Rene philippe a écrit:Matthieu 5:23 “ Si donc tu apportes ton présent à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, 24 laisse ton présent là, devant l’autel, et va-t’en ; d’abord, fais la paix avec ton frère, et puis, quand tu seras revenu, offre ton présent.
Matthieu parlait-il le français moderne ? Et Jésus ?
Papias, évêque d'Antioche, nous assure qu'il a eu entre les mains un proto évangile de Matthieu en araméen. Cela a permis de le classer en premier dans le canon catholique, et apparemment, cela convient bien à toute la chrétienté...
Or, l'expression
"la paix avec ton frère" est typiquement judaïque, שָׁלוֹם. Shalom, salam en arabe coranique, n'a pas de traduction approfondie dans la pensée des langues modernes occidentale. Ce serait une grave erreur de transposer dans une traduction occidentale sans comprendre le sens profond original.
L'erreur serait de penser qu'il est question de paix, alors que c'est une salutation cordiale systématique, comme notre bonjour. Comment allez-vous, ne va pas : c'est le sens du 17e siècle quand les jésuites revinrent de Chine et firent observer que le corps nécessite un bon transit. Au 17e siècle, on disait donc :
"Comment allez-vous à la selle ?" Le sens n'avait aucun rapport avec celui de maintenant.
Idem en chinois, on dit 你好, ni hao, toi bien. Ce n'est pas le jourqu'on souhaite de bon, mais on demande l'état de santé interne, ici et maintenant.
Toutes ces salutations se sont perdues dans des traductions de la Bible notamment par des zélateurs qui ont trop voulu en faire. La structure interne profonde, réelle, sans études, n'apporte qu'une meince couche d'apparence à la superficie du corps social.
Reprenons donc ce passage de Matthieu dans la pensée araméenne. c'est facile, il suffit de penser en araméen. "Va-t-en" est impossible, c'est une entente : d'accord. Un accord ménagé. Il ne s'agit pas dans le texte de "partir" mais de s'harmoniser dans son coeur avec son prochain qui nous a peiné par une diatribe. Il n'est pas davantage question de revenir dans un transport physique, mais bien de l'ataraxie : la communion des âmes.
Matthieu ici prépare sa communauté juive orthodoxe dans sa proclammation de l'évangile en accord avec eux. Il se trouve en bute, et la première attention et intention lui est de rappeler les fondements du judaïsme : shalom.
C'est idem en plus humoristique avec Jean au chapitre 21, quand le ressuscité salut les pélerins d'Emmaüs, Pierre au bord de la mer qui plonge tout nu, etc.
C'est quand le centurion le supplie de guérir son esclave qui est si malade : non sum dignus, je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri.
Où est l'autel, où est le temple quand Matthieu écrit ? Il n'en reste rien, c'est après 70, et ils sont tous effondrés par ce drame.
Ils doivent donc revenir aux fondamentaux du judaïsme pour sauver la communauté.
Matthieu offre en présent la Parole faite chair de Jésus récusé comme un imposteur, et sur ce sujet où il lui est demandé de rendre des comptes, (ils seront autour de 100, chassés des synagogues), Matthieu rappelle l'importance de l'unité de la communauté. Un seul peuple, un seul exil comme avec Moïse quittant l'Egypte. Tout est amer, le pain azyme, l'exode, la fuite, la traversée désertique durant 40 ans. Pas question de se diviser dans le drame. Le temple détruit pour les uns, est celui d'Hérode, et pour les autres le corps du Christ. Cela ne doit pas nous diviser.
Avant tout, qui jette l'opprobe sur la foi de son prochain, se désunit avec l'unicité de sa foi.
Tout simplement.