[size=33]Prévention de la radicalisation: «L’école est le premier lieu où s’expriment les phénomènes sectaires»[/size]
INTERVIEW Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme et conseiller du Counter extremism project dévoile les objectifs du guide «Laïcité et prévention de la radicalisation» publié ce mardi à l'attention des enseignants...
Propos recueillis par Delphine Bancaud
Publié le 13/11/18 à 07h05 — Mis à jour le 13/11/18 à 07h05
Des élèves lisant un livre. — Pixabay
Des élèves qui véhiculent des théories complotistes, qui refusent d'assister aux cours de SVT abordant la thématique de la sexualité, qui contestent des faits historiques lorsqu’on aborde les conflits internationaux en classe… Certains enseignants ont vécu ce genre de situations en éprouvant un sentiment d’impuissance. Pour les aider, l’European Foundation for Democracy et le Counter Extremism Project publient ce mardi un guide Laicité et prévention de la radicalisation à leur attention. Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme et conseiller du Counter Extremism Project en dévoile à 20 Minutes les contours.
Ce genre de situations arrivent quotidiennement au collège et au lycée, aussi bien en cours de SVT, que d’histoire-géographie, de français, d’éducation morale et civique… Car l’école est le premier lieu où s’expriment les phénomènes sectaires ou de radicalisation. Des élèves prennent des positions prosélytes, contestent le cadre républicain de l’école ou l’égalité entre les femmes et les hommes, s’engagent dans une logique de violence…
Oui, car il est alimenté par Internet et les réseaux sociaux. Et cela tient aussi au contexte international avec les nombreux conflits qui secouent la planète et la montée du terrorisme. Nous sommes face à une radicalisation de masse et le fait, par exemple, que l’organisation Etat islamique perde du terrain militairement n’empêche pas que son idéologie est toujours très présente. Il faut en prévenir les conséquences.
Les échanges parfois houleux entre les élèves et certains enseignants peuvent apporter des réponses qui sont de l’ordre de la réaction, faute d’avoir eu le temps de se préparer à ce genre de situation. L'Education nationale a mis en place des formations sur ces sujets et a édité des fascicules à l’intention des enseignants. Mais toute la communauté éducative n’a pas la même connaissance du sujet et les chefs d’établissements y sont plus ou moins sensibles. Il manquait donc un guide pratique répondant aux questions des enseignants très concrètement et rassemblant toutes les bonnes réponses à ces questions. Ce dernier a d’ailleurs été pensé avec des enseignants, des éducateurs spécialisés de services départementaux de prévention, des assistants sociaux… Son but n’est pas de stigmatiser une religion en particulier, mais de restituer le cadre républicain.
Il faut multiplier les sources d’information qui vont étayer la démonstration. Et ne pas hésiter à confronter les élèves aux images des évènements qui contribuent à les éclairer. Tout en veillant à ce que les échanges reposent sur le respect mutuel. Dès les premières difficultés de dialogue constatées, il faut alerter le chef d’établissement qui, dans le cadre du règlement intérieur de l’établissement, prendra les mesures nécessaires.
Un travail de pédagogie est nécessaire auprès des parents et des élèves sur le caractère obligatoire de suivi du cours d’éducation physique et sportive au même titre que toutes les autres matières. Il faut lui rappeler le cadre républicain sur lequel repose l’école publique en insistant sur le fait qu’elle bénéficie d’un enseignement qui s’adresse à tout le monde, quelle que soit sa religion. Et les absences répétées doivent être traitées car il ne faut pas laisser s’installer ce genre de situations.
Oui, car en Allemagne, un guide similaire a été diffusé en 2017 et a reçu de très bons retours de la part des enseignants. Le nôtre sera diffusé sur Eduscol pour atteindre un maximum d’enseignants.
INTERVIEW Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme et conseiller du Counter extremism project dévoile les objectifs du guide «Laïcité et prévention de la radicalisation» publié ce mardi à l'attention des enseignants...
Propos recueillis par Delphine Bancaud
Publié le 13/11/18 à 07h05 — Mis à jour le 13/11/18 à 07h05
Des élèves lisant un livre. — Pixabay
- Un guide destiné aux professeurs confrontés à des phénomènes sectaires ou de radicalisation est dévoilé ce mardi.
