La banque du Vatican peut-elle rompre la culture du silence ?
MARIE-LUCILE KUBACKI
Elle doit au moins oeuvrer à plus de transparence. C'est ce que pense son président, l'Allemand Ernst von Freyberg, attaché depuis sa nomination en février à assainir le fonctionnement de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), autre nom de la banque du Vatican, dont on ne cache plus la réputation sulfureuse. L'IOR doit redevenir « un membre bien accepté du système financier international », estime le baron von Freyberg dans un entretien avec l'AFP, qui avoue tout ignorer de projets de réformes de François qui pourraient avoir des implications sur « la banque du pape ». Pour cela, une seule solution : la « tolérance zéro ». Pour cela, l'IOR a par exemple décidé de publier son rapport annuel sur Internet le 1er octobre, afin qu'il soit consultable par tous.
Ce n'est pas la première fois que le président de l'IOR appelle à la transparence. Depuis sa nomination à la tête de la banque en février 2013, dans les dernières minutes du pontificat de Benoît XVI, il n'a cessé de marteler l'idée. Ce qui est nouveau, c'est son analyse de la « mauvaise réputation » de l'Institut, produit, selon lui, d'un « triangle » de causes : la première pointe du triangle recoupe le réel, « les choses qui n'étaient pas correctes », la deuxième, le fantasme, « les rumeurs et les calomnies », « qui ont été de toutes sortes, franc-maçons, mafia, Satan, Oussama ben Laden ». La troisième, une culture du silence qui a permis que des choses « ont fleuri d'autant plus - et là c'est la troisième pointe du triangle - que nous n'avons pas parlé ». Sa dénonciation du silence ne s'est pas arrêtée là : « Quand on se tait, c'est déjà un message, a-t-il ajouté. Un message compris comme le fait d'avoir à cacher quelque chose. Cette culture du silence n'est pas née de mauvaises intentions. C'était simplement la mauvaise décision ».
Mais mettre fin à la culture du silence ne va pas de soi dans le milieu bancaire. Comme l'analysait le journal Les Echos en mars 2013 : « La bataille entre les 'purificateurs' et les 'ensevelisseurs' ne fait que commencer. Même après 'Vatileaks', le cardinal Giuseppe Versaldi, le ministre des Finances du Vatican, proche du cardinal Bertone, reste convaincu des dangers d'une 'transparence excessive'. Pour d'autres, une justification du secret reste la nécessité de transférer discrètement des fonds aux églises 'persécutées' par des dictatures. 'Mais on ne peut jamais exclure que certains se servent au passage', reconnaît un ecclésiastique. Le magazine 'Famiglia Cristiana » plaide pour la suppression de l'IOR au profit d'un mandat externe confié à des 'banques éthiques'. 'Mais quelle banque éthique ?', rétorquent les sceptiques. »
Par ailleurs, le rôle du Pape sera prépondérant dans la réforme de l'IOR car, après avoir envisagé un temps de fermer la banque et déclaré que « Saint Pierre n'avait pas de compte bancaire », sans compter sa sortie récente lors d'une conversation privée sur la « corruption » du Vatican, François semble bien décidé lui aussi à appliquer la « tolérance zéro ». D'après le Corriere, il devrait même intervenir sur le dossier d'ici le 31 juillet : « Au sein d'une curie qui attend fébrilement ses décisions, on parle d'un pape impatient d'agir ; surtout lorsqu'il perçoit une volonté de faire comme si de rien n'était et de ne rien changer des vieilles méthodes. Il faudra comprendre à quel prix et avec quelles conséquences. Mais le pape François ne semble pas effrayé par ce qui pourrait se passer. Au contraire, il veut que cela se produise. Et si possible très vite. »
MARIE-LUCILE KUBACKI
Elle doit au moins oeuvrer à plus de transparence. C'est ce que pense son président, l'Allemand Ernst von Freyberg, attaché depuis sa nomination en février à assainir le fonctionnement de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), autre nom de la banque du Vatican, dont on ne cache plus la réputation sulfureuse. L'IOR doit redevenir « un membre bien accepté du système financier international », estime le baron von Freyberg dans un entretien avec l'AFP, qui avoue tout ignorer de projets de réformes de François qui pourraient avoir des implications sur « la banque du pape ». Pour cela, une seule solution : la « tolérance zéro ». Pour cela, l'IOR a par exemple décidé de publier son rapport annuel sur Internet le 1er octobre, afin qu'il soit consultable par tous.
Ce n'est pas la première fois que le président de l'IOR appelle à la transparence. Depuis sa nomination à la tête de la banque en février 2013, dans les dernières minutes du pontificat de Benoît XVI, il n'a cessé de marteler l'idée. Ce qui est nouveau, c'est son analyse de la « mauvaise réputation » de l'Institut, produit, selon lui, d'un « triangle » de causes : la première pointe du triangle recoupe le réel, « les choses qui n'étaient pas correctes », la deuxième, le fantasme, « les rumeurs et les calomnies », « qui ont été de toutes sortes, franc-maçons, mafia, Satan, Oussama ben Laden ». La troisième, une culture du silence qui a permis que des choses « ont fleuri d'autant plus - et là c'est la troisième pointe du triangle - que nous n'avons pas parlé ». Sa dénonciation du silence ne s'est pas arrêtée là : « Quand on se tait, c'est déjà un message, a-t-il ajouté. Un message compris comme le fait d'avoir à cacher quelque chose. Cette culture du silence n'est pas née de mauvaises intentions. C'était simplement la mauvaise décision ».
Mais mettre fin à la culture du silence ne va pas de soi dans le milieu bancaire. Comme l'analysait le journal Les Echos en mars 2013 : « La bataille entre les 'purificateurs' et les 'ensevelisseurs' ne fait que commencer. Même après 'Vatileaks', le cardinal Giuseppe Versaldi, le ministre des Finances du Vatican, proche du cardinal Bertone, reste convaincu des dangers d'une 'transparence excessive'. Pour d'autres, une justification du secret reste la nécessité de transférer discrètement des fonds aux églises 'persécutées' par des dictatures. 'Mais on ne peut jamais exclure que certains se servent au passage', reconnaît un ecclésiastique. Le magazine 'Famiglia Cristiana » plaide pour la suppression de l'IOR au profit d'un mandat externe confié à des 'banques éthiques'. 'Mais quelle banque éthique ?', rétorquent les sceptiques. »
Par ailleurs, le rôle du Pape sera prépondérant dans la réforme de l'IOR car, après avoir envisagé un temps de fermer la banque et déclaré que « Saint Pierre n'avait pas de compte bancaire », sans compter sa sortie récente lors d'une conversation privée sur la « corruption » du Vatican, François semble bien décidé lui aussi à appliquer la « tolérance zéro ». D'après le Corriere, il devrait même intervenir sur le dossier d'ici le 31 juillet : « Au sein d'une curie qui attend fébrilement ses décisions, on parle d'un pape impatient d'agir ; surtout lorsqu'il perçoit une volonté de faire comme si de rien n'était et de ne rien changer des vieilles méthodes. Il faudra comprendre à quel prix et avec quelles conséquences. Mais le pape François ne semble pas effrayé par ce qui pourrait se passer. Au contraire, il veut que cela se produise. Et si possible très vite. »