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Compagnes de prêtres, unissez-vous !
Le Point.fr - Publié le 20/05/2014 à 09:59
Des femmes qui partagent en secret la vie de prêtres ont écrit au pape François pour lui demander de mettre fin au célibat de leurs compagnons sans renoncer à leur vocation.
De NOTRE CORRESPONDANT À ROME, DOMINIQUE DUNGLAS
À la une du Point.fr
Par Anne Jeanblanc
Les compagnes de prêtres sortent de l'ombre. Vingt-six d'entre elles ont pris la plume pour demander une audience au pape François. "On connaît mal les souffrances auxquelles est soumise une femme qui partage avec un prêtre l'expérience de l'amour. Nous souhaitons déposer avec humilité notre souffrance à tes pieds afin que quelque chose puisse changer ; pas seulement pour nous, mais également pour toute l'Église", écrivent les signataires.
Dans leur plaidoyer, elles détaillent les deux options qui s'offrent à elles : mettre fin à leur amour ou le vivre dans la clandestinité. Dans le premier cas, la séparation signifie "une cicatrice à vie pour les deux personnes". Dans le second cas "nous attend une vie de dissimulation, avec la frustration d'un amour incomplet qui ne peut espérer la naissance d'un enfant. C'est une solution hypocrite, mais qui s'impose souvent en raison de l'impossibilité de mettre fin à un amour qui est pourtant né sous le signe du Seigneur." Elles pensent à elles, mais également à l'Église. "Un prêtre qui n'est contraint à renoncer ni à l'amour conjugal ni à sa vocation prêtera service à la communauté avec un plus grand enthousiasme et sera supporté par une épouse et des enfants."
Hémorragie
Le pape François ne s'est jamais prononcé en faveur du mariage pour les prêtres. "Pour l'instant, on maintient la discipline du célibat", a-t-il écrit dans son livre d'entretiens avec le rabbin Abraham Skorka Sur la terre comme au ciel. Mais il a ajouté : "C'est un thème objet de discussion. Avec pragmatisme, on pourrait dire que cela nous fait perdre de la main-d'oeuvre (crise des vocations, NDLR). Si l'Église occidentale devait revoir le thème du célibat, elle le ferait pour des raisons culturelles, mais pas comme une option universelle." Et, comme souvent avec le pape François, la miséricorde l'emporte sur les règles ecclésiales. Ainsi, le cardinal Jorge Bergoglio est resté lié d'amitié avec Jeronimo Podesta, évêque argentin qui avait quitté les ordres en 1972 pour se marier.
La discussion est désormais ouverte. Car le célibat des prêtres n'appartient pas au dogme. Presque tous les apôtres étaient mariés. Plus d'une trentaine de papes eurent des épouses. Au contraire des moines, qui choisissent de vivre seuls avec Dieu, les prêtres n'étaient pas contraints au célibat jusqu'au XIe siècle. La règle s'est établie progressivement pour mettre fin aux problèmes héréditaires posés par les descendants des évêques. Elle ne devint une loi de l'Église que durant le concile de Trente (1545 -1563) par le volonté de Paul III, lui-même père de quatre enfants...
"La qualité de la vie spirituelle ne dépend pas de l'abstinence sexuelle et encore moins de l'absence d'une famille, estime le théologien Vito Mancuso. Quand les prêtres doivent parler avec des fidèles de sexe, de famille ou de tous les aspects de la vie affective, quelle expérience ont-ils ?" Depuis une cinquantaine d'années, 100 000 prêtres ont abandonné leur sacerdoce par amour d'une femme. Une hémorragie que Rome ne peut plus se permettre.
Le Point.fr - Publié le 20/05/2014 à 09:59
Des femmes qui partagent en secret la vie de prêtres ont écrit au pape François pour lui demander de mettre fin au célibat de leurs compagnons sans renoncer à leur vocation.
De NOTRE CORRESPONDANT À ROME, DOMINIQUE DUNGLAS
À la une du Point.fr
Par Anne Jeanblanc
Les compagnes de prêtres sortent de l'ombre. Vingt-six d'entre elles ont pris la plume pour demander une audience au pape François. "On connaît mal les souffrances auxquelles est soumise une femme qui partage avec un prêtre l'expérience de l'amour. Nous souhaitons déposer avec humilité notre souffrance à tes pieds afin que quelque chose puisse changer ; pas seulement pour nous, mais également pour toute l'Église", écrivent les signataires.
Dans leur plaidoyer, elles détaillent les deux options qui s'offrent à elles : mettre fin à leur amour ou le vivre dans la clandestinité. Dans le premier cas, la séparation signifie "une cicatrice à vie pour les deux personnes". Dans le second cas "nous attend une vie de dissimulation, avec la frustration d'un amour incomplet qui ne peut espérer la naissance d'un enfant. C'est une solution hypocrite, mais qui s'impose souvent en raison de l'impossibilité de mettre fin à un amour qui est pourtant né sous le signe du Seigneur." Elles pensent à elles, mais également à l'Église. "Un prêtre qui n'est contraint à renoncer ni à l'amour conjugal ni à sa vocation prêtera service à la communauté avec un plus grand enthousiasme et sera supporté par une épouse et des enfants."
Hémorragie
Le pape François ne s'est jamais prononcé en faveur du mariage pour les prêtres. "Pour l'instant, on maintient la discipline du célibat", a-t-il écrit dans son livre d'entretiens avec le rabbin Abraham Skorka Sur la terre comme au ciel. Mais il a ajouté : "C'est un thème objet de discussion. Avec pragmatisme, on pourrait dire que cela nous fait perdre de la main-d'oeuvre (crise des vocations, NDLR). Si l'Église occidentale devait revoir le thème du célibat, elle le ferait pour des raisons culturelles, mais pas comme une option universelle." Et, comme souvent avec le pape François, la miséricorde l'emporte sur les règles ecclésiales. Ainsi, le cardinal Jorge Bergoglio est resté lié d'amitié avec Jeronimo Podesta, évêque argentin qui avait quitté les ordres en 1972 pour se marier.
La discussion est désormais ouverte. Car le célibat des prêtres n'appartient pas au dogme. Presque tous les apôtres étaient mariés. Plus d'une trentaine de papes eurent des épouses. Au contraire des moines, qui choisissent de vivre seuls avec Dieu, les prêtres n'étaient pas contraints au célibat jusqu'au XIe siècle. La règle s'est établie progressivement pour mettre fin aux problèmes héréditaires posés par les descendants des évêques. Elle ne devint une loi de l'Église que durant le concile de Trente (1545 -1563) par le volonté de Paul III, lui-même père de quatre enfants...
"La qualité de la vie spirituelle ne dépend pas de l'abstinence sexuelle et encore moins de l'absence d'une famille, estime le théologien Vito Mancuso. Quand les prêtres doivent parler avec des fidèles de sexe, de famille ou de tous les aspects de la vie affective, quelle expérience ont-ils ?" Depuis une cinquantaine d'années, 100 000 prêtres ont abandonné leur sacerdoce par amour d'une femme. Une hémorragie que Rome ne peut plus se permettre.
