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La nouvelle croisade des catholiques intégristes

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Josué

Josué
Administrateur

La nouvelle croisade des catholiques intégristes
Mikael Corre - publié le 04/10/2013

Différentes organisations et sites internet ont fait de la lutte contre la christianophobie leur cheval de bataille. Parmi elles : l'Observatoire de la christianophobie, chapeauté par Guillaume de Thieulloy, un assistant de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP de Marseille. Défense des chrétiens ou propagande d'extrême droite ? Enquête.
«S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi », déclare Jésus dans l’Évangile de Jean (15, 20). Il n'avait pas tort : avec 150 millions de fidèles victimes de violences (1), le christianisme est aujourd'hui la religion la plus persécutée dans le monde, principalement au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. En France, sur 667 lieux de culte vandalisés en 2012, 543 étaient des sites chrétiens (dont 352 édifices religieux et 191 sépultures), selon le ministère de l'Intérieur. Des profanations auxquelles s'ajoutent une agressivité devenue banale à l'égard des chrétiens. « Elle témoigne de cette culture du mépris dont le christianisme est trop souvent l'objet, écrivait l'historien René Rémond dans Le Nouvel Antichristianisme (2005). On se demande si ses détracteurs oseraient s'attaquer pareillement à d'autres religions. »

La réponse de l'Église est timide. La Conférence des évêques de France dépose quelques plaintes contre des représentations jugées offensantes, par le biais de Croyances et Libertés, une association créée en 1997. Cette dernière reste peu active et peu visible depuis son procès perdu en Cour de cassation en 2005 contre la firme de prêt-à-porter Marithé et François Girbaud, qui avait parodié La Cène de Léonard de Vinci. Depuis une vingtaine d'années, d'autres ont pris le relais. C'est le cas de l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), fondée en 1984 par Bernard Antony, un pionnier de la lutte contre la christianophobie et ancien du Front national. Cette association multiplie les actions coup de poing et les procès, comme, en 2011, contre les auteurs de dégradations dans un cimetière à Toulouse ou contre la photographie Piss Christ, exposée à Avignon.

Délaissée par l'Église, la lutte contre la christianophobie devient le créneau de l'extrême droite catholique. « Les profanations qui se multiplient chez nous, explique par exemple Yves Daoudal, journaliste catholique traditionaliste et ancien du Front national, sont des actes de persécution des chrétiens, particulièrement quand il y a profanation de l’eucharistie, qui est le corps du Christ : or, l’Église est le corps du Christ. » Une Église qui s'identifie, de fait, au Christ souffrant sur la Croix. « Le discours contre la christianophobie relève de la même structure que le racisme anti-blanc, explique le sociologue Raphaël Liogier. On retrouve le stigmate du dominant théorique qui se représente comme dominé. » À travers la lutte contre la christianophobie, certains chrétiens occidentaux s’associent au sort sanglant de leurs frères persécutés dans le monde ; unis dans un « œcuménisme des martyrs », tous partagent la condition du Christ crucifié.

« La banalisation de l’antichristianisme en France, avec la complicité des autorités, permettra que les choses aillent plus mal, prévoit Alain Escada, secrétaire général de Civitas. Mouvement d'extrême droite dont le but est, selon son site internet, « la restauration de la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ », l'institut Civitas a fait de la lutte contre la christianophobie sa spécialité, ce qui lui a permis de trouver une visibilité médiatique – notamment à l'occasion des manifestations organisées, en 2011, contre des pièces de théâtre et œuvres d'art jugées offensantes. « Bien sûr, nous ne mettons pas sur un pied d’égalité une pièce de théâtre blasphématoire et la situation au Nigeria (ndlr : 13e pays au monde où les chrétiens sont les plus persécutés), mais l’un prépare l’autre », poursuit Alain Escada. Ainsi, le mouvement entend défendre aussi bien les catholiques que les protestants, orthodoxes, coptes, etc. « Nous parlons au nom de tous les chrétiens », affirme Alain Escada.

