Pourquoi les évêques catholiques doivent-ils démissionner à l'âge de 75 ans ?
Par Jean-Marie Guénois Mis à jour le 07/11/2017 à 11:07 Publié le 07/11/2017 à 06:00
Pourquoi les évêques catholiques doivent-ils démissionner à l'âge de 75 ans ?
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, fête son 75e anniversaire. Selon les règles de l'Église, il doit donc remettre ce mardi sa démission au Pape.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, fête ce mardi 7 novembre 2017, son 75e anniversaire. Selon le droit canonique, le droit en vigueur dans l'Église, il doit remettre ce jour-là, une lettre de démission au Pape.
Le Pape peut l'accepter immédiatement. Une note indiquant l'acception de la démission par le Pape est alors publiée par le Vatican, le jour même à 12 heures. Elle précise le nom de son successeur. Ou, s'il n'est pas encore choisi, le nom d'un «administrateur apostolique» qui assurera l'intérim.
Mais si l'acception de la démission par le Pape n'est pas publiée, cela signifie que l'évêque démissionnaire est prolongé. Ce fut le cas pour le cardinal Lustiger, le prédécesseur de Mgr Vingt-Trois, que le pape Jean-Paul II prolongea jusqu'à l'âge de 78 ans.
Compte tenu du fait que le cardinal Vingt-Trois a été médicalement très affecté au printemps dernier par le syndrome de Guillain-Barré, il est peu probable que le pape François le maintienne très longtemps dans cette fonction. Mais la nomination du nouvel archevêque de Paris devrait attendre encore quelques semaines. Ce serait une surprise si elle était annoncée ce 7 novembre.
Une règle récente
Tous les évêques du monde entier, simple évêque, archevêque, ou cardinaux, sans exception sont soumis à cette règle de la démission. Un seul y échappe, le Pape, parce qu'il est évêque de Rome à moins qu'il ne décide de démissionner à titre personnel comme le fit Benoît XVI en 2013.
Mais cette règle de la démission est assez récente dans l'Église catholique puisqu'elle fut instituée lors du Concile Vatican II (1962-1965) par le pape Paul VI. Avant et depuis des siècles, l'évêque restait à son poste à vie. Les Églises orthodoxes ont d'ailleurs conservé cette tradition.
Aucun rituel particulier n'est prévu pour accompagner la démission de l'évêque. Sinon qu'un évêque ne quitte jamais son diocèse sans lui dire officiellement au revoir. Notamment par une messe solennelle puisqu'il est symboliquement «marié» à son diocèse, comme l'indique l'anneau épiscopal qu'il reçoit le jour de son ordination au rang d'évêque et qu'il gardera jusque dans sa tombe.
Un successeur sélectionné par le Pape
Une fois sa démission acceptée par le Pape, l'évêque reçoit le titre «d'évêque émérite» du diocèse en question mais il n'a plus aucun pouvoir juridique ni autorité sur ce diocèse. En général, les évêques ne restent d'ailleurs pas dans le diocèse pour ne pas gêner leur successeurmême s'ils restent en étroite collaboration de conseil, au moins pour les premiers mois et qu'ils assistent à leur messe d'installation officielle.
Sur la succession, une règle d'or est appliquée, exceptionnellement transgressée dans l'Église catholique: jamais un évêque ne choisit son successeur. Celui-ci est sélectionné par le Pape après une enquête secrète dans le diocèse menée auprès des prêtres.
Un évêque, même émérite, reste toutefois évêque au sens symbolique. C'est pourquoi,il garde sa mitre, signe d'autorité, sa croix pectorale, signe de son union totale au Christ. Quant à sa crosse épiscopale, symbole de son travail de pasteur des brebis, elle reste plutôt attachée au diocèse. L'évêque est en effet chargé de guider les fidèles de son diocèse, en matière de foi chrétienne, de doctrine catholique et de gouvernement.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/07/01016-20171107ARTFIG00006-pourquoi-les-eveques-catholiques-doivent-ils-demissionner-a-l-age-de-75-ans.php
Par Jean-Marie Guénois Mis à jour le 07/11/2017 à 11:07 Publié le 07/11/2017 à 06:00
Pourquoi les évêques catholiques doivent-ils démissionner à l'âge de 75 ans ?
