Vers 1527, le théologien Jean Campanus, considéré comme l’un des plus grands savants de son époque, s’est aussi installé à Wittenberg, le centre de la Réforme. Il a néanmoins été déçu par les enseignements de Martin Luther. Pourquoi ?
Campanus contestait aussi bien l’enseignement de la transsubstantiation que celui de la consubstantiation. D’après l’historien André Séguenny, Campanus croyait que « le Pain en tant que substance reste toujours le pain, mais en tant que sacrement, représente sur le plan symbolique la chair même du Christ ». Lors du colloque de Marbourg, en 1529, qui avait pour but de régler ce différend, Campanus n’a pas été autorisé à parler de ce qu’il avait découvert dans les Écritures. Par la suite, les autres réformateurs de Wittenberg se sont mis à l’éviter.
Ce qui contrariait surtout les réformateurs, c’était les croyances de Campanus sur le Père, le Fils et l’esprit saint. En 1532, dans son livre Restitution göttlicher Schrift (Restitution de la divine Écriture), il enseignait que Jésus et son Père sont deux personnes distinctes. Il expliquait que le Père et le Fils « sont un » au même sens qu’un mari et sa femme sont « une seule chair » : ils sont unis, mais restent deux personnes différentes (Jean 10:30 ; Matthieu 19:5). Campanus a fait observer que les Écritures utilisent le même genre d’illustration pour montrer que le Père a autorité sur le Fils : « Le chef de la femme, c’est l’homme ; et le chef du Christ, c’est Dieu » (1 Corinthiens 11:3).
Que disait-il de l’esprit saint ? Là encore, Campanus se référait à la Bible : « Aucun verset n’appuie l’idée que le Saint Esprit est la troisième personne [d’une Divinité] [...]. L’esprit de Dieu est pris au sens de force agissante, c’est-à-dire que [Dieu] prépare et accomplit toutes choses à l’aide de son pouvoir spirituel » (Genèse 1:2).