Une position que déplorait déjà le cardinal André Vingt-Trois, en 2011 : à l'occasion de manifestations organisées par Civitas devant le théâtre de la Ville à Paris, il avait alors rappelé que ce mouvement n’avait reçu « aucun mandat » pour se réclamer de l’Église catholique. L'institut se pose en protecteur du christianisme alors même qu'il n'est pas reconnu par le Saint-Siège. Les intégristes qui forment le gros de ses rangs appartiennent à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, un groupe qui ne dispose d'aucun statut canonique et dont les prêtres n'exercent, selon la lettre apostolique Ecclesia Dei, « aucun ministère légitime ». Malgré la levée en 2009 de l'excommunication de son fondateur, Mgr Lefebvre, la Fraternité refuse toujours de reconnaître le concile Vatican II – condition sine qua non à une réintégration dans l'Église.

Alain Escada revendique cependant de « nombreux relais au sein de l’Église », le soutien d’un certain nombre de « prêtres, d’évêques, de cardinaux, comme Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et Mgr Aillet, évêque de Bayonne », ainsi que d’autres qui peuvent « se réveiller en fonction des circonstances, comme l’évêque d’Avignon lors de l’exposition de la photographie Piss Christ ». Délaissée par les institutions catholiques, la lutte contre la christianophobie serait-elle ainsi le truchement par lequel l’extrême droite catholique retrouverait voix au chapitre à l'intérieur de l’Église ?

Des religieux en lien avec Civitas ?

Dans un courrier adressé à Civitas, en octobre 2011, Mgr Aillet semblait rejoindre certaines idées du mouvement. « La christianophobie ambiante, diligentée de près ou de loin par de secrètes officines, ne semble pas atteindre outre mesure le moral de nos responsables politiques. Allons-nous revenir à une période de persécution qui ne dirait pas son nom ? Il est peut-être trop tôt pour le dire ; en tout cas, il est du devoir de chaque catholique de défendre le Christ et la sainte Église. Je vous encourage donc à servir cette noble cause en repartant sans cesse de la Croix du Seigneur. » À l’évêché de Bayonne, le service de la communication explique que Mgr Aillet ne souhaite plus s’exprimer sur le sujet : « Il n’y a pas de lien avec Civitas. » Interrogés, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et Mgr Cattenoz démentent eux aussi toute proximité avec Civitas. Ce dernier s’étonne tout de même « de la non-réactivité des autorités civiles lors de dégradations d’églises, elles qui réagissent pourtant lorsque cela touche les autres religions ».

Recenser les actes anti-chrétiens

Du côté du gouvernement, la christianophobie n’est pas prise en compte. Du moins pas sous ce terme. Si le ministère de l’Intérieur comptabilise, depuis 2002, les actes antisémites et, depuis 2010, les actes islamophobes, « il est toutefois impossible de disposer de statistiques similaires pour les actes anti-chrétiens », soulignait, en décembre 2012, Marc Le Fur, député UMP des Côtes-d’Armor, dans une question écrite au gouvernement. « Le gouvernement entend-il, dans un souci de pluralisme et de réciprocité, recenser également les actes anti-chrétiens ?», demandait ce dernier. Pour ce qui est d’une « éventuelle recension des actes anti-chrétiens à l’instar de celles qui sont effectuées pour les actes antisémites et les actes anti-musulmans », le ministère précise que « les responsables des différentes Églises et confessions chrétiennes n’ont jamais fait part de la demande d’un indicateur spécifique auprès des pouvoirs publics. » Signe de plus d'une lutte délaissée par l'Église.

La christianophobie a pourtant son Observatoire depuis 2007, créé en dehors des institutions catholiques, protestantes ou orthodoxes. Ses articles sont aujourd’hui repris très largement sur les réseaux sociaux, mais aussi à l’étranger, par exemple sur le site du patriarcat de Moscou. L’Observatoire est dirigé par Daniel Hamiche, un journaliste traditionaliste et royaliste, et financé par Guillaume de Thieulloy, un personnage emblématique de la lutte contre la christianophobie. La « vocation » de l’Observatoire est, selon lui, de « porter la parole des défenseurs des chrétiens opprimés, que ce soit en France ou dans le reste du monde, auprès des médias et des pouvoirs publics français et européens ». Alors que le ministère de l’Intérieur précise que la plupart des attaques étaient « des dégradations, des vols d’objets ou encore des actes de simple vandalisme, dont les motivations apparaissent rarement fondées sur une idéologie précise », l’Observatoire de la christianophobie ne tire pas les mêmes conclusions.

