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Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945

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Amaytois
kidibouh
papy
Mikael
samuel
jc21
chico.
Josué
12 participants

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Josué

Josué
Administrateur

Rappel du premier message :

La persécution des Témoins de Jéhovah (connus jusque dans les années 30 sous la dénomination d’« Etudiants de la Bible ») par l’état national-socialiste fut systématique et impitoyable. Leur refus rigoureux d’adorer le Führer, de travailler dans l’industrie de l’armement et de prendre les armes, en a rapidement fait la cible de la persécution par les autorités nazies. Un grand nombre d’entre eux subirent des brimades, la prison ou l’internement dans les camps de concentration.

Malgré cela, les Témoins de Jéhovah font partie des « victimes oubliées » du fascisme. Que ce soit en RDA - où les Témoins eurent à subir peu de temps après une nouvelle vague de discrimination et d’emprisonnements arbitraires - ou en RFA, les souffrances subies par cette communauté religieuse sous le régime nazi n’ont pas été reconnues. Les recherches à ce sujet n’ont été entreprises que depuis peu, et n’en sont encore qu’à leur début.

Cet ouvrage regroupe les résultats des recherches d’historiens et des rapports de Témoins de Jéhovah, ainsi que des documents inédits. Il donne une vue d’ensemble sur les investigations effectuées jusqu’à présent, ce qui contribuera à éliminer des craintes infondées et permettra aux personnes intéressées de connaître l’histoire d’un groupe de « victimes oubliées ».
Préface

Hans HESSE
Introduction

Partie A

Henry FRIEDLANDER
Catégories de détenus dans les camps de concentration

Christoph DAXELMÜLLER
Solidarité et volonté de survie : Comportement religieux et social des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration

Jürgen HARDER, Hans HESSE
Les détenues Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration pour femmes de Moringen : leur contribution à la résistance des femmes au national-socialisme

Kirsten JOHN-STUCKE
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Wewelsburg

Antje ZEIGER
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Sachsenhausen

Martin GUSE
« Ce petit ... il a beaucoup souffert... ». Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration pour jeunes de Moringen

Thomas RAHE
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Bergen-Belsen

Johannes WROBEL
Le cycle de Buchenwald. Les aquarelles du Témoin de Jéhovah Johannes Steyer

Sybil MILTON
Les Témoins de Jéhovah, victimes oubliées

Sybil MILTON
Les Témoins de Jéhovah dans la documentation historique

Angela NERLICH/Wolfram SLUPINA
Sauvé de l’oubli - Le cas Hans Gärtner

Ursula KRAUSE-SCHMITT
Résistance et persécution des femmes Témoins de Jéhovah

Hubert ROSER
L’association religieuse des Témoins de Jéhovah au Bade-Wurtemberg, 1933-1945

Hans-Hermann DIRKSEN
Les Témoins de Jéhovah en République démocratique d’Allemagne

Göran WESTPHAL
La persécution des Témoins de Jéhovah à Weimar entre 1945 et 1990

Detlef GARBE
Désintérêt de la société, ’désinformation’ de l’État, nouvelle persécution et, à présent, instrumentalisation de l’histoire ?

Wolfram SLUPINA
Persécutés et presque oubliés.


Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

C'est une situation qui n'était pas évidente et certains sous la pression on signé ce document.

samuel

samuel
Administrateur

Mais ce n'était qu'une minorité et la majorité est resté fidèle jusqu'à la fin de la guerre.

chico.

chico.

kidibouh a écrit:Oh oui. L'amour du Christ
L'amour c'est pas faire la guerre.

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

[size=33]Inauguration d’une plaque commémorative en Italie en l’honneur des Témoins de Jéhovah persécutés par les nazis et les fascistes[/size]

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702019187_univ_cnt_01_md

La plaque installée dans la rizerie de San Sabba, à Trieste. Dans les camps de concentration, les Témoins de Jéhovah portaient sur leur uniforme le triangle violet.


Le 10 mai 2019, des représentants de l’état, des historiens, des journalistes et des centaines de visiteurs ont assisté à la cérémonie d’inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur des milliers de nos frères et sœurs persécutés par les nazis et les fascistes. La cérémonie s’est tenue dans la rizerie de San Sabba, à Trieste, au nord-est de l’Italie. Cette ancienne usine de traitement du riz avait été convertie en camp de concentration, le seul en Italie à posséder un four crématoire. De nombreux médias locaux et nationaux étaient présents, notamment Canale 5, une des chaînes de télévision les plus regardées dans le pays.
Christian Di Blasio, le porte-parole des Témoins de Jéhovah en Italie, a commencé la cérémonie en prononçant un discours sur la fidélité. Il a déclaré : « Les Témoins de Jéhovah ont été les seuls sous le Troisième Reich à être persécutés uniquement à cause de leurs convictions religieuses. Ils étaient aussi le seul groupe à avoir la possibilité d’éviter le martyr. Il leur suffisait de renoncer à leur foi chrétienne et de soutenir le régime. Mais ils ont eu le courage de rester attachés à leurs valeurs chrétiennes : la fidélité à Dieu et l’amour pour autrui. » Frère Di Blasio a ensuite montré la vidéo d’une interview de sœur Emma Bauer, qui raconte la persécution qu’elle et sa famille ont endurée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle a expliqué que les vrais chrétiens refusent d’abandonner leurs valeurs même face à la mort. En conclusion, le maire de Trieste, Roberto Dipiazza, s’est également adressé à l’assistance en ces termes : « Je suis très heureux qu’il y ait cette plaque. Nous devons travailler à ce que ce genre de persécution n’ait plus jamais lieu. » La plaque a ensuite été dévoilée.
De nombreux universitaires et personnalités ont commenté l’importance de l’évènement. Par exemple, Giorgio Bouchard, ancien président de la Fédération des Églises évangéliques en Italie, a dit : « Aucune autre Église que les Témoins de Jéhovah n’a, proportionnellement, payé un aussi lourd tribut en vies humaines. [...] Mais ce qu’ils ont dû traverser a renforcé le mouvement. Ils ont prouvé aux hommes et aussi — nous le pensons — à Dieu qu’ils étaient la seule Église chrétienne à s’opposer en masse aux idoles du Troisième Reich » (voir l’encadré ci-dessous pour d’autres commentaires).
Le site historique de la rizerie de San Sabba devrait accueillir 120 000 visiteurs par an. Chaque visiteur pourra voir cette plaque en mémoire des milliers de Témoins de Jéhovah qui ont gardé leur foi et leur neutralité politique malgré la persécution nazie et fasciste (Révélation 2:10).

kidibouh



Bon ben je ne peux plus répondre sur le sujet de la petite souris.

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

kidibouh a écrit:Bon ben je ne peux plus répondre sur le sujet de la petite souris.
Mais si mais tu restes sur le sujet et comme Josué  la fait remarqué  si tu as d'autre questions tu ouvres un nouveau sujet.
Dieu et un Dieu d'ordre alors faisons de même.

kidibouh



Ok je peux donc encore commenter et approfondir sur le mensonge ?
Merci Very Happy

Josué

Josué
Administrateur

Le mensonge de la petite souris pas de problème,mais après plus de 50 reponses nous allons tourner en rond.

kidibouh



Ben je peux toujours pas accéder Crying or Very sad

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Va voir maintenant.

Josué

Josué
Administrateur

Les pierres d'achoppement (en allemand Stolpersteine) sont une initiative
de l'artiste allemand Gunter Demnig pour déposer, dans le tissu urbain
et social des villes européennes, une mémoire répandue des citoyens
déportés vers les camps d'extermination nazis.

Comme vous pouvez le voir sur ce lien:
https://www.google.com/search?biw=1139&bih=620&tbm=isch&sa=1&ei=tzgfXt7SGvGh1fAPoaGT6Aw&q=Jehovas+zeugen+stolpersteine+berlin&oq=Jehovas+zeugen+stolpersteine+berlin&gs_l=img.3...17656.37986..40630...1.0..0.221.2053.0j15j1......0....1..gws-wiz-img.......0i67.4xrtW40HBtw&ved=0ahUKEwieirS5_oXnAhXxUBUIHaHQBM0Q4dUDCAY&uact=5#spf=1579104479693
beaucoup de ces "Stolpersteine" sont dédiés aux Témoins de Jéhovah.
Nous sommes à Berlin et parmi tant d'autres
dans l'un d'eux, nous lisons:
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Zellmann
Ici vécu
Emil Zellmann
né en 1871
Témoin de Jéhovah
service militaire refusé
arrêté en 1936
Sachsenhausen
Prison de Moabit
1938 Prison de la Gestapo
sorti en 1938

Emil Zellmann était conducteurur de tramway à Berlin
(voir Annuaire 1974 ou recherche sur le WTL)

Josué

Josué
Administrateur



Français

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 500200101_univ_lsr_lg


[ltr]
[size=41]Les triangles violets


Maud vit en France et son travail consiste à aider des enfants handicapés quand ils sont à l’école. Récemment, elle a assisté à un cours qui portait sur les camps de concentration nazis et l’Holocauste. Le professeur a expliqué que différents symboles étaient cousus sur les uniformes des prisonniers, et que c’est la forme et la couleur du symbole porté par un prisonnier qui permettaient de savoir pourquoi il était dans le camp.
En parlant du triangle violet, le professeur a dit : « Je crois que ceux qui portaient ce symbole étaient les homosexuels. » À la fin du cours, Maud s’est permis d’aller voir l’enseignant pour lui préciser que le triangle violet était en fait le symbole qui permettait d’identifier les Témoins de Jéhovah *. Elle lui a aussi proposé de lui apporter de la documentation sur ce sujet. Le professeur a accepté, et il a même demandé à Maud de présenter un exposé devant la classe.
Lors d’un cours sur le même thème, mais avec une autre classe, une professeur a utilisé un tableau répertoriant les différents symboles portés par les prisonniers dans les camps. Ce tableau indiquait bien que le triangle violet était porté par les Témoins de Jéhovah. À la fin du cours, Maud a proposé à l’enseignante de lui apporter plus d’informations sur ce sujet. Celle-ci a accepté, et elle a invité elle aussi Maud à présenter un exposé devant la classe.
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 500200101_univ_cnt_2_md

Maud avec les publications qu’elle a utilisées pour faire son exposé.


Maud avait prévu un exposé d’au moins 15 minutes, mais alors qu’elle allait le présenter devant la première classe, le professeur lui a dit qu’elle pouvait utiliser toute l’heure de cours ! Maud a d’abord montré un documentaire sur les persécutions nazies contre les Témoins de Jéhovah. Quand la vidéo a mentionné que les Nazis ont retiré 800 enfants à leurs parents Témoins, Maud a interrompu la projection pour lire les témoignages de trois de ces enfants. Puis, à la fin du documentaire, elle a lu la lettre que Gerhard Steinacher, un jeune Témoin de Jéhovah autrichien, a écrite en 1940. Dans cette lettre, ce jeune homme de 19 ans dit adieu à ses parents, quelques heures avant d’être exécuté par les Nazis *.
Maud a fait le même exposé devant la seconde classe. Grâce à son courage, quand ces deux professeurs font cours sur les camps de concentration nazis, ils mentionnent maintenant que les Témoins de Jéhovah ont fait partie des prisonniers.

[/ltr][/size]

Josué

Josué
Administrateur

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Les_tz10

Josué

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Administrateur

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Les_tj10

Josué

Josué
Administrateur

[size=33]Ils ont donné le meilleur[/size]


Quand la Seconde Guerre mondiale a pris fin en 1945, l’Allemagne était en ruines. Des villes avaient été détruites, des écoles étaient vides, des hôpitaux ne fonctionnaient plus et partout, il y avait des bombes qui n’avaient pas explosé. En plus, comme il y avait une pénurie de nourriture, les prix ont fortement augmenté. Par exemple, sur le marché noir, 500 grammes de beurre coûtaient l’équivalent de six semaines de salaire !
Parmi les victimes de la guerre se trouvaient des centaines de Témoins de Jéhovah qui avaient passé des années en prison et dans des camps de concentration en raison de leur foi. En 1945, ils ont été libérés avec seulement la tenue de prisonnier qu’ils portaient. D’autres Témoins avaient perdu leurs biens et tout ce qu’ils possédaient. Certains souffraient tellement de la faim qu’ils s’évanouissaient pendant les réunions chrétiennes.

