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Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945

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papy
Mikael
samuel
jc21
chico.
Josué
10 participants

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Josué

Josué
Administrateur

Rappel du premier message :

La persécution des Témoins de Jéhovah (connus jusque dans les années 30 sous la dénomination d’« Etudiants de la Bible ») par l’état national-socialiste fut systématique et impitoyable. Leur refus rigoureux d’adorer le Führer, de travailler dans l’industrie de l’armement et de prendre les armes, en a rapidement fait la cible de la persécution par les autorités nazies. Un grand nombre d’entre eux subirent des brimades, la prison ou l’internement dans les camps de concentration.

Malgré cela, les Témoins de Jéhovah font partie des « victimes oubliées » du fascisme. Que ce soit en RDA - où les Témoins eurent à subir peu de temps après une nouvelle vague de discrimination et d’emprisonnements arbitraires - ou en RFA, les souffrances subies par cette communauté religieuse sous le régime nazi n’ont pas été reconnues. Les recherches à ce sujet n’ont été entreprises que depuis peu, et n’en sont encore qu’à leur début.

Cet ouvrage regroupe les résultats des recherches d’historiens et des rapports de Témoins de Jéhovah, ainsi que des documents inédits. Il donne une vue d’ensemble sur les investigations effectuées jusqu’à présent, ce qui contribuera à éliminer des craintes infondées et permettra aux personnes intéressées de connaître l’histoire d’un groupe de « victimes oubliées ».
Préface

Hans HESSE
Introduction

Partie A

Henry FRIEDLANDER
Catégories de détenus dans les camps de concentration

Christoph DAXELMÜLLER
Solidarité et volonté de survie : Comportement religieux et social des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration

Jürgen HARDER, Hans HESSE
Les détenues Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration pour femmes de Moringen : leur contribution à la résistance des femmes au national-socialisme

Kirsten JOHN-STUCKE
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Wewelsburg

Antje ZEIGER
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Sachsenhausen

Martin GUSE
« Ce petit ... il a beaucoup souffert... ». Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration pour jeunes de Moringen

Thomas RAHE
Les Témoins de Jéhovah dans le camp de concentration de Bergen-Belsen

Johannes WROBEL
Le cycle de Buchenwald. Les aquarelles du Témoin de Jéhovah Johannes Steyer

Sybil MILTON
Les Témoins de Jéhovah, victimes oubliées

Sybil MILTON
Les Témoins de Jéhovah dans la documentation historique

Angela NERLICH/Wolfram SLUPINA
Sauvé de l’oubli - Le cas Hans Gärtner

Ursula KRAUSE-SCHMITT
Résistance et persécution des femmes Témoins de Jéhovah

Hubert ROSER
L’association religieuse des Témoins de Jéhovah au Bade-Wurtemberg, 1933-1945

Hans-Hermann DIRKSEN
Les Témoins de Jéhovah en République démocratique d’Allemagne

Göran WESTPHAL
La persécution des Témoins de Jéhovah à Weimar entre 1945 et 1990

Detlef GARBE
Désintérêt de la société, ’désinformation’ de l’État, nouvelle persécution et, à présent, instrumentalisation de l’histoire ?

Wolfram SLUPINA
Persécutés et presque oubliés.


