Bible Annotée.
Le dernier verset de Jean 7 et les deux premiers par lesquels s’ouvre notre Jean 8 forment une sorte d’introduction à l’histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l’authenticité est contestée.
Voici d’abord, à cet égard, l’état des documents sur lesquels s’appuie la critique du texte.
Un grand nombre de manuscrits, Codex Sinaiticus, B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit et plusieurs de ceux qui l’ont conservé le marquent de signes de doute.
Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l’Itala ne le renferment pas davantage.
Les Pères de l’Église des trois premiers siècles et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s’est occupé spécialement de l’état du texte, n’en parle pas.
Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l’Évangile de Jean ; dans quelques autres à la suite de Luc 21.
Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l’authenticité.
Le style de ce récit n’est pas celui de Jean ; il porte tous les caractères des narrations synoptiques.
Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l’Évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet et tous les modernes éditeurs du texte. Rappelons, d’autre part, que sept majuscules (dont D), du sixième au neuvième siècle et un très grand nombre de minuscules, aussi bien que quelques exemplaires de l’Itala, la Vulgate, la version syriaque de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d’aucun signe de doute.
Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adversus Pelagium, 2, 17) que cette relation se trouvait « en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins ».
Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l’authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu’il n’a été retranché, à l’origine, que par la crainte de l’influence morale qu’il pouvait exercer à une époque où, d’une part, un grand relâchement des mœurs et, d’autre part, un faux ascétisme s’étaient introduits dans l’Église.