Silence médiatique embarrassé autour d'un avortoir...
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Billet du mercredi 10 avril 2013
Il y a deux ans nous nous étonnions déjà du silence médiatique autour d'une affaire judiciaire aux États-Unis qui versait dans l'horreur. Rien dans la presse francophone qui n'hésite cependant pas à parler des faits divers les plus sordides aux États-Unis.
Deux ans plus tard, alors que le procès est en cours depuis plusieurs semaines, toujours rien en français sur Google Actualités.
De quoi s'agit-il ?
Une mère morte, au moins sept enfants nés tués
Kermit Gosnell (ci-contre), un médecin américain pratiquant des avortements, a été inculpé mercredi 19 janvier 2011 pour les meurtres d'une femme et de sept bébés tués après leur naissance, alors qu'ils respiraient et bougeaient.
« Il exécutait régulièrement des avortements au-delà de la limite légale de 24 semaines. En conséquence, des bébés viables sont nés. Gosnell les a tués en plongeant des ciseaux dans leur moelle épinière », a indiqué le bureau du procureur de Philadelphie. Le Dr Gosnell avait « appris à ses employés à faire comme lui », a-t-il encore indiqué.
La femme concernée par la procédure est décédée d'une crise cardiaque provoquée par des narcotiques qui lui avaient été administrés dans le cadre d'un avortement tardif.
Le Dr Kermit Gosnell, âgé de 72 ans aujourd'hui, a gagné des millions de dollars au cours des 30 dernières années en effectuant le plus d'avortements qu'il pouvait, dont de nombreux avortements tardifs et illégaux.
D'autres victimes
Depuis cette condamnation d'autres victimes de M. Gosnell l'accusent publiquement.
Robyn Reid, âgée de 15 ans, ne voulait pas se faire avorter. Mais quand sa grand-mère l'a emmenée de force à une clinique d'avortements un jour d'hiver 1998, Reid a pensé qu'il suffirait qu'elle dise au médecin qu'elle ne voulait pas avorter et puis filer.
Au lieu de quoi, Kermit Gosnell aboya : « Je n'ai pas de temps pour cela ! » Il a ensuite arraché ses vêtements, lui a donné une fessée, l'a jetée sur une civière sale, lui a attaché les bras et les jambes, lui a injecté des sédatifs jusqu'à ce qu'elle cesse de crier et perde conscience, a-t-elle déclaré au Philadelphia Daily News le 21 janvier 2011.
Nicole Gaither s'est fait avorter par Gosnell en 2001. Après quatre jours, la douleur post-opératoire était si intense qu'elle pouvait à peine marcher. Elle serait retournée à la clinique, où Gosnell insouciant lui aurait déclaré qu'il avait oublié des restes fœtaux en elle.
« Allons, levez-vous ! Ça ne fait pas si mal que cela ! » avant de procéder — sans aucune anesthésie — à une aspiration utérine.
Forcée d'avorter
En 2001, après avoir assisté au spectacle des patientes hébétées et ensanglantées du Dr Gossnel dans la salle de réveil de sa clinique, Davida Johnson a changé d'avis et ne voulait plus se débarrasser de son fœtus de 6 mois. Mais le personnel de la clinique ignora ses protestations dans la salle d'opération, la gifla, la ligota et lui donna des sédatifs jusqu'à la rendre inconsciente. À son réveil, elle n'était plus enceinte.
Quelques semaines plus tard, d'ajouter Davida, on lui a diagnostiqué une maladie vénérienne qui, selon elle, serait due aux instruments non stérilisés utilisés par Gosnell. Maintenant, elle ne pourrait plus mener de grossesses à terme ayant échoué à quatre reprises depuis son avortement.
Sectionner la nuque des nouveau-nés
L'auxiliaire médicale Adrienne Moton a admis récemment au cours du procès qu'elle avait sectionné la nuque d'au moins dix bébés après leur naissance, comme l'avait demandé Gosnell. Gosnell et un autre employé sectionnaient régulièrement la moelle épinière pour s'assurer de la mort du fœtus [sic] », a-t-elle dit.