Josué

Josué
Administrateur

Entre-temps, Jéhovah agissait de son côté, car il peut diriger le cœur des hommes, — même celui de ses ennemis, — comme il dirige les cours d’eau. À cet égard, Himmler fournit un exemple frappant. Pendant des années, il a cru que lui seul pouvait disposer de la vie des fidèles serviteurs de Jéhovah, mais tout à coup il a changé d’avis au sujet des “Étudiants de la Bible”. Son médecin personnel, un Finlandais nommé Kersten, y a joué un rôle important.
Le masseur Kersten ne tarda pas à exercer une puissante influence sur Himmler, qui était souvent malade. Kersten apprit que les témoins de Jéhovah étaient cruellement persécutés et un jour il demanda à Himmler de lui donner quelques femmes témoins pour qu’elles travaillent dans sa propriété à Harzwalde, à environ soixante-dix kilomètres au nord de Berlin. Après un moment d’hésitation, Himmler donna son accord, et plus tard il accepta de libérer une sœur d’un camp de concentration, pour qu’elle puisse travailler dans la résidence secondaire de Kersten, en Suède. Ces sœurs apprirent à Kersten la vérité concernant les conditions qui régnaient dans les camps de concentration et sur les souffrances indescriptibles infligées depuis des années surtout aux témoins de Jéhovah. Il était très choqué, d’autant plus qu’il savait que ses massages répétés permettaient à ce monstre de maintenir sa santé et ainsi de poursuivre sa besogne meurtrière. Aussi Kersten décida-​t-​il d’user de son influence pour soulager au moins dans une certaine mesure les souffrances de tous ces prisonniers. On peut donc attribuer à son influence le fait que, particulièrement vers la fin de la guerre, plusieurs dizaines de milliers de détenus ne furent pas exterminés. Son influence s’avéra particulièrement salutaire pour les témoins de Jéhovah. Cela ressort d’une lettre que Himmler écrivit à deux de ses plus proches collaborateurs, les chefs SS Pohl et Müller. Cette lettre, marquée “Secret”, déclarait entre autres :
“Vous trouverez ci-joint un rapport sur dix Étudiants de la Bible qui travaillent à la ferme de mon médecin. J’ai eu l’occasion d’étudier sous tous les angles l’affaire des Étudiants sincères de la Bible. Mme Kersten m’a fait une très bonne suggestion. Elle a dit qu’elle n’a jamais eu des domestiques aussi bons, serviables, fidèles et obéissants que ces dix femmes. Ces gens font beaucoup  par amour et bonté. (...) Une fois, un invité donna à une des femmes un pourboire de 5 Reichsmarks. Ne voulant pas déshonorer la maison, elle accepta l’argent mais le remit aussitôt à Mme Kersten, puisque l’argent était interdit dans les camps. Ces femmes accomplissaient de bon cœur n’importe quelle tâche. Le soir, elles tricotaient, et le dimanche elles s’occupaient autrement. En été, elles ne laissaient pas passer l’occasion de se lever deux heures plus tôt pour aller ramasser des paniers de champignons, en plus de leur journée de travail de dix, onze ou douze heures. Ces faits complètent l’image que je me fais des Étudiants de la Bible. Ce sont des fanatiques incroyablement serviables et prêts à tous les sacrifices. Si nous pouvions faire travailler leur fanatisme pour l’Allemagne ou l’inculquer à nos hommes, nous serions plus forts que nous ne le sommes aujourd’hui. Bien entendu, puisqu’ils rejettent la guerre, leur doctrine est tellement néfaste que nous ne pouvons la tolérer, sous peine de faire le plus grand tort à l’Allemagne. (...)
“Il ne sert à rien de les punir, car ils en parlent après avec enthousiasme. (...) Chaque châtiment leur procure des mérites pour l’autre monde. C’est pourquoi chaque vrai Étudiant de la Bible n’hésitera pas à se faire exécuter. (...) Chaque détention au cachot, chaque tiraillement d’un estomac affamé, chaque épreuve par le froid, chaque châtiment ou chaque coup constitue un mérite auprès de Jéhovah.
“Si, à l’avenir, des problèmes se développent dans le camp à propos des Étudiants de la Bible, j’interdis au commandant du camp de leur infliger un châtiment. De tels cas devraient m’être rapportés, avec une courte description des circonstances. Désormais, j’ai l’intention de faire le contraire et de dire à chacun d’eux : ‘Il vous est interdit de travailler. Vous êtes mieux nourris que les autres, et vous ne devez rien faire.’
“Car, d’après les croyances de ces fous aimables, ils n’auraient alors plus de mérite ; au contraire, leurs mérites précédents seraient annulés par Jéhovah.
“Ma suggestion actuelle est qu’on donne du travail à tous les Étudiants de la Bible, — par exemple, du travail agricole, qui n’a rien à faire avec la guerre et toutes ses folies. À condition qu’on leur donne une bonne affectation, on n’a pas besoin de les surveiller ; ils ne se sauveront pas. On peut leur assigner des tâches non contrôlées, et ils se montreront les meilleurs administrateurs et les meilleurs ouvriers.
“Voici une autre suggestion de Mme Kersten : Nous pouvons employer les Étudiants de la Bible dans nos ‘Lebensbornheime’ (Maison fondée pour élever les enfants engendrés par des SS pour produire une race de seigneurs), non comme infirmières, mais plutôt comme cuisinières, femmes de ménage ou pour travailler à la buanderie ou à d’autres tâches semblables. Là où le  nettoyage est encore assuré par des hommes, nous pourrons employer des femmes robustes parmi les Étudiants de la Bible. Je suis convaincu que, dans la plupart des cas, elles nous causeront peu de difficultés.
“J’accepte également la suggestion que des Étudiants de la Bible soient mis dans des familles nombreuses. Il faut trouver des Étudiants de la Bible capables et me le signaler. Alors, je les affecterai personnellement à des familles nombreuses. Dans ces maisons, ils ne porteront pas les habits de prison mais des vêtements civils, et leur séjour sera organisé de la même façon que pour les Étudiants de la Bible libres et ceux qui sont internés à Harzwalde.

