Rappel du premier message :
Le Dieu unique a-t-il un nom propre ?
1° Pouvons-nous donner à Dieu un nom ?
L’Ecriture nous y autorise, puisque le Seigneur dit lui-même [Is., 42,8] : Je suis le Seigneur, c’est là mon nom. Et ailleurs (Ex., 15, 3) : Le Seigneur a paru comme un guerrier ; le Tout-Puissant, voilà son nom. Cependant, aucun des noms que nous donnons à Dieu ne peuvent exprimer ce qu’il est dans son essence. C’est pourquoi le concile de Latran dit : Firmiter credimus et simpliciter confitemur quod… Deus est ineffabilis.
2° Parmi les noms qu’on donne à Dieu y en a-t-il qui lui soient applicables dans son essence ?
Algazel avait prétendu que les attributs de Dieu, comme sa sainteté, sa bonté, n’étaient pas des perfections positives, mais des perfections négatives, c’est-à-dire qu’elles n’affirmaient rien positivement à l’égard de la nature divine, mais qu’elles en éloignaient seulement ce qui est incompatible avec la nature. Ainsi la sainteté n’était que la négation du mal, et la puissance la négation de la faiblesse. Saint Thomas éclaircit admirablement cette question, qui fut de son temps l’objet de vives controverses.
3° Les noms qu’on donne à Dieu lui sont-ils propres ou sont-ils tous métaphoriques ?
Cet article est le développement de celui qui précède. A ce sujet on peut établir la règle suivante : c’est que quand l’Ecriture sainte attribue à Dieu ce qui convient à l’homme ou à une créature quelconque, l’expression qu’elle emploie est alors métaphorique ; mais quand elle lui attribue ce qui n’est pas propre à la créature, mais ce qui est en soi une perfection absolue, alors ces expressions sont prises dans leur sens propre.
4° Tous les noms qu’on donne à Dieu sont-ils synonymes ?
L’Ecriture est digne de tous nos respects, d’après ces paroles des Proverbes (8, : Tous mes discours sont justes ; il n’y a en eux rien de mauvais ni de pervers. Et ailleurs (Mich., 2, 7) : Est-ce que mes paroles ne sont pas bonnes pour celui qui marche avec droiture ? Or, l’Ecriture appelle Dieu : bon, doux, longanime, fort, patient, admirable, miséricordieux, juste ; ce qui serait puéril, si tous ces mots signifiaient la même chose.
5° Les noms qu’on donne tout à la fois à Dieu et aux créatures doivent-ils être entendus de la créature de la même manière que de Dieu, ou seulement d’une manière analogue ?
Le but de cet article est d’établir que Dieu n’est pas absolument de la même nature que les créatures ; qu’il n’est pas non plus d’une nature tout à fait différente, niais qu’il y a analogie entre l’un et l’autre.
6° En supposant que ces noms ne soient employés que par analogie, appartiennent-ils aux créatures avant de convenir à Dieu ?
Saint Paul dit (Eph., 3, 14-15) : je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom, et il indique par là que tout découle de Dieu.
7° Y a-t-il des noms qui conviennent à Dieu par rapport au temps ?
On lit dans les Psaumes et Isaïe (Ps. 9, 10) : Le Seigneur est devenu le refuge du pauvre ; (Is. 49, 5) : Mon Dieu deviendra ma force ; (Ps. 89, 1) : Seigneur, vous avez été pour nous un refuge ; (Ps. 117, 14) : Le Seigneur est ma force et ma gloire, et il s’est fait mon salut. Il est évident que tous ces noms ne conviennent à Dieu que temporairement.
8° Le mot Dieu exprime-t-il la nature ou l’opération divine ?
Saint Augustin dit (Lib. De fid. ad Petrum, chap. 1) : Cum enim aliud nomen sit Pater, aliud Filius, alius Spiritus sanctus, hoc est utique unum naturæ nomen horum trium, quod dicitur Deus. A l’égard de Dieu il y a deux sortes de noms : les uns qui expriment la nature, les autres les opérations. Le mot Dieu exprime la nature, d’après ces paroles du prophète (Is. 45, 15) : Vous êtes vraiment un Dieu caché.
