[size=38]L’Allemagne veut interdire les « thérapies de conversion »[/size]
Les faitsLe gouvernement allemand présente mercredi 18 décembre un texte pour interdire les « thérapies » censées guérir de l’homosexualité. Leur pratique ainsi que la publicité et toute médiation pourraient être punies d’une année de prison et de 30 000 € d’amende. Certains craignent toutefois que le texte soit difficile à appliquer.
- Delphine Nerbollier, à Berlin,
- le 18/12/2019 à 11:17
- Modifié le 18/12/2019 à 11:56
Le gouvernement allemand souhaite interdire tout traitement destiné à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.ASDF - STOCK.ADOBE.COM
Jens Spahn veut interdire les « thérapies de conversion ». Le ministre allemand de la santé, membre du parti chrétien démocrate (CDU), présente, mercredi 18 décembre en conseil des ministres, un texte destiné à interdire tout traitement, médicamenteux et psychique, destiné à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Ce jeune ministre de 39 ans, lui-même marié depuis 2017 à un homme, a fait de ce sujet un de ses chevaux de bataille.
« L’homosexualité n’est pas une maladie », rappelle-t-il en se fondant sur la décision de l’Organisation mondiale de la santé, en 1990, de retirer l’homosexualité de la liste des maladies psychiques. « De ce fait, la notion de thérapie induit en erreur », a-t-il déclaré. « Lorsqu’elles ont lieu, ces soi-disant thérapies entraînent de graves souffrances psychiques et corporelles. Elles rendent malades. Leur interdiction est aussi un signal sociétal fort en direction de ceux qui souffrent de leur homosexualité. Nous leur disons, “Tu es bien tel que tu es” », ajoute Jens Spahn.
« Durant deux ans, nous avons prié pour que Dieu me change »
Le texte de loi prévoit une interdiction de ces pratiques sur les mineurs et lorsqu’elles sont menées par le biais de l’intimidation, de la menace, de l’obligation ou de la tromperie. Leur pratique ainsi que la publicité et toute médiation, même par les parents, pourraient être punies d’une année de prison et de 30 000 € d’amende. Comme le confirme le ministère, le texte pourrait aussi s’appliquer au personnel religieux. Le gouvernement prévoit enfin la création d’un service d’aide et de conseil, gratuit et anonyme, par téléphone et sur Internet.
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Bastian Melcher, 30 ans, salue cette loi, lui qui a suivi, en vain durant huit ans, des séances de prières et de « thérapie » pour devenir hétérosexuel. Issu d’une famille membre d’une congrégation protestante libre, à Brême, il se souvient de ce processus « douloureux » entamé à 15 ans. « Pendant deux ans, nous avons prié avec mon pasteur pour que Dieu me change », se rappelle-t-il. À 17 ans, il participe à des réunions hebdomadaires en groupe, sur le modèle des alcooliques anonymes.
« Le pasteur me disait que Dieu me changerait si je le voulais vraiment. Cela a fait peser une énorme pression sur moi », témoigne-t-il. Il est ensuite suivi par un psychologue fondant son travail sur la lecture de la Bible, puis rencontre un médecin qui lui propose de « le libérer du démon ». « Je voulais y arriver, même si j’ai beaucoup douté. J’ai souffert de dépression. J’ai pensé me suicider », confie-t-il. Jusqu’au jour où le jeune homme assiste à la « marche des fiertés » à Hanovre. Et décide « de ne plus lutter ».
Un texte difficile à appliquer ?
Pour Bastian Melcher, la loi présentée ce mercredi est une très grande « avancée ». « Il est essentiel que la société et les deux principales Églises, catholique et protestante, affirment haut et fort que l’homosexualité n’est pas une maladie », affirme-t-il.