[size=34]Des Témoins d’autres pays réagissent rapidement

Des Témoins de Jéhovah d’autres pays ont répondu rapidement au besoin urgent en nourriture et en vêtements. Les frères du siège mondial aux États-Unis ont demandé à la filiale de Suisse, à Berne, d’aider leurs frères d’Allemagne. Nathan Knorr, représentant du siège mondial, s’est rendu en Europe pour coordonner et accélérer les opérations de secours.
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 500400103_univ_cnt_2_lg

Nathan Knorr s’adresse aux frères et sœurs de Wiesbaden en Allemagne en 1947. Au-dessus de lui, il y a le texte de l’année écrit en allemand : « Louez Jéhovah, vous toutes, nations. »


Les Témoins de Suisse ont généreusement offert de la nourriture, des vêtements et de l’argent. Ils ont d’abord envoyé leurs dons à Berne, où ils ont été triés et emballés avant d’être expédiés en Allemagne. Les Témoins de Suède, du Canada, des États-Unis et d’autres pays ont aussi participé aux opérations de secours, ce qui a aidé non seulement les Témoins de Jéhovah d’Allemagne, mais aussi d’autres pays d’Europe et d’Asie déchirés par la guerre.

[size=34]Une incroyable générosité

En quelques mois, la filiale de Suisse a expédié du café, du lait, du sucre, des céréales, des fruits secs, des légumes et des conserves de viande et de poisson. De l’argent a aussi été envoyé.
En plus, les Témoins de Suisse ont envoyé cinq tonnes de vêtements, dont des manteaux, des vêtements pour femmes et des costumes pour hommes. La Tour de Garde du 15 janvier 1946 disait : « Les frères et sœurs n’ont pas donné de vieux vêtements, ils ont donné ce qu’ils avaient de meilleur. Ils ont fait de gros sacrifices pour aider leurs frères et sœurs allemands. »
Les frères de Suisse ont donné environ 1 000 paires de chaussures, dont ils ont vérifié l’état avant de les envoyer. Les frères et sœurs de Wiesbaden, en Allemagne, ont été stupéfaits de la qualité et de la variété des vêtements et des chaussures qu’ils ont découverts dans les colis. Un Témoin a écrit : « Je suis sûr qu’il n’y a aucun magasin en Allemagne qui propose autant de chaussures et de vêtements de cette qualité. »
Les secours ont continué jusqu’en août 1948. En tout, les Témoins de Suisse ont envoyé 444 caisses de marchandises, c’est-à-dire 25 tonnes, à leurs frères d’Allemagne. Comme on l’a dit, les Témoins de Suisse n’étaient pas les seuls à être impliqués dans ces opérations de secours. Mais ils étaient le plus petit groupe parce qu’à cette époque, la Suisse ne comptait que 1 600 Témoins.

[size=34]‘Ayez de l’amour les uns pour les autres’[/size]

Jésus Christ a dit : « Par là tous sauront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13:34, 35). L’amour a poussé les Témoins de Jéhovah à donner le meilleur et pas seulement ce dont ils n’avaient plus besoin (2 Corinthiens 8:1-4). Une lettre de Zurich a dit que « beaucoup de frères et sœurs qui n’avaient rien mais qui voulaient quand même participer ont donné leur carte de rationnement et de l’argent ».
Les Témoins de Jéhovah d’Allemagne se sont vite remis de la persécution et des ravages de la guerre qu’ils ont subis. C’est notamment grâce à l’aide généreuse et bien organisée apportée par leurs frères et sœurs qui leur ont manifesté un amour désintéressé.[/size][/size]



Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 500400103_univ_gal_1_lg




Des sœurs au Béthel de Suisse, à Berne, trient des vêtements pour les envoyer à leurs frères et sœurs d’Allemagne.
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Josué

Josué
Administrateur

Les persécutions du régime nazi visèrent les Témoins de Jéhovah parce qu'ils refusaient, en raison de leurs convictions religieuses, de jurer fidélité à tout gouvernement ou de servir dans ses forces armées. Les Témoins de Jéhovah déployaient en outre une activité missionnaire destinée à faire adhérer d'autres personnes à leur foi. Les nazis considéraient que le refus de fidélité à l'Etat et le prosélytisme étaient des actes éminemment politiques et subversifs. A l'inverse des Juifs et des Tsiganes qui étaient les cibles des nazis pour des raisons raciales, les Témoins de Jéhovah pouvaient éviter les persécutions et les mauvais traitements en se soumettant à l'autorité de l'Etat, en reniant officiellement leur foi et en servant dans ses forces armées. Comme une telle soumission allait à l'encontre de leurs croyances religieuses, la plupart des Témoins de Jéhovah refusèrent d'abandonner leur foi, même au risque d'encourir des persécutions, des tortures dans les camps de concentration, ou la mort.
Fondé dans la ville américaine de Pittsburgh en 1872 par Charles Taze Russell sous des Etudiants de la Bible internationaux (IBSA ou International Bible Study Society), le groupe prit le nom de "Témoins de Jéhovah" en 1931. La Société commença son travail missionnaire en Europe dans les années 1890. En 1902, la première antenne allemande de la Société Watch Tower ouvrit à Elberfeld. En Allemagne, les Témoins de Jéhovah étaient connus sous le nom de Société internationale des étudiants de la Bible. Au début des années 30, ils comptaient entre 25 000 à 30 000 membres ou sympathisants (soit 0,38 pour cent d'une population totale de 65 millions d'habitants).
Dès avant 1933, les Témoins de Jéhovah étaient victimes de préjugés. Les Eglises luthérienne et catholique, qui constituaient le courant religieux principal, les considéraient comme des hérétiques. Les citoyens trouvaient également que les méthodes missionnaires utilisées — ils frappaient aux portes et prêchaient — étaient intrusives. Certains Etats allemands avaient depuis longtemps cherché localement à mettre un frein au prosélytisme en appliquant de façon stricte les lois concernant le démarchage illégal. A diverses reprises, des juridictions locales interdirent la littérature religieuse des Témoins de Jéhovah, dont les périodiques The Watchtower (La tour de garde) et The Golden Age (L'âge d'or). Pendant la période de Weimar, les tribunaux allemands rendirent cependant souvent des jugements en faveur de cette minorité religieuse.
Avant l'arrivée des nazis au pouvoir, des groupes de nazis locaux (des fonctionnaires du parti ou des SA), agissant en infraction avec la loi, dispersèrent des séances d'étude de la Bible et agressèrent des Témoins de Jéhovah.
Après l'arrivée des nazis au pouvoir, les persécutions s'intensifièrent. Les Témoins considéraient qu'ils appartenaient au Royaume de Jéhovah et que les pouvoirs temporels étaient les alliés involontaires de Satan. Ils refusèrent de jurer fidélité au régime nazi. De plus, leurs contacts théologiques ou institutionnels avec l'étranger étaient vus comme une menace par l'Etat policier nazi. L'opposition des Témoins de Jéhovah à l'Etat nazi se manifesta tout d'abord par le refus d'effectuer le salut nazi en clamant "Heil Hitler", d'adhérer au Front du travail allemand (que tous les salariés et ouvriers furent contraints de rallier après la mise hors-la-loi des syndicats), de participer aux œuvres de charité des nazis et de voter aux élections. De même, ils refusèrent de participer aux manifestations et parades nazies.
Les nazis dénonçèrent les liens des témoins de Jéhovah avec les Etats-Unis. Ils tournèrent en ridicule leurs prêches, empreints d'un millénarisme révolutionnaire apparent, qui prédisaient qu'une bataille d'Armageddon voulue par Dieu précéderait le règne du Christ sur Terre. Ils lièrent également les Témoins de Jéhovah à l'idée nazie de "juiverie internationale", en mettant l'accent sur leurs références à certains textes de l'Ancien Testament. Les nazis avaient les mêmes griefs envers de nombreux autres petits groupes protestants, mais seuls les Témoins de Jéhovah refusèrent de porter les armes ou de jurer fidélité à l'Etat.
L'Allemagne réintroduisit le service militaire universel en 1935 et les Témoins de Jéhovah refusèrent en général de s'y soumettre. En Allemagne, comme aux Etats-Unis, ils avaient refusé de servir dans les forces armées pendant la Première Guerre mondiale. Même s'ils n'étaient pas pacifistes, ils refusaient de porter les armes pour un pouvoir temporel. Les nazis firent des procès aux Témoins de Jéhovah pour insoumission et arrêtèrent ceux qui faisaient un travail missionnaire sous prétexte d'atteinte au moral de la nation.
Les enfants des Témoins de Jéhovah souffrirent également sous le régime nazi. Dans les salles de classe, les enseignants les ridiculisaient s'ils refusaient de faire le salut nazi ou de chanter les chants patriotiques. Les directeurs d'école trouvaient des prétextes pour les expulser. Suivant l'exemple d'adultes, les écoliers rejetaient voire battaient les enfants des Témoins de Jéhovah. Parfois, les autorités cherchèrent à les retirer aux parents pour les envoyer dans d'autres écoles, dans des orphelinats ou dans des familles pour qui les élèveraient comme de "bons Allemands".
Dès la nomination d'Hitler comme chancelier, les autorités bavaroises interdirent la Société internationale des étudiants de la Bible. Pendant le printemps et l'été 1933, de nombreuses autres régions allemandes prirent la même mesure. A deux reprises pendant l'année 1933, la police occupa des bureaux des Témoins de Jéhovah pour y confisquer la littérature religieuse. Malgré la pression et les harcèlements, ils continuèrent à se réunir et à distribuer clandestinement leur littérature qui était souvent introduite en contrebande depuis de l'étranger.
Au début, les dirigeants des Témoins de Jéhovah cherchèrent un moyen de coopérer avec le gouvernement nazi. En octobre 1934, la direction envoya une lettre au gouvernement du Reich, en expliquant les principales croyances du groupe et leur engagement de neutralité politique. Cette lettre indiquait que les Témoins de Jéhovah "n'ont aucun intérêt dans les affaires politiques, mais sont totalement dévoués au Royaume de Dieu sous le règne de son roi le Christ". Les autorités allemandes répondirent par un harcèlement économique et politique. Les Témoins qui continuèrent leur œuvre de missionnaires ou qui refusèrent d'intégrer les organisations nazies perdirent leur travail et leurs prestations sociales, ou furent arrêtés.
En réponse aux efforts des nazis pour anéantir le mouvement, les Témoins de Jéhovah devinrent un îlot de résistance à l'exigence nazie d'investissement total des Allemands dans l'Etat. La Société internationale des Témoins de Jéhovah soutint pleinement et publiquement ses frères en Allemagne. Lors d'une réunion internationale organisée à Lucerne, en Suisse, en septembre 1936, les délégués venus du monde entier adoptèrent une résolution condamnant sévèrement le régime nazi. L'organisation internationale publia des écrits dénonçant les persécutions des Juifs, des communistes et des socio-démocrates, critiquant la remilitarisation de l'Allemagne, la nazification des écoles et des universités et attaquant l'offensive nazie contre la religion organisée.
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/jehovahs-witnesses-in-germany-from-the-1890s-to-the-1930s

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Un “attachement héroïque aux convictions”
En harmonie avec la position de neutralité qu’ils ont adoptée dans tous les pays en tant que ministres chrétiens, les témoins de Jéhovah allemands n’ont participé à aucune activité politique ou militaire durant la Seconde Guerre mondiale. Les autorités nazies considéraient cette attitude fondée sur la Bible comme une rébellion contre le gouvernement. Elles réagirent en persécutant cruellement ces témoins chrétiens.
À ce propos, le livre L’Allemagne moderne — Son histoire et sa civilisation (angl., 1966) déclare : “De toutes les Églises chrétiennes, la secte qui fut la plus persécutée et qui fut traitée presque avec la même cruauté que les Juifs fut celle des témoins de Jéhovah (Bibelforscher). On a écrit peu de choses sur ce groupe de réfractaires, mais pour ce qui est de l’attachement héroïque aux convictions, du courage et de la résistance, les Bibelforscher allemands occupent une place particulièrement honorable dans l’histoire du Zivilcourage.” — P. 513.

