Assiste-t-on vraiment à un retour du religieux ?
PUBLIÉ LE 22/01/2016 À 10:09
Faux retour, vrais problèmes d'identités...
Le religieux est-il de retour dans notre société ? Non. La réponse est nette, et nous n'assistons pas davantage à une renaissance du sens de la transcendance propre à la nature humaine. Ce n’est pas parce que la surface médiatique des religions augmente que les Français s’intéressent plus à la religion. Ils en ignorent tout ou presque. Nous assistons plutôt aux effets de la perte de référence commune. Et cela se traduit par le recours à des substituts à coloration religieuse. Mais à coloration seulement. Nous ne savons plus ce que veut dire « être français », si bien que par défaut nous disons ce que veut dire être juif, chrétien, musulman, bouddhiste, hindou, athée, agnostique, transhumaniste… Chacun semble tenu de confesser sa référence personnelle en matière religieuse. « Citoyen, déclarez-vous ? » est l’injonction silencieuse qui gagne du terrain.
Tout cela n’a rien de religieux au sens propre du terme. Est religieux ce qui relie les individus dans la conscience de leur commune nature, ce qui relie l’être humain à la profondeur infinie qu’il porte en lui, ce qui l’engage à donner un sens heureux à son existence mortelle.
Or, l’actualité se résume à l’évocation d’éléments de nature religieuse (kippa, burka, crèche, croix ou statue…), créant un univers religieux de façade, mais détaché de la religion au sens de force spirituelle pour la vie humaine.
L’angoisse identitaire fait se cramponner à des aspects religieux et laisse de côté la véritable portée des doctrines religieuses. Certains penseront que c’est mieux ainsi. Il ne faudrait cependant jamais oublier que l’aspiration religieuse de l’être humain est insoluble dans les sables de l’ignorance, du divertissement, du progrès… Tôt ou tard, elle se réveille et demande « qui suis-je vraiment ? » Alors, d’autres se désolent de voir qu’il est abusivement question de « religions » là où il s’agit d’alibi à notre quête d’identité.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Parce que nous avons perdu au fond la réponse à la question « qu’est-ce que l’homme ? ». Dès lors, nous la cherchons en surface, dans les vêtements, les apparences extérieures. La voie de sortie du syndrome pathologique qui guette notre pays, serait de ne plus invoquer la laïcité à tout bout de champ, mais invoquer le sens des religions et d’en parler vraiment. Il faudrait avoir le courage d’offrir à tous les jeunes les moyens de comprendre, les moyens de dépasser les apparences, et d’interroger avec estime la quête de personnes d’autres traditions. Il faudrait aller au-delà de la respectueuse considération pour les religions, mais parvenir aussi à nommer « Dieu », chose que les politiques n’ont pu faire en adressant leurs vœux aux religieux en ce début d’année.
Nous avons hélas tout fait pour réduire les religions à leurs apparences, nous avons sciemment tu la portée de leur doctrine afin de neutraliser leur influence dans les consciences. Aujourd’hui, il nous faut nous débattre avec de vaines querelles, qui enfouissent un peu plus l’heureuse aptitude humaine à trouver les vraies sources de la fraternité.
http://www.lavie.fr/blog/laurent-stalla-bourdillon/assiste-t-on-vraiment-a-un-retour-du-religieux,4576
PUBLIÉ LE 22/01/2016 À 10:09
Faux retour, vrais problèmes d'identités...
Le religieux est-il de retour dans notre société ? Non. La réponse est nette, et nous n'assistons pas davantage à une renaissance du sens de la transcendance propre à la nature humaine. Ce n’est pas parce que la surface médiatique des religions augmente que les Français s’intéressent plus à la religion. Ils en ignorent tout ou presque. Nous assistons plutôt aux effets de la perte de référence commune. Et cela se traduit par le recours à des substituts à coloration religieuse. Mais à coloration seulement. Nous ne savons plus ce que veut dire « être français », si bien que par défaut nous disons ce que veut dire être juif, chrétien, musulman, bouddhiste, hindou, athée, agnostique, transhumaniste… Chacun semble tenu de confesser sa référence personnelle en matière religieuse. « Citoyen, déclarez-vous ? » est l’injonction silencieuse qui gagne du terrain.
Tout cela n’a rien de religieux au sens propre du terme. Est religieux ce qui relie les individus dans la conscience de leur commune nature, ce qui relie l’être humain à la profondeur infinie qu’il porte en lui, ce qui l’engage à donner un sens heureux à son existence mortelle.
Or, l’actualité se résume à l’évocation d’éléments de nature religieuse (kippa, burka, crèche, croix ou statue…), créant un univers religieux de façade, mais détaché de la religion au sens de force spirituelle pour la vie humaine.
L’angoisse identitaire fait se cramponner à des aspects religieux et laisse de côté la véritable portée des doctrines religieuses. Certains penseront que c’est mieux ainsi. Il ne faudrait cependant jamais oublier que l’aspiration religieuse de l’être humain est insoluble dans les sables de l’ignorance, du divertissement, du progrès… Tôt ou tard, elle se réveille et demande « qui suis-je vraiment ? » Alors, d’autres se désolent de voir qu’il est abusivement question de « religions » là où il s’agit d’alibi à notre quête d’identité.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Parce que nous avons perdu au fond la réponse à la question « qu’est-ce que l’homme ? ». Dès lors, nous la cherchons en surface, dans les vêtements, les apparences extérieures. La voie de sortie du syndrome pathologique qui guette notre pays, serait de ne plus invoquer la laïcité à tout bout de champ, mais invoquer le sens des religions et d’en parler vraiment. Il faudrait avoir le courage d’offrir à tous les jeunes les moyens de comprendre, les moyens de dépasser les apparences, et d’interroger avec estime la quête de personnes d’autres traditions. Il faudrait aller au-delà de la respectueuse considération pour les religions, mais parvenir aussi à nommer « Dieu », chose que les politiques n’ont pu faire en adressant leurs vœux aux religieux en ce début d’année.
Nous avons hélas tout fait pour réduire les religions à leurs apparences, nous avons sciemment tu la portée de leur doctrine afin de neutraliser leur influence dans les consciences. Aujourd’hui, il nous faut nous débattre avec de vaines querelles, qui enfouissent un peu plus l’heureuse aptitude humaine à trouver les vraies sources de la fraternité.
http://www.lavie.fr/blog/laurent-stalla-bourdillon/assiste-t-on-vraiment-a-un-retour-du-religieux,4576