-dieu/