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, fête son 75e anniversaire. Selon les règles de l'Église, il doit donc remettre ce mardi sa démission au Pape.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, fête ce mardi 7 novembre 2017, son 75e anniversaire. Selon le droit canonique, le droit en vigueur dans l'Église, il doit remettre ce jour-là, une lettre de démission au Pape.
Le Pape peut l'accepter immédiatement. Une note indiquant l'acception de la démission par le Pape est alors publiée par le Vatican, le jour même à 12 heures. Elle précise le nom de son successeur. Ou, s'il n'est pas encore choisi, le nom d'un «administrateur apostolique» qui assurera l'intérim.
Mais si l'acception de la démission par le Pape n'est pas publiée, cela signifie que l'évêque démissionnaire est prolongé. Ce fut le cas pour le cardinal Lustiger, le prédécesseur de Mgr Vingt-Trois, que le pape Jean-Paul II prolongea jusqu'à l'âge de 78 ans.
Compte tenu du fait que le cardinal Vingt-Trois a été médicalement très affecté au printemps dernier par le syndrome de Guillain-Barré, il est peu probable que le pape François le maintienne très longtemps dans cette fonction. Mais la nomination du nouvel archevêque de Paris devrait attendre encore quelques semaines. Ce serait une surprise si elle était annoncée ce 7 novembre.
Une règle récente
Tous les évêques du monde entier, simple évêque, archevêque, ou cardinaux, sans exception sont soumis à cette règle de la démission. Un seul y échappe, le Pape, parce qu'il est évêque de Rome à moins qu'il ne décide de démissionner à titre personnel comme le fit Benoît XVI en 2013.
Mais cette règle de la démission est assez récente dans l'Église catholique puisqu'elle fut instituée lors du Concile Vatican II (1962-1965) par le pape Paul VI. Avant et depuis des siècles, l'évêque restait à son poste à vie. Les Églises orthodoxes ont d'ailleurs conservé cette tradition.
Aucun rituel particulier n'est prévu pour accompagner la démission de l'évêque. Sinon qu'un évêque ne quitte jamais son diocèse sans lui dire officiellement au revoir. Notamment par une messe solennelle puisqu'il est symboliquement «marié» à son diocèse, comme l'indique l'anneau épiscopal qu'il reçoit le jour de son ordination au rang d'évêque et qu'il gardera jusque dans sa tombe.
Un successeur sélectionné par le Pape
Une fois sa démission acceptée par le Pape, l'évêque reçoit le titre «d'évêque émérite» du diocèse en question mais il n'a plus aucun pouvoir juridique ni autorité sur ce diocèse. En général, les évêques ne restent d'ailleurs pas dans le diocèse pour ne pas gêner leur successeurmême s'ils restent en étroite collaboration de conseil, au moins pour les premiers mois et qu'ils assistent à leur messe d'installation officielle.
Sur la succession, une règle d'or est appliquée, exceptionnellement transgressée dans l'Église catholique: jamais un évêque ne choisit son successeur. Celui-ci est sélectionné par le Pape après une enquête secrète dans le diocèse menée auprès des prêtres.
Un évêque, même émérite, reste toutefois évêque au sens symbolique. C'est pourquoi,il garde sa mitre, signe d'autorité, sa croix pectorale, signe de son union totale au Christ. Quant à sa crosse épiscopale, symbole de son travail de pasteur des brebis, elle reste plutôt attachée au diocèse. L'évêque est en effet chargé de guider les fidèles de son diocèse, en matière de foi chrétienne, de doctrine catholique et de gouvernement.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/07/01016-20171107ARTFIG00006-pourquoi-les-eveques-catholiques-doivent-ils-demissionner-a-l-age-de-75-ans.php