Amaytois

Amaytois

Bonjour

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Nazi_j11

Ceci, n'est autre que le papier que les nazis présentaient aux bibelforscher, c-à-d aux étudiants de la Bible, l'ancien nom de Témoins de Jéhovah. Si ceux-ci remplissaient ce document, ils étaient directement remis en liberté.

Il existe un livre "Les Bibelforscher et le nazisme" avec le sous titre"ces oubliés de l'histoire 1933-1945"

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Les-Bibelforscher-et-le-nazisme

Hitler a déclaré ceci: cette engeance sera exterminée en Allemagne. Cette " engeance " désignait les Bibelforscher, plus connus sous le nom de Témoins de Jéhovah.

samuel

samuel
Administrateur

Merci de ces rappels concernant les percécutions aux temps des nazis'

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

[size=33]Allemagne : Un parlement régional honore les Témoins de Jéhovah en raison de leur fermeté sous la persécution nazie[/size]

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702021092_univ_cnt_01_md

[size=16]Mme Muhterem Aras, présidente du parlement de la région de Bade-Wurtemberg, pendant la cérémonie qui s’est tenue en ligne.



Le 27 janvier 2021, le parlement de la région de Bade-Wurtemberg a mis à l’honneur les Témoins de Jéhovah. C’était à l’occasion de la commémoration annuelle des victimes du régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. En raison de la pandémie de Covid-19, la cérémonie s’est tenue en ligne. Plus de 37 000 personnes venant d’Allemagne, d’Autriche, des Pays-Bas et de Suisse ont assisté à cet évènement. Comme il a été enregistré, il a pu ensuite être visionné 78 000 fois.
Muhterem Aras, présidente du parlement de la région de Bade-Wurtemberg, a reconnu que « même si on dispose de nombreux documents qui prouvent que les Témoins de Jéhovah ont été persécutés, peu de personnes connaissent vraiment leur histoire ». Elle a aussi expliqué que les Témoins « qui ont résisté à la haine, aux préjugés et à la violence [pendant cette période sombre de l’Histoire] sont un bel exemple pour nous ».
Elle a poursuivi en racontant l’histoire d’Anna Denz, une Témoin de Lörrach (Bade-Wurtemberg). Les parents d’Anna sont morts dans les camps de concentration. Anna a refusé de faire le salut hitlérien à l’école. Finalement, elle a fui en Suisse grâce à l’aide d’autres Témoins. Elle a plus tard déménagé aux États-Unis avec son mari. Mme Aras fait cette remarque : « Anna Denz a eu le courage de résister. C’est grâce à sa foi qu’elle en a eu la force. »
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702021092_univ_cnt_02_md

L’historien Hans Hesse.


L’historien Hans Hesse a expliqué que les Témoins de Jéhovah ont été interdits en Allemagne en 1933, seulement deux mois après que les nazis ont pris le pouvoir. Il a aussi précisé que nos frères « ont résisté à l’interdiction en distribuant des tracts et en continuant leur activité de prédication ».
L’historien a raconté ce qui s’est passé pour frère Gustaf Stange. Alors qu’il était jugé parce qu’il refusait d’entrer dans l’armée en raison de ses croyances religieuses, l’accusation lui a demandé : « Qu’est ce qui se passerait si tout le monde faisait comme vous ? » Notre frère a répondu : « La guerre serait déjà finie ! »
Lors de cet évènement tenu en ligne, le cantique « Témoins, en avant ! » a été diffusé. Frère Wolfram Slupina, qui supervise le bureau des relations publiques à la filiale d’Europe centrale, a expliqué que frère Erich Frost, un musicien professionnel, a composé les paroles de ce cantique alors qu’il était emprisonné au camp de concentration de Sachsenhausen en 1942. Dans une interview qu’il a donnée plusieurs années plus tard, frère Frost a confié que le but de ce cantique, c’était d’encourager les frères emprisonnés avec lui, parce que « le harcèlement qu’ils subissaient dans le camp était insupportable ».
Mara et Finn Kemper, des jeunes Témoins de Jéhovah âgés de 13 et 15 ans, ont interviewé sœur Simone Arnold Liebster, une survivante de la persécution nazie. Sœur Liebster a fait face à une opposition intense quand elle était toute jeune. Comme elle a refusé de se soumettre aux nazis, elle a été envoyée dans une maison de redressement. Elle a dit qu’elle a « ressenti une joie profonde » en réussissant à rester fidèle malgré la persécution.
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702021092_univ_cnt_03_lg

Sœur Simone Arnold Liebster interviewée par les jeunes Mara et Finn Kemper lors de la cérémonie.


Nous sommes très heureux que cette cérémonie ait permis de rendre un puissant témoignage à Jéhovah, qui s’est vraiment révélé être un « secours » pendant cette période de persécution intense (Hébreux 13:6).
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Josué aime ce message

chico.

chico.

[size=39]Auschwitz-Birkenau : l'ouverture des archives permet de retracer le destin tragique de nombreux déportés[/size]
https://www.geo.fr/histoire/auschwitz-birkenau-louverture-des-archives-permet-de-retracer-le-destin-tragique-de-nombreux-deportes-204163?utm_source=welcoming&utm_medium=cpc&utm_campaign=pmo_geo_article

Josué

Josué
Administrateur

Herman van Elburg : Il a donné sa vie pour ses frères
https://www.jw.org/fr/bibliothèque/videos/#fr/mediaitems/LatestVideos/pub-jwbrd_201501_2_VIDEO

Amaytois

Amaytois

Bonjour


Connaissez-vous le United states HOLOCAUST mémorial MUSEUM

voici 22 résultats

=fr]https://encyclopedia.ushmm.org/search?query=T%C3%A9moin+de+J%C3%A9hovah&languages%5B%5D=fr


Autre résultat
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/nazi-persecution-of-jehovahs-witnesses?parent=fr%2F5540

petit résumé. 2 000 à 2 500 furent envoyés dans des camps de concentration, comme le furent également 700 à 800 témoins de Jéhovah non allemands (ce chiffre comprend 200 à 250 Néerlandais, 200 Autrichiens, 100 Polonais, et entre 10 et 50 Belges, Français, Tchèques et Hongrois).

Le nombre de témoins de Jéhovah qui moururent dans les camps de concentration et les prisons pendant l'ère nazie est estimé à 1 000 Allemands et 400 personnes d'autres pays, dont environ 90 Autrichiens et 120 Néerlandais. (Le pourcentage des décès chez les témoins de Jéhovah non allemands fut considérablement supérieur à celui de leurs coreligionnaires allemands.) En outre, environ 250 témoins de Jéhovah allemands furent exécutés — principalement après avoir été jugés et déclarés coupables par des tribunaux militaires — pour leur refus de servir dans l'armée allemande.

Josué

Josué
Administrateur

C'est un témoignage qui leur sont rendu.

Amaytois

Amaytois

Oui, Josué c'est l'encyclopédie multimédia de la Shoah

Voici d'autres témoignages
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/gallery/nazi-persecution-of-jehovahs-witnesses-stories?parent=fr%2F5070

À vrai dire, en lisant certain de ceux-ci, cela me fait penser bizarrement à ce qu'endure nos Frères et Sœurs de Russie

Par exemple [...] Magdalena Kusserow rejoint ses parents et sa sœur dans l'œuvre missionnaire. Des prêtres catholiques les dénoncèrent, son père fut arrêté pour avoir organisé des réunions d'étude biblique chez lui, puis ce fut le tour de sa mère. La Gestapo fouilla le domicile à plusieurs reprises, [...]

chico.

chico.

Amaytois a écrit:Oui, Josué c'est l'encyclopédie multimédia de la Shoah

Voici d'autres témoignages
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/gallery/nazi-persecution-of-jehovahs-witnesses-stories?parent=fr%2F5070

À vrai dire, en lisant certain de ceux-ci, cela me fait penser bizarrement à ce qu'endure nos Frères et Sœurs de Russie

Par exemple [...] Magdalena Kusserow rejoint ses parents et sa sœur dans l'œuvre missionnaire. Des prêtres catholiques les dénoncèrent, son père fut arrêté pour avoir organisé des réunions d'étude biblique chez lui, puis ce fut le tour de sa mère. La Gestapo fouilla le domicile à plusieurs reprises, [...]
Merci de ses rappels en mémoires des frères et soeurs qui sont restés fidèles sous le régime nazis.

Rene philippe

Rene philippe

À voir aussi :

https://www.youtube.com/watch?v=WBb-h4DkPK0

Josué

Josué
Administrateur

Rene philippe a écrit:À voir aussi :

https://www.youtube.com/watch?v=WBb-h4DkPK0
Cette vidéo montre le rôle de l'église avec les nazis.
C'est pas triste.

Rene philippe

Rene philippe

Josué a écrit:
Rene philippe a écrit:À voir aussi :

https://www.youtube.com/watch?v=WBb-h4DkPK0
Cette vidéo montre le rôle de l'église avec les nazis.
C'est pas triste.

Mais pas inattendu

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Le silence du pape de cette époque fait froid dans le dos.

Josué

Josué
Administrateur

12.07.2021

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 20210712
Source. Les témoins de Jéhovah face à Hitler page 125.

Josué

Josué
Administrateur

un livre en parle mais en anglais.
http://www.jehovah.to/gen/holocaust/chapVII.htm
Du même auteur mais en italien.
http://www.triangoloviola.it/kingcap7.html

Josué

Josué
Administrateur

25.01.2022

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 20220112
Ce soir sur Arte

Josué

Josué
Administrateur

J’ai survécu à la “marche de la mort”
Raconté par Louis Piéchota
MES parents sont arrivés dans le Nord de la France en 1922, en même temps que beaucoup d’autres mineurs polonais. Comme la plupart de ces immigrants, c’étaient de bons catholiques. Cependant, alors que j’avais onze ans, mon père et ma mère se sont retirés de l’Église catholique pour devenir Témoins de Jéhovah ou Zloty Wiek (“Les gens de l’Âge d’Or”), comme les surnommaient avec mépris les catholiques polonais. C’était en 1928. Depuis mon enfance, j’ai donc eu la joie de propager la “bonne nouvelle” renfermée dans les Saintes Écritures.
Peu avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale, j’ai goûté pour la première fois au service de pionnier, c’est-à-dire à l’activité de prédication à plein temps. Avec mes compagnons — nous étions tous les cinq d’origine polonaise — nous avons répandu le message du Royaume dans de petites villes et dans des villages de la côte normande.
À l’époque, nous utilisions à cet effet des phonographes et des enregistrements de discours bibliques en français.