9° Le nom de Dieu est-il un nom communicable ?
Cet article est la conséquence de celui qui précède. Le nom de Dieu exprimant la nature divine, il est incommunicable, puisque la nature de Dieu l’est. D’ailleurs l’Ecriture est expresse à ce sujet. Mais saint Thomas approfondit d’une manière très remarquable cette question en donnant des règles d’après lesquelles on peut distinguer les noms communicables de ceux qui ne le sont pas.
10° Le nom de Dieu se prend-il univoquement ou équivoquement suivant qu’il convient à Dieu par nature ou par participation et selon l’opinion ?
Cet article est une réfutation de l’erreur des gentils, auxquels l’Apôtre reproche d’avoir confondu la créature avec le créateur (Rom., 1, 23) : ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible, etc. Il attaque aussi tous ces hérétiques qui voulaient qu’on adorât le serpent qui a trompé Eve (ophitæ), qu’on adorât Cain (cainici) ; qu’on adorât Seth (sethiani) ; qu’on adorât les anges (angelici) ; qu’on adorât le soleil (heliogrostici), etc.
11° Le nom, celui qui est, est-il le nom de Dieu qui lui soit le plus propre ?
Cet article est l’interprétation de ce passage sublime de l’Ecriture (Ex., 3, 14) : Je suis celui qui est, ou de celui-ci (ibid.) : Celui qui est m’a envoyé vers vous.
12° Peut-on former sur Dieu des propositions affirmatives ?
Nous en lisons un très grand nombre dans l’Ecriture (Is., 55, 7) : et à notre Dieu, parce qu’il est large pour pardonner ; (Ps. 144, 13) : Le Seigneur est fidèle dans toutes ses paroles, et saint dans toutes ses œuvres.
Source théologique : St Thomas d'Aquin, Somme théologique.
Le Dieu unique a-t-il un nom propre ?
1° Pouvons-nous donner à Dieu un nom ?
L’Ecriture nous y autorise, puisque le Seigneur dit lui-même [Is., 42,8] : Je suis le Seigneur, c’est là mon nom. Et ailleurs (Ex., 15, 3) : Le Seigneur a paru comme un guerrier ; le Tout-Puissant, voilà son nom. Cependant, aucun des noms que nous donnons à Dieu ne peuvent exprimer ce qu’il est dans son essence. C’est pourquoi le concile de Latran dit : Firmiter credimus et simpliciter confitemur quod… Deus est ineffabilis.
2° Parmi les noms qu’on donne à Dieu y en a-t-il qui lui soient applicables dans son essence ?
Algazel avait prétendu que les attributs de Dieu, comme sa sainteté, sa bonté, n’étaient pas des perfections positives, mais des perfections négatives, c’est-à-dire qu’elles n’affirmaient rien positivement à l’égard de la nature divine, mais qu’elles en éloignaient seulement ce qui est incompatible avec la nature. Ainsi la sainteté n’était que la négation du mal, et la puissance la négation de la faiblesse. Saint Thomas éclaircit admirablement cette question, qui fut de son temps l’objet de vives controverses.
3° Les noms qu’on donne à Dieu lui sont-ils propres ou sont-ils tous métaphoriques ?
Cet article est le développement de celui qui précède. A ce sujet on peut établir la règle suivante : c’est que quand l’Ecriture sainte attribue à Dieu ce qui convient à l’homme ou à une créature quelconque, l’expression qu’elle emploie est alors métaphorique ; mais quand elle lui attribue ce qui n’est pas propre à la créature, mais ce qui est en soi une perfection absolue, alors ces expressions sont prises dans leur sens propre.
4° Tous les noms qu’on donne à Dieu sont-ils synonymes ?
