Chapitres 8 à 12 arrivée graduelle de Saül à la royauté
Chapitre 8 le peuple demande un roi
Nous complèterons ici, en les précisant, les remarques que nous avons faites, Deutéronome chapitre 17, sur l’introduction de la royauté en Israël.
Ce fait capital dans l’histoire israélite peut être envisagé sous deux faces. D’un côté, la royauté devait être ; Dieu l’avait annoncée comme un honneur à la famille d’Abraham (Genèse 17.16 ; Genèse 35.11 ; Genèse 49.10) et le moment ne pouvait manquer de venir où il jugerait utile de provoquer l’établissement de cette représentation visible de sa souveraineté au sein de son peuple. D’autre part, cette institution ne devait pas naître comme elle est née, ni par conséquent être ce qu’elle fut dans la suite des temps. Elle a été en fait le produit de la propre volonté du peuple, qui, agissant avec ingratitude envers Samuel, avec défiance envers Dieu lui-même la réclama opiniâtrément, parce qu’il mettait dans la personne d’un souverain visible une confiance charnelle et superstitieuse, semblable à celle qu’il avait mise précédemment en un objet matériel, comme l’arche de l’alliance. La royauté humaine, au lieu de naître comme un don divin, fut dans le sentiment du peuple qui la demanda un supplément à l’insuffisance prétendue du gouvernement divin. Ces deux faces, bonne et mauvaise, de la royauté humaine, apparaissent clairement dans l’histoire des deux premiers rois ; le côté obscur, avec quelques points lumineux, dans le règne de Saül ; le côté lumineux, avec beaucoup de taches sombres, dans le règne de David. Il n’appartenait qu’à l’Esprit prophétique d’analyser complètement la nature de ce fait nouveau. Quant au cours des circonstances en vertu desquelles a eu lieu l’avènement de Saül, il faut bien remarquer ici une gradation de faits qui se lie en grande partie à ce que ce récit est celui, non de l’avènement d’un roi, mais de l’établissement de la royauté elle-même. Ce n’est pas un homme qui monte sur un trône déjà existant ; c’est le trône lui-même qui se dresse progressivement. D’abord la demande du peuple à l’occasion de la vieillesse de Samuel, de la mauvaise conduite de ses fils et du danger provenant de la part des Ammonites, qui voulaient profiter de l’état de faiblesse du peuple pour recouvrer les contrées jadis conquises sur eux par Israël ; puis la révélation à Samuel d’abord et ensuite à Saül lui-même de l’homme choisi de Dieu ; après cela l’élection de Saül par le sort, afin de confirmer aux yeux de l’assemblée tout entière un choix qui autrement eût paru n’être que le choix personnel de Samuel (ce qui n’empêcha pas la partie du peuple amie du désordre de se refuser à reconnaître, Saül pour roi) ; enfin la confirmation de fait de la dignité de Saül par la délivrance de Jabès, à la suite de laquelle il est reconnu par tout Israël et commence en réalité son règne. Aussi est-ce à ce moment (chapitre 13) qu’est indiqué (ou devait l’être voir le texte du verset 1) l’âge de Saül au moment de son avènement et la durée de son règne, comme cela a lieu dans les livres des Rois, au commencement du règne de chaque souverain.
C’est ainsi que se poursuit d’une manière parfaitement conséquente et rationnelle le récit de cet avènement graduel, dans lequel on a trouvé contradictions sur contradictions. Nous examinerons au fur et à mesure les difficultés plus particulières qui se présenteront.