Après le déclenchement des hostilités, en 1939, la fièvre de la guerre gagnait les esprits, et des habitants d’Arques-la-Bataille informèrent la police de notre présence. Les villageois avaient pris nos phonographes pour des appareils-photo, et les policiers pensèrent, en entendant notre accent étranger, que nous étions des espions allemands. Nous avons donc été arrêtés et emmenés à la prison de Dieppe, un port voisin. Après 24 jours de détention, on nous a conduits au tribunal en nous faisant circuler à travers les rues de la ville, enchaînés les uns aux autres. La foule hostile voulait nous jeter dans le port. Mais le juge comprit très vite que nous étions innocents, et il nous acquitta.
PENDANT L’INTERDICTION
Peu après l’interdiction de l’œuvre en octobre 1939, j’ai été arrêté de nouveau et condamné à six mois de prison sous l’inculpation de prédication illégale du Royaume de Dieu. Je me suis retrouvé seul dans une cellule de la prison de Béthune, sans rien à lire. Mais quelques semaines plus tard, alors que je pensais sombrer mentalement, un gardien m’a apporté une Bible. Comme j’ai remercié Jéhovah! J’ai appris par cœur des centaines de versets et plusieurs chapitres entiers. Ces passages m’ont fortifié dans les épreuves que j’ai traversées ensuite, et, aujourd’hui encore, je peux citer des textes que j’ai appris dans la prison de Béthune.
En février 1940, on m’a transféré de Béthune au camp du Vernet, dans le midi de la France, où les autorités internaient les étrangers réputés “dangereux”.
Au printemps de 1941, une commission allemande vint au camp, me libéra et me renvoya chez moi, dans le Nord, en zone occupée, pour travailler comme mineur. J’ai bien sûr utilisé ma liberté retrouvée pour prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Mais une sœur qui était Témoin depuis peu eut l’imprudence de dire au policier français qui l’avait arrêtée que c’était moi qui lui avais fourni les écrits bibliques qu’elle possédait. J’ai donc été arrêté à nouveau et condamné à 40 jours de prison à Béthune.
Une fois libéré, j’ai repris mon activité de témoignage. Je prêchais dans la petite ville minière de Calonne-Ricouart quand j’ai été arrêté pour la quatrième fois et renvoyé à la prison de Béthune. Là, les Allemands sont venus m’arrêter à leur tour parce que j’avais refusé de faire des heures supplémentaires le dimanche et que je n’avais donc pas soutenu l’effort de guerre nazi.
PRISONNIER EN BELGIQUE, EN HOLLANDE ET EN ALLEMAGNE
Les Allemands m’ont transféré au pénitencier de Loos, près de Lille, et, quelques semaines plus tard, à la prison de Saint-Gilles, à Bruxelles.
J’ai été ensuite incarcéré à la citadelle de Huy, près de Liège, avant d’être finalement envoyé dans le camp de concentration de S’Hertogenbosch (ou Vught), aux Pays-Bas. Là, je suis devenu un numéro — le 7045 — et j’ai reçu un uniforme de prisonnier avec le triangle violet qui m’identifiait à un Bibelforscher ou Témoin de Jéhovah. On m’a affecté au bloc 17-A.
Il m’a été particulièrement pénible d’apprendre à marcher pieds nus avec de gros sabots hollandais. Les ampoules laissaient la chair à vif, et, au moindre faux pas, je risquais de recevoir un coup de botte dans les chevilles. Heureusement, la peau de mes pieds a durci et j’ai bientôt pu marcher aussi vite que les autres.
Il y avait 15 autres Témoins dans le camp. On nous proposa à tous une libération immédiate, pourvu que nous acceptions de signer un papier par lequel nous renoncions à notre foi. Mais aucun de nous ne céda.
Enfin, de ce camp de concentration aux Pays-Bas, on nous envoya en Allemagne. Entassés comme du bétail dans de petits wagons qui transportaient chacun 80 prisonniers, nous avons dû rester debout pendant trois jours et trois nuits, sans manger, sans boire et sans pouvoir nous soulager. Le train arriva finalement à Oranienburg, à une trentaine de kilomètres au nord de Berlin. Nous avons alors dû couvrir au pas de course les dix kilomètres qui nous séparaient des usines d’aviation Heinkel, escortés par les chiens des SS, qui nous mordaient les talons si nous ralentissions l’allure. Avec les autres Témoins, nous nous sommes arrangés pour demeurer ensemble.
Peu après, on nous a transférés au camp voisin de Sachsenhausen. Là, le numéro qui accompagnait mon triangle violet était 98827.
LA VIE À SACHSENHAUSEN
Quand nous avons pénétré dans le camp de Sachsenhausen, j’ai senti toute l’ironie qu’il y avait dans ce slogan que Himmler, le chef des SS, avait fait écrire en grandes lettres à l’intérieur du camp: “Arbeit macht frei” (Le travail rend libre). Quelle hypocrisie! Bien sûr, nous avions une liberté que les nazis n’ont jamais connue: celle que les vérités chrétiennes nous apportent (). Mais dans tous les autres domaines, Sachsenhausen, ce n’était que le travail forcé, la perspective de mourir lentement de faim, les humiliations et la déchéance.
Les nazis cherchaient à briser la résistance des Témoins de Jéhovah ou à les tuer. De fait, ils en tuèrent beaucoup. Mais chaque Témoin qui mourait remportait une victoire sur le plan de la foi et de l’intégrité, et infligeait une défaite morale aux nazis.
Quant à nous, qui restions en vie, nous étions loin d’être spirituellement abattus. Nous ne permettions pas aux conditions dégradantes de nous faire perdre le respect des valeurs spirituelles. Je prends le cas de frère Kurt Pape. Il reçut ordre d’entrer dans un kommando (ou équipe de travail) affecté à une usine d’armements. Il refusa en disant que, depuis 16 ans, il menait le combat chrétien sans armes charnelles, et que ce n’était pas maintenant qu’il allait entacher son intégrité. Ce refus risquait de lui coûter la vie, mais, fait surprenant, le commandant du camp lui permit de faire un autre travail. Une autre fois, frère Pape m’a sermonné parce que j’avais pris un peu de pain à la boulangerie du camp, où je travaillais. J’avais fait cela pour que les frères aient un peu plus à manger, mais il me dit qu’il valait mieux avoir faim que jeter l’opprobre sur le nom de Jéhovah en passant pour un voleur. Cette réprimande fit grande impression sur moi. Le dimanche après-midi, je servais d’interprète à frère Pape, qui avait réussi à éveiller de l’intérêt pour le message du Royaume chez un groupe de prisonniers russes et ukrainiens. Oui, frère Pape donna vraiment un bel exemple. Malheureusement, il fut tué lors d’un raid aérien allié, peu avant notre libération.
LA “MARCHE DE LA MORT”
En avril 1945, les alliés fonçaient sur Berlin à l’ouest, et les Russes à l’est. Les chefs nazis étudièrent alors différents moyens de “liquider” les prisonniers. Mais tuer des centaines de milliers de personnes et se débarrasser des corps en quelques jours, pour ne laisser derrière eux aucune trace de leurs crimes odieux, présentait trop de difficultés pour ces monstres. Ils décidèrent donc de tuer les malades et de conduire les autres, par une marche forcée, au port le plus proche. Là, ils les embarqueraient sur des bateaux qu’ils feraient couler au large, envoyant ainsi les prisonniers au fond de l’eau.
Nous allions devoir quitter Sachsenhausen pour Lübeck, ce qui représentait une marche de quelque 250 kilomètres. Le départ fut prévu pour la nuit du 20 au 21 avril 1945. On groupa tout d’abord les prisonniers par nationalité. Comme nous avons remercié Jéhovah quand tous les Témoins ont reçu l’ordre de se rassembler dans l’atelier des tailleurs! Nous étions 230 frères originaires de six pays différents. Des Témoins ont même risqué leur vie pour sauver, en les amenant dans l’atelier, leurs frères malades qui se trouvaient à l’infirmerie et qui devaient être tués avant l’évacuation.
Une confusion indescriptible régnait parmi les autres prisonniers. Beaucoup volaient. Quant à nous, nous avons tenu une “assemblée” et nous nous sommes affermis spirituellement les uns les autres. Bientôt, ce fut à notre tour d’entreprendre la longue marche censée mener vers un camp où nous serions rassemblés, mais qui nous conduisait en fait vers une noyade collective. Par colonnes de 600 détenus, les différents groupes nationaux quittèrent le camp: d’abord les Tchèques, puis les Polonais, et ainsi de suite. En tout, 26 000 prisonniers se mirent en marche. Les Témoins de Jéhovah étaient le dernier groupe à partir. Les SS nous ont donné une charrette à tirer, et j’ai appris plus tard qu’elle contenait une partie du butin qu’ils s’étaient constitué aux dépens des prisonniers. Ils savaient que les Témoins de Jéhovah n’y toucheraient pas. Toutefois, cette charrette s’avéra providentielle, car elle permettait aux frères malades ou âgés de s’asseoir et de se reposer un peu. Une fois que l’un d’eux avait repris des forces, il descendait et se remettait à marcher. Un autre Témoin trop faible pour continuer prenait sa place, et ainsi de suite durant les deux semaines que dura la “marche de la mort”.
Ce fut une “marche de la mort” sous tous les points de vue. Non seulement elle nous conduisait à la noyade, mais la mort était tapie tout au long du chemin. Quiconque n’avait plus la force de continuer était abattu sans merci par les SS. Environ 10 700 hommes ont ainsi perdu la vie avant d’arriver au terme de cette longue marche. Cependant, grâce à la solidarité et à l’amour chrétien, pas un seul Témoin ne fut abandonné sur le bord de la route pour être achevé par les soldats.
Les cinquante premiers kilomètres furent un cauchemar. Les Russes étaient si près de nous que nous pouvions entendre les coups de canon. Nos chefs de corvée avaient tellement peur de tomber entre les mains des Soviétiques que la première étape, de Sachsenhausen à Neuruppin, fut une marche forcée de 36 heures.
Moi qui avais emporté quelques affaires personnelles, je les jetais l’une après l’autre au fur et à mesure que je me fatiguais, et je n’ai gardé qu’une couverture pour m’enrouler dedans pendant la nuit. Nous avons dormi dehors la plupart du temps, en essayant de nous protéger du sol humide avec des feuilles et des brindilles. Un soir, j’ai pu dormir dans une grange. Imaginez ma surprise lorsque j’ai trouvé, caché sous la paille, un exemplaire du livre Justification (édité par la Société Watch Tower)! Le lendemain matin, mes hôtes m’ont donné à manger; mais ce fut une exception. Après cela, pendant plusieurs jours d’affilée, nous n’avons rien eu à manger ni à boire, si ce n’est quelques plantes que nous avons pu ramasser et dont nous faisions des infusions le soir, quand nous nous arrêtions pour dormir. Je me souviens d’avoir vu quelques prisonniers, qui n’étaient pas Témoins, se jeter sur le cadavre d’un cheval tué sur le bord de la route et se mettre à dévorer sa chair malgré les coups de crosse que les SS faisaient pleuvoir sur eux.
Pendant ce temps, les Russes et les Américains avançaient toujours, chacun de leur côté. Le 25 avril, la confusion était telle que nos gardiens ne savaient plus où étaient les Russes ni où étaient les Américains. Ils donnèrent l’ordre à tous les prisonniers de bivouaquer dans un bois pendant quatre jours. Là, nous avons mangé des orties, des racines et des écorces d’arbres. Ce répit fut vraiment providentiel, car si nous avions dû poursuivre notre marche, nous serions arrivés au port avant l’effondrement du front allemand et nous aurions fini au fond de la baie de Lübeck.
LA DERNIÈRE NUIT
Le 29 avril, les SS décidèrent de diriger quand même les prisonniers vers Lübeck. Ils espéraient que nous y arriverions avant que les forces russes et américaines aient opéré leur jonction. Après plusieurs jours de marche, nous sommes arrivés près de Schwerin, à une cinquantaine de kilomètres de Lübeck. Les SS nous ordonnèrent une fois de plus de nous cacher dans les bois. Ce devait être notre dernière nuit de captivité. Mais quelle nuit!
Les Russes et les Américains encerclaient ce qui restait de l’armée allemande, et les obus sifflaient au-dessus de nos têtes des deux côtés. Un officier SS nous conseilla alors de rejoindre sans escorte les lignes américaines qui se trouvaient environ six kilomètres plus loin. Mais ce conseil ne nous disait rien qui vaille et, après avoir prié Jéhovah pour lui demander sa direction, nous avons finalement décidé de passer la nuit dans le bois. Nous avons appris par la suite que les SS avaient abattu les prisonniers qui avaient accepté l’offre de l’officier et avaient essayé de gagner les lignes américaines. Comme nous étions reconnaissants pour la direction que Jéhovah nous avait accordée!
Cette dernière nuit dans le bois de Crivitz fut loin d’être paisible. À mesure que les combats se rapprochaient, la panique des SS augmentait. Certains s’évanouirent dans la nuit, tandis que d’autres cachaient leurs armes et leurs uniformes, et revêtaient le costume rayé de prisonniers qui étaient morts. Des détenus reconnurent certains de ces SS et les tuèrent avec les armes que ceux-ci avaient abandonnées. La confusion était à son comble. Les hommes couraient ça et là, sous des volées de balles et d’obus qui sifflaient dans tous les sens. Mais les Témoins sont restés ensemble jusqu’au lendemain matin, attendant la fin des combats sous la main protectrice de Jéhovah.
Nous avons exprimé notre gratitude à Jéhovah dans une résolution adoptée le 3 mai 1945. Nous venions de parcourir 200 kilomètres en 12 jours. Sur les 26 000 prisonniers qui avaient quitté le camp de concentration de Sachsenhausen, un peu plus de 15 000 seulement avaient survécu à la “marche de la mort”. Cependant, aucun des 230 Témoins qu’il y avait au départ ne succomba à l’épreuve. Quelle merveilleuse délivrance!
LA MARCHE CONTINUE
Le 5 mai 1945, j’ai rencontré les forces américaines et, le 21 mai, j’étais de retour à Harnes, dans le Nord de la France. J’avais survécu à la “marche de la mort” et je partageais les sentiments que David exprima en , savoir: “Même si je marche dans la vallée de l’ombre profonde, je ne crains rien de mauvais, car tu es avec moi, ta baguette et ton bâton sont les choses qui me consolent.”
Cette “marche de la mort” au départ de Sachsenhausen ne fut qu’une étape sur le chemin qui me conduit à travers le présent système de choses jusqu’au but de ma vie. Depuis, j’ai connu de nombreuses joies dans la prédication de la “bonne nouvelle”. Je prie Jéhovah pour que, tout comme il m’a permis de survivre à cette marche terrible, il m’aide, avec ma femme et mes enfants, à continuer de marcher sur la route étroite qui mène à la vie, et à éviter les pièges qui nous guettent à droite et à gauche. — .

