[size=45]En RD-Congo, le combat du Nord-Kivu contre le virus Ebola[/size]
Pierre Cochez , le 12/02/2019 à 19h11
Mis à jour le 13/02/2019 à 11h33
[size=20]500 personnes sont mortes d’Ebola en sept mois dans cette région instable de la République démocratique du Congo.
L’utilisation de vaccins et de traitements apporte de réels espoirs dans un pays exposé régulièrement à l’épidémie.
ZOOM Des soignants vaccinent les résidents du district de Kanyihunga en RD-Congo, le 4 décembre 2018. / Diana Zeyneb AlhindawI/The New York Times/Redux/ReaCela fait sept mois que la guerre contre Ebola est déclarée au Nord-Kivu. Les agents du ministère de la santé congolais comme les travailleurs humanitaires de Médecins sans Frontières (MSF) et d’Alima transportent les malades vers les quatre centres de transit ou de traitement ouverts dans la région, identifient les
contacts de ces malades, décontaminent les lieux susceptibles de garder les traces des fluides corporels des malades ou des morts d’Ebola.
Cette nouvelle épidémie a déjà fait 500 morts, dans une région densément peuplée. La mobilité de population entre les villes de Goma et de Beni augmente les risques de dissémination.
L’insécurité est le principal obstacle au combat contre l’épidémie
La difficulté majeure de ce nouvel épisode tient dans l’insécurité qui règne dans cette province. Ghassan Abou Chaar, chez MSF, raconte
: « Nos équipes ne peuvent pas atteindre le foyer de l’épidémie, distant de 20 km du centre de transit de Beni, car cette région est sous le contrôle de bandes rivales. Seule l’équipe de santé du ministère arrive à s’y rendre et à nous ramener les malades. »Plus d’une centaine de groupes armés locaux et étrangers sont actifs dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis quatre ans, les miliciens des ADF (Force de défense alliées) – de présumés rebelles ougandais musulmans – seraient responsables de la mort de plusieurs centaines de civils dans la région de Beni.
Dans ce climat incertain, les équipes soignantes ont du mal à travailler. Le professeur Yazdan Yazdanpanah (Inserm – hôpital Bichat à Paris) résume :
« l’insécurité actuelle rend difficile la mise en place d’une stratégie de lutte contre Ebola. La base de cette stratégie est l’identification des proches qui ont été en contact avec le malade. Ces proches sont alors isolés et suivis. Pour mettre en place ce système, il faut pouvoir circuler librement, ce qui est difficile au Nord-Kivu. » Des vaccins et des traitements
Depuis l’épidémie qui a ravagé trois pays d’Afrique de l’Ouest en 2014, la recherche médicale a avancé. Ces sept derniers mois, 70 000 doses de vaccins ont été administrées au Nord-Kivu. Les personnels soignants qui interviennent ont été parmi les premiers à les recevoir. Yazdan Yazdanpanah explique :
« le seul vaccin qui a montré son efficacité est celui développé par le laboratoire Merck. Le deuxième, de la firme Janssen-Johnson-Johnson, n’a pas encore prouvé son efficacité. Il demande deux doses, administrées à 56 jours d’intervalle. Des vaccins russe et chinois sont également sortis. »À lire aussiEn Guinée, sur la piste du virus EbolaPour l’instant, aucun de ces vaccins n’a obtenu d’autorisation de mise sur le marché. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a permis ponctuellement l’utilisation de celui de Merck, en se basant sur une étude effectuée en Guinée Conakry et publiée par la revue
The Lancet. Ghassan Abou Chaar explique :
« au Nord-Kivu, nous avons vacciné tous les travailleurs de première ligne, comme les contacts des malades détectés et les contacts des contacts. »À côté, l’Ouganda s’organise pour se défendre contre une éventuelle épidémie. Ces dernières années, le pays a accueilli de nombreux réfugiés congolais. Depuis novembre, il a vacciné à titre préventif plus de 3 000 membres du personnel de santé. Ces vaccinations sont effectuées dans le cadre d’un protocole de recherche.
La nouveauté de ce nouvel épisode d’Ebola vient des traitements.
« C’est une question essentielle, car l’efficacité du vaccin, quand le contact avec l’épidémie a déjà eu lieu, est problématique. D’où l’importance d’avancer aussi sur les traitements. Quatre laboratoires ont développé des médicaments », explique Yazdan Yazdanoanah.
« Nous avons commencé au Nord-Kivu, fin novembre, un essai clinique pour évaluer l’efficacité de ces quatre traitements. Nous le réalisons avec deux ONG ; Médecins sans frontières et Alima. C’est le premier essai clinique d’une telle ampleur », poursuit-il. Les résultats pourraient être positifs. Ghassan Abou Chaar, chez MSF – qui compte plus de 150 salariés au Nord-Kivu – constate que
« le taux de mortalité a baissé dans les centres où nous administrons ces traitements. »À lire aussi« Nous allons administrer des traitements expérimentaux »–-
Ebola, un taux de mortalité de plus de 50 %
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Le virus de la fièvre hémorragique Ebola se transmet par contact physique avec des fluides corporels infectés. Le taux de mortalité peut être de plus de 50 %.
►« C’est actuellement la plus grosse épidémie après celle de l’Afrique de l’Ouest », a rappelé le docteur Michel Yao, coordonnateur de la riposte contre Ebola pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En 2014, l’épidémie d’Ebola avait tué 11 000 personnes, principalement en Sierra Léone, au Liberia et en Guinée.
► L’OMS et le ministère congolais de la santé ont constaté, à partir de prélèvements, qu’il s’agit bien de la souche Zaïre d’Ebola, mais que cette épidémie n’avait pas de lien avec celle observée avant l’été dans la province congolaise de l’Équateur.
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C’est la dixième fois que la République démocratique du Congo est touchée par une épidémie d’Ebola depuis l’apparition de cette maladie sur le sol congolais en 1976.
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