| Une ONG française (FECRIS) - entièrement financée par le gouvernement français dans le but de lutter contre les minorités religieuses - s'est associée à l'administration Poutine et à l'Église orthodoxe russe pour étiqueter les religions non orthodoxes en Russie comme des groupes extrémistes et les éliminer. La dernière phase de ce plan a d'abord attiré l'attention internationale avec l'arrestation d'un citoyen danois par les autorités russes. L'arrestation de Dennis Christensen L'arrestation du citoyen danois Dennis Christensen(1) en Russie le 25 mai a mis le sort des Témoins de Jéhovah (TJ) sous les projecteurs du monde entier. Les autorités russes ont arrêté Christensen, ainsi que 15 autres Témoins de Jéhovah, lors d'une perquisition dans un complexe des TJ alors que les membres étaient en train d’étudier la Bible. Cette perquisition a été menée après l’interdiction des Témoins de Jéhovah en Russie le 20 avril par la Cour suprême, qui les a qualifiés d'organisation extrémiste. Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=NivNhbuX4yA Christensen a fait appel de son incarcération préventive, mais un tribunal russe a rejeté son appel le 21 juin. Parallèlement aux audiences de Christensen devant le tribunal se déroule la bataille légale de toute l'organisation russe des TJ. Les TJ ont fait appel de la décision du 20 avril devant la Cour suprême de Russie, qui a statué contre eux et a confirmé leur interdiction le 17 juillet. Christensen encourt une peine d'emprisonnement de 10 ans pour organisation d’une activité religieuse illégale, puisque l'étude biblique a eu lieu après l'interdiction initiale des TJ le 20 avril. La décision de la Cour suprême du 20 avril contre les TJ a confirmé la décision du ministère russe de la Justice qui a ajouté au mois de mai ce groupe sur une liste d'organisations officiellement interdites pour activités extrémistes. Mais pourquoi le ministère de la Justice a-t-il fait arrêter Christensen, un homme pacifique honoré (2) par les autorités russes pour services exceptionnels à la collectivité ? Pourquoi le ministère de la Justice a-t-il ajouté les TJ, qui sont des pacifistes avoués et évitent toute activité politique, sur une liste d'organisations extrémistes interdites? La « French connection » Le ministère de la Justice a pris sa décision sur la recommandation du Conseil d'experts du ministère pour la conduite d'études en sciences religieuses d'État et d’analyse d'experts. L’objectif du Conseil d'experts est d'enquêter sur les religions qui s'écartent de l'enseignement orthodoxe russe et de recommander aux pouvoirs publics des actions à l’encontre de ces religions. Le Conseil d'experts est dirigé par Aleksander Dvorkin, vice-président de la branche russe de la FECRIS. La FECRIS, Fédération Européenne des Centres de Recherche et d'Information sur le Sectarisme, est une ONG française qui se consacre « selon ses statuts, à identifier en tant que secte / culte ou gourou l'organisation ou l'individu qui abuse de croyances et de techniques comportementales pour son propre bénéfice », selon la Coordination des associations et des individus pour la liberté de conscience (CAP Liberté de Conscience) (3). L'ONU et le Conseil de l'Europe reconnaissent la FECRIS en tant qu'ONG, bien que les services du Premier ministre français fournissent 100% du financement de l'association, selon CAP Liberté de Conscience. « Comment un Premier ministre peut-il déclarer qu'il n'existe pas de définition juridique d'une secte en France et, en même temps, financer à 100% une association NON GOUVERNEMENTALE dont l'objectif est de désigner des ‘sectes / cultes’ ? », souligne la déclaration de CAP Liberté de Conscience. La FECRIS en Russie CAP Liberté de Conscience relève également le partenariat de la FECRIS, et de Dvorkin, avec l'Église orthodoxe russe dans le cadre de la campagne contre des minorités religieuses comme les TJ en Russie. « Si l'action de la FECRIS n'est pas religieuse et prétend être neutre à cet égard, comment peut-elle expliquer qu'une organisation enregistrée dans un état laïc - la France - soit financée massivement par l'argent de tous les contribuables français, alors que son vice-président, Alexander Dvorkin, citoyen russe, est béni et financé par le Patriarche de l'Église orthodoxe russe pour ses activités anti-sectes » , ajoute le communiqué de CAP Liberté de Conscience. « Cette même Église orthodoxe russe qui, avec Poutine, persécute des minorités religieuses depuis des années en Russie. » La campagne de la FECRIS contre les TJ russes durait depuis des années avant l'arrestation de Christensen. Une organisation associée à la FECRIS et partenaire de l'Église orthodoxe russe, le Comité de sauvetage des jeunes des sectes totalitaires, a déposé la première plainte contre les TJ de Moscou en 1995, selon une étude sur la FECRIS publiée dans le Journal for the Study of Beliefs and Worldviews (JSBW)(4). La plainte initiale a été rejetée, mais le comité a déposé à nouveau plainte contre les TJ à Moscou à quatre reprises, jusqu'à ce que les autorités russes acceptent d’ouvrir une enquête en 1998. Un tribunal de district de Moscou a confirmé la plainte contre les TJ en 2004, après une longue bataille juridique, et a prononcé l’interdiction permanente de la communauté moscovite des TJ. Plusieurs plaintes en vue de disperser les différentes communautés de TJ ont également été déposées dans d'autres villes, malgré la décision de 