Dans un courriel envoyé aux abonnés de l’Observatoire, Guillaume de Thieulloy explique les raisons de son action : « Une atmosphère violemment anti-chrétienne s’installe en France. C’est l’atmosphère annonciatrice des pogroms et des persécutions. Il faut donc réagir – et vite ! – si nous ne voulons pas que les chrétiens de France subissent le sort de leurs frères de Corée du Nord ou du Pakistan. »

Ce parallèle fonde la ligne éditoriale de l’Observatoire : les 3 500 articles mis en ligne traitent à part égale des « actes anti-chrétiens » en France et des persécutions à l’international. En juin 2013, par exemple, l’Observatoire publiait autant d’articles sur les exactions commises contre des chrétiens en Syrie que sur la destruction de l’église de Gesté (Maine-et-Loire). Pour l'international, l'Observatoire reprend majoritairement des dépêches comme celles de l'agence Fides, l'organe d'information des œuvres pontificales missionnaires. Concernant la France, les sources sont plus diverses : en juin 2013, seules 15 % des informations publiées proviennent de l'Observatoire, et 49 % de sites d'extrême droite : le blog de Bernard Antony, Riposte catholique, Fdesouche, Novopress, le blog de Jeanne Smits (une militante pro-vie), ou encore Le Salon Beige. Ce dernier site, référence pour l’extrême droite catholique, est par exemple investi dans la lutte contre l’euthanasie, l’avortement, le mariage pour tous, le socialisme ou « l’islamisation » de la France... Cette ligne éditoriale se trouve distillée dans les articles de l’Observatoire de la christianophobie. Rien d’étonnant puisque le directeur de la publication du Salon Beige n’est autre que Guillaume de Thieulloy, qui dirige également la publication de l’Observatoire.

Réseaux d’influence

Guillaume de Thieulloy est en fait à la tête d'un réseau de médias. Il détient une entreprise de presse, GT éditions, et dirige – en plus de l'Observatoire de la christianophobie et du Salon Beige – Nouvelles de France, l'Osservatore Vaticano, le portail Riposte catholique, le magazine Les 4 Vérités, ou encore les éditions Muller, dont le dernier ouvrage édité s’intitule Dix bonnes raisons de restaurer la monarchie. Il est également le créateur du Collectif Famille Mariage (CFM) et de Defensor Christi, une association ayant vocation, explique-t-il, à « mettre en place une mission de sensibilisation au parlement à Bruxelles et à créer un groupe de défense juridique des chrétiens au niveau européen ».

Sur le blog Le Salon Beige, il ajoutait : « Le but est de faire pression sur les décideurs – qu’ils soient politiques ou journalistes – ». Entre ses mains, la lutte contre la christianophobie a quelque chose d’un instrument politique. Docteur en sciences politiques, Guillaume de Thieulloy est l'attaché parlementaire de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP de Marseille. Loin des cercles restreints de blogueurs d'extrême droite, Guillaume de Thieulloy occupe une place politique de choix, au cœur même des institutions. « Éventuellement j'ouvre des portes, concède Guillaume de Thieulloy, mais j'évite d'être en première ligne. Mon sénateur sait bien ce que je fais. » Interrogé à ce sujet, Jean-Claude Gaudin nous fait savoir qu'il ne cautionne pas les écrits et propos de son attaché parlementaire, ajoutant que « l'activité spirituelle de Guillaume de Thieulloy est extérieure au Sénat ».

En 2012, Guillaume de Thieulloy appelait à un référendum sur l’immigration : « Non pas qu’il y ait un fondement génétique à la délinquance, mais des millions d’immigrés sans emploi, “programmés” à haïr la France qui les a pourtant accueillis avec une générosité sans égale dans le monde, sont évidemment une réserve importante pour les mafias, les barbus, et pour tout ce qui crache sur la France ». Il lançait cet appel sur le site d’extrême droite Riposte laïque, traditionnellement anti-religieux. Étonnant, compte tenu de son engagement catholique.

