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Pourquoi Mai 68 n’est pas responsable de la désaffection des églises

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Josué

Josué
Administrateur

[size=32]Pourquoi Mai 68 n’est pas responsable de la désaffection des églises[/size]


Propos recueillis par Youna Rivalain - publié le 09/04/2018
Dans les années 60, la pratique catholique connaît un véritable effondrement. Souvent associée à Mai 68, cette rupture puise cependant ses origines dans les bouleversements initiés par le concile Vatican II en 1965. Dans Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement* , Guillaume Cuchet, professeur d'histoire contemporaine, analyse les causes de cette crise.
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©️ AFP

Vous évoquez une crise de la pratique religieuse qui serait advenue non pas avec Mai 68 ou l'encyclique Humanae vitae de Paul VI sur la contraception la même année, mais en 1965. Sur quelles données basez-vous ce constat ?
J'ai travaillé dans les archives du chanoine Fernand Boulard, prêtre et spécialiste des questions sociologiques pour l'épiscopat. Il a piloté des enquêtes sur la pratique religieuse dans tous les diocèses de France entre 1945 et 1965. Au terme de son travail, il avait conclu à la stabilité globale des taux de fréquentation des églises dans la longue durée, malgré une pente légèrement déclive dont les origines remontaient à la Révolution. Cependant, au milieu des années 1960, contre toute attente, ces courbes ont plongé. Voilà le point de départ de mon travail. Ainsi, cinquante ans après les conclusions de Boulard, je me suis efforcé de vérifier son diagnostic de l’époque et d’avancer quelques hypothèses sur ce décrochage massif de la pratique.
 
Avant le concile, la pratique religieuse était obligatoire sous peine de péché mortel. En quoi le changement initié par Vatican II a-t-il induit une baisse conséquente de la pratique elle-même ?
La pratique est une obligation canonique pour les catholiques. Elle faisait partie de ce qu’on appelait les « commandements de l'Église » : pratique dominicale, c'est-à-dire aller à la messe le dimanche, et pascale (faire ses Pâques), donc communier au moins une fois par an, après s'être confessé.
Conséquence indirecte du concile, l'Église a brutalement beaucoup moins insisté que par le passé sur ces obligations. Elle s'est mise à considérer que la pratique en tant que telle était relativement secondaire, que l’important était la participation, les comportements évangéliques, les engagements sociaux ou politiques. À ce moment-là, plusieurs générations de chrétiens, formées dans ce système de l'obligation, ont décroché. Je pense que c'est plutôt ce changement du sens de la pratique, avec son insistance nouvelle sur la liberté individuelle et une approche plus complexe de la pratique, qui a contribué à faire plonger les taux de fréquentation.
 
Vous évoquez la disparition d'une « pastorale de la peur » basée sur l'enseignement du péché originel, du jugement particulier, de l'enfer et du purgatoire, au profit de l'image d'un Dieu tout amour et d'une importance plus marquée du dialogue interreligieux. Diriez-vous que le catholicisme moderne est devenu plus responsabilisant pour les fidèles ?
Dans ses analyses des années 1970-80, l’historien Jean Delumeau a insisté sur le fait que la christianisation de masse de l'Occident s'était souvent faite à coup de « pastorale de la peur » en insistant sur les aspects les plus inquiétants du christianisme. Il laissait ainsi entendre que l'Occident n’avait été christianisé qu’en surface, par la peur plus que par les convictions profondes. D’où la déchristianisation du XXe siècle qui, en un sens, était une réaction compensatrice potentiellement salutaire.
Je pense qu'il y a là une part de vérité : le catholicisme pré-conciliaire était très articulé à une prédication des « fins dernières » qui donnait lieu à une pastorale très dramatisée. Un des aspects les plus étonnants du Concile est d'avoir occulté totalement les « fins dernières », qui étaient pourtant jadis des sujets centraux dans la prédication, la catéchèse et la spiritualité catholiques. Tout à coup, on a cessé d'en parler, et on a alors beaucoup insisté sur l'engagement et l'ouverture au monde.
L'autre élément qui a dû jouer est l'accent mis sur la liberté religieuse. Un certain nombre de chrétiens y ont vu comme une sorte de droit nouveau à « faire le tri » dans les vérités de la foi et les pratiques d’obligation. À la suite du concile, ils se sont mis à « bricoler » dans leur catéchisme en laissant tomber ce qui leur déplaisait ou leur paraissait improbable, d’autant que le clergé lui-même avait l’air de ne plus y croire.
 