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Les Marches de la mort

À 20 h 50 sur Arte

Au printemps 1944, l’Armée rouge et les Alliés avancent vers l’Allemagne nazie. Le IIIe Reich prend alors la décision d’évacuer ses camps de concentration en Pologne et dans les pays Baltes. Les déportés sont transférés vers les camps autrichiens et allemands, afin de servir de main-d’œuvre pour soutenir la Wehrmacht dans ses derniers efforts militaires.

→ À LIRE. « Lynx », l’œil aiguisé d’un documentariste

Les Marches de la mort de Virginie Linhart revient sur cet épisode souvent mal connu de l’histoire concentrationnaire et dont il existe peu d’images d’archives. Quelques photos et vidéos prises clandestinement permettent d’avoir un aperçu de ces déplacements tragiques sans pour autant montrer leur ampleur. Il est estimé que plusieurs centaines de milliers de personnes auraient été déplacées et qu’environ 30 % d’entre elles auraient péri. Mais ces chiffres restent approximatifs.

L’illusion d’une libération

Le documentaire donne la parole à d’anciens déportés comme à des témoins pour raconter les horreurs des exactions commises pendant ces marches. Alors qu’elles reprenaient espoir avec la sortie des camps, les victimes se retrouvent à marcher dans le froid, affamées, exténuées, sous la menace des exécutions arbitraires. Certains périssent au cours des trajets en train, entassés dans l’insalubrité. Car si le terme générique des « marches de la mort » est resté, la majorité des déplacements se faisaient en réalité par voie ferroviaire.

Le contexte politique est largement expliqué pour comprendre quelles décisions ont mené à un tel chaos. Les officiers des camps avaient d’abord la charge d’organiser les déplacements. Puis la responsabilité fut laissée aux gardiens et enfin aux civils embrigadés dans le Volkssturm, la milice populaire levée en 1944 par la Wehrmacht. Une désorganisation qui rend compte du délitement progressif du IIIe Reich.

Les images sont difficiles, les paroles aussi. Mais le documentaire est nécessaire pour conserver le souvenir de tous ceux qui ne sont pas revenus, auxquels le film est dédié.

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

[size=33]Inauguration en Israël d’une exposition sur la persécution des Témoins de Jéhovah par les nazis[/size]

Le 7 mars 2022, une nouvelle exposition soulignant le courage des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie a ouvert ses portes en Israël. Elle se tient au Centre d’éducation humaniste de la Maison des combattants du ghetto, en Galilée occidentale, et elle est présentée en anglais, en arabe et en hébreu. Elle restera ouverte jusqu’en mars 2023. En collaboration avec le personnel du musée, plus de 50 frères et sœurs d’un peu partout dans le monde ont participé à la préparation de cette exposition en apportant leur expertise dans des domaines comme la recherche historique, le graphisme et la traduction.
Cette exposition interactive est intitulée « Wedontdothat », ce qui signifie « Nous-​ne-faisons-pas-ces-choses-​là ». C’est ainsi qu’un soldat allemand avait surnommé frère Joachim Alfermann, un Témoin de Jéhovah emprisonné par les nazis *. Bien qu’ayant été battu, soumis à d’énormes pressions et emprisonné dans un camp de concentration, Joachim a toujours refusé de se laisser enrôler dans l’armée allemande. Il disait : « Nous ne faisons pas ces choses-​là. » La conservatrice de l’exposition, M[size=11]me
 Yaara Galor, a fait observer : « Aux côtés des Juifs assassinés pour diverses raisons se trouvaient des millions d’autres personnes. […] Chacun de ces groupes a sa propre histoire. »
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702022176_univ_cnt_02_lg
Entrée du Centre d’éducation humaniste.

Lors de l’inauguration de cette exposition, le professeur Gideon Greif, historien spécialiste de la Shoah et du camp d’Auschwitz, a expliqué que les Témoins de Jéhovah refusaient de signer un document visant à les faire renier leur foi. Il a dit : « [Les Témoins de Jéhovah] pouvaient facilement obtenir une libération : ils pouvaient apposer leur signature en une minute. Cela montre que, même dans les périodes les plus sombres de l’histoire du monde, il y a eu des personnes qui ont réussi à garder un haut niveau de moralité, que ce soit en paroles ou en action. C’est pourquoi les Témoins de Jéhovah méritent qu’on parle d’eux, qu’on se souvienne d’eux, qu’on apprenne à les connaître et qu’on enseigne leur histoire. »
Une sœur appartenant à la filiale d’Israël qui a assisté à l’inauguration de l’exposition a dit : « À l’idée que nous avons une telle exposition ici, en Israël, dans un musée ouvert au public, j’en ai eu les larmes aux yeux… Entendre le personnel du musée prononcer depuis l’estrade les mots “Témoins de Jéhovah” en hébreu était inoubliable. Il n’y a pas de doute, le nom de Jéhovah a été glorifié par cette cérémonie. »
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 702022176_univ_cnt_03_lg
Frère David Simozrag, de la filiale d’Israël, s’exprime lors de l’inauguration de l’exposition.

Nous sommes convaincus que les visiteurs de cette exposition pourront prendre conscience du courage et de la foi que nos frères et sœurs de l’Allemagne nazie ont manifestés. Leur exemple de fidélité peut encourager les serviteurs de Jéhovah d’aujourd’hui à continuer de ‘courir la course avec endurance’ (Hébreux 12:1).
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Josué

Josué
Administrateur

Les persécutions du régime nazi visèrent les Témoins de Jéhovah parce qu'ils refusaient, en raison de leurs convictions religieuses, de jurer fidélité à tout gouvernement ou de servir dans ses forces armées. Les Témoins de Jéhovah déployaient en outre une activité missionnaire destinée à faire adhérer d'autres personnes à leur foi. Les nazis considéraient que le refus de fidélité à l'Etat et le prosélytisme étaient des actes éminemment politiques et subversifs. A l'inverse des Juifs et des Tsiganes qui étaient les cibles des nazis pour des raisons raciales, les Témoins de Jéhovah pouvaient éviter les persécutions et les mauvais traitements en se soumettant à l'autorité de l'Etat, en reniant officiellement leur foi et en servant dans ses forces armées. Comme une telle soumission allait à l'encontre de leurs croyances religieuses, la plupart des Témoins de Jéhovah refusèrent d'abandonner leur foi, même au risque d'encourir des persécutions, des tortures dans les camps de concentration, ou la mort.
Fondé dans la ville américaine de Pittsburgh en 1872 par Charles Taze Russell sous des Etudiants de la Bible internationaux (IBSA ou International Bible Study Society), le groupe prit le nom de "Témoins de Jéhovah" en 1931. La Société commença son travail missionnaire en Europe dans les années 1890. En 1902, la première antenne allemande de la Société Watch Tower ouvrit à Elberfeld. En Allemagne, les Témoins de Jéhovah étaient connus sous le nom de Société internationale des étudiants de la Bible. Au début des années 30, ils comptaient entre 25 000 à 30 000 membres ou sympathisants (soit 0,38 pour cent d'une population totale de 65 millions d'habitants).
Dès avant 1933, les Témoins de Jéhovah étaient victimes de préjugés. Les Eglises luthérienne et catholique, qui constituaient le courant religieux principal, les considéraient comme des hérétiques. Les citoyens trouvaient également que les méthodes missionnaires utilisées — ils frappaient aux portes et prêchaient — étaient intrusives. Certains Etats allemands avaient depuis longtemps cherché localement à mettre un frein au prosélytisme en appliquant de façon stricte les lois concernant le démarchage illégal. A diverses reprises, des juridictions locales interdirent la littérature religieuse des Témoins de Jéhovah, dont les périodiques The Watchtower (La tour de garde) et The Golden Age (L'âge d'or). Pendant la période de Weimar, les tribunaux allemands rendirent cependant souvent des jugements en faveur de cette minorité religieuse.
Avant l'arrivée des nazis au pouvoir, des groupes de nazis locaux (des fonctionnaires du parti ou des SA), agissant en infraction avec la loi, dispersèrent des séances d'étude de la Bible et agressèrent des Témoins de Jéhovah.
Après l'arrivée des nazis au pouvoir, les persécutions s'intensifièrent. Les Témoins considéraient qu'ils appartenaient au Royaume de Jéhovah et que les pouvoirs temporels étaient les alliés involontaires de Satan. Ils refusèrent de jurer fidélité au régime nazi. De plus, leurs contacts théologiques ou institutionnels avec l'étranger étaient vus comme une menace par l'Etat policier nazi. L'opposition des Témoins de Jéhovah à l'Etat nazi se manifesta tout d'abord par le refus d'effectuer le salut nazi en clamant "Heil Hitler", d'adhérer au Front du travail allemand (que tous les salariés et ouvriers furent contraints de rallier après la mise hors-la-loi des syndicats), de participer aux œuvres de charité des nazis et de voter aux élections. De même, ils refusèrent de participer aux manifestations et parades nazies.
Les nazis dénonçèrent les liens des témoins de Jéhovah avec les Etats-Unis. Ils tournèrent en ridicule leurs prêches, empreints d'un millénarisme révolutionnaire apparent, qui prédisaient qu'une bataille d'Armageddon voulue par Dieu précéderait le règne du Christ sur Terre. Ils lièrent également les Témoins de Jéhovah à l'idée nazie de "juiverie internationale", en mettant l'accent sur leurs références à certains textes de l'Ancien Testament. Les nazis avaient les mêmes griefs envers de nombreux autres petits groupes protestants, mais seuls les Témoins de Jéhovah refusèrent de porter les armes ou de jurer fidélité à l'Etat.
L'Allemagne réintroduisit le service militaire universel en 1935 et les Témoins de Jéhovah refusèrent en général de s'y soumettre. En Allemagne, comme aux Etats-Unis, ils avaient refusé de servir dans les forces armées pendant la Première Guerre mondiale. Même s'ils n'étaient pas pacifistes, ils refusaient de porter les armes pour un pouvoir temporel. Les nazis firent des procès aux Témoins de Jéhovah pour insoumission et arrêtèrent ceux qui faisaient un travail missionnaire sous prétexte d'atteinte au moral de la nation.
Les enfants des Témoins de Jéhovah souffrirent également sous le régime nazi. Dans les salles de classe, les enseignants les ridiculisaient s'ils refusaient de faire le salut nazi ou de chanter les chants patriotiques. Les directeurs d'école trouvaient des prétextes pour les expulser. Suivant l'exemple d'adultes, les écoliers rejetaient voire battaient les enfants des Témoins de Jéhovah. Parfois, les autorités cherchèrent à les retirer aux parents pour les envoyer dans d'autres écoles, dans des orphelinats ou dans des familles pour qui les élèveraient comme de "bons Allemands".
Dès la nomination d'Hitler comme chancelier, les autorités bavaroises interdirent la Société internationale des étudiants de la Bible. Pendant le printemps et l'été 1933, de nombreuses autres régions allemandes prirent la même mesure. A deux reprises pendant l'année 1933, la police occupa des bureaux des Témoins de Jéhovah pour y confisquer la littérature religieuse. Malgré la pression et les harcèlements, ils continuèrent à se réunir et à distribuer clandestinement leur littérature qui était souvent introduite en contrebande depuis de l'étranger.
Au début, les dirigeants des Témoins de Jéhovah cherchèrent un moyen de coopérer avec le gouvernement nazi. En octobre 1934, la direction envoya une lettre au gouvernement du Reich, en expliquant les principales croyances du groupe et leur engagement de neutralité politique. Cette lettre indiquait que les Témoins de Jéhovah "n'ont aucun intérêt dans les affaires politiques, mais sont totalement dévoués au Royaume de Dieu sous le règne de son roi le Christ". Les autorités allemandes répondirent par un harcèlement économique et politique. Les Témoins qui continuèrent leur œuvre de missionnaires ou qui refusèrent d'intégrer les organisations nazies perdirent leur travail et leurs prestations sociales, ou furent arrêtés.
En réponse aux efforts des nazis pour anéantir le mouvement, les Témoins de Jéhovah devinrent un îlot de résistance à l'exigence nazie d'investissement total des Allemands dans l'Etat. La Société internationale des Témoins de Jéhovah soutint pleinement et publiquement ses frères en Allemagne. Lors d'une réunion internationale organisée à Lucerne, en Suisse, en septembre 1936, les délégués venus du monde entier adoptèrent une résolution condamnant sévèrement le régime nazi. L'organisation internationale publia des écrits dénonçant les persécutions des Juifs, des communistes et des socio-démocrates, critiquant la remilitarisation de l'Allemagne, la nazification des écoles et des universités et attaquant l'offensive nazie contre la religion organisée.
s://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/jehovahs-witnesses-in-germany-from-the-1890s-to-the-1930s

