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Comment survivre à l'école catholique ?
STÉPHANIE COMBE
Bas les masques ! Un témoignage accablant sur l'enseignement privé vient de sortir, dont les gazettes commencent à se saisir : J'ai mis mon fils chez les cathos, par Véronique de Bure, aux éditions Belfond.
« La bonté et la charité chrétiennes vont montrer un autre visage, indique le communiqué de presse, un rien lyrique. Humiliations, punitions injustes ou excessives, professeurs psychorigides, communication désastreuse, devoirs et contrôles pléthoriques... Un gouffre sépare les promesses et la réalité. » Ce qui est, il est vrai, toujours frustrant pour le consommateur. Ancienne éditrice chez Anne Carrière, Véronique de Bure a également exercé ses talents chez Stock, où elle a sans doute connu l'écrivain Jean-Louis Fournier, lequel s'est fendu d'une préface (d'une page). La cause était trop belle : « Moi aussi on m'a mis chez les cathos. Je ne m'en suis pas remis ». Dont acte.
C'est une mère qui ouvre son cœur. À la veille de la rentrée, voir couper les cheveux de son fils « lui fait mal ». Voilà qui laisse augurer son chemin de croix. Dans son nouvel établissement privé sous contrat, l'enfant chéri, qui porte désormais le poil court, n'a pas le droit de porter son jean troué. Dur... « Les filles doivent avoir les cheveux attachés, des jupes de longueur décente, des chaussures plates, des décolletés bien fermés et bannir toute trace de maquillage. Faute de quoi on saura les remettre dans le droit chemin à coups de croix et de retenues. » C'est Kaboul à Paris. « Les garçons, quant à eux, sont priés de porter des pantalons longs et non troués, les cheveux coupés court, pas de joggings – exclusivement réservés aux cours d'éducation physique et sportive – et pas de pulls ou sweat-shirts à capuche. » On est saisi par tant de haine.
Et s'il n'y avait que ça ! La cantine est « infecte », les punitions « non justifiées », la journée à Vézelay o-bli-ga-toi-re. Le pire ne résidant pas dans ce prosélytisme d'un autre âge, mais bien dans le départ à 6h du matin le vendredi, qui contraindra les parents n'appartenant vraisemblablement pas à la France qui se lève tôt, à raccourcir leur nuit. Avec des conséquences horrifiques : le mari de Madame, qui s'est donc levé aux aurores, « a ronflé le soir au théâtre du Rond-Point ».
Quant à l’équipe professorale, c'est vraiment pas de bol (de riz). Pas un pour rattraper l'autre : le premier est « psychorigide », l'autre tend une main « dure et froide » (ce qui, convenons-en, n'est guère agréable), un troisième tient des propos « sans appel » (à tarte), et le directeur ne pense qu'à sa carrière en visant la gouvernance d'un autre établissement. Les punitions pleuvent, les attentes sont abyssales, la pression insoutenable. En mère pourtant attentive et aimante, il aura fallu trois ans à Véronique de Bure pour réaliser le martyre que subissait son fils. A moins que ce ne soit le sien, à vrai dire, car elle a visiblement moins bien vécu cette période que lui. Son garçon semble en effet s'être fait pas mal de copains dans cet enfer.
Après lecture de ce témoignage d'une insoutenable violence, une question demeure : à quand une repentance officielle de l'Enseignement catholique ?
> Le livre :
J'ai mis mon fils chez les cathos
de Véronique de Bure, aux éditions Belfond
240 pages ; 18€.
STÉPHANIE COMBE
Bas les masques ! Un témoignage accablant sur l'enseignement privé vient de sortir, dont les gazettes commencent à se saisir : J'ai mis mon fils chez les cathos, par Véronique de Bure, aux éditions Belfond.
« La bonté et la charité chrétiennes vont montrer un autre visage, indique le communiqué de presse, un rien lyrique. Humiliations, punitions injustes ou excessives, professeurs psychorigides, communication désastreuse, devoirs et contrôles pléthoriques... Un gouffre sépare les promesses et la réalité. » Ce qui est, il est vrai, toujours frustrant pour le consommateur. Ancienne éditrice chez Anne Carrière, Véronique de Bure a également exercé ses talents chez Stock, où elle a sans doute connu l'écrivain Jean-Louis Fournier, lequel s'est fendu d'une préface (d'une page). La cause était trop belle : « Moi aussi on m'a mis chez les cathos. Je ne m'en suis pas remis ». Dont acte.
C'est une mère qui ouvre son cœur. À la veille de la rentrée, voir couper les cheveux de son fils « lui fait mal ». Voilà qui laisse augurer son chemin de croix. Dans son nouvel établissement privé sous contrat, l'enfant chéri, qui porte désormais le poil court, n'a pas le droit de porter son jean troué. Dur... « Les filles doivent avoir les cheveux attachés, des jupes de longueur décente, des chaussures plates, des décolletés bien fermés et bannir toute trace de maquillage. Faute de quoi on saura les remettre dans le droit chemin à coups de croix et de retenues. » C'est Kaboul à Paris. « Les garçons, quant à eux, sont priés de porter des pantalons longs et non troués, les cheveux coupés court, pas de joggings – exclusivement réservés aux cours d'éducation physique et sportive – et pas de pulls ou sweat-shirts à capuche. » On est saisi par tant de haine.
Et s'il n'y avait que ça ! La cantine est « infecte », les punitions « non justifiées », la journée à Vézelay o-bli-ga-toi-re. Le pire ne résidant pas dans ce prosélytisme d'un autre âge, mais bien dans le départ à 6h du matin le vendredi, qui contraindra les parents n'appartenant vraisemblablement pas à la France qui se lève tôt, à raccourcir leur nuit. Avec des conséquences horrifiques : le mari de Madame, qui s'est donc levé aux aurores, « a ronflé le soir au théâtre du Rond-Point ».
Quant à l’équipe professorale, c'est vraiment pas de bol (de riz). Pas un pour rattraper l'autre : le premier est « psychorigide », l'autre tend une main « dure et froide » (ce qui, convenons-en, n'est guère agréable), un troisième tient des propos « sans appel » (à tarte), et le directeur ne pense qu'à sa carrière en visant la gouvernance d'un autre établissement. Les punitions pleuvent, les attentes sont abyssales, la pression insoutenable. En mère pourtant attentive et aimante, il aura fallu trois ans à Véronique de Bure pour réaliser le martyre que subissait son fils. A moins que ce ne soit le sien, à vrai dire, car elle a visiblement moins bien vécu cette période que lui. Son garçon semble en effet s'être fait pas mal de copains dans cet enfer.
Après lecture de ce témoignage d'une insoutenable violence, une question demeure : à quand une repentance officielle de l'Enseignement catholique ?
> Le livre :
J'ai mis mon fils chez les cathos
de Véronique de Bure, aux éditions Belfond
240 pages ; 18€.