Rappel du premier message :
Des intégristes catholiques perturbent "Sur le concept du visage du fils de Dieu"
Klaus Lefebvre
La pièce de théâtre de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, met en scène un fils en costard cravate sur le point de partir travailler qui s’efforce de s’occuper de son père incontinent. Il le nettoie, change sa couche tandis que le vieillard sanglote. Le fils hurle, pleure alors que le père s’excuse de sa déchéance. Derrière, sur une immense toile tendue, une reproduction du visage du Christ, Salvator Mundi (le Sauveur du Monde) peint par Antonello da Messina domine la scène. Et puis des enfants surgissent et jettent des grenades en plastique sur la figure christique avant que le vieillard ne vienne y déverser ses excréments. La pièce s’achève par ces mots écrits "tu es mon berger" qui se transforment en "tu n’es pas mon berger".
Dès sa présentation au festival d’Avignon cet été, la pièce de Romeo Castellucci a fait scandale. Le metteur en scène, dont les œuvres sont toujours volontairement polysémiques et souvent sulfureuses, donne une clé d’interprétation à celle-ci : "L'incontinence du père, explique-t-il, est une perte de substance, une perte de soi. Elle est à mettre en regard avec le projet terrestre du Christ qui passe par la "kenosis" - du verbe grec kénoô : se vider -, c'est-à-dire par l'abandon de sa divinité pour intégrer pleinement sa dimension humaine, au sens le plus concret du terme. C'est le moment où le Christ entre dans la chair de l'homme en mourant sur la croix. Depuis sa crucifixion, Dieu s'est abaissé jusque dans notre misère la plus triviale : il nous précède dans la souffrance en général, et dans celle de la chair en particulier" cité par le Monde.fr.
Depuis plusieurs semaines, les milieux catholiques intégristes se mobilisaient pour protester contre cette pièce de théâtre jugée "blasphématoire" et représentant "une salissure délibérée de la Face du Christ" (selon l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne). Lors de la première représentation au Théâtre de la Ville à Paris ce jeudi, une dizaine de jeune gens ont voulu s’enchaîner aux portes du théâtre pour en interdire l’accès tandis que d’autres distribuaient des tracts sur "l’antichristianisme", selon le journal La Croix. Evacués par la police, ce sont d’autres activistes intégristes qui ont pris le relai en perturbant le spectacle lui-même un quart d’heure après le début de la représentation. Une petite dizaine de personne est alors sortie du public et a investi la scène muni d’une banderole dénonçant la "christianophobie" avant de s’agenouiller pour prier sous les huées du public. Après une demi-heure de suspension et l’évacuation par la police des intégristes, la pièce a finalement pu reprendre sans autre perturbations.
http://www.lemondedesreligions.fr/culture/des-integristes-catholiques-perturbent-sur-le-concept-du-visage-du-fils-de-dieu-24-10-2011-1976_112.php
Des intégristes catholiques perturbent "Sur le concept du visage du fils de Dieu"
Klaus Lefebvre
La pièce de théâtre de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, met en scène un fils en costard cravate sur le point de partir travailler qui s’efforce de s’occuper de son père incontinent. Il le nettoie, change sa couche tandis que le vieillard sanglote. Le fils hurle, pleure alors que le père s’excuse de sa déchéance. Derrière, sur une immense toile tendue, une reproduction du visage du Christ, Salvator Mundi (le Sauveur du Monde) peint par Antonello da Messina domine la scène. Et puis des enfants surgissent et jettent des grenades en plastique sur la figure christique avant que le vieillard ne vienne y déverser ses excréments. La pièce s’achève par ces mots écrits "tu es mon berger" qui se transforment en "tu n’es pas mon berger".
Dès sa présentation au festival d’Avignon cet été, la pièce de Romeo Castellucci a fait scandale. Le metteur en scène, dont les œuvres sont toujours volontairement polysémiques et souvent sulfureuses, donne une clé d’interprétation à celle-ci : "L'incontinence du père, explique-t-il, est une perte de substance, une perte de soi. Elle est à mettre en regard avec le projet terrestre du Christ qui passe par la "kenosis" - du verbe grec kénoô : se vider -, c'est-à-dire par l'abandon de sa divinité pour intégrer pleinement sa dimension humaine, au sens le plus concret du terme. C'est le moment où le Christ entre dans la chair de l'homme en mourant sur la croix. Depuis sa crucifixion, Dieu s'est abaissé jusque dans notre misère la plus triviale : il nous précède dans la souffrance en général, et dans celle de la chair en particulier" cité par le Monde.fr.
Depuis plusieurs semaines, les milieux catholiques intégristes se mobilisaient pour protester contre cette pièce de théâtre jugée "blasphématoire" et représentant "une salissure délibérée de la Face du Christ" (selon l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne). Lors de la première représentation au Théâtre de la Ville à Paris ce jeudi, une dizaine de jeune gens ont voulu s’enchaîner aux portes du théâtre pour en interdire l’accès tandis que d’autres distribuaient des tracts sur "l’antichristianisme", selon le journal La Croix. Evacués par la police, ce sont d’autres activistes intégristes qui ont pris le relai en perturbant le spectacle lui-même un quart d’heure après le début de la représentation. Une petite dizaine de personne est alors sortie du public et a investi la scène muni d’une banderole dénonçant la "christianophobie" avant de s’agenouiller pour prier sous les huées du public. Après une demi-heure de suspension et l’évacuation par la police des intégristes, la pièce a finalement pu reprendre sans autre perturbations.
http://www.lemondedesreligions.fr/culture/des-integristes-catholiques-perturbent-sur-le-concept-du-visage-du-fils-de-dieu-24-10-2011-1976_112.php