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Josué

Josué
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J'ai trouvé ça dans mes archives.

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 20220916

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La aussi.
https://www.jw.org/fr/actualites/actualites/par-region/israel/tel-aviv-exposition-temoins-de-jehovah/

samuel

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Les Témoins de Jéhovah d’Allemagne engagent un nouveau procès au sujet des archives d’Annemarie Kusserow
Des preuves récemment découvertes révèlent que les archives d’Annemarie appartiennent aux Témoins de Jéhovah
Comme mentionné sur jw.org et dans le New York Times, le musée d’histoire militaire de Dresde, en Allemagne, refuse de rendre les archives de sœur Annemarie Kusserow, qui avait exprimé dans son testament le désir que ses archives reviennent aux Témoins de Jéhovah. Mais des preuves récemment découvertes confirment la légitimité des Témoins de Jéhovah. Nous avons donc décidé d’engager une nouvelle action en justice contre le musée.

Pendant plus de sept ans, nous avons tenté de trouver un accord à l’amiable avec le musée pour acquérir les archives, mais sans succès. Nous avions donc engagé une action en justice. À notre grande déception, la plainte a été rejetée en 2021, le tribunal estimant que le musée avait acquis les archives en toute bonne foi.

Un trésor historique
À l’âge de 26 ans, Annemarie a commencé à compiler méticuleusement des documents relatifs aux Témoins de Jéhovah pendant l’Holocauste. Elle les a conservés, parfois même au péril de sa vie, pendant plus de 65 ans, jusqu’à sa mort en 2005. Ce qu’elle a préservé pour les générations à venir, et surtout pour les autres Témoins, a été reconnu au niveau international comme un trésor historique.

Annemarie a compilé ces documents parce qu’elle souhaitait sincèrement qu’un maximum de personnes, qu’il s’agisse de Témoins de Jéhovah ou d’autres, tirent profit de l’exemple de fidélité de sa famille. C’est pourquoi elle a désigné l’entité religieuse des Témoins de Jéhovah comme unique héritière. Son testament n’a pas encore été exécuté.

Annemarie, ainsi que quatre de ses frères et sœurs, apparaissent dans Les triangles violets, un documentaire britannique sorti en 1991. Ce film a pour but de montrer, au travers de ce qu’a vécu la famille Kusserow, comment le régime nazi a persécuté les Témoins de Jéhovah en raison de leur foi et de leur refus de prêter allégeance à Hitler. On y voit Annemarie avec ses précieux documents et photographies.

Dans une interview réalisée peu avant sa mort, Annemarie a raconté le jour où la Gestapo l’a arrêtée dans son appartement et où elle a failli perdre des documents importants constituant ses archives. Elle a déclaré : « J’avais cette mallette dans l’entrée. Il y avait des lettres en dessous et tous les autres documents. » Elle avait rempli la grande mallette de pommes, dans l’espoir que les agents ne regardent pas en dessous. Elle s’était dit, au cas où son plan échouerait : « Au moins, tu auras quelque chose à manger en prison. » Heureusement, son plan a fonctionné.

Vendues sans autorisation
Peu après la mort d’Annemarie, les archives ont disparu de sa maison. On a découvert plus tard que l’un de ses frères, qui n’était plus Témoin de Jéhovah, les avait vendues au musée. Mais Annemarie ne lui en avait jamais donné l’autorisation. Il est décédé depuis.

Les membres survivants de la famille Kusserow, qui connaissaient la volonté d’Annemarie, ont été choqués d’apprendre que le tribunal avait statué en faveur du musée. Depuis, la famille, les amis, et d’autres Témoins de Jéhovah persécutés par les nazis ont écrit des centaines de lettres au musée et au ministère de la Défense, chargé de la direction du musée, pour demander que les archives soient restituées aux Témoins de Jéhovah, comme Annemarie le souhaitait.

Des documents exceptionnels
Parmi les documents remarquables constituant les archives, on trouve une lettre d’adieu du frère d’Annemarie, Wilhelm, qui a écrit ses derniers mots le 26 avril 1940. Comme il était Témoin de Jéhovah, il a refusé d’effectuer son service militaire. En raison de son objection de conscience, les nazis l’ont condamné à mort.

Voici le contenu de la lettre de Wilhelm : « Chers parents, frères et sœurs, vous savez combien je tiens à vous. J’y pense chaque fois que je regarde notre photo de famille. Il régnait une telle harmonie chez nous ! Mais nous devons d’abord aimer Dieu, comme notre chef Jésus l’a ordonné. Si nous le faisons, il nous récompensera. » Il a été fusillé le lendemain matin, à l’âge de 25 ans.

Les parents d’Annemarie, Franz et Hilda Kusserow, ont eu 11 enfants. Comme Wilhelm, Franz et ses fils aînés ont été emprisonnés pour avoir refusé de participer à la guerre. Les plus jeunes, qui refusaient de faire le salut hitlérien, ont été séparés de leurs parents et envoyés dans des maisons de redressement, puis dans des familles d’accueil.

Lorsque Wolfgang, l’un des plus jeunes fils de la famille, a été traduit devant un tribunal militaire, il a courageusement déclaré : « J’ai été élevé en Témoin de Jéhovah, dans le respect de la Bible. La plus grande loi, la plus sacrée, c’est “Aime Dieu et ton prochain comme toi-​même”. D’autres disent : “Tu ne tueras point.” Cela n’a quand même pas été écrit pour les arbres ? »

Wolfgang, 20 ans, a été décapité le 28 mars 1942.

Une question de foi
Annemarie et ses proches ont payé le prix fort pour leur foi et leur position ferme contre l’effort de guerre nazi. Parmi eux, certains ont même perdu la vie pour avoir refusé de tuer. À eux tous, les membres de cette famille ont passé 47 ans en détention.

Ces archives aident à accorder une grande valeur à la foi exceptionnelle manifestée par cette famille. Elles montrent de manière remarquable que la foi peut donner de la force quand on est gravement persécuté et menacé de mort. Ce thème central ne peut être pleinement compris et apprécié qu’au sein des musées des Témoins de Jéhovah.

En octobre 2022, Paul Gerhard Kusserow, le dernier survivant de la famille, est décédé. Il espérait voir le jour où le musée militaire respecterait le testament de sa sœur, ce pour quoi il avait milité jusqu’à sa mort. Il expliquait : « Mes frères sont morts justement parce qu’ils ont refusé d’effectuer leur service militaire. Alors je ne pense pas qu’il soit approprié que les archives de ma famille soient conservées dans un musée militaire. »

Les Témoins de Jéhovah sont d’accord. Le musée commet une grave injustice morale en ne tenant pas compte de la volonté sans équivoque d’Annemarie. La volonté de la famille Kusserow n’a pas été respectée dans le passé pendant la période nazie, et de nouveau, elle ne l’est pas dans l’Allemagne d’aujourd’hui.

Malheureusement, les archives ne sont pas honorées non plus. Sur plus de 1 000 documents d’archives, 6 seulement sont entreposés dans les réserves du musée, des pièces auxquelles le grand public n’a pas accès.

Nous prions pour que le tribunal restitue enfin les archives aux Témoins de Jéhovah, qui en ont le droit légal et moral (Luc 18:7).

Découvrez aussi…


ACTUALITÉS
Les Témoins de Jéhovah cherchent à récupérer les archives de la famille Kusserow
Un Témoin de Jéhovah portant un uniforme de prisonnier avec le triangle violet
QUESTIONS FRÉQUENTES
Qu’est-​il arrivé aux Témoins de Jéhovah sous le régime nazi ?
La réponse va peut-être vous surprendre.



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https://www.jw.org/fr/actualites/jw/region/allemagne/Les-Témoins-de-Jéhovah-dAllemagne-engagent-un-nouveau-procès-au-sujet-des-archives-dAnnemarie-Kusserow/

Josué

Josué
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[size=33]Les Témoins de Jéhovah et la Shoah : que dit la Bible ?
[/size]



 Le 27 janvier 2023, de nombreuses personnes célébreront la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. En pensant aux atrocités commises il y a plus de 75 ans, vous vous demandez peut-être pourquoi Dieu a permis la Shoah.

  •  Pour savoir ce que la Bible dit à ce sujet, lisez l’article « Pourquoi la Shoah a-​t-​elle eu lieu ? Pourquoi Dieu n’a-​t-​il rien fait ? »


 Les Juifs ont énormément souffert lors de la Shoah. Des millions d’entre eux ont été exterminés. Ce fut également le cas de membres d’autres groupes. Par exemple, les Témoins de Jéhovah ont été persécutés en raison de leurs croyances basées sur la Bible.

  •  Pour en savoir plus, lisez l’article « Qu’est-​il arrivé aux Témoins de Jéhovah sous le régime nazi ? »


[size=34]« Un avenir et un espoir »[/size]


 Beaucoup de gens redoutent qu’un drame comme la Shoah ne se reproduise. Heureusement, la Bible explique que, bientôt, de telles tragédies appartiendront définitivement au passé.

