Nouveau pas vers la réconciliation entre Rome et les intégristes
Hadrien Poussin - publié le 15/09/2011
Nouvelle main tendue aux intégristes lefebvristes. Mercredi, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la fraternité Saint-Pie X, se sont entretenus à Rome en vue d’une tentative de réconciliation, après plus de vingt ans de schisme.
Mgr Bernard Fellay, chef de file des Lefebvristes © Dici.org
Depuis sa nomination, Benoît XVI a plusieurs fois tendu la main aux traditionnalistes dissidents, à commencer par la levée en 2009 de l’excommunication portant sur les quatre évêques nommés par Mgr Lefebvre en 1988 sans l’aval du Vatican. Cette semaine, le Saint-Siège a fait un nouveau pas vers la réconciliation en proposant aux lefebvristes un "préambule doctrinal". Ce préambule, qui doit être accepté par les traditionnalistes en vue de leur réintégration, "énonce certains des principes doctrinaux et des critères d’interprétation de la doctrine catholique nécessaires pour garantir la fidélité au Magistère de l’Église et au "sentire cum Ecclesia", tout en laissant ouvertes à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du Concile Vatican II et du Magistère qui a suivi".
Possible "discussion" au sujet de Vatican II
Pour rappel, Mgr Lefebvre s’était, dès la fin des années 60, fortement opposé au concile Vatican II, critiquant l’œcuménisme, la liberté religieuse, la refonte de la liturgie et toute une série de réformes jugées modernistes et hérétiques. Après plusieurs tentatives de conciliation - et face à l’intransigeance de Mgr Lefebvre et des membres de sa fraternité Saint-Pie X - le pape Jean Paul II avait prononcé l’excommunication de l’archevêque ainsi que de quatre cardinaux. Schismatique depuis des décennies, la fraternité de Saint-Pie X compte aujourd’hui plus de 500 prêtres, 200 séminaristes, et revendique 600 000 fidèles dans plus de 30 pays. Sans que les détail des débats entre le Vatican et les lefebvristes aient filtré, le communiqué du Saint-Siège énonce clairement une possible "discussion" au sujet de Vatican II, autrement dit des potentielles adaptations ou interprétations - alors que l’autorité du concile devait jusqu’à présent être reconnue et acceptée dans son intégralité.
Une "prélature personnelle"
Cette concession faite aux intégristes risque toutefois d’inquiéter les tenants d’une Eglise plus progressiste, qui peuvent craindre à terme une perte de certains acquis, notamment sur la liberté et les rencontres interreligieuses, que les lefebvristes dénoncent et rejettent farouchement. Si la Fraternité accepte le "préambule doctrinal" et consent à se soumettre à l’autorité de l’Eglise, le pape pourrait accorder aux lefebvristes une "prélature personnelle" sur le même modèle que l’Opus Dei. Le supérieur de la Fraternité serait alors directement nommé par le Saint-Père, et sa juridiction s’exercerait sur les fidèles du monde entier et non pas uniquement sur un territoire. Toutefois, la réconciliation entre le Vatican et les traditionnalistes demeure incertaine, surtout au regard de l’attitude des lefebvristes qui ont fait ces dernières années de l’opposition avec Rome une de leur raison d’être.
Hadrien Poussin - publié le 15/09/2011
Nouvelle main tendue aux intégristes lefebvristes. Mercredi, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la fraternité Saint-Pie X, se sont entretenus à Rome en vue d’une tentative de réconciliation, après plus de vingt ans de schisme.
Mgr Bernard Fellay, chef de file des Lefebvristes © Dici.org
Depuis sa nomination, Benoît XVI a plusieurs fois tendu la main aux traditionnalistes dissidents, à commencer par la levée en 2009 de l’excommunication portant sur les quatre évêques nommés par Mgr Lefebvre en 1988 sans l’aval du Vatican. Cette semaine, le Saint-Siège a fait un nouveau pas vers la réconciliation en proposant aux lefebvristes un "préambule doctrinal". Ce préambule, qui doit être accepté par les traditionnalistes en vue de leur réintégration, "énonce certains des principes doctrinaux et des critères d’interprétation de la doctrine catholique nécessaires pour garantir la fidélité au Magistère de l’Église et au "sentire cum Ecclesia", tout en laissant ouvertes à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du Concile Vatican II et du Magistère qui a suivi".
Possible "discussion" au sujet de Vatican II
Pour rappel, Mgr Lefebvre s’était, dès la fin des années 60, fortement opposé au concile Vatican II, critiquant l’œcuménisme, la liberté religieuse, la refonte de la liturgie et toute une série de réformes jugées modernistes et hérétiques. Après plusieurs tentatives de conciliation - et face à l’intransigeance de Mgr Lefebvre et des membres de sa fraternité Saint-Pie X - le pape Jean Paul II avait prononcé l’excommunication de l’archevêque ainsi que de quatre cardinaux. Schismatique depuis des décennies, la fraternité de Saint-Pie X compte aujourd’hui plus de 500 prêtres, 200 séminaristes, et revendique 600 000 fidèles dans plus de 30 pays. Sans que les détail des débats entre le Vatican et les lefebvristes aient filtré, le communiqué du Saint-Siège énonce clairement une possible "discussion" au sujet de Vatican II, autrement dit des potentielles adaptations ou interprétations - alors que l’autorité du concile devait jusqu’à présent être reconnue et acceptée dans son intégralité.
Une "prélature personnelle"
Cette concession faite aux intégristes risque toutefois d’inquiéter les tenants d’une Eglise plus progressiste, qui peuvent craindre à terme une perte de certains acquis, notamment sur la liberté et les rencontres interreligieuses, que les lefebvristes dénoncent et rejettent farouchement. Si la Fraternité accepte le "préambule doctrinal" et consent à se soumettre à l’autorité de l’Eglise, le pape pourrait accorder aux lefebvristes une "prélature personnelle" sur le même modèle que l’Opus Dei. Le supérieur de la Fraternité serait alors directement nommé par le Saint-Père, et sa juridiction s’exercerait sur les fidèles du monde entier et non pas uniquement sur un territoire. Toutefois, la réconciliation entre le Vatican et les traditionnalistes demeure incertaine, surtout au regard de l’attitude des lefebvristes qui ont fait ces dernières années de l’opposition avec Rome une de leur raison d’être.