Vous évoquez une crise du sacrement de réconciliation au moment de Vatican II. Comment percevez-vous alors le pontificat du pape François, dont la miséricorde est une des clés du message, en particulier avec le Jubilé de la Miséricorde et le retour du sacrement de réconciliation.
C'est un des aspects les plus spectaculaires des années 60 en matière religieuse : ce sacrement qu'on appelait « sacrement de pénitence », rebaptisé « sacrement de la réconciliation », a très mal vécu la transition. Les taux de confession se sont effondrés, alors qu'elle occupait un rôle central dans la vie de l'Église : elle était, avec les enterrements, le sacrement qui occupait le plus le clergé. Tous les confessionnaux étaient pris d'assaut à la veille des grandes fêtes du calendrier liturgique !
Aujourd'hui, il semble que l’on observe un mouvement de redécouverte de la confession vue avant tout comme sacrement de la miséricorde. Cela va de pair avec les transformations du catholicisme contemporain. La jeune génération, qui n'a rien connu de la situation pré-conciliaire, récupère des éléments qui avaient été écartés dans la mutation : la soutane, le latin, le confessionnal, etc. Mais ce n'est pas un retour pur et simple à la situation antérieure au Concile : c’est plutôt une sorte de catholicisme vintage !
 
La carte Boulard souligne des disparités régionales importantes : est-ce toujours le cas après la rupture de 1965 ?
La rupture a rééquilibré les régions avec un nivellement par le bas. Avant les années 60, les contrastes régionaux étaient spectaculaires. Aujourd'hui, les disparités subsistent, mais elles sont bien moindres qu’il y a 50 ou 60 ans. Dans beaucoup de régions rurales et/ou montagneuses, le catholicisme a quasiment disparu, en partie à cause de la crise des vocations qui ne permet plus d'entretenir le maillage paroissial, obligeant des fidèles, souvent âgés, à faire beaucoup de route pour aller à la messe. La crise des vocations a laminé certaines régions, tandis que d'autres ont mieux défendu leurs positions.
 
Qu'en est-il des disparités sociologiques au regard de la pratique ?
Dans les années 50, le catholicisme était représenté dans tous les milieux, non sans fortes disparités. Le clergé s'inquiétait notamment de la sous-représentation des catholiques dans le monde ouvrier censé détenir les clés du « monde de demain ». Aujourd'hui, les contrastes sociologiques existent toujours et, pour des raisons qui tiennent à la transmission de la foi, le christianisme semble s'être mieux perpétué dans une certaine bourgeoisie classique qui continue de jouer un rôle majeur dans la vie catholique française.
Inversement, le catholicisme populaire « autochtone » a beaucoup décru. Le catholicisme français a donc désormais tendance à se polariser autour d'une certaine bourgeoisie d'un côté, et de paroisses populaires nourries par l'immigration chrétienne de l'autre – ce qui n'est pas représentatif de la société française dans sa diversité et sa complexité.
 
Les premiers à avoir décroché sont les jeunes de la génération du baby boom. Pourquoi eux ?
Dans les années 50, 80 % d’une génération faisait sa communion solennelle à 12 ans, moyennant 3 ans de catéchisme avec messe obligatoire. Le lendemain même de la communion solennelle commençait la grande dégringolade : elle était le point d'orgue de la pratique, après quoi les enfants faisaient un peu ce qu'ils voulaient. Le clergé, qui le savait, considérait comme de son devoir d’injecter aux enfants une dose massive de religion parce qu’on ne les reverrait plus de sitôt.
C'est dans ce contexte que les baby-boomers arrivent, très nombreux : entre 800 000 et 850 000, c'est-à-dire 200 000 de plus que dans les années 30. Comme les autres, ils font leur communion solennelle, mais décrochent ensuite beaucoup plus que leurs aînés.
Il existe plusieurs explications possibles : d'abord leur nombre et leur adéquation avec la société de consommation propre aux Trente Glorieuses (1954-1975), créant un décalage culturel au sein des familles. Cette génération est également plus éduquée que ses parents, l'âge de la scolarité obligatoire étant passé à 16 ans en 1959. De son côté, l'Église insiste moins que par le passé sur l'obligation de la pratique. L'un dans l'autre, les piétons de mai 68 ont commencé par être les décrocheurs de la communion solennelle dans les années 60 !
 