  •  « Car je sais bien ce que j’envisage pour vous, déclare Jéhovah a. C’est la paix que je veux pour vous, et non le malheur. Je veux vous donner un avenir et un espoir » (Jérémie 29:11).


 Cet espoir deviendra réalité quand Jéhovah éliminera la méchanceté et réparera tous les dégâts qu’elle a causés. Il va bientôt :

  •  faire disparaître ceux qui font volontairement du mal aux autres (Proverbes 2:22).
  •  guérir tous ceux qui ont souffert (Révélation 21:4).
  •  ressusciter sur terre tous ceux qui sont morts (Jean 5:28, 29).

Josué

Josué
Administrateur

01.02.2023

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 20230210

papy

papy

Joseph KesselKessel Joseph
EAN : 9782070306459
416 pages
GALLIMARD (31/12/1999)

★★★★★
★★★★★

4.31/5   1134 NOTES
Résumé :
Admirable reporter à travers le monde Joseph Kessel nous prouve ici qu'il peut l'être ici à travers l'histoire. Il nous fait visiter un continent inconnu qui ne s'appelle pas l'Asie ou l'Océanie, mais l'Allemagne nationale-socialiste. Et ce récit fantastique, c'est l'histoire, absolument authentique, du Dr Kersten.
Le Docteur Kersten, de nationalité hollandaise, s'était spécialisé avant la guerre dans le massage médical. Il avait suivi des cours à Londres et ... >Voir plus




*** yb74 p. 195-197 Allemagne (3e partie) ***

Le masseur Kersten ne tarda pas à exercer une puissante influence sur Himmler, qui était souvent malade. Kersten apprit que les témoins de Jéhovah étaient cruellement persécutés et un jour il demanda à Himmler de lui donner quelques femmes témoins pour qu’elles travaillent dans sa propriété à Harzwalde, à environ soixante-dix kilomètres au nord de Berlin. Après un moment d’hésitation, Himmler donna son accord, et plus tard il accepta de libérer une sœur d’un camp de concentration, pour qu’elle puisse travailler dans la résidence secondaire de Kersten, en Suède. Ces sœurs apprirent à Kersten la vérité concernant les conditions qui régnaient dans les camps de concentration et sur les souffrances indescriptibles infligées depuis des années surtout aux témoins de Jéhovah. Il était très choqué, d’autant plus qu’il savait que ses massages répétés permettaient à ce monstre de maintenir sa santé et ainsi de poursuivre sa besogne meurtrière. Aussi Kersten décida-t-il d’user de son influence pour soulager au moins dans une certaine mesure les souffrances de tous ces prisonniers. On peut donc attribuer à son influence le fait que, particulièrement vers la fin de la guerre, plusieurs dizaines de milliers de détenus ne furent pas exterminés. Son influence s’avéra particulièrement salutaire pour les témoins de Jéhovah. Cela ressort d’une lettre que Himmler écrivit à deux de ses plus proches collaborateurs, les chefs SS Pohl et Müller. Cette lettre, marquée “Secret”, déclarait entre autres :

“Vous trouverez ci-joint un rapport sur dix Étudiants de la Bible qui travaillent à la ferme de mon médecin. J’ai eu l’occasion d’étudier sous tous les angles l’affaire des Étudiants sincères de la Bible. Mme Kersten m’a fait une très bonne suggestion. Elle a dit qu’elle n’a jamais eu des domestiques aussi bons, serviables, fidèles et obéissants que ces dix femmes. Ces gens font beaucoup par amour et bonté. (...) Une fois, un invité donna à une des femmes un pourboire de 5 Reichsmarks. Ne voulant pas déshonorer la maison, elle accepta l’argent mais le remit aussitôt à Mme Kersten, puisque l’argent était interdit dans les camps. Ces femmes accomplissaient de bon cœur n’importe quelle tâche. Le soir, elles tricotaient, et le dimanche elles s’occupaient autrement. En été, elles ne laissaient pas passer l’occasion de se lever deux heures plus tôt pour aller ramasser des paniers de champignons, en plus de leur journée de travail de dix, onze ou douze heures. Ces faits complètent l’image que je me fais des Étudiants de la Bible. Ce sont des fanatiques incroyablement serviables et prêts à tous les sacrifices. Si nous pouvions faire travailler leur fanatisme pour l’Allemagne ou l’inculquer à nos hommes, nous serions plus forts que nous ne le sommes aujourd’hui. Bien entendu, puisqu’ils rejettent la guerre, leur doctrine est tellement néfaste que nous ne pouvons la tolérer, sous peine de faire le plus grand tort à l’Allemagne. (...)

“Il ne sert à rien de les punir, car ils en parlent après avec enthousiasme. (...) Chaque châtiment leur procure des mérites pour l’autre monde. C’est pourquoi chaque vrai Étudiant de la Bible n’hésitera pas à se faire exécuter. (...) Chaque détention au cachot, chaque tiraillement d’un estomac affamé, chaque épreuve par le froid, chaque châtiment ou chaque coup constitue un mérite auprès de Jéhovah.

“Si, à l’avenir, des problèmes se développent dans le camp à propos des Étudiants de la Bible, j’interdis au commandant du camp de leur infliger un châtiment. De tels cas devraient m’être rapportés, avec une courte description des circonstances. Désormais, j’ai l’intention de faire le contraire et de dire à chacun d’eux : ‘Il vous est interdit de travailler. Vous êtes mieux nourris que les autres, et vous ne devez rien faire.’

“Car, d’après les croyances de ces fous aimables, ils n’auraient alors plus de mérite ; au contraire, leurs mérites précédents seraient annulés par Jéhovah.

“Ma suggestion actuelle est qu’on donne du travail à tous les Étudiants de la Bible, — par exemple, du travail agricole, qui n’a rien à faire avec la guerre et toutes ses folies. À condition qu’on leur donne une bonne affectation, on n’a pas besoin de les surveiller ; ils ne se sauveront pas. On peut leur assigner des tâches non contrôlées, et ils se montreront les meilleurs administrateurs et les meilleurs ouvriers.

“Voici une autre suggestion de Mme Kersten : Nous pouvons employer les Étudiants de la Bible dans nos ‘Lebensbornheime’ (Maison fondée pour élever les enfants engendrés par des SS pour produire une race de seigneurs), non comme infirmières, mais plutôt comme cuisinières, femmes de ménage ou pour travailler à la buanderie ou à d’autres tâches semblables. Là où le nettoyage est encore assuré par des hommes, nous pourrons employer des femmes robustes parmi les Étudiants de la Bible. Je suis convaincu que, dans la plupart des cas, elles nous causeront peu de difficultés.

“J’accepte également la suggestion que des Étudiants de la Bible soient mis dans des familles nombreuses. Il faut trouver des Étudiants de la Bible capables et me le signaler. Alors, je les affecterai personnellement à des familles nombreuses. Dans ces maisons, ils ne porteront pas les habits de prison mais des vêtements civils, et leur séjour sera organisé de la même façon que pour les Étudiants de la Bible libres et ceux qui sont internés à Harzwalde.

“Dans tous ces cas où des prisonniers sont partiellement libres et assignés à de tels travaux, nous voudrions éviter des accords par écrit et des signatures ; les accords seront scellés par une simple poignée de mains.

“Veuillez m’envoyer vos recommandations en vue de l’inauguration de cette action, ainsi qu’un rapport sur les résultats obtenus.”

Les choses se passèrent ainsi. Bientôt, bon nombre de sœurs furent envoyées travailler dans des maisons des SS, dans des jardins maraîchers, des domaines et des “Lebensbornheime”.


papy

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samuel

samuel
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Josué a écrit:Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Cemomr10
Un article sur cette soudeur et son maris Arnolld Liebster se trouve dans le RV du 22 Septembre 1993 page 17a 19.

Josué

Josué
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Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 2 Les-ma10

Allemagne, 1939. Masseur réputé, le docteur Félix Kersten mène une vie aisée et tranquille. Jusqu'au jour où il est appelé au chevet d'un patient hors norme : Himmler, le redoutable chef de la Gestapo... Seul capable de le soulager, Kersten va peu à peu gagner sa confiance et tenter d'arracher aux griffes du régime nazi des milliers de vie.
c'est homme a sauvé beaucoup de témoins de Jéhovah.