L’islam, bouc émissaire

Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque explique ce front commun : « Nous sommes beaucoup moins anticléricaux qu’en 2007. La religion catholique n’est plus une menace. L’offensive islamiste a progressé en France, et nous sommes pour un large front de patriotes contre cela. » Un créneau sur lequel s’engagent le Front national et l’un de ses anciens représentants, Jacques Bompard, député du Vaucluse, qui écrivait en juin dernier un article intitulé : « Sur l’inquiétante croissance des actes anti-chrétiens en Europe. » Interrogé, il fustige une classe politique « pénétrée par la franc-maçonnerie » et « servile à l’égard de l’islam ». Dans la lutte contre la christianophobie, les ennemis sont toujours les mêmes. On les retrouve, pêle-mêle, au gré des discours : l’islam, la laïcité, les médias, le communisme, Vatican II et cette « révision stalinienne de l’histoire » qui nie les « racines chrétiennes » de l’Europe, que dénonçait Michel de Jaeghere, rédacteur en chef des hors-séries au Figaro, dans sa très partisane Enquête sur la christianophobie (Renaissance Catholique, 2006).

Ce front commun contre la christianophobie défend une idée bien particulière du christianisme. « Ce qui est défendu, ce n’est pas le christianisme, mais une chrétienté largement fantasmée, explique le sociologue Raphaël Liogier. Par le concept de christianophobie, on cherche à personnaliser le processus de déchristianisation. » À faire croire, finalement, que la désertion des églises et la hausse de fréquentation des mosquées sont des vases communicants, et à désigner un ennemi, l’islam, comme bouc émissaire d’un processus culturel de laïcisation et de sécularisation. « À titre personnel, je critique le dialogue islamo-chrétien tel qu’il est pratiqué en France », explique Guillaume de Thieulloy. Ce dialogue est l’une des principales directions données à l’Église par le concile Vatican II (1962-1965).

Dans L’Anticléricalisme de 1815 à nos jours (Fayard), l’historien René Rémond prévoyait que ce concile mettrait fin à l’anticléricalisme : « À l’apparition avec Vatican II d’un catholicisme plus ouvert et plus tolérant qui reconnaît la légitimité de la liberté des consciences en matière religieuse, ne serait-il pas logique que corresponde une édulcoration de l’anticléricalisme et peut-être, à terme, sa disparition complète ? » Le propos était sans doute optimiste : le concile n’a pas entraîné la fin de l’anticléricalisme mais il a donné naissance, en 1986, à la Rencontre interreligieuse d’Assise, une journée de prières pour la paix à laquelle Jean-Paul II convia les représentants de toutes les religions. Cette première journée fut suivie de trois autres en 1993, 2002 et 2011. Toutes portaient en elle ce qui manque à la lutte contre la christianophobie : l’espérance que du dialogue, de la connaissance mutuelle et de la prière les uns pour les autres, naîtra la paix.

(1) Selon l'Index mondial de persécution 2013 de l’association protestante Portes ouvertes.
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/la-nouvelle-croisade-des-catholiques-integristes-04-10-2013-3426_110.php

Josué

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Administrateur

[size=39]Pourquoi y a-t-il eu des croisades ?[/size]

Par Marine Jeannin - Publié le 26/10/2020 à 19h20
 
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Pourquoi y a-t-il eu des croisades ?
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La nouvelle croisade des catholiques intégristes Pourquoi-y-a-t-il-eu-des-croisades:copyright: pixabay
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Les croisades se définissent au départ comme des pèlerinages armés, décidés par le pape. Elles visent à gagner les lieux saints du catholicisme et à en chasser par la force les croyants d’autres religions - généralement des musulmans.


"Tu ne tueras point." Il s’agit de l’un des dix commandements, d’une loi inaltérable pour les chrétiens comme pour les juifs - en théorie. Car en 1063, le pape Alexandre II introduit une nuance : la guerre contre ceux qui persécutent les chrétiens serait une "guerre juste", qui justifie donc le meurtre. Sont donc absous d’avance tous ceux qui participent à la Reconquista, la reconquête des territoires de la péninsule Ibérique et des îles Baléares occupés par les musulmans depuis le VIIIème siècle - de même que seront absous les croisés à partir de 1095.

Une "guerre juste" : la motivation religieuse


Les premiers pèlerinages d’envergure vers la Palestine ont lieu aux IIIème et IVème siècles, encouragés par l’édit de Constantin de 313, par lequel le christianisme devient la religion de l’Empire romain. Des pèlerinages ont ensuite lieu tout au long du millénaire, mais le phénomène prend à partir du Xème siècle une toute autre dimension. Car en 1078, les Turcs Seldjoukides, venus des steppes asiatiques, ravissent Jérusalem des mains des Arabes Abbassides, et en interdisent l’accès aux chrétiens.