2010 de la Cour européenne des droits de l'homme établissant que l'interdiction des TJ de Moscou était contraire à la loi russe. La décision la plus récente de la Cour suprême de Russie a étendu l’interdiction des TJ à tout le pays. Aleksander Dvorkin Dvorkin n'est pas seulement vice-président de la FECRIS, il est aussi directeur de l'organisation membre de la FECRIS en Russie, le Centre de recherche sur les études religieuses de Saint-Irénée de Lyon, qui est associé à l'Église orthodoxe russe. La campagne de Dvorkin contre les TJ en Russie à travers la FECRIS a attaqué ceux-ci à la fois sur le front juridique et sur le front social. Les violences contre les TJ, y compris des incendies criminels et des agressions (5), sont liées à plusieurs commentaires de Dvorkin encourageant les soupçons et les actions du public contre ce groupe religieux, entre autres, selon l'étude de JSBW. Dvorkin a également accordé une interview dans un documentaire de 2009 appelé Emergency Investigation: les Témoins de Jéhovah, dans lequel il a comparé les TJ à des trafiquants de drogue et les a qualifiés d' « esclaves ». Selon l'étude de JSBW, ce documentaire a été utilisé pour justifier des violences publiques contre des membres des TJ en Russie. « Leurs adeptes recrutent des étudiants qui ont échoué à l'université, et aussi des personnes sans emploi ; ils ont un large éventail d'influence psychologique, en particulier sur les esprits instables des adolescents et des jeunes », a déclaré Dvorkin au sujet des Témoins de Jéhovah et de la secte Hare Krishna. Dvorkin a encouragé le public à « participer à la lutte contre les sectes, à déposer des plaintes et à recueillir des données brutes afin que les autorités locales puissent réagir rapidement ». La légalisation de la purification religieuse russe La loi russe Anti-extrémisme de 2002 a ouvert la voie à Dvorkin et à la FECRIS pour étiqueter un groupe pacifique comme les TJ comme extrémiste et le faire interdire dans tout le pays. L'administration Poutine a ostensiblement adopté cette loi en réponse aux attentats terroristes du 11 septembre, mais a bientôt commencé à utiliser la loi de 2002 pour transformer en réalité le concept de « sécurité spirituelle » de Poutine, tel qu’il est décrit dans le Concept de sécurité nationale 2000 de l'administration russe (6). « Protéger la sécurité nationale de la Fédération de Russie comprend également la protection de l'héritage culturel, spirituel et moral, des traditions et des références historiques de la vie publique et la préservation du patrimoine culturel de tous les peuples de Russie », indiquait le communiqué. « Il doit y avoir une politique publique pour protéger le bien-être spirituel et moral de la population, interdire l'utilisation du temps d'antenne pour promouvoir la violence ou les instincts primaires et contrecarrer l'impact négatif des organisations religieuses et des missionnaires étrangers. » La loi considérait initialement l'action violente comme l'un des critères pour qualifier l'extrémisme. Un amendement de 2006 à la loi Anti-extrémisme a fait disparaître la violence en tant que critère et a indiqué les critères suivants d’une activité extrémiste, selon l'étude JSBW : A. La définition de l'extrémisme doit inclure la diffamation contre des fonctionnaires d'État liés à l'accusation dans des cas d'extrémisme ou d'un crime particulièrement grave ; B. Tout acte de violence (y compris le hooliganisme) contre un fonctionnaire doit être qualifié d'extrémisme; et C. Non seulement les appels à une activité extrémiste seront interdits, mais aussi les "justifications" de l'activité extrémiste. La loi a donc défini l'extrémisme comme « une incitation à l'inimitié raciale, nationaliste ou religieuse, et aussi à l'inimitié sociale ». En ajoutant l'incitation à l'inimitié religieuse ou sociale, la FECRIS et ses organisations associées, en partenariat avec l'Église orthodoxe russe et grâce à la position de leurs membres dans le gouvernement russe, étaient libres d'étiqueter toute religion qui déviait de la doctrine orthodoxe russe comme extrême. Dvorkin a profité de cette liberté et a pris pour cibles les Mormons, Hare Krishna, les Nouveaux Pentecôtistes, le Falun Gong et les Témoins de Jéhovah, en les étiquetant comme plus dangereux que les Satanistes, car ils « cachent le mal sous le couvert du bien », selon l'étude JSBW.« Dans le cadre de la stratégie de purification religieuse en Russie, des plaintes ont été déposées par des groupes anti-sectes et diverses institutions de l'État qui cherchaient à mettre en liquidation un certain nombre de mouvements non orthodoxes, y compris des organisations catholiques », conclut la section de l'étude consacrée à la Russie. « En réalité cependant, dans les pays étudiés dans le cadre de ce travail de recherche (France, Autriche, Allemagne, Russie et Serbie), la neutralité et l'impartialité de l'État n'existent malheureusement pas. Dans ces cinq pays, l'État et les pouvoirs publics prennent le parti des associations affiliées à la FECRIS et financent leurs activités, même si celles-ci sont utilisées pour les activités missionnaires d'une Église dominante ou si elles sont censées défendre la position et l'influence d'une Église particulière dans la société, pour lutter contre l'érosion de ses membres ou pour la développer », précise l’étude. 1 : http://dailycaller.com/2017/05/27/russians-raid-jehovahs-witness-bible-study-arrest-danish-citizen/ |