mort » ! Vive Snapchat !
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MINLa devanture est trompeuse : sur Facebook, les sourires de façades des photos de profil fréquemment renouvelées et leurs chapelets de compliments de circonstance (« t’es trop belle », « la classe») sont les vestiges d’une fréquentation de Facebook en berne chez les adolescents.Une enquête ethnographique que nous avons menée auprès de 20 jeunes de 12 à 17 ans dans trois régions de France confirme la tendance mesurée par deux récents sondages aux US.
Une enquête ethnographique que nous avons menée auprès de 20 jeunes de 12 à 17 ans dans trois régions de France confirme la tendance mesurée par deux récents sondages aux USA et concédée par le directeur financier lors des résultats trimestriels[1]: Facebook est un terrain en voie de désaffection, que les ados délaissent au profit de nouveaux services communicants, le plus souvent ignorés des parents et à l’abri des regards de la foule. Outre les échanges de SMS qui ne décroissent pas, l’appli Snapchat, ask.fm le réseau social en vogue dans les collèges et les lycées, l’appli communicante kik, utilisée par tous les jeunes d’une cité à Aulnay-sous-Bois, ou encore Twitter, font aujourd’hui l’objet d’usages exponentiels. Plus qu’une simple translation d’usage liée à un effet de mode, nos entretiens ont révélé que ces recoins numériques que se sont forgés les adolescents et où les adultes n’ont pas leur place sont investis en raison de la valeur très particulière qu’ils ont dans l’économie psychique de ces personnalités en cours de formation.
Parmi ces services, Snapchat reste le plus ouvert au monde des adultes, le plaisir de l’initiation à l’innovation formelle prenant le pas sur la volonté de rester entre soi.
Nous tâcherons dans ce premier billet de capter l’essence de ces images fugitives qui ont la faveur des adolescents aujourd’hui, aussi nommées « images fantômes » ou « images bombes », parce qu’elles ne restent visibles pour le destinataire que pendant une durée programmée d’une 1 à 10 secondes. Si faire une capture d’écran est toujours possible, au moyen d’une manipulation contorsionniste, ce détournement reste très minoritaire : la mention « Screenshot » indique aussitôt à l’expéditeur que l’autre n’a pas joué le jeu et s’ouvrent alors des négociations qui aboutissent le plus souvent à la suppression de l’image
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Une enquête ethnographique que nous avons menée auprès de 20 jeunes de 12 à 17 ans dans trois régions de France confirme la tendance mesurée par deux récents sondages aux USA et concédée par le directeur financier lors des résultats trimestriels[1]: Facebook est un terrain en voie de désaffection, que les ados délaissent au profit de nouveaux services communicants, le plus souvent ignorés des parents et à l’abri des regards de la foule. Outre les échanges de SMS qui ne décroissent pas, l’appli Snapchat, ask.fm le réseau social en vogue dans les collèges et les lycées, l’appli communicante kik, utilisée par tous les jeunes d’une cité à Aulnay-sous-Bois, ou encore Twitter, font aujourd’hui l’objet d’usages exponentiels. Plus qu’une simple translation d’usage liée à un effet de mode, nos entretiens ont révélé que ces recoins numériques que se sont forgés les adolescents et où les adultes n’ont pas leur place sont investis en raison de la valeur très particulière qu’ils ont dans l’économie psychique de ces personnalités en cours de formation.
Parmi ces services, Snapchat reste le plus ouvert au monde des adultes, le plaisir de l’initiation à l’innovation formelle prenant le pas sur la volonté de rester entre soi.
Nous tâcherons dans ce premier billet de capter l’essence de ces images fugitives qui ont la faveur des adolescents aujourd’hui, aussi nommées « images fantômes » ou « images bombes », parce qu’elles ne restent visibles pour le destinataire que pendant une durée programmée d’une 1 à 10 secondes. Si faire une capture d’écran est toujours possible, au moyen d’une manipulation contorsionniste, ce détournement reste très minoritaire : la mention « Screenshot » indique aussitôt à l’expéditeur que l’autre n’a pas joué le jeu et s’ouvrent alors des négociations qui aboutissent le plus souvent à la suppression de l’image