Ces virus qui donnent le cancer
Le Point.fr - Publié le 20/10/2011 à 12:34 -
Le Point.fr ouvre son espace de débat au professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses à la faculté de médecine de Marseille.
On le sait, des virus peuvent donner des cancers. Et leur nombre ne cesse d'augmenter. Des cancers susceptibles d'être prévenus par la vaccination. Ce changement de paradigme majeur date du début du XXe siècle, grâce en particulier à un modèle de cancer du sein chez la souris dû à un virus. Sans avoir suscité, pour l'instant, de changement de stratégie de la part des institutions.
Ainsi, l'OMS, mais aussi les meilleurs journaux médicaux et scientifiques continuent à distinguer les morts par maladies non transmissibles (dont tous les cancers) et transmissibles. On continue à ranger dans les maladies non transmissibles les cancers ou les maladies chroniques (dont la cirrhose), en réalité conséquence d'infection et donc transmissibles. Par exemple, le cancer de l'estomac est dû à une bactérie, Helicobacter pylorii, qui est aussi l'agent des ulcères. Le virus de l'hépatite B (susceptible d'être prévenu par la vaccination) est l'agent de la plupart des cancers du foie et d'une partie importante des cirrhoses du foie.
Il a été estimé que 1 500 personnes par an en France mouraient d'affections chroniques (cancers ou cirrhoses) liées au virus de l'hépatite B en France. Le virus de l'hépatite B est transmissible par voie sexuelle, par la salive, par les piqûres. Le virus de l'hépatite C, transmis plus couramment par les injections, est responsable de la plus grande partie des autres cirrhoses et cancers du foie. Les Papillomavirus sont à l'origine de tous les cancers du col de l'utérus chez la femme, des cancers de l'anus chez l'homme et de la moitié des cancers de la gorge chez l'homme et chez la femme. C'est un virus sexuellement transmis, qui peut être transmis aussi par les baisers. Ces cancers sont susceptibles d'être prévenus par la vaccination. Il n'y a pas de stratégie de vaccination généralisée pour empêcher la transmission de ce virus à l'origine de trois cancers. Enfin, le virus d'Epstein Bar, qui cause la mononucléose infectieuse, détermine un cancer de la gorge en Afrique, et il est un des agents du cancer des ganglions (25 % des cas).
Au total, ces microbes (associés au virus du sarcome de Kaposi, commun en Afrique) déterminent en fonction des régions entre 20 et 50 % de tous les cancers. Ces travaux sont connus et des prix Nobel ont récompensé leurs auteurs, comme P. Rous en 1966, D. Baltimore, R. Dulbecco et H. M. Temin en 1975, J. M. Bishop et H. Varmus en 1989, B. J. Marshall et J. R. Warren en 2005 et M. Zur. Hausen en 2008.
Ne pas, actuellement, réaliser que les cancers sont en partie transmissibles et susceptibles d'être prévenus par les vaccinations relève aujourd'hui du non-sens, voire de l'inconscience.
Le Point.fr - Publié le 20/10/2011 à 12:34 -
Le Point.fr ouvre son espace de débat au professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses à la faculté de médecine de Marseille.
On le sait, des virus peuvent donner des cancers. Et leur nombre ne cesse d'augmenter. Des cancers susceptibles d'être prévenus par la vaccination. Ce changement de paradigme majeur date du début du XXe siècle, grâce en particulier à un modèle de cancer du sein chez la souris dû à un virus. Sans avoir suscité, pour l'instant, de changement de stratégie de la part des institutions.
Ainsi, l'OMS, mais aussi les meilleurs journaux médicaux et scientifiques continuent à distinguer les morts par maladies non transmissibles (dont tous les cancers) et transmissibles. On continue à ranger dans les maladies non transmissibles les cancers ou les maladies chroniques (dont la cirrhose), en réalité conséquence d'infection et donc transmissibles. Par exemple, le cancer de l'estomac est dû à une bactérie, Helicobacter pylorii, qui est aussi l'agent des ulcères. Le virus de l'hépatite B (susceptible d'être prévenu par la vaccination) est l'agent de la plupart des cancers du foie et d'une partie importante des cirrhoses du foie.
Il a été estimé que 1 500 personnes par an en France mouraient d'affections chroniques (cancers ou cirrhoses) liées au virus de l'hépatite B en France. Le virus de l'hépatite B est transmissible par voie sexuelle, par la salive, par les piqûres. Le virus de l'hépatite C, transmis plus couramment par les injections, est responsable de la plus grande partie des autres cirrhoses et cancers du foie. Les Papillomavirus sont à l'origine de tous les cancers du col de l'utérus chez la femme, des cancers de l'anus chez l'homme et de la moitié des cancers de la gorge chez l'homme et chez la femme. C'est un virus sexuellement transmis, qui peut être transmis aussi par les baisers. Ces cancers sont susceptibles d'être prévenus par la vaccination. Il n'y a pas de stratégie de vaccination généralisée pour empêcher la transmission de ce virus à l'origine de trois cancers. Enfin, le virus d'Epstein Bar, qui cause la mononucléose infectieuse, détermine un cancer de la gorge en Afrique, et il est un des agents du cancer des ganglions (25 % des cas).
Au total, ces microbes (associés au virus du sarcome de Kaposi, commun en Afrique) déterminent en fonction des régions entre 20 et 50 % de tous les cancers. Ces travaux sont connus et des prix Nobel ont récompensé leurs auteurs, comme P. Rous en 1966, D. Baltimore, R. Dulbecco et H. M. Temin en 1975, J. M. Bishop et H. Varmus en 1989, B. J. Marshall et J. R. Warren en 2005 et M. Zur. Hausen en 2008.
Ne pas, actuellement, réaliser que les cancers sont en partie transmissibles et susceptibles d'être prévenus par les vaccinations relève aujourd'hui du non-sens, voire de l'inconscience.