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Sur l’antenne de la radio catholique, Dom Radio, Thomas Pöschl porte-parole du Groupe de travail œcuménique sur les homosexuels et l’Église, a déclaré : « Les Églises acceptent dans leur ensemble la connaissance de la science et confirment que l’homosexualité n’est pas une maladie (…). Elles rejettent ces thérapies et ne conseillent pas de les suivre. Cependant, il existe des groupes fondamentalistes dans toutes les Églises qui affirment que de telles thérapies peuvent réussir. »
Bastian Melcher, lui, craint que le texte de loi soit difficile à appliquer. « Personne ne fait de publicité sur Internet ni ne distribue de tracts. Tout se passe par le bouche-à-oreille, relève-t-il. Par ailleurs, la loi interdit la pression et les menaces mais personnellement, je n’ai jamais été forcé ni contraint de mener ces thérapies. »- Delphine Nerbollier, à Berlin,
Jens Spahn veut interdire les « thérapies de conversion ». Le ministre allemand de la santé, membre du parti chrétien démocrate (CDU), présente, mercredi 18 décembre en conseil des ministres, un texte destiné à interdire tout traitement, médicamenteux et psychique, destiné à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Ce jeune ministre de 39 ans, lui-même marié depuis 2017 à un homme, a fait de ce sujet un de ses chevaux de bataille.
« L’homosexualité n’est pas une maladie », rappelle-t-il en se fondant sur la décision de l’Organisation mondiale de la santé, en 1990, de retirer l’homosexualité de la liste des maladies psychiques. « De ce fait, la notion de thérapie induit en erreur », a-t-il déclaré. « Lorsqu’elles ont lieu, ces soi-disant thérapies entraînent de graves souffrances psychiques et corporelles. Elles rendent malades. Leur interdiction est aussi un signal sociétal fort en direction de ceux qui souffrent de leur homosexualité. Nous leur disons, “Tu es bien tel que tu es” », ajoute Jens Spahn.
« Durant deux ans, nous avons prié pour que Dieu me change »
Le texte de loi prévoit une interdiction de ces pratiques sur les mineurs et lorsqu’elles sont menées par le biais de l’intimidation, de la menace, de l’obligation ou de la tromperie. Leur pratique ainsi que la publicité et toute médiation, même par les parents, pourraient être punies d’une année de prison et de 30 000 € d’amende. Comme le confirme le ministère, le texte pourrait aussi s’appliquer au personnel religieux. Le gouvernement prévoit enfin la création d’un service d’aide et de conseil, gratuit et anonyme, par téléphone et sur Internet.
Bastian Melcher, 30 ans, salue cette loi, lui qui a suivi, en vain durant huit ans, des séances de prières et de « thérapie » pour devenir hétérosexuel. Issu d’une famille membre d’une congrégation protestante libre, à Brême, il se souvient de ce processus « douloureux » entamé à 15 ans. « Pendant deux ans, nous avons prié avec mon pasteur pour que Dieu me change », se rappelle-t-il. À 17 ans, il participe à des réunions hebdomadaires en groupe, sur le modèle des alcooliques anonymes.
« Le pasteur me disait que Dieu me changerait si je le voulais vraiment. Cela a fait peser une énorme pression sur moi », témoigne-t-il. Il est ensuite suivi par un psychologue fondant son travail sur la lecture de la Bible, puis rencontre un médecin qui lui propose de « le libérer du démon ». « Je voulais y arriver, même si j’ai beaucoup douté. J’ai souffert de dépression. J’ai pensé me suicider », confie-t-il. Jusqu’au jour où le jeune homme assiste à la « marche des fiertés » à Hanovre. Et décide « de ne plus lutter ».
Un texte difficile à appliquer ?
Pour Bastian Melcher, la loi présentée ce mercredi est une très grande « avancée ». « Il est essentiel que la société et les deux principales Églises, catholique et protestante, affirment haut et fort que l’homosexualité n’est pas une maladie », affirme-t-il.
Sur l’antenne de la radio catholique, Dom Radio, Thomas Pöschl porte-parole du Groupe de travail œcuménique sur les homosexuels et l’Église, a déclaré : « Les Églises acceptent dans leur ensemble la connaissance de la science et confirment que l’homosexualité n’est pas une maladie (…). Elles rejettent ces thérapies et ne conseillent pas de les suivre. Cependant, il existe des groupes fondamentalistes dans toutes les Églises qui affirment que de telles thérapies peuvent réussir. »
Bastian Melcher, lui, craint que le texte de loi soit difficile à appliquer. « Personne ne fait de publicité sur Internet ni ne distribue de tracts. Tout se passe par le bouche-à-oreille, relève-t-il. Par ailleurs, la loi interdit la pression et les menaces mais personnellement, je n’ai jamais été forcé ni contraint de mener ces thérapies. »