C’est pour rétablir cet accès que le pape Urbain II lance en 1095 la première croisade, encouragé par l’Empereur byzantin inquiet de cette expansion turque. Cette première croisade est un succès et aboutit à la fondation des États latins d'Orient. C’est pour défendre ces derniers que seront menées les sept croisades suivantes, de 1147 à 1291. Mais dès la quatrième croisade, qui s’empare de Constantinople en 1204, il apparaît vite que les enjeux sont plus complexes qu’il n’y paraît.

Le secours des chrétiens d’Orient : la motivation géostratégique


Si les croyants peuvent entreprendre en toute sécurité leur pèlerinage vers Jérusalem au premier millénaire, c’est grâce à l’Empire romain d’Orient, qui joue le rôle de bouclier de la foi chrétienne et vit en relative harmonie avec les États musulmans de la région. Mais aux VIIIème et IXème siècles, pour réduire le pouvoir de l’aristocratie foncière, qui contrôle l’armée et menace la souveraineté impériale, Léon III l'Isaurien, Théophile et Léon VI le Sage entreprennent d’affaiblir leur propre puissance militaire.


Un choix risqué, car à l’extérieur des frontières, les puissances rivales, elles, ne désarment pas. En 1071, lors de la désastreuse bataille de Manzikert, l’Empire byzantin perd ainsi l’Anatolie centrale au profit des Turcs Seldjoukides, qui se sont déjà emparés du califat de Bagdad. Défaits, les Byzantins se tournent vers l’Occident pour un appui militaire, qui passe d’abord par le mercenariat, avant de s’adresser directement au pape.
Au concile de Plaisance en mars 1095, puis à celui de Clermont en novembre de la même année, le pape Urbain II accède donc à la requête d’Alexis Ier Comnène et appelle les chevaliers chrétiens à prêter secours à l’Empire byzantin contre les Turcs, et à délivrer les Lieux saints.

L’appas du gain et des terres : la motivation financière


Le succès rencontré par cet appel à la croisade de 1095, puis par toutes les suivantes jusqu’au XIIIème siècle, ne sauraient s’expliquer par le seul fanatisme religieux, ni par la solidarité avec les chrétiens d’Orient. Au XIème siècle, l’explosion démographique en Occident accroît la pauvreté de la paysannerie. L’appel d’Urbain II, relayé par de nombreux prédicateurs populaires, comme Pierre l’Ermite, trouve donc un écho considérable chez les plus modestes, attirés par les richesses fabuleuses de l’Orient.

Quant aux chevaliers nobles, nombre de ceux qui entreprennent la croisade sont dans une piètre situation financière - soit par manque de terres, soit en raison de leur position de puînés, qui les prive d’héritage. Des seigneurs désargentés comme Gautier Sans-Avoir prennent donc la route de Jérusalem qui par foi chrétienne, qui par esprit de conquête ou appas du gain. Car les croisés se livrent à des pillages et des exactions sur la population locale dès le XIème siècle - l’épisode le plus notable étant le sac de Constantinople en 1204.
En l’espace de deux siècles, les huit croisades successives modifient en profondeur les rapports géopolitiques et économiques dans la région, avec notamment la création des États latins d'Orient et un enrichissement considérable des places commerciales européennes. Mais elles échouent finalement à conserver la Terre sainte, accentuent la rupture entre chrétiens et musulmans et creusent un fossé entre catholiques et orthodoxes. On leur doit aussi l’apparition de la violence antisémite de masse en Europe, qui ne cessera guère au cours des siècles suivants.

Marmhonie

Marmhonie
MODERATEUR
MODERATEUR

Le premier message est bien d'un point de vue laïcisant. Pourquoi pas ?
Le second est irresponsable & incompétent, La source est Geo, magazine de la photo et du voyage.
Une bonne et valable revue de l'histoire des religions, par de vrais professionnels, est RHR (Revue de l'Histoire des Religions), gratuite, fondée en 1880 au Collège de France.

http://forummarmhonie.forumotion.asia/forum

Josué

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Il suffit de demander à l'auteur de cette rubrique.

Josué

Josué
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Que furent les croisades ?