- Pour Jean-Charles Brisard, le phénomène de radicalisation des élèves est alimenté par les réseaux sociaux et le contexte international.
- Le guide donne des réponses concrètes à des situations que peuvent rencontrer quotidiennement les enseignants.
Des élèves qui véhiculent des théories complotistes, qui refusent d'assister aux cours de SVT abordant la thématique de la sexualité, qui contestent des faits historiques lorsqu’on aborde les conflits internationaux en classe… Certains enseignants ont vécu ce genre de situations en éprouvant un sentiment d’impuissance. Pour les aider, l’European Foundation for Democracy et le Counter Extremism Project publient ce mardi un guide Laicité et prévention de la radicalisation à leur attention. Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme et conseiller du Counter Extremism Project en dévoile à 20 Minutes les contours.
Dans quels cas les enseignants sont-ils confrontés à des élèves qui se radicalisent ?
Ce genre de situations arrivent quotidiennement au collège et au lycée, aussi bien en cours de SVT, que d’histoire-géographie, de français, d’éducation morale et civique… Car l’école est le premier lieu où s’expriment les phénomènes sectaires ou de radicalisation. Des élèves prennent des positions prosélytes, contestent le cadre républicain de l’école ou l’égalité entre les femmes et les hommes, s’engagent dans une logique de violence…
Est-ce un phénomène en croissance ?
Oui, car il est alimenté par Internet et les réseaux sociaux. Et cela tient aussi au contexte international avec les nombreux conflits qui secouent la planète et la montée du terrorisme. Nous sommes face à une radicalisation de masse et le fait, par exemple, que l’organisation Etat islamique perde du terrain militairement n’empêche pas que son idéologie est toujours très présente. Il faut en prévenir les conséquences.
Face à ces phénomènes de radicalisation, les enseignants se sentent-ils démunis ?
Les échanges parfois houleux entre les élèves et certains enseignants peuvent apporter des réponses qui sont de l’ordre de la réaction, faute d’avoir eu le temps de se préparer à ce genre de situation. L'Education nationale a mis en place des formations sur ces sujets et a édité des fascicules à l’intention des enseignants. Mais toute la communauté éducative n’a pas la même connaissance du sujet et les chefs d’établissements y sont plus ou moins sensibles. Il manquait donc un guide pratique répondant aux questions des enseignants très concrètement et rassemblant toutes les bonnes réponses à ces questions. Ce dernier a d’ailleurs été pensé avec des enseignants, des éducateurs spécialisés de services départementaux de prévention, des assistants sociaux… Son but n’est pas de stigmatiser une religion en particulier, mais de restituer le cadre républicain.
Que conseille ce guide, par exemple, aux enseignants qui abordent le conflit israélo-palestinien ou encore la guerre en Syrie ?
Il faut multiplier les sources d’information qui vont étayer la démonstration. Et ne pas hésiter à confronter les élèves aux images des évènements qui contribuent à les éclairer. Tout en veillant à ce que les échanges reposent sur le respect mutuel. Dès les premières difficultés de dialogue constatées, il faut alerter le chef d’établissement qui, dans le cadre du règlement intérieur de l’établissement, prendra les mesures nécessaires.
Que faire si une élève refuse de participer aux cours d’EPS (éducation physique et sportive) ?
Un travail de pédagogie est nécessaire auprès des parents et des élèves sur le caractère obligatoire de suivi du cours d’éducation physique et sportive au même titre que toutes les autres matières. Il faut lui rappeler le cadre républicain sur lequel repose l’école publique en insistant sur le fait qu’elle bénéficie d’un enseignement qui s’adresse à tout le monde, quelle que soit sa religion. Et les absences répétées doivent être traitées car il ne faut pas laisser s’installer ce genre de situations.
Pensez-vous que ce guide aura des effets positifs rapidement ?
Oui, car en Allemagne, un guide similaire a été diffusé en 2017 et a reçu de très bons retours de la part des enseignants. Le nôtre sera diffusé sur Eduscol pour atteindre un maximum d’enseignants.