philippe83


MODERATEUR
MODERATEUR

Merci Jo. Magnifique ! monkey monkey monkey

Josué

Josué
Administrateur

Quand ils sont venus chercher les communistes je n'ai rien dit.
Quand  ils sont venus chercher les juifs je n'ai rien dit.
Quand ils sont venu chercher les syndicalistes je n'ai rien dit.
Quant ils sont venu me prendre il n'y avait plus personne pour me défendre.
Pasteur Niemöller.
Dachau 1942.

Josué

Josué
Administrateur

17 MAI 2023
ALLEMAGNE

[size=33]Le camp de concentration de Flossenbürg inaugure une plaque commémorative en l’honneur des Témoins de Jéhovah

[/size]
Le 22 avril 2023, le mémorial du camp de concentration de Flossenbürg, situé en Bavière (Allemagne), a inauguré une plaque commémorative en l’honneur des Témoins de Jéhovah morts dans ce camp. Ce mémorial est le neuvième à honorer les Témoins de Jéhovah au moyen d’une plaque.
Plus de 100 Témoins de Jéhovah ont été emprisonnés à Flossenbürg et dans ses camps annexes. Des membres de leur famille ont assisté à la cérémonie. Un frère présent a raconté : « C’était très triste de se trouver sur ce lieu de mémoire, où des actes d’une gravité inimaginable ont été commis. Cependant, se rappeler la fidélité de nos frères a rendu ce moment à la fois joyeux et digne. »
Jörg Skriebeleit, directeur du mémorial du camp de concentration de Flossenbürg, a expliqué que « les Témoins de Jéhovah ont été la première communauté religieuse à être interdite après la prise du pouvoir par les nazis en mars 1933 ». Lors d’une brève intervention, il a souligné que « la foi a donné [aux Témoins] de la force pendant qu’ils étaient dans le camp de concentration […] non seulement pour survivre, mais aussi pour [la] transmettre à d’autres qui ne partageaient pas leurs croyances. »
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 702023108_univ_cnt_02_lg
Les assistants écoutent attentivement pendant la cérémonie d’inauguration qui a eu lieu en Bavière, (Allemagne). En médaillon : Sœur Judith Ribic, dont le père a été emprisonné dans le camp de Flossenbürg, et monsieur Skriebeleit dévoilent la plaque commémorative.

Frère Wolfram Slupina, porte-parole des Témoins de Jéhovah d’Allemagne, s’est également adressé à l’assistance. Il a déclaré : « Nous devons tous veiller à ce que l’histoire des Témoins de Jéhovah en tant que groupe victime ne soit pas oubliée, l’histoire de personnes qui étaient déterminées à suivre leur conscience pendant les périodes les plus sombres de l’Allemagne. »
Nous sommes certains que nos frères et sœurs fidèles qui ont enduré la persécution et même qui sont morts dans les camps de concentration sont dans le « livre de souvenir » de Dieu (Malachie 3:16).
https://www.jw.org/fr/actualites/region/allemagne/Le-camp-de-concentration-de-Flossenbürg-inaugure-une-plaque-commémorative-en-lhonneur-des-Témoins-de-Jéhovah/

Mikael et papy aiment ce message

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Beau témoignage de fidélité.

Josué

Josué
Administrateur

Les mains du miracles en ligne.
https://www.monvoisin.xyz/wp-content/uploads/2020/05/Monvoisin_JOSEPH_KESSEL_LES_MAINS_DU_MIRACLE1960Editions-Gallimard.pdf

Mikael aime ce message

Josué

Josué
Administrateur

Une reconnaissance pour la Mémoire de la déportation religieuse : le cas des Témoins de Jéhovah
 
par Philippe Barbey, Focus sociologique, 28 janvier 2017
 
Intervention de Philippe Barbey, sociologue des religions, conférence du CETJAD à l'occasion du soixante et onzième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1945, « Témoins et martyrs des camps : 1933-1945 – Le cas des Témoins de Jéhovah », Samedi 28 janvier 2017, Centre de congrès Cité mondiale, Bordeaux.
 
Le 27 janvier 1945, tout en repoussant devant elles la Wehrmacht, les troupes soviétiques découvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, à