Josué

Josué
Administrateur

*** yb74 p. 195-198 Allemagne (3e partie) ***
Le masseur Kersten ne tarda pas à exercer une puissante influence sur Himmler, qui était souvent malade. Kersten apprit que les témoins de Jéhovah étaient cruellement persécutés et un jour il demanda à Himmler de lui donner quelques femmes témoins pour qu’elles travaillent dans sa propriété à Harzwalde, à environ soixante-dix kilomètres au nord de Berlin. Après un moment d’hésitation, Himmler donna son accord, et plus tard il accepta de libérer une sœur d’un camp de concentration, pour qu’elle puisse travailler dans la résidence secondaire de Kersten, en Suède. Ces sœurs apprirent à Kersten la vérité concernant les conditions qui régnaient dans les camps de concentration et sur les souffrances indescriptibles infligées depuis des années surtout aux témoins de Jéhovah. Il était très choqué, d’autant plus qu’il savait que ses massages répétés permettaient à ce monstre de maintenir sa santé et ainsi de poursuivre sa besogne meurtrière. Aussi Kersten décida-t-il d’user de son influence pour soulager au moins dans une certaine mesure les souffrances de tous ces prisonniers. On peut donc attribuer à son influence le fait que, particulièrement vers la fin de la guerre, plusieurs dizaines de milliers de détenus ne furent pas exterminés. Son influence s’avéra particulièrement salutaire pour les témoins de Jéhovah. Cela ressort d’une lettre que Himmler écrivit à deux de ses plus proches collaborateurs, les chefs SS Pohl et Müller. Cette lettre, marquée “Secret”, déclarait entre autres :
“Vous trouverez ci-joint un rapport sur dix Étudiants de la Bible qui travaillent à la ferme de mon médecin. J’ai eu l’occasion d’étudier sous tous les angles l’affaire des Étudiants sincères de la Bible. Mme Kersten m’a fait une très bonne suggestion. Elle a dit qu’elle n’a jamais eu des domestiques aussi bons, serviables, fidèles et obéissants que ces dix femmes. Ces gens font beaucoup par amour et bonté. (...) Une fois, un invité donna à une des femmes un pourboire de 5 Reichsmarks. Ne voulant pas déshonorer la maison, elle accepta l’argent mais le remit aussitôt à Mme Kersten, puisque l’argent était interdit dans les camps. Ces femmes accomplissaient de bon cœur n’importe quelle tâche. Le soir, elles tricotaient, et le dimanche elles s’occupaient autrement. En été, elles ne laissaient pas passer l’occasion de se lever deux heures plus tôt pour aller ramasser des paniers de champignons, en plus de leur journée de travail de dix, onze ou douze heures. Ces faits complètent l’image que je me fais des Étudiants de la Bible. Ce sont des fanatiques incroyablement serviables et prêts à tous les sacrifices. Si nous pouvions faire travailler leur fanatisme pour l’Allemagne ou l’inculquer à nos hommes, nous serions plus forts que nous ne le sommes aujourd’hui. Bien entendu, puisqu’ils rejettent la guerre, leur doctrine est tellement néfaste que nous ne pouvons la tolérer, sous peine de faire le plus grand tort à l’Allemagne. (...)
“Il ne sert à rien de les punir, car ils en parlent après avec enthousiasme. (...) Chaque châtiment leur procure des mérites pour l’autre monde. C’est pourquoi chaque vrai Étudiant de la Bible n’hésitera pas à se faire exécuter. (...) Chaque détention au cachot, chaque tiraillement d’un estomac affamé, chaque épreuve par le froid, chaque châtiment ou chaque coup constitue un mérite auprès de Jéhovah.
“Si, à l’avenir, des problèmes se développent dans le camp à propos des Étudiants de la Bible, j’interdis au commandant du camp de leur infliger un châtiment. De tels cas devraient m’être rapportés, avec une courte description des circonstances. Désormais, j’ai l’intention de faire le contraire et de dire à chacun d’eux : ‘Il vous est interdit de travailler. Vous êtes mieux nourris que les autres, et vous ne devez rien faire.’
“Car, d’après les croyances de ces fous aimables, ils n’auraient alors plus de mérite ; au contraire, leurs mérites précédents seraient annulés par Jéhovah.
“Ma suggestion actuelle est qu’on donne du travail à tous les Étudiants de la Bible, — par exemple, du travail agricole, qui n’a rien à faire avec la guerre et toutes ses folies. À condition qu’on leur donne une bonne affectation, on n’a pas besoin de les surveiller ; ils ne se sauveront pas. On peut leur assigner des tâches non contrôlées, et ils se montreront les meilleurs administrateurs et les meilleurs ouvriers.
“Voici une autre suggestion de Mme Kersten : Nous pouvons employer les Étudiants de la Bible dans nos ‘Lebensbornheime’ (Maison fondée pour élever les enfants engendrés par des SS pour produire une race de seigneurs), non comme infirmières, mais plutôt comme cuisinières, femmes de ménage ou pour travailler à la buanderie ou à d’autres tâches semblables. Là où le nettoyage est encore assuré par des hommes, nous pourrons employer des femmes robustes parmi les Étudiants de la Bible. Je suis convaincu que, dans la plupart des cas, elles nous causeront peu de difficultés.
“J’accepte également la suggestion que des Étudiants de la Bible soient mis dans des familles nombreuses. Il faut trouver des Étudiants de la Bible capables et me le signaler. Alors, je les affecterai personnellement à des familles nombreuses. Dans ces maisons, ils ne porteront pas les habits de prison mais des vêtements civils, et leur séjour sera organisé de la même façon que pour les Étudiants de la Bible libres et ceux qui sont internés à Harzwalde.
“Dans tous ces cas où des prisonniers sont partiellement libres et assignés à de tels travaux, nous voudrions éviter des accords par écrit et des signatures ; les accords seront scellés par une simple poignée de mains.
“Veuillez m’envoyer vos recommandations en vue de l’inauguration de cette action, ainsi qu’un rapport sur les résultats obtenus.”
Les choses se passèrent ainsi. Bientôt, bon nombre de sœurs furent envoyées travailler dans des maisons des SS, dans des jardins maraîchers, des domaines et des “Lebensbornheime”.
Il y avait toutefois une autre raison pour laquelle les SS étaient disposés à recevoir des témoins de Jéhovah chez eux. Ils sentaient la haine dissimulée qui croissait parmi la population. Ils se rendaient compte qu’on se moquait d’eux non plus simplement en cachette. Beaucoup d’entre eux n’avaient même plus confiance en leur femme de ménage, craignant qu’elle ne les empoisonne ou ne les tue d’une autre manière. Avec le temps, les officiers supérieurs des SS n’osaient plus aller chez n’importe quel barbier, de peur d’avoir la gorge tranchée. Max Schröer et Paul Wauer devaient régulièrement raser des chefs SS, car ces derniers savaient qu’un témoin de Jéhovah ne se vengerait jamais en tuant ses ennemis humains.
Ces frères et sœurs qui travaillaient en dehors des camps furent autorisés à être visités par leurs parents et même à leur rendre visite chez eux. Certains reçurent plusieurs semaines de vacances à cet effet. Naturellement, ces frères et sœurs étaient mieux nourris et leur santé s’améliora rapidement, ce qui réduisit le nombre de décès attribuables à la malnutrition et aux mauvais traitements.
Le grand changement d’attitude à l’égard des témoins de Jéhovah dans les camps de concentration se voit dans le cas de Reinhold Lühring. En février 1944, pendant qu’il travaillait, il a été convoqué inopinément au bureau du camp. C’était l’endroit où bien des frères avaient été maltraités et où l’on avait essayé de les persuader de renoncer à leur foi en Jéhovah. Imaginez la surprise de frère Lühring lorsque les officiers, assis en face de lui, lui ont demandé s’il accepterait de gérer une propriété, en dirigeant bien les travaux et les ouvriers ! Ayant répondu par l’affirmative, il a été conduit en Tchécoslovaquie avec quinze autres frères, pour s’occuper de la propriété de Mme Heydrich.

Josué

Josué
Administrateur

Un article ici.
https://www.jw.org/fr/bibliothèque/revues/g201002/Hier-officier-de-Hitler-aujourdhui-serviteur-du-Très-Haut/

Josué

Josué
Administrateur

[size=62]Kersten, le masseur de Himmler qui a sauvé des juifs[/size]

[size=30]Dans l'ombre. Le docteur Felix Kersten a habilement manipulé son patient pour arracher 60 000 juifs à la mort.[/size]
François Kersaudy
Publié le 04/04/2013 à 00h00








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Si Steven Spielberg s'était intéressé à son cas, Felix Kersten aurait été beaucoup plus célèbre qu'Oskar Schindler : c'est qu'en matière de sauvetage humanitaire durant la Seconde Guerre mondiale Schindler était un détaillant et Kersten un grossiste.
Issu d'une vieille famille allemande de la Baltique, il est né en 1898 à Reval, en Estonie, alors partie intégrante de l'Empire russe. Mais cet Estonien russe d'origine allemande devient citoyen finlandais lorsqu'il s'engage aux côtés des Gardes blancs du baron Mannerheim pour chasser les bolcheviques de Finlande en 1918. Cet engagement va également décider de son avenir : un mauvais rhumatisme contracté dans les marais de Carélie met fin à sa carrière militaire, mais son hospitalisation lui en ouvre une autre. Convalescent, Felix Kersten aide les soignants et se découvre un intérêt certain pour le massage thérapeutique, spécialité réputée en Finlande. Il s'initie pendant deux ans à cette technique, puis poursuit ses études de thérapie manuelle à Berlin. C'est là qu'il rencontre en 1922 un Tibétain, le docteur Kô, qui lui enseigne une forme très évoluée de massage profond. En 1925, le docteur Kô, satisfait de son élève, lui laisse sa clientèle et retourne au Tibet.
Des médecins qui soignent, on en trouve, mais des médecins qui guérissent, on en cherche : l'expertise acquise par Kersten lui vaut une nombreuse clientèle dans les milieux de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie européenne. Kersten parvient à guérir le prince Henri, époux de la reine Wilhelmine des Pays-Bas, et décide de s'installer à La Haye sans toutefois abandonner son cabinet de Berlin. C'est là qu'un de ses patients lui demande en mars 1939 de soigner Heinrich Himmler. Le chef suprême des SS a déjà une solide réputation de bourreau et Kersten est résolument antinazi ; pourtant, après un premier réflexe de refus, il finit par se rendre là où personne n'entre de son plein gré : au QG de la Gestapo, Prinz-Albrechtstrasse.
En Himmler Kersten découvre un homme malingre et souffreteux, périodiquement terrassé par de lancinantes douleurs abdominales. Si les massages profonds de Kersten soulagent l'inquiétant patient, leur effet s'estompe au bout de quelques semaines, de sorte que Himmler devient progressivement dépendant de son masseur - auquel il accepte de faire de grandes concessions. Celles-ci prennent bientôt la forme de grâces et de libérations de personnes arrêtées par la Gestapo : socialistes allemands, industriels suédois, Témoins de Jéhovah ou résistants néerlandais condamnés à mort. Mais ce qui commence "artisanalement" finit par prendre une tournure systématique, Kersten réclamant des élargissements de plus en plus considérables.
Exploit. Dans cette entreprise délicate menée à l'insu du Führer, le thérapeute finlandais bénéficie d'aides précieuses de la part du colonel Walter Schellenberg, chef des services de renseignement SS, et du secrétaire de Himmler, Rudolf Brandt, qui lui permet de recevoir des appels à l'aide par courrier sans avoir à s'inquiéter de la censure. C'est à ces hommes que Kersten devra sa survie au milieu de cette véritable mare d'alligators où surnagent Heydrich, Kaltenbrunner et "Gestapo" Müller.
Tant que les chefs nazis conservent l'illusion de la victoire finale, Kersten reste impuissant à soustraire des victimes aux camps de la mort. Mais, à partir de l'automne 1944, Himmler cherche à échapper au naufrage qui s'annonce et l'influence de Kersten s'en trouve considérablement accrue. Ainsi s'expliquent la libération de 100 étudiants norvégiens et policiers danois, puis celle de 3 000 femmes néerlandaises, belges, françaises et polonaises, et l'envoi en Suisse à la fin de 1944 de 2 700 juifs promis aux camps de la mort ; en mars 1945, alors que l'étau se referme sur le Reich, Kersten parvient à faire extraire 15 345 prisonniers scandinaves, polonais, français et belges de Dachau, Mauthausen, Theresienstadt, Ravensbrück et Neuengamme, d'où les 120 "bus blancs" du comte suédois Folke Bernadotte les évacueront in extremis vers le Danemark et la Suède. Mais le plus étonnant reste le "Contrat au nom de l'humanité" que Kersten fait signer au Reichsführer le 12 mars 1945 : alors que Hitler a donné l'ordre de dynamiter tous les camps de concentration avec leurs prisonniers dès l'approche des Alliés, Himmler s'engage par écrit à ce que les camps leur soient remis intacts. L'effondrement du Reich mettra fin à ses intrigues, tandis que Kersten, replié en Suède, aura la satisfaction d'avoir sauvé au moins 60 000 juifs durant les six derniers mois et des milliers d'autres prisonniers durant les six dernières années.
Si son exploit demeure ignoré, c'est que le comte Bernadotte, neveu du roi de Suède, s'attribue tout le mérite du grand sauvetage des ultimes semaines de guerre - et le menace de le faire expulser de Suède au cas où il s'aviserait de le lui contester ! Après tout, un homme qui a soigné Himmler ne pourrait-il être rendu complice de ses crimes ? Le livre de Folke Bernadotte, "Slutet" ("La fin"), rendra son auteur mondialement célèbre. Mais il faudra attendre encore des années pour que les Pays-Bas, la Suède, la Belgique et la France reconnaissent officiellement les éminents services de Kersten.
Risques. Pourtant, le plus extraordinaire de toute l'histoire reste que ce Finlandais providentiel à la silhouette enveloppée, aux doigts d'or et au coeur généreux ne figure même pas sur la liste des "Justes parmi les nations" ! Le mémorial Yad Vashem s'en est récemment expliqué à l'auteur en ces termes : "Le titre de Juste est remis uniquement à des personnes non juives qui ont aidé au péril de leur vie des personnes juives sous l'Occupation[...]et l'élément de risque est absent dans le cas de Kersten." Une double réponse qui laisse perplexe : aurait-on trouvé à Kersten de lointaines ascendances juives, dont même l'enquête minutieuse de la Gestapo n'avait décelé aucune trace ? Mystère... Quant à l'absence d'élément de risque, on considérera donc comme une sinécure le fait d'enfreindre pendant six ans toutes les règles d'un régime de gangsters, d'être harcelé par Heydrich, d'échapper d'extrême justesse à l'assassinat organisé par Kaltenbrunner, d'être espionné en permanence par "Gestapo" Müller, de risquer d'être lâché sur l'heure par Himmler si le Führer s'informait de ses activités et enfin d'être mitraillé par l'aviation alliée lors de ses missions entre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et la Finlande... Force est d'en déduire que la notion de risque s'est considérablement dévaluée depuis l'année 1947, où un mémorandum en suédois du Congrès juif mondial établissait que Felix Kersten avait sauvé"100 000 hommes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs[...]au péril de sa propre vie".

https://www.lepoint.fr/culture/kersten-le-masseur-de-himmler-qui-a-sauve-des-juifs-04-04-2013-1690188_3.php#11

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