Cette crise serait-elle advenue sans le Concile ? Était-elle inévitable ?
Cette crise est internationale : elle s'est produite dans beaucoup de pays occidentaux, de culture catholique ou protestante majoritaire. C'est une crise générale ayant des causes socio-culturelles comme la modernisation de la société ou la hausse du niveau éducatif. Mais en France, le Concile a contribué à en fixer le calendrier et à lui donner une intensité particulière. L'Église catholique était une vieille institution conservatrice qui se faisait gloire de ne pas changer, qui était supposée immuable comme la vérité, etc. Et voilà que, tout à coup, elle changeait profondément, non sans susciter un certain scepticisme chez beaucoup de personnes qui se sont demandées ce qu'on leur avait raconté par le passé et si l’Église savait bien ce qu’elle disait.
 
Vous invitez les familles à réaliser des monographies familiales pour étudier la transmission de la foi et de la pratique religieuse en leur sein…
C’est en effet un exercice qui peut être très éclairant, à la fois pour soi et pour l’histoire générale de la période. Chacun peut dresser son arbre généalogique spirituel et voir sur trois ou quatre générations comment les choses ont évolué dans sa famille, pourquoi la foi s’est transmise ici et pas là, etc. La clé de beaucoup des énigmes qui nous occupe est familiale.
 
(*) Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement* , Guillaume Cuchet (Seuil, 2018).



Édition n° 88

chico.

chico.

L’Eglise dans la tourmente de 1968
3 septembre 2018 12 h 00 min·
Pourquoi Mai 68 n’est pas responsable de la désaffection des églises Eglise-tourmente-1968-e1535980605495
 
Les journalistes désinformateurs, dans les publications générales ou historiques, ainsi que de nombreux hommes politiques, à commencer par le président de la République Emmanuel Macron, ont tenu à célébrer le cinquantenaire des événements de mai 1968. Célébrer une kermesse anarchisante relève du reste du contresens sur l’essence de ce mouvement. S’il n’a p as eu de débouchés politiques immédiats, le mouvement contestataire, estudiantin, puis ouvrier, actif principalement de mars à mai 1968 en France, a réussi à imposer sur le long terme ses valeurs, ou plus exactement ses antivaleurs. En effet, depuis les années 1980, les valeurs élémentaires et essentielles qui constituent le fondement des sociétés, la Religion, la Patrie, la Famille – et le mariage – sont systématiquement tournées en dérision, ou retournés dans des sens absurdes comme le prétendu « mariage homosexuel ». Significativement les désordres estudiantins avaient débuté par la revendication centrale du meneur Daniel Cohn-Bendit à la faculté de Nanterre : le libre-accès des étudiants la nuit aux chambres des étudiantes !
 
Les catholiques ont été affectés par ses événements, et, à la marge, que ce soit en opposition ou soutien au mouvement révolutionnaire, en ont été acteurs. Il est important de l’étudier, car les conséquences en ont été importantes.
 
L’historien Yves CHIRON propose une enquête historique sur les catholiques face à 1968
 
L’historien Yves Chiron, spécialiste compétent d’Histoire religieuse catholique, entend retracer, dans un ouvrage relativement court – moins de 300 pages -, à la portée du grand public curieux, l’attitude des catholiques face à ce mouvement contestataire de 1968. La logique aurait commandé une opposition frontale et totale des autorités ecclésiastiques comme des catholiques engagés dans la société, tant les valeurs fondamentales catholiques ou tout simplement humaines ont été systématiquement attaquées par ce mouvement. Or, force est de constater que curieusement, ceci n’a pas été le cas, pour le moins. Si l’Eglise, en tant qu’institution d’origine divine, ne peut jamais errer, les hommes d’Eglise peuvent eux se tromper, et a fortiori les simples fidèles.
 