Martin Aurell professeur d’histoire médiévale à l’université de Poitiers, et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste des Plantagenêts et de l’histoire de la Catalogne médiévale


Les croisades étaient des pèlerinages en armes, à une époque où guerre et religion formaient un mélange qui nous heurte aujourd'hui. Il s'agissait certes de répondre à une agression, mais ces « guerres justes » ont conduit aussi à des débordements, des abus et des violences, qui ont été dénoncés, dès le Moyen Âge, par de nombreux chrétiens et par les Papes.
1. Au Moyen Âge, spirituel et temporel ne connaissent pas de séparation. La dimension religieuse imprègne les mentalités médiévales. L’homme médiéval croit en Dieu, ce qui ne l’empêche pas de rester pécheur, mais ne rend pas Dieu responsable pour autant des actes qu’il commet librement. En savoir +

2. La croisade est un pèlerinage « en armes » vers les lieux saints dans un contexte de grande tension entre l’Empire byzantin et les Turcs seldjoukides. C’est une expédition militaire défensive entreprise à la demande du pape, devant la dégradation des conditions du pèlerinage chrétien en terre musulmane. En savoir +

3. À l’origine du succès des croisades, il y a la foi des croisés. Les croisades furent des expéditions dangereuses, incertaines, dont le butin était mince. Loin d’une version médiévale du rêve américain façon Proche-Orient, qui n’aurait séduit que les cadets de famille déshérités, le passage en Terre sainte a été le lieu de convergence des élites de l’Europe chrétienne. En savoir +

4. Pour autant, on ne conquiert pas son salut au fil de l’épée en croisade : la croisade n’est pas une obligation religieuse qui assure au chrétien un accès direct au paradis. C’est une différence de fond avec le djihad musulman. En savoir +

5. Les croisades sont indissociables de la puissance temporelle de la papauté ; ce qui n’a pas empêché le pape de condamner sévèrement certains abus et notamment le détournement de la 4ème croisade. En savoir +

6. La violence des croisades doit se comprendre dans le contexte de mentalités médiévales nourries de récits de massacres bibliques et profanes, et habituées à côtoyer la mort. Elle relève aussi d’une culture tactique et guerrière spécifique, qui vient se heurter à un ennemi religieux d’un nouveau genre : l’islam, qui n’hésitait pas à faire usage de la force. En savoir +

7. Les rapports entre chrétiens et musulmans pendant les croisades n’ont pas toujours été violents. Les moments de trêve ainsi qu’un code de la guerre commun ont permis la création d’espaces d’échanges, qu’il ne faut pas idéaliser, mais qui interdisent de voir les croisades comme une guerre des civilisations. En savoir +

8. En plus d’être doublée d’un effort missionnaire, la violence des croisades n’a pas toujours fait l’objet d’un consensus. Des voix chrétiennes se sont élevées contre les abus des croisés, certains allant jusqu’à douter du bien-fondé de la défense de la foi par le glaive. En savoir +

papy

papy

« La croisade a été une idée qui, de soi, était pure, mais de fait, a été tout de suite envahie et souillée par une idée impure », écrivait le philosophe français Jacques Maritain en 1970 (Œuvres complètes XIII, Pleiade Gallimard). De fait, l'idée pure est celle de la « guerre juste » qui recouvre deux dimensions. La première est le légitime secours porté par les croisés occidentaux à leurs frères chrétiens d'Orient sous le joug de l'envahisseur Turc qui au XIe siècle menace l'empire byzantin. Le deuxième est la libération du Saint Sépulcre et la protection des pèlerins en route vers Jérusalem, victimes de pillages et de meurtres. « Le problème, explique le dominicain François Daguet, docteur en théologie, c'est que la réalisation n’a pas été tout à fait conforme à l'intention : rapidement, subtilement, il y a un glissement de la guerre juste à la guerre sainte ». Or, si la guerre juste obéissait à une logique de légitime défense collective avec un bien commun à récupérer, avec la guerre sainte, poursuit François Daguet, « il s’agit d’user de la force et de la violence au nom de Dieu et de la propagation de la foi ».

Josué

Josué
Administrateur

[size=38]Au Québec, les salles de prières dans les écoles interdites par le gouvernement[/size]
Analyse 
Une polémique a éclaté en avril alors que plusieurs écoles publiques québécoises ont laissé à disposition des élèves un lieu pour prier. Mais le gouvernement de la province a décidé de les interdire, dénonçant une entorse à la laïcité.

  • Alexis Gacon (à Montréal), 
  • le 02/05/2023 à 06:13

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