L’Ecriture est digne de tous nos respects, d’après ces paroles des Proverbes (8, : Tous mes discours sont justes ; il n’y a en eux rien de mauvais ni de pervers. Et ailleurs (Mich., 2, 7) : Est-ce que mes paroles ne sont pas bonnes pour celui qui marche avec droiture ? Or, l’Ecriture appelle Dieu : bon, doux, longanime, fort, patient, admirable, miséricordieux, juste ; ce qui serait puéril, si tous ces mots signifiaient la même chose.
5° Les noms qu’on donne tout à la fois à Dieu et aux créatures doivent-ils être entendus de la créature de la même manière que de Dieu, ou seulement d’une manière analogue ?
Le but de cet article est d’établir que Dieu n’est pas absolument de la même nature que les créatures ; qu’il n’est pas non plus d’une nature tout à fait différente, niais qu’il y a analogie entre l’un et l’autre.
6° En supposant que ces noms ne soient employés que par analogie, appartiennent-ils aux créatures avant de convenir à Dieu ?
Saint Paul dit (Eph., 3, 14-15) : je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom, et il indique par là que tout découle de Dieu.
7° Y a-t-il des noms qui conviennent à Dieu par rapport au temps ?
On lit dans les Psaumes et Isaïe (Ps. 9, 10) : Le Seigneur est devenu le refuge du pauvre ; (Is. 49, 5) : Mon Dieu deviendra ma force ; (Ps. 89, 1) : Seigneur, vous avez été pour nous un refuge ; (Ps. 117, 14) : Le Seigneur est ma force et ma gloire, et il s’est fait mon salut. Il est évident que tous ces noms ne conviennent à Dieu que temporairement.
8° Le mot Dieu exprime-t-il la nature ou l’opération divine ?
Saint Augustin dit (Lib. De fid. ad Petrum, chap. 1) : Cum enim aliud nomen sit Pater, aliud Filius, alius Spiritus sanctus, hoc est utique unum naturæ nomen horum trium, quod dicitur Deus. A l’égard de Dieu il y a deux sortes de noms : les uns qui expriment la nature, les autres les opérations. Le mot Dieu exprime la nature, d’après ces paroles du prophète (Is. 45, 15) : Vous êtes vraiment un Dieu caché.
9° Le nom de Dieu est-il un nom communicable ?
Cet article est la conséquence de celui qui précède. Le nom de Dieu exprimant la nature divine, il est incommunicable, puisque la nature de Dieu l’est. D’ailleurs l’Ecriture est expresse à ce sujet. Mais saint Thomas approfondit d’une manière très remarquable cette question en donnant des règles d’après lesquelles on peut distinguer les noms communicables de ceux qui ne le sont pas.
10° Le nom de Dieu se prend-il univoquement ou équivoquement suivant qu’il convient à Dieu par nature ou par participation et selon l’opinion ?
Cet article est une réfutation de l’erreur des gentils, auxquels l’Apôtre reproche d’avoir confondu la créature avec le créateur (Rom., 1, 23) : ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible, etc. Il attaque aussi tous ces hérétiques qui voulaient qu’on adorât le serpent qui a trompé Eve (ophitæ), qu’on adorât Cain (cainici) ; qu’on adorât Seth (sethiani) ; qu’on adorât les anges (angelici) ; qu’on adorât le soleil (heliogrostici), etc.
11° Le nom, celui qui est, est-il le nom de Dieu qui lui soit le plus propre ?
Cet article est l’interprétation de ce passage sublime de l’Ecriture (Ex., 3, 14) : Je suis celui qui est, ou de celui-ci (ibid.) : Celui qui est m’a envoyé vers vous.
12° Peut-on former sur Dieu des propositions affirmatives ?
Nous en lisons un très grand nombre dans l’Ecriture (Is., 55, 7) : et à notre Dieu, parce qu’il est large pour pardonner ; (Ps. 144, 13) : Le Seigneur est fidèle dans toutes ses paroles, et saint dans toutes ses œuvres.
Source théologique : St Thomas d'Aquin, Somme théologique.