Yves Chiron développe particulièrement l’exemple français, qui est assurément le plus familier au lecteur. Mais il y a eu, dans le monde entier, des Etats-Unis au Japon, dans les pays dits développés et dans les autres, comme ceux comme l’Amérique latine, des contestations anarchisantes ou gauchisantes très semblables. Les hommes d’Eglise et les fidèles ont été largement inaudibles dans le vacarme de 1968. Aussi, leurs prises de position de cette époque sont-elles peu connues. Lorsque l’on pense les connaître, on les imagine en partant de quelques cas authentiques, systématiquement choisis parmi les pires, oscillant entre passivité et enthousiasme pour un mouvement pourtant manifestement opposé aux valeurs chrétiennes et humaines élémentaires. Yves Chiron veut rendre compte de la complexité passée des choix et des prises de position, sans nier les nombreux scandales des chrétiens les plus progressistes.
 
Yves Chiron s’est livré à une enquête historique en relisant les journaux du temps, les mémoires des acteurs, ou en interrogeant les témoins encore vivants aujourd’hui ou du moins récemment.
 
Beaucoup de catholiques progressistes se sont compromis avec le mouvement de 1968
 
L’année 1968 marque, pour l’Eglise universelle, le triomphe symbolique d’une doctrine novatrice au sein de l’Eglise, la théologie de la libération, au Synode de Medellín en 1968, en Colombie. Cette doctrine, élaborée en Europe dans les années 1950, ce que l’on oublie trop souvent, et diffusée en Amérique latine, de l’Argentine au Mexique, dans les années 1960, obtient presque une reconnaissance officielle des évêques d’Amérique latine à cette occasion. Or, elle confond perspectives spirituelles et temporelles, ne considérant que ces dernières, en invoquant au plus le Christ, et un Christ très déformé, à rapprocher du « sans-culotte Jésus » des Jacobins de 1793. Le Christ aurait un révolutionnaire social en Palestine du premier siècle, prônant l’émancipation des pauvres ; il aurait été crucifié par des notables juifs, conservateurs de ce fait. Or, cette thèse est historiquement fausse. Elle repose sur la confusion entre pauvreté en esprit et pauvreté matérielle. L’Eglise a toujours encouragé les œuvres de charité envers les pauvres, mais jamais la révolution sociale, et prôné la pauvreté volontaire pour les âmes d’élites, en particulier les prêtres et religieux.
 
En outre, ce que rappelle pertinemment Yves Chiron en un chapitre clair, ces partisans de la théologie de la libération ont été divisés entre partisans d’une interprétation pacifique, refusant toute violence physique, avec pour chef de file l’évêque brésilien alors très célèbre don Helder Camara, et ceux d’une violence révolutionnaire active, derrière le prêtre-guérillero colombien Camilo Torres. Cette doctrine, au moins pour sa composante violente, a été mollement condamnée sous Jean-Paul II au milieu des années 1980. L’actuel pape François s’avère proche, pour le moins, de la branche pacifiste de cette doctrine.
 
En France, beaucoup de prêtres, religieux, séminaristes, ont multiplié les expériences, en se réclamant de Vatican II – en sollicitant fortement les textes au besoin -, en organisant des communautés nouvelles, confondant les états de vie, proposant des liturgies très libres, et « dialoguant avec le monde », ce qui a abouti dans les faits à une proximité avec l’extrême-gauche politique à la mode. Sans douter de la générosité ou de l’enthousiasme de beaucoup, Yves Chiron rappelle que le bilan n’a guère été positif, avec des abandons massifs d’études de séminaristes, ou pire, de sécularisations également massives de prêtres et religieux engagés dans ces démarches, au bout de quelques années. De nombreux exemples sont donnés, tous convergents.
 
