Comment la France est devenue Fille Aînée de l'Eglise.
(La France est devenue Fille Aînée de l’Eglise par la conversion de Clovis. Ce ne fut pas un acte de foi mais une décision intéressée de la part d’un sanguinaire conquérant.)
Trois tribus germaniques s'étaient abattues sur la malheureuse Gaule : les Burgondes (les moins sauvages), les Francs (les sauvages moyens), et les Wisigoths que les Espagnols appellent "Godos", mot qui est devenu un péjoratif à leur adresse chez les Indiens d'Amérique du Sud en souvenir des conquistadores. Quand on veut y insulter un Espagnol on l'appelle "Godo".
Au Vme siècle, la loi germanique de démocratie militaire (voir historiette 11) fit place à la monarchie héréditaire chez les "rois chevelus", comme on appelait les Mérovingiens. Chez ces "chevelus" naquit alors un enfant prodige nommé CHLODWIG (de Chlodwig on a fait Ludwig, et de Ludovic Louis). Chlodwig, Clovis pour l'Histoire de France (les Français ne sont pas tout à fait des Germains puisqu'ils sont des "Gaulois"; même leurs cigarettes sont des "Gauloises"). Ce Clovis donc, fils de Childéric et petit-fils de Mérovée (un des vainqueurs d'Attila), ambitionne de ne pas rester un roitelet Salien de Tournai et de Flandre, mais un grand roi de tous les Francs, en éliminant de ce Monde tous les roitelets Francs qui se trouvaient au travers de son chemin royal.
Il se pratiquait alors trois religions en Europe : la Catholique Apostolique et Romaine, celle de l'hérétique Arius, et celle de Chlodwig qui était la religion du Dieu Odim (il s'appelait Wotan chez les Teutons, cousins germains des Francs). Il n'y avait pas en Europe occidentale un seul roi chrétien important qui fusse catholique apostolique et romain. Il n'y avait que des rois barbares de la religion du Dieu Odim ou du Dieu d'Arius. Le Dieu d'Arius était bien le Dieu des chrétiens, mais pas pensé comme l'est celui de l'Eglise de Rome et de la Grèce, où il est triple, c'est à dire un seul Dieu en trois : la Sainte Trinité. Arius, au contraire, ne reconnaissait pas le Christ comme une part du Dieu Unique.
Les Wisigoths étant des ariens, ils étaient donc des ennemis du Dieu Catholique de Clotilde, épouse d'origine Burgonde de Clovis. Elle est devenue Sainte Clotilde pour avoir réussi, avec l'aide du bon Saint Remi, évêque de Reims, à faire passer son époux de la religion du faux dieu Odim à celle du vrai Dieu de l'Eglise de Rome. Par cette éclatante conversion, Clovis fut le premier, et à son époque l'unique, roi d'Europe occidentale à défendre la Foi de l'Eglise de Rome contre les ennemis de Dieu. En récompense de cette conversion historique (et de son unicité), on l'appela Fils Unique de l'Eglise, et par conséquent la France, "Fille Aînée de l'Eglise de Rome".
Clovis était roublard comme un Franc. Peu lui importait quel Dieu, pourvu que ce fut un qui l'aide mieux que les autres sur les champs de bataille. Odin était bien un tel Dieu, mais Sainte Clotilde l'avait persuadé que le Dieu des chrétiens était plus fort que Odin. En ces temps-là, sous le règne de la violence, c'était le plus fort qui avait raison, était respecté et honoré (les temps n'ont pas vraiment chargé). C’est pour cela, qu’après avoir fendus le crâne d'un de ses guerriers en lui rappelant "le Vase de Soissons", il commença à être craint par ses pairs et par conséquent à être honoré. Plus il fendait de crânes davantage il l'était. Devenu Fils Unique de l'Eglise, il voulut devenir aussi Roi Unique des Francs. Il fallut donc qu'il envoie en Enfer tous les roitelets de sa tribu. Il commença par le roi des Ripuaires qu'il fit occire par le propre fils de celui-ci, lui promettant pour récompense de l'aider à remplacer son père assassiné. Une fois le père occis, il fit tuer à son tour le parricide pour se faire proclamer roi des Ripuaires à Cologne. Vint ensuite le tour du roi Franc de Picardie dont il fit couper la tête ainsi que celle de son fils héritier afin qu'il n'y ait plus de prétendant. Puis ce fut le tour du Roi Franc de Cambrai, dont Clovis en personne fendit le crâne à coup de hache. Débarrassé enfin également du roi du Maine, il ne restait plus d'autre branche verte de l'arbre mérovingien que la sienne. Il resta ainsi Unique roi des Francs comme Unique Fils de l'Eglise. Il fut d’ailleurs très généreux envers elle puisqu'une partie des dépouilles des rois Francs envoyés chez Odim lui servit à construire des églises et des monastères chrétiens, faisant ainsi concurrence aux Wisigoths "bâtisseurs de Cathédrales". C’est drôle que l'on n'ait jamais demandé au bon Dieu s'il ne préférait pas les huttes des pauvres chrétiens aux Cathédrales Gothiques, toujours bâties pour lui demander quelque chose en échange...
Contrairement aux Gaulois qui n'étaient pas très vindicatifs, les Francs l'étaient à outrance (comme tous les Germains et leurs cousins les Hellènes, tels qu'Homère nous les dépeint). Clovis se vengea du "Vase de Soissons". Sa femme Sainte Clotilde se vengea, 50 ans après, de l'assassinat de son père et de sa mère par son oncle Gondebaud, roi des Burgondes (Sainte Clotilde était Burgonde). Elle se vengea sur l'un des deux fils de celui-ci (l'autre échappa à sa vengeance) par la main vengeresse de son fils aîné Clodomir, qui réussit à le tuer en le jetant lui, sa femme et ses enfants dans un puits. Sainte Clotilde, Sainte Némésis!
Clovis n'était pas un Romain mais il avait quelque chose de commun avec l'Empereur Romain Constantin le Grand, Saint Constantin pour les néo-Hellènes. Celui-ci avait renié son Dieu Soleil (Sol Invictus) pour gagner les faveurs des chrétiens d'Orient, seul moyen de sauver son Empire en déroute. Clovis abandonna son Dieu Odim et le Walhalla pour le Dieu des chrétiens, seul moyen pour se bâtir un grand royaume. Ce furent les promesses du bon Saint Remi et de la mauvaise Sainte Clotilde - le Christ l'aiderait mieux à gagner ses batailles - qui le décidèrent à devenir chrétien. Une fois baptisé, il fit baptiser à la chaîne tous ses guerriers, les haranguant par la suite de ces mots :
"Je supporte avec grand chagrin que ces Goths ariens possèdent une excellente partie des Gaules : allons, avec l'aide de Dieu, nous les vaincrons, et nous réduirons leur terre en notre puissance."(1)
Tous comprirent qu'avec le Dieu de l’Église de Rome on gagnerait plus facilement les Gaulois catholiques contre les Wisigoths, ariens, donc ennemis de Dieu. De cette façon, il n'y aurait dans le royaume qu'Un Roi, une Foi. Pauvres Gaulois!!
1/. Henri MARTIN, HISTOIRE DE FRANCE, éd. Jouvet & Cie, Paris, t. I, p.60.