Rentrée des classes :Rentrée des classes : qu'apprend-on dans une école évangélique ?
Alice Papin - publié le 04/09/2014
Les écoles protestantes évangéliques gagnent du terrain en France. Ces établissements privés, hors contrat avec l’Éducation nationale, jouissent d'une pédagogie plus libre, avec, en son centre, Dieu créateur. Illustration, matière par matière, avec le témoignage de professeurs.
L’agitation de cette rentrée des classes n’épargnera pas la vingtaine d’écoles évangéliques françaises. Éparpillées de la Drôme à la Seine-Saint-Denis, elles attirent sur leurs bancs les enfants de parents déçus de l’Éducation nationale, notamment depuis la polémique sur la théorie du genre, mais aussi ceux de croyants. Même si « la majorité des protestants évangéliques inscrivent leurs enfants dans des écoles publiques, laissant la République faire son travail », temporise Sébastien Fath, spécialiste de ce courant religieux.
Représentant les multiples visages du protestantisme, ces établissements se fondent sur des idées chères à la tradition de la Réforme – chaque enfant constitue un miracle et le travail est un appel de Dieu. Idées auxquelles s'ajoutent certaines influences, venant des États-Unis pour les plus créationnistes d'entre-elles. Si l’État leur impose le respect de l’obligation scolaire, de l’ordre public, des bonnes mœurs et le contrôle pédagogique, leur marge de manœuvre reste vaste. Une liberté dont elles ne sont pas près de s'acquitter : « Sous contrat, il faudrait faire une coupure franche entre les matières classiques et la foi, alors que pour nous, notre religion respire de toute part », témoigne Luc Bussière, président de l'AESPEF (Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones).
Alors, comment s’articulent les programmes ?
Sciences de la vie et de la Terre (SVT)
Dieu est le créateur de toutes choses : tel est le postulat des évangéliques protestants. Le cours de SVT reflète très bien cette idée. Les élèves reçoivent un apprentissage à deux visages. Ils suivent les programmes définis par l’Éducation nationale afin d'acquérir les connaissances requises minimales. Des bases auxquelles s'ajoutent les commentaires et analyses de leurs professeurs à travers le prisme de leur croyance. Ce qui crée parfois des frictions entre foi et sciences, comme sur la question de la Création : « Au lieu de dire que, par le plus grand des hasards, l'homme descend du singe, on enseigne que Dieu nous a fait à son image », témoigne Stéphanie Ruggieri, professeur de SVT dans le collège-lycée drômois du Cèdre (voir « Précisions » ci-dessous). De même, les maladies ne sont pas dues à des facteurs chimiques, biologiques ou psychologiques, mais également liées à la foi : « Les maladies proviennent des droits donnés à Satan, aux origines. C'est l'absence de Dieu qui a fait arriver les péchés », argue-t-elle.
Français
En littérature, la religion influe le choix des textes étudiés. Enseignante bénévole au collège Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie (78), Audrey Chesnel ne propose pas la lecture de Harry Potter, malgré l'engouement des adolescents pour la saga anglaise. À ses yeux, le personnage n'est pas un modèle à suivre, tant il est lié à Satan : «Il fait du mal et arrive toujours à réussir. Les gentils sorciers n'existent pas », argumente-t-elle. Et si la bibliothèque de Jérémie Fillatre, professeur de français dans la Drôme, compte étonnamment Don Juan, c’est parce que le libertin héros de la pièce de Molière constitue « un personnage repoussoir dans mes cours. Par lui, je montre que la littérature est un miroir du cœur des hommes. Si elle n'est pas jolie, c'est que cette personne, à l'égal de Don Juan, a besoin de Dieu. »
Histoire
En cours d’histoire, en dépit du respect des faits, la foi ne s'estompe pas non plus. Quand Audrey Chesnel enseigne cette matière, elle y incorpore des références à la Bible. « Cela permet, par exemple, d'expliquer ce que la Révolution française a modifié pour les chrétiens. Le rejet de Dieu a débouché sur la séparation entre l’Église et l’État, puis sur la question de la laïcité. »
Pour les écoles évangéliques, l'étude de l'histoire est aussi l'occasion de travailler sur la notion de libre arbitre, que Dieu a laissé aux hommes. Jérémie Fillatre demande à ses élèves de se mettre dans la peau de personnages historiques pour réfléchir à leur attitude dans des situations clés. Le professeur se permet également des choix dans la chronologie : il met l'accent sur les racines judéo-chrétiennes de la civilisation plutôt que sur l’époque préhistorique.
Cours de Bible
Aux enseignements classiques s’ajoutent de nouvelles matières. Pasteur, Louis-Michel Fillatre dispense des enseignements sur la Bible, en primaire, aux Cours protestants d’Île-de-France, à Bobigny (93). Pas question, néanmoins, de remplacer le catéchisme : « le but est de communiquer la vision du monde que donne la Bible », précise le pasteur. Les textes saints sont vus comme des illustrations des vertus et des qualités humaines.
Précisions
- Les Cours protestants d’Île-de-France et l’établissement du Cèdre sont issus d'une mission évangélique nommée Mission Kwasizabantu. Ce mouvement originaire d'Afrique du Sud est considéré comme suspect par l'association de lutte contre les dérives sectaires, l'UNADFI.
- L'école Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie est le fruit de l'investissement de parents et d'enseignants de différentes églises évangéliques de la région.
Alice Papin - publié le 04/09/2014
Les écoles protestantes évangéliques gagnent du terrain en France. Ces établissements privés, hors contrat avec l’Éducation nationale, jouissent d'une pédagogie plus libre, avec, en son centre, Dieu créateur. Illustration, matière par matière, avec le témoignage de professeurs.
L’agitation de cette rentrée des classes n’épargnera pas la vingtaine d’écoles évangéliques françaises. Éparpillées de la Drôme à la Seine-Saint-Denis, elles attirent sur leurs bancs les enfants de parents déçus de l’Éducation nationale, notamment depuis la polémique sur la théorie du genre, mais aussi ceux de croyants. Même si « la majorité des protestants évangéliques inscrivent leurs enfants dans des écoles publiques, laissant la République faire son travail », temporise Sébastien Fath, spécialiste de ce courant religieux.
Représentant les multiples visages du protestantisme, ces établissements se fondent sur des idées chères à la tradition de la Réforme – chaque enfant constitue un miracle et le travail est un appel de Dieu. Idées auxquelles s'ajoutent certaines influences, venant des États-Unis pour les plus créationnistes d'entre-elles. Si l’État leur impose le respect de l’obligation scolaire, de l’ordre public, des bonnes mœurs et le contrôle pédagogique, leur marge de manœuvre reste vaste. Une liberté dont elles ne sont pas près de s'acquitter : « Sous contrat, il faudrait faire une coupure franche entre les matières classiques et la foi, alors que pour nous, notre religion respire de toute part », témoigne Luc Bussière, président de l'AESPEF (Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones).
Alors, comment s’articulent les programmes ?
Sciences de la vie et de la Terre (SVT)
Dieu est le créateur de toutes choses : tel est le postulat des évangéliques protestants. Le cours de SVT reflète très bien cette idée. Les élèves reçoivent un apprentissage à deux visages. Ils suivent les programmes définis par l’Éducation nationale afin d'acquérir les connaissances requises minimales. Des bases auxquelles s'ajoutent les commentaires et analyses de leurs professeurs à travers le prisme de leur croyance. Ce qui crée parfois des frictions entre foi et sciences, comme sur la question de la Création : « Au lieu de dire que, par le plus grand des hasards, l'homme descend du singe, on enseigne que Dieu nous a fait à son image », témoigne Stéphanie Ruggieri, professeur de SVT dans le collège-lycée drômois du Cèdre (voir « Précisions » ci-dessous). De même, les maladies ne sont pas dues à des facteurs chimiques, biologiques ou psychologiques, mais également liées à la foi : « Les maladies proviennent des droits donnés à Satan, aux origines. C'est l'absence de Dieu qui a fait arriver les péchés », argue-t-elle.
Français
En littérature, la religion influe le choix des textes étudiés. Enseignante bénévole au collège Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie (78), Audrey Chesnel ne propose pas la lecture de Harry Potter, malgré l'engouement des adolescents pour la saga anglaise. À ses yeux, le personnage n'est pas un modèle à suivre, tant il est lié à Satan : «Il fait du mal et arrive toujours à réussir. Les gentils sorciers n'existent pas », argumente-t-elle. Et si la bibliothèque de Jérémie Fillatre, professeur de français dans la Drôme, compte étonnamment Don Juan, c’est parce que le libertin héros de la pièce de Molière constitue « un personnage repoussoir dans mes cours. Par lui, je montre que la littérature est un miroir du cœur des hommes. Si elle n'est pas jolie, c'est que cette personne, à l'égal de Don Juan, a besoin de Dieu. »
Histoire
En cours d’histoire, en dépit du respect des faits, la foi ne s'estompe pas non plus. Quand Audrey Chesnel enseigne cette matière, elle y incorpore des références à la Bible. « Cela permet, par exemple, d'expliquer ce que la Révolution française a modifié pour les chrétiens. Le rejet de Dieu a débouché sur la séparation entre l’Église et l’État, puis sur la question de la laïcité. »
Pour les écoles évangéliques, l'étude de l'histoire est aussi l'occasion de travailler sur la notion de libre arbitre, que Dieu a laissé aux hommes. Jérémie Fillatre demande à ses élèves de se mettre dans la peau de personnages historiques pour réfléchir à leur attitude dans des situations clés. Le professeur se permet également des choix dans la chronologie : il met l'accent sur les racines judéo-chrétiennes de la civilisation plutôt que sur l’époque préhistorique.
Cours de Bible
Aux enseignements classiques s’ajoutent de nouvelles matières. Pasteur, Louis-Michel Fillatre dispense des enseignements sur la Bible, en primaire, aux Cours protestants d’Île-de-France, à Bobigny (93). Pas question, néanmoins, de remplacer le catéchisme : « le but est de communiquer la vision du monde que donne la Bible », précise le pasteur. Les textes saints sont vus comme des illustrations des vertus et des qualités humaines.
Précisions
- Les Cours protestants d’Île-de-France et l’établissement du Cèdre sont issus d'une mission évangélique nommée Mission Kwasizabantu. Ce mouvement originaire d'Afrique du Sud est considéré comme suspect par l'association de lutte contre les dérives sectaires, l'UNADFI.
- L'école Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie est le fruit de l'investissement de parents et d'enseignants de différentes églises évangéliques de la région.
Alice Papin - publié le 04/09/2014
Les écoles protestantes évangéliques gagnent du terrain en France. Ces établissements privés, hors contrat avec l’Éducation nationale, jouissent d'une pédagogie plus libre, avec, en son centre, Dieu créateur. Illustration, matière par matière, avec le témoignage de professeurs.
L’agitation de cette rentrée des classes n’épargnera pas la vingtaine d’écoles évangéliques françaises. Éparpillées de la Drôme à la Seine-Saint-Denis, elles attirent sur leurs bancs les enfants de parents déçus de l’Éducation nationale, notamment depuis la polémique sur la théorie du genre, mais aussi ceux de croyants. Même si « la majorité des protestants évangéliques inscrivent leurs enfants dans des écoles publiques, laissant la République faire son travail », temporise Sébastien Fath, spécialiste de ce courant religieux.
Représentant les multiples visages du protestantisme, ces établissements se fondent sur des idées chères à la tradition de la Réforme – chaque enfant constitue un miracle et le travail est un appel de Dieu. Idées auxquelles s'ajoutent certaines influences, venant des États-Unis pour les plus créationnistes d'entre-elles. Si l’État leur impose le respect de l’obligation scolaire, de l’ordre public, des bonnes mœurs et le contrôle pédagogique, leur marge de manœuvre reste vaste. Une liberté dont elles ne sont pas près de s'acquitter : « Sous contrat, il faudrait faire une coupure franche entre les matières classiques et la foi, alors que pour nous, notre religion respire de toute part », témoigne Luc Bussière, président de l'AESPEF (Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones).
Alors, comment s’articulent les programmes ?
Sciences de la vie et de la Terre (SVT)
Dieu est le créateur de toutes choses : tel est le postulat des évangéliques protestants. Le cours de SVT reflète très bien cette idée. Les élèves reçoivent un apprentissage à deux visages. Ils suivent les programmes définis par l’Éducation nationale afin d'acquérir les connaissances requises minimales. Des bases auxquelles s'ajoutent les commentaires et analyses de leurs professeurs à travers le prisme de leur croyance. Ce qui crée parfois des frictions entre foi et sciences, comme sur la question de la Création : « Au lieu de dire que, par le plus grand des hasards, l'homme descend du singe, on enseigne que Dieu nous a fait à son image », témoigne Stéphanie Ruggieri, professeur de SVT dans le collège-lycée drômois du Cèdre (voir « Précisions » ci-dessous). De même, les maladies ne sont pas dues à des facteurs chimiques, biologiques ou psychologiques, mais également liées à la foi : « Les maladies proviennent des droits donnés à Satan, aux origines. C'est l'absence de Dieu qui a fait arriver les péchés », argue-t-elle.
Français
En littérature, la religion influe le choix des textes étudiés. Enseignante bénévole au collège Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie (78), Audrey Chesnel ne propose pas la lecture de Harry Potter, malgré l'engouement des adolescents pour la saga anglaise. À ses yeux, le personnage n'est pas un modèle à suivre, tant il est lié à Satan : «Il fait du mal et arrive toujours à réussir. Les gentils sorciers n'existent pas », argumente-t-elle. Et si la bibliothèque de Jérémie Fillatre, professeur de français dans la Drôme, compte étonnamment Don Juan, c’est parce que le libertin héros de la pièce de Molière constitue « un personnage repoussoir dans mes cours. Par lui, je montre que la littérature est un miroir du cœur des hommes. Si elle n'est pas jolie, c'est que cette personne, à l'égal de Don Juan, a besoin de Dieu. »
Histoire
En cours d’histoire, en dépit du respect des faits, la foi ne s'estompe pas non plus. Quand Audrey Chesnel enseigne cette matière, elle y incorpore des références à la Bible. « Cela permet, par exemple, d'expliquer ce que la Révolution française a modifié pour les chrétiens. Le rejet de Dieu a débouché sur la séparation entre l’Église et l’État, puis sur la question de la laïcité. »
Pour les écoles évangéliques, l'étude de l'histoire est aussi l'occasion de travailler sur la notion de libre arbitre, que Dieu a laissé aux hommes. Jérémie Fillatre demande à ses élèves de se mettre dans la peau de personnages historiques pour réfléchir à leur attitude dans des situations clés. Le professeur se permet également des choix dans la chronologie : il met l'accent sur les racines judéo-chrétiennes de la civilisation plutôt que sur l’époque préhistorique.
Cours de Bible
Aux enseignements classiques s’ajoutent de nouvelles matières. Pasteur, Louis-Michel Fillatre dispense des enseignements sur la Bible, en primaire, aux Cours protestants d’Île-de-France, à Bobigny (93). Pas question, néanmoins, de remplacer le catéchisme : « le but est de communiquer la vision du monde que donne la Bible », précise le pasteur. Les textes saints sont vus comme des illustrations des vertus et des qualités humaines.
Précisions
- Les Cours protestants d’Île-de-France et l’établissement du Cèdre sont issus d'une mission évangélique nommée Mission Kwasizabantu. Ce mouvement originaire d'Afrique du Sud est considéré comme suspect par l'association de lutte contre les dérives sectaires, l'UNADFI.
- L'école Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie est le fruit de l'investissement de parents et d'enseignants de différentes églises évangéliques de la région.
Alice Papin - publié le 04/09/2014
Les écoles protestantes évangéliques gagnent du terrain en France. Ces établissements privés, hors contrat avec l’Éducation nationale, jouissent d'une pédagogie plus libre, avec, en son centre, Dieu créateur. Illustration, matière par matière, avec le témoignage de professeurs.
L’agitation de cette rentrée des classes n’épargnera pas la vingtaine d’écoles évangéliques françaises. Éparpillées de la Drôme à la Seine-Saint-Denis, elles attirent sur leurs bancs les enfants de parents déçus de l’Éducation nationale, notamment depuis la polémique sur la théorie du genre, mais aussi ceux de croyants. Même si « la majorité des protestants évangéliques inscrivent leurs enfants dans des écoles publiques, laissant la République faire son travail », temporise Sébastien Fath, spécialiste de ce courant religieux.
Représentant les multiples visages du protestantisme, ces établissements se fondent sur des idées chères à la tradition de la Réforme – chaque enfant constitue un miracle et le travail est un appel de Dieu. Idées auxquelles s'ajoutent certaines influences, venant des États-Unis pour les plus créationnistes d'entre-elles. Si l’État leur impose le respect de l’obligation scolaire, de l’ordre public, des bonnes mœurs et le contrôle pédagogique, leur marge de manœuvre reste vaste. Une liberté dont elles ne sont pas près de s'acquitter : « Sous contrat, il faudrait faire une coupure franche entre les matières classiques et la foi, alors que pour nous, notre religion respire de toute part », témoigne Luc Bussière, président de l'AESPEF (Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones).
Alors, comment s’articulent les programmes ?
Sciences de la vie et de la Terre (SVT)
Dieu est le créateur de toutes choses : tel est le postulat des évangéliques protestants. Le cours de SVT reflète très bien cette idée. Les élèves reçoivent un apprentissage à deux visages. Ils suivent les programmes définis par l’Éducation nationale afin d'acquérir les connaissances requises minimales. Des bases auxquelles s'ajoutent les commentaires et analyses de leurs professeurs à travers le prisme de leur croyance. Ce qui crée parfois des frictions entre foi et sciences, comme sur la question de la Création : « Au lieu de dire que, par le plus grand des hasards, l'homme descend du singe, on enseigne que Dieu nous a fait à son image », témoigne Stéphanie Ruggieri, professeur de SVT dans le collège-lycée drômois du Cèdre (voir « Précisions » ci-dessous). De même, les maladies ne sont pas dues à des facteurs chimiques, biologiques ou psychologiques, mais également liées à la foi : « Les maladies proviennent des droits donnés à Satan, aux origines. C'est l'absence de Dieu qui a fait arriver les péchés », argue-t-elle.
Français
En littérature, la religion influe le choix des textes étudiés. Enseignante bénévole au collège Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie (78), Audrey Chesnel ne propose pas la lecture de Harry Potter, malgré l'engouement des adolescents pour la saga anglaise. À ses yeux, le personnage n'est pas un modèle à suivre, tant il est lié à Satan : «Il fait du mal et arrive toujours à réussir. Les gentils sorciers n'existent pas », argumente-t-elle. Et si la bibliothèque de Jérémie Fillatre, professeur de français dans la Drôme, compte étonnamment Don Juan, c’est parce que le libertin héros de la pièce de Molière constitue « un personnage repoussoir dans mes cours. Par lui, je montre que la littérature est un miroir du cœur des hommes. Si elle n'est pas jolie, c'est que cette personne, à l'égal de Don Juan, a besoin de Dieu. »
Histoire
En cours d’histoire, en dépit du respect des faits, la foi ne s'estompe pas non plus. Quand Audrey Chesnel enseigne cette matière, elle y incorpore des références à la Bible. « Cela permet, par exemple, d'expliquer ce que la Révolution française a modifié pour les chrétiens. Le rejet de Dieu a débouché sur la séparation entre l’Église et l’État, puis sur la question de la laïcité. »
Pour les écoles évangéliques, l'étude de l'histoire est aussi l'occasion de travailler sur la notion de libre arbitre, que Dieu a laissé aux hommes. Jérémie Fillatre demande à ses élèves de se mettre dans la peau de personnages historiques pour réfléchir à leur attitude dans des situations clés. Le professeur se permet également des choix dans la chronologie : il met l'accent sur les racines judéo-chrétiennes de la civilisation plutôt que sur l’époque préhistorique.
Cours de Bible
Aux enseignements classiques s’ajoutent de nouvelles matières. Pasteur, Louis-Michel Fillatre dispense des enseignements sur la Bible, en primaire, aux Cours protestants d’Île-de-France, à Bobigny (93). Pas question, néanmoins, de remplacer le catéchisme : « le but est de communiquer la vision du monde que donne la Bible », précise le pasteur. Les textes saints sont vus comme des illustrations des vertus et des qualités humaines.
Précisions
- Les Cours protestants d’Île-de-France et l’établissement du Cèdre sont issus d'une mission évangélique nommée Mission Kwasizabantu. Ce mouvement originaire d'Afrique du Sud est considéré comme suspect par l'association de lutte contre les dérives sectaires, l'UNADFI.
- L'école Mathurin-Cordier de Mantes-la-Jolie est le fruit de l'investissement de parents et d'enseignants de différentes églises évangéliques de la région.