Des comportements ambigus et des résistances très diverses
 
Parmi les comportements ambigus figurent ceux du premier homme d’Eglise concerné en France, Monseigneur Marty, alors archevêque de Paris. Il a eu un comportement ambigu par excellence, hésitant, variable, refusant toute condamnation claire du mouvement de 1968. Tout au plus a-t-il condamné les violences dans les rues, renvoyant dos-à-dos forces de l’ordre et militants anarchistes et gauchistes. Il n’a adressé aucune mise en garde claire à ses fidèles parisiens. Il a visité des blessés, pour les réconforter, dans les hôpitaux, au milieu de la nuit ou au petit matin. Cette dernière action est certainement bonne, mais l’archevêque de Paris n’a nullement, comme le commandait son devoir le plus élémentaire, éclairé ses fidèles ou ses pasteurs. Tout au plus a-t-il condamné quelques extravagances de prêtres engagés dans le mouvement contestataire, ou des bricolages liturgiques ressemblant à des Messes avec la concélébration de pasteurs protestants ; encore faut-il relever qu’aucun prêtre ou fidèle y participant n’a été sévèrement mis en garde, ni a fortiori excommunié. A notre goût, Yves Chiron se conduit dans son livre presque un peu trop en avocat de Monseigneur Marty, qui n’a vraiment pas été à la hauteur du défi.
 
A l’inverse, un modèle de résistance passive à cette occasion semble avoir été celle de l’abbé Lustiger – futur archevêque de Paris – qui, dans le désordre ambiant, a eu la sagesse de fermer son aumônerie à la Sorbonne, jusque-là espace d’échanges à la mode des années 1950-60. Face aux soviets étudiants agressifs et bruyants, il n’y avait aucun dialogue possible, avait-il jugé à juste titre. Par contre, il a maintenu ses messes, en choisissant délibérément à rebours des modes liturgiques du temps, des messes silencieuses, absolument pas participatives ; elles apaisaient les âmes, a-t-il reconnu dans ses Mémoires. Il est dommage que ce constat n’ait pas eu des suites de long terme.
 
Enfin, parmi les autorités de l’Eglise, il y a eu en France fort peu de franche résistance. Pourtant, en opposition frontale à l’hédonisme de 1968, il y a tout de même eu l’encyclique absolument fondamentale, et évidemment toujours valable de nos jours, Humanae Vitae du pape Paul VI, du 25 juillet 1968. Paul VI, contre l’avis de la majorité de la commission consultative ad hoc, a en effet décidé de condamner les pratiques contraceptives artificielles. Les fidèles catholiques ne peuvent pas y avoir recours. Yves Chiron rappelle à juste titre que si l’encyclique a été très mal reçue par les progressistes, matérialistes ou teintés d’un vernis de christianisme, en Europe et en Amérique du Nord, elle a été plutôt bien reçue dans le tiers-monde, pourtant alors en pleine explosion démographique. Les populations du Sud et leurs pasteurs ont tenu au respect de leur dignité humaine avant tout, repoussant les recommandations malthusiennes des grandes instances internationales, en particulier onusiennes, promettant un progrès matériel en cas de suivi de leurs conseils amoraux.
 
1968 annonce effectivement le pire, dans la société comme l’Eglise
 
Yves Chiron conclut son ouvrage en parlant de 1968 comme « l’An I de la crise de l’Eglise en France ». En effet, dans les années suivantes, les vocations, comme la pratique des fidèles, s’effondrent complètement. On ne peut que constater l’impasse du christianisme de gauche, qui a toujours suivi, sans les influencer en rien, les pires évolutions sociétales – en particulier de la destruction de la famille -, et vidé les églises et les séminaires.
 
Quant aux expériences pratiques de la théologie de la libération en Amérique latine, elles ont été aussi des échecs : elles se retrouvent, mêlées à d’autres influences, au cœur des projets politiques actuels des gouvernements socialistes du Vénézuéla et du Nicaragua. Elles s’avèrent constituer de très nets échecs, dans tous les domaines, au point qu’aujourd’hui une population ruinée fuit par millions le Venezuela, pays pétrolier pourtant, ce qui en vient à déstabiliser aussi les pays voisins.
 
Octave Thibault
 
Yves CHIRON L’Eglise dans la tourmente de 1968 Artège, 2018, 273 pages, 17 euros


Mikael

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MODERATEUR
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Depuis pour pas mal de gens l'église a perdue son côté sacré et avec le temps la défection des fidèles et de ce fait les églises se vide.

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