Il est très courant de confondre infaillibilité et certitude, alors que ces deux mots expriment des choses tout à fait distinctes. Je me souviens avec certitude de ce que j’ai fait hier, et pourtant ma mémoire n’est pas infaillible. Je suis absolument sûr que deux et deux font quatre, mais je fais souvent des erreurs dans une longue addition. Je n’ai aucun doute sur l’amitié vraie de Jean ou de Richard, et pourtant des gens à qui je me fiais m’ont trompé, et cela pourra m’arriver encore avant que je meure. Je suis absolument certain que Victoria est notre Reine, et non pas son père, le duc de Kent, sans réclamer aucunement pour moi le don d’infaillibilité ; tout comme je puis faire une action vertueuse, sans être pour cela impeccable. Je puis être certain que l’Église est infaillible, alors que je suis moi-même un mortel faillible ; sans quoi je ne pourrais être certain que l’Être Suprême est infaillible, à moins d’être moi-même infaillible. La certitude vise une proposition quelconque, concrète, bien définie. Je suis certain des propositions un, deux, trois, quatre, cinq, une par une, chacune pour soi. Je puis être certain de l’une d’entre elles sans l’être des autres ; si je suis certain de la première, cela ne rend ni vraisemblable ni invraisemblable que je sois certain de la seconde. Mais si j’étais infaillible, alors je serais certain non seulement de l’une d’entre elles, mais de toutes » (Essay on Assent, ch. VII, sect. 2 1870, p. 224 s.).