L'avortoir de Kermit Gosnell à Philadelphie
Moton sanglotait alors qu'elle racontait avoir pris une photo avec son téléphone portable d'un bébé parce qu'il était plus grand que tous ceux qu'elle avait vu avortés auparavant. Elle a mesuré le fœtus, il devait avoir près de 30 semaines et elle s'est alors dit qu'il aurait pu survivre, compte tenu de sa taille et de sa couleur rosâtre. Gosnell plaisanta par la suite en disant que le bébé était si grand qu'il aurait pu marcher jusqu'à l'arrêt de bus, a-t-elle ajouté. Quel sens de l'humour !
Avortements au-delà de 24 semaines
Un autre assistant de Gosnell, Stephen Massof, 50 ans, en attente de jugement après avoir plaidé coupable à l'assassinat de deux nouveau-nés à la clinique, a révélé la semaine passée qu'il avait été témoin d'un avortement à 26 semaines - deux semaines au-delà de la limite de 24 semaines fixé par l'État.
Il a aussi déclaré qu'il aurait vu naître 100 enfants vivants, puis qu'on leur avait « sectionné » la nuque, afin de s'assurer de leur « disparition ». Massof a aussi décrit des scènes horribles à la clinique qu'il a qualifiée de sale et délabrée où certains instruments chirurgicaux étaient rouillés.
Il pleuvait des fœtus, on les décapitait
«Il pleuvait des fœtus. Il y avait des fœtus et du sang partout. C'était à proprement parler des décapitations. On séparait le cerveau du corps, a-t-il déclaré à NBC.
Frigo de la « clinique » Gosnell qui, selon la police, contenait des restes humains
Il a également allégué que la machine à ultrasons de la clinique avait été manipulée pour faire apparaître les fœtus plus petits et donc plus jeunes.
Cris perçants de bébé sur une table
L'ancienne avorteuse Sherry West a déclaré avoir entendu un bébé « crier » et « pousser des cris perçants » au cours d'un « avortement » qui a eu lieu au « Palais des cauchemars » de Kermit Gosnell, l'avortoir de celui-ci à Philadelphie.
Le propriétaire, le Dr Kermit Gosnell, lui avait demandé de l'aider et d'aller dans une autre pièce. Là, un bébé de 45 à 60 centimètres, qui n'avait pas encore d'yeux, était couché dans une casserole transparente, s'est-elle souvenue avec horreur. Il poussait des « cris perçants, il faisait un bruit » qui « ressemblait à un petit extraterrestre », a-t-elle avoué. Il « m'a vraiment fait peur ». Elle a alors quitté la pièce.
Des témoins oculaires au procès rapportent que West était visiblement secouée au souvenir de cet événement traumatique.
Photomontage macabre tiré du rapport par le procureur général, en vignette, dû sa nature
(Cliquer sur la vignette pour agrandir)
Nombreux troubles psychiques parmi les travailleuses de la clinique
Lynda Williams a déclaré au jury hier, mardi, que son patron, Kermit Gosnell, savait qu'elle souffrait de troubles bipolaires et de dépression quand il l'a embauché pour l'assister dans ses avortements tardifs. M. Le docteur Gosnell l'a même traitée pour troubles mentaux.
Une autre employée de la clinique, Elizabeth Hampton, avait auparavant affirmé au procès qu'elle souffrait de dépression, d'anxiété, qu'elle avait un problème d'alcoolisme et qu'elle a déjà eu une « dépression nerveuse ». Une troisième employée de Gosnell, Sherry West, a également avoué avoir été traitée pour des troubles psychiques.
Williams a affirmé à la cour que la section de la moelle épinière des nouveau-nés par la nuque était une manière routière à l'avortoir de s'assurer d'une « mort fœtale ».
« L'ennui, c'est que les nouveau-nés ne sont pas considérés comme des « fœtus » et que les tuer est considéré comme un assassinat. Gosnell n'a jamais pris la peine de le dire à son personnel peu scolarisé et émotionnellement instable », a déclaré Troy Newman, président de Operation Rescue.
Effets d'un discours simpliste ?
Parler pendant plus de 30 ans de simple amas cellulaires en parlant de fœtus, d'enfants à naître, peut-il n'avoir aucune conséquence ?
Il n'y a toujours aucune loi au Canada qui réglemente l'avortement. On peut en théorie y tuer un fœtus jusqu'à quelques minutes de sa naissance.
Sources : Bureau du procureur général de Philadelphie, Rapport pour le Grand Jury, Associated Press, NBC, Daily Mail et Philadelphia Daily News
Une partie de l'équipe Gosnell inculpée