EPIDEMIE«Des mois de travail acharné» pour arrêter EbolaMis à jour le 22.08.14
Le directeur adjoint de l'Organisation mondiale de la Santé pour la sécurité sanitaire a prévenu qu'arrêter l'épidémie d'Ebola prendrait «plusieurs mois de travail acharné».
Le directeur adjoint de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la sécurité sanitaire, Keiji Fukuda, a prévenu vendredi au Liberia qu'arrêter l'épidémie d'Ebola «ne serait pas facile» et prendrait «plusieurs mois de travail acharné».
«Cela ne va pas être facile. Nous nous attendons à plusieurs mois de travail acharné, plusieurs mois à nous débattre avec cette épidémie», a déclaré Keiji Fukuda au cours d'une conférence de presse à Monrovia avec le coordinateur de l'ONU contre Ebola, le Dr David Nabarro.
Agrandir les centres d'accueilL'ONU et Médecins Sans Frontières (MSF) se préparaient également vendredi au risque d'une nouvelle flambée de l'épidémie d'Ebola au Liberia, où le virus s'est désormais propagé à l'ensemble du territoire.
Le centre récemment installé par MSF à Monrovia, la capitale du Liberia, est toujours en cours d'agrandissement, pour quasiment quadrupler sa capacité, ont constaté les correspondants de l'AFP.
«Nous avons actuellement environ 60 patients pour une capacité de 120 lits, donc il nous reste encore un peu d'espace», a expliqué sur place un coordinateur de MSF, Henry Gray. «Et nous sommes en train d'élargir notre site. Dans les 10 prochains jours, nous espérons avoir un site pouvant accueillir jusqu'à 400 patients», a-t-il précisé.
«Pouvoir affronter si nécessaire une flambée»Le coordinateur de l'ONU contre l'épidémie, le Dr David Nabarro, a indiqué jeudi à l'AFP se fixer pour objectif de mettre les structures sanitaires en état de «pouvoir affronter si nécessaire une flambée» supplémentaire, au début de sa tournée dans les quatre pays touchés (Liberia, Guinée, Sierra Leone, Nigeria) .
L'épidémiologiste britannique, arrivé dans la nuit à Monrovia, où il devait tenir une conférence de presse en fin d'après-midi, a précisé ne pas être en mesure de prévoir si la propagation avait atteint un pic ou allait continuer à augmenter.
Comme un début de réponse peu encourageante, des cas ont été découverts dans la seule région jusqu'alors épargnée, le sud-est du Liberia, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire.
Systèmes de santé submergésLe secrétaire général du syndicat des services de santé, George Williams, a fait état de «deux morts à Gbokon-jelee», une ville qui attire de nombreux marchands d'or de tout le Liberia et même de Côte d'Ivoire, soulignant que «c'était la dernière région épargnée par Ebola».
Le responsable médical de la région, George Daouda, a confirmé un cas avéré d'Ebola.
«Les systèmes de santé des principaux pays touchés étaient faibles avant le déclenchement de l'épidémie. Maintenant, ils sont submergés», a affirmé la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour le Liberia, Karin Landgren, relevant le manque de matériel d'hygiène et de protection.
Cacher un patient est un crimeEn Sierra Leone, le Parlement a adopté en urgence une loi punissant d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à deux ans quiconque «cache un patient contaminé par Ebola ou d'autres maladies contagieuses de même nature».
«Nous sommes consternés par la lenteur de la réaction de certains de nos partenaires de développement, et l'abandon et l'isolement imposé par ceux que nous considérions comme nos meilleurs amis au niveau sous-régional, régional et mondial», a déclaré le chef de la majorité parlementaire, Ibrahim Bundu. Il faisait allusion à la fermeture des frontières par plusieurs pays africains, dont le Sénégal et l'Afrique du Sud.
La Russie rejoint la mobilisation internationaleVendredi soir, le Gabon a lui aussi suspendu les liaisons aériennes et maritimes en provenance des pays affectés par l'épidémie. Il a indiqué qu'il délivrerait les visas «au cas par cas» aux voyageurs venant de ces pays.
La Russie a rejoint la mobilisation internationale : un avion du ministère russe des Situations d'urgence transportant une équipe de virologues et un laboratoire mobile est arrivé vendredi à Conakry, capitale de la Guinée.
Une nouvelle inquiétude est apparue sur le continent, en, provenance de République démocratique du Congo (RDC), dans la province de l'Equateur (nord-ouest) où le virus Ebola a été découvert en 1976.
Ne pas confondre les maladiesLe gouvernement a annoncé jeudi la mort de 13 personnes, victimes d'une «fièvre hémorragique d'origine indéterminée» depuis le 11 août. Mais l'OMS et MSF ont jugé prématuré d'incriminer une fièvre hémorragique.
«Beaucoup sont morts en présentant des symptômes hémorragiques, mais il y a aussi des paludismes graves qui peuvent donner ce type de symptômes, ou la fièvre typhoïde», a déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un responsable de l'OMS basé à Kinshasa.
«Dans la région de l'Equateur, il y a une épidémie de gastro-entérite fébrile avec hémorragie», a rappelé une porte-parole de l'OMS à Genève, Fadela Chaïb. Des prélèvements ont été effectués et les résultats sont attendus «dans sept jours», selon le ministre congolais de la Santé, Félix Kabange Numbi. Il a affirmé vendredi soir que cette fièvre hémorragique était «sous contrôle».
1427 morts selon un nouveau bilanLe Nigeria, le moins affecté, avec cinq morts pour 16 cas, a néanmoins annoncé deux nouveaux cas, les «deux premiers de contamination secondaire», les épouses d'hommes ayant été en contact avec le fonctionnaire libérien qui a introduit le virus dans le pays le plus peuplé d'Afrique.
Cette épidémie sans précédent dans l'histoire d'Ebola a fait au moins 1427 morts, dont 624 au Liberia, 406 en Guinée et 392 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 20 août.
(afp)