Morbihan : défi mortel sur Facebook
Le Point.fr - Publié le 13/06/2014 à 10:25 - Modifié le 13/06/2014 à 12:06
Un jeune homme de 19 ans s'est noyé jeudi soir après s'être jeté à l'eau avec son vélo pour participer à un défi lancé sur le réseau social.
Un jeune homme de 19 ans est mort accidentellement jeudi soir dans le Morbihan après s'être jeté à l'eau avec son vélo dans le cadre d'un "défi Facebook", un phénomène dont l'ampleur croissante inquiète les autorités. "Il s'agit à notre connaissance du premier décès en France lié à un tel défi, mais non du premier accident grave", a indiqué le colonel Sylvain Laniel, commandant la gendarmerie du Morbihan. Le drame s'est produit sur les bords de la Vilaine à Béganne, à l'est de Vannes, dans le cadre d'un défi "À l'eau ou au resto", qui fait fureur depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. L'enjeu consiste à se jeter à l'eau dans les 48 heures, preuve vidéo à l'appui, ou à offrir un dîner au restaurant.
"À Béganne, le défi consistait à se jeter à l'eau avec son vélo. Deux jeunes se sont rendus sur les pontons du port de Foleux, sur la Vilaine, filmés par un troisième. La victime avait cru bon d'attacher son vélo à sa jambe pour le récupérer, mais il y avait six mètres de fond et il n'a pas pu remonter", a détaillé le colonel Laniel. Selon Igor Souchu, substitut du procureur de Vannes, "la victime a tenté à plusieurs reprises de refaire surface, mais n'a pas pu en raison du poids du vélo". Les deux amis de la victime, celui qui a également plongé et celui qui filmait, sont en état de choc, mais ont pu être entendus, a-t-il été précisé. Une enquête en flagrance est en cours, mais il n'est pas certain qu'elle ait des suites pénales, selon le parquet. "La vidéo et les témoignages sont très clairs, la victime s'est mise en danger elle-même et était apparemment parfaitement consciente de ce qu'elle faisait. Il n'y a pas non plus eu de non-assistance à personne en danger", a indiqué Igor Souchu. "Il s'agit d'un jeu dramatique et complètement stupide. Il faut que ce cas serve d'exemple pour qu'il n'y ait plus ce genre de défis", a souligné le magistrat.
"Risque de surenchère"
Jeudi, quelques heures avant ce drame, la Direction générale de la police nationale (DGPN) avait précisément mis en garde contre les "défis" lancés sur Facebook et plus spécifiquement "À l'eau ou au resto". "Après la vague de la neknomination (se filmer en buvant de l'alcool)" de février sur les réseaux sociaux, "les défis sur Facebook prennent de l'ampleur avec (cette) nouvelle et récente déclinaison", avait indiqué à l'AFP le porte-parole de la DGPN, Franck Dehay. Le phénomène, parfois assorti de prétextes humanitaires, a fait boule de neige depuis deux semaines sur Facebook, où les participants sont incités à inviter d'autres internautes à les imiter. Dimanche, la police avait réussi à sévèrement encadrer un rassemblement organisé à Calais, évitant des dérapages.
Mais le 31 mai, à Wimereux, dans le même département du Pas-de-Calais, un jeune homme a été grièvement blessé "avec des séquelles irréversibles", selon la police, après avoir plongé dans la mer dans une eau glacée et sans fond, à la suite d'un tel défi. "Face aux défis, montrez que vous êtes le plus intelligent" en ne vous laissant pas "influencer", souligne la DGPN sur son compte Twitter. "Il y a un risque de surenchère et un réel danger", relève Franck Dehay, "même si cela part parfois d'un bon sentiment (...), c'est moins inoffensif que cela n'y paraît." Les défis consistant à se baigner dans des eaux parfois glaciales ont été associés à plusieurs accidents graves et parfois mortels dans le monde, notamment aux États-Unis, où ils sont apparus ce printemps.