Le cardinal Robert Sarah encourage les célébrations dos à l'assemblée
AB, AVEC APIC
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GUINÉE
Le cardinal Robert Sarah encourage les célébrations dos à l'assemblée
AB, AVEC APIC
CRÉÉ LE 26/05/2016 / MODIFIÉ LE 26/05/2016 À 08Hr
« La position du prêtre tourné vers le peuple » fait parfois de l’assemblée une « communauté refermée sur elle-même » et non plus « ouverte, ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel », estime le cardinal guinéen, inquiet de voir le prêtre devenir « le centre, le protagoniste principal de la célébration eucharistique ».
Dans une interview dans l’hebdomadaire Famille chrétienne, le cardinal guinéen assure que « la liturgie est en danger ». Il juge nombre de liturgies juge trop centrées sur le prêtre et la communauté, au lieu d’être centrées sur Dieu.
Dans cette interview, le cardinal Sarah se dit très inquiet. « L’homme cherche à prendre la place de Dieu. La liturgie risque de devenir un simple jeu humain. (…) Beaucoup de nos liturgies deviennent des spectacles » où le prêtre ne célèbre plus « l’amour du Christ à travers son sacrifice », mais « une rencontre entre amis, un repas convivial, un moment fraternel », s’alarme-t-il.
« En cherchant à inventer des liturgies créatives ou festives, nous courons le risque d’un culte trop humain, à la hauteur de nos désirs et des modes du moment ». « Le péril est immense, car Dieu disparaît ». « J’ai la conviction, ajoute-t-il, que toute la crise que connaît l’Eglise (…) vient de ce que la présence de Dieu dans l’eucharistie n’est pas perçue, voire niée en pratique. »
Célébration "face au peuple"
Il en vient même à juger comme une dérive la pratique de la célébration « face au peuple ». « La position du prêtre tourné vers le peuple » fait parfois de l’assemblée une « communauté refermée sur elle-même » et non plus « ouverte, ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel », estime-t-il, inquiet de voir le prêtre devenir « le centre, le protagoniste principal de la célébration eucharistique ». « Les fidèles ne sont pas venus pour parler au prêtre mais à Dieu », plaide-t-il.
Et de conseiller de retrouver la célébration face au maître-autel, afin, explique-t-il, de « replacer Dieu au centre de la liturgie ». Le problème, précise-t-il, n’est pas « de célébrer le dos tourné aux fidèles ou face à eux » mais « de se tourner ensemble vers l’abside qui symbolise l’Orient où trône la croix du Seigneur ressuscité ».
« Le Concile n’a jamais demandé de célébrer face au peuple ! Cette question n’est pas même abordée par la constitution Sacrosanctum concilium… Ainsi, célébrer face au peuple est devenu une possibilité, mais pas une obligation, plaide le cardinal. La liturgie de la Parole justifie le face-à-face du lecteur et des auditeurs, le dialogue et la pédagogie entre le prêtre et son peuple. Mais dès que nous arrivons au moment où l’on s’adresse à Dieu – à partir de l’offertoire –, il est essentiel que le prêtre et les fidèles se tournent ensemble vers l’Orient. Cela correspond tout à fait à ce qu’ont voulu les Pères conciliaires. »
S’il ne s’agit en effet pas d’une obligation, et que la constitution Sacramentum Concilium, de 1963, n’en fait pas mention, la pratique de la célébration « face au peuple » a cependant été explicitement permise dans l’instruction Inter Œcumenici de 1964, laquelle dispose ainsi : « Il est permis de célébrer la messe face au peuple, même s’il y a sur l’autel un tabernacle, petit sans doute, mais convenable » (art. 95). Elle traduit le souci de la « participation active » des fidèles exprimé dans la déclaration conciliaire Sacrosanctum Concilium : « Pour promouvoir la participation active, on favorisera les acclamations du peuple, les réponses, le chant des psaumes, les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré. » (article 30)
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