Avortement : “Les évangéliques ont aussi été très mobilisés contre le projet de loi“
Publié le 09/08/2018 à 17h57 - Modifié le 09/08/2018 à 18h29Propos recueillis par Bénédicte Lutaud
Luisa Balaguer/AP/SIPA
Après des mois de manifestations dans un pays très divisé, le jour du vote, des centaines de milliers de manifestants issus des deux camps ont défilé dans les rues autour du Congrès. Chez les militants « pro-choix », de nombreux slogans s’en prenaient directement à l’Église catholique, qui s’était largement mobilisée ces dernières semaines pour exprimer son opposition. Et si le pape François se montre d’ordinaire très réservé sur la situation politique de son pays d’origine, il ne s’est pas privé, lui non plus, pour s’inviter dans le débat. Deux jours après le vote à l’Assemblée nationale, lors d’une réunion avec des associations familiales au Vatican, il avait rappelé la position de l’Église avec des mots très durs – déjà prononcés à d’autres occasions : « au siècle passé, tout le monde se scandalisait de ce que faisaient les nazis pour purifier la race. Aujourd’hui, on fait la même chose, mais avec des gants blancs ». Et dans une lettre adressée aux fidèles catholiques argentins, il avait appelé plus explicitement à se mobiliser contre le projet de loi.
La journaliste argentine Ines San Martin, correspondante à Rome et au Vatican pour le site américain Crux, explique à La Vie l’influence de l’Église catholique, mais aussi des Églises évangéliques dans la société civile argentine, pourtant souvent présentée comme la plus « européenne » d’Amérique latine.
(...)
De plus, les Églises évangéliques ont aussi été très mobilisées contre le projet de loi, et leur influence dans le débat ne peut être sous-estimée. Quant aux évêques catholiques, ils se sont exprimé contre de manière unanime, avec de fortes mobilisation à des dates importantes, comme lors du Te Deum pour la patrie du 25 mai, jour de fête nationale.
(...)
Il est intéressant de noter que chaque sondage publié ces trois derniers mois montre qu’une grande majorité des femmes pauvres en Argentine rejette l’avortement. En fait, la part de la société qui a le plus approuvé ce projet de loi est représentée par des hommes d’âge mûr, issus de la classe moyenne et aisée.
Publié le 09/08/2018 à 17h57 - Modifié le 09/08/2018 à 18h29Propos recueillis par Bénédicte Lutaud
Luisa Balaguer/AP/SIPA
Les sénateurs ont rejeté, le 9 août 2018, un projet de loi autorisant l’avortement jusqu’à 14 semaines en Argentine. Une décision qui reflète l’influence importante des Églises catholiques et évangéliques dans le pays du pape François, explique à La Vie Ines San Martin, journaliste argentine.
Le débat aura duré jusqu’à tard dans la nuit. Après plus de seize heures de discussion, les sénateurs argentins ont rejeté, dans la nuit du 8 au 9 août 2018, un texte légalisant l’avortement jusqu’à 14 semaines, adopté en juin, de justesse, par l’Assemblée nationale. Depuis 1921, l’avortement est considéré comme un délit par le code pénal argentin. Deux exceptions existent : lorsque la santé ou la vie de la femme enceinte est en danger, et en cas de viol. Entre 370.0000 et 522.000 avortements par an se font toujours clandestinement, selon une étude du ministère de la santé datant de 2005.Après des mois de manifestations dans un pays très divisé, le jour du vote, des centaines de milliers de manifestants issus des deux camps ont défilé dans les rues autour du Congrès. Chez les militants « pro-choix », de nombreux slogans s’en prenaient directement à l’Église catholique, qui s’était largement mobilisée ces dernières semaines pour exprimer son opposition. Et si le pape François se montre d’ordinaire très réservé sur la situation politique de son pays d’origine, il ne s’est pas privé, lui non plus, pour s’inviter dans le débat. Deux jours après le vote à l’Assemblée nationale, lors d’une réunion avec des associations familiales au Vatican, il avait rappelé la position de l’Église avec des mots très durs – déjà prononcés à d’autres occasions : « au siècle passé, tout le monde se scandalisait de ce que faisaient les nazis pour purifier la race. Aujourd’hui, on fait la même chose, mais avec des gants blancs ». Et dans une lettre adressée aux fidèles catholiques argentins, il avait appelé plus explicitement à se mobiliser contre le projet de loi.
La journaliste argentine Ines San Martin, correspondante à Rome et au Vatican pour le site américain Crux, explique à La Vie l’influence de l’Église catholique, mais aussi des Églises évangéliques dans la société civile argentine, pourtant souvent présentée comme la plus « européenne » d’Amérique latine.
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De plus, les Églises évangéliques ont aussi été très mobilisées contre le projet de loi, et leur influence dans le débat ne peut être sous-estimée. Quant aux évêques catholiques, ils se sont exprimé contre de manière unanime, avec de fortes mobilisation à des dates importantes, comme lors du Te Deum pour la patrie du 25 mai, jour de fête nationale.
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Il est intéressant de noter que chaque sondage publié ces trois derniers mois montre qu’une grande majorité des femmes pauvres en Argentine rejette l’avortement. En fait, la part de la société qui a le plus approuvé ce projet de loi est représentée par des hommes d’âge mûr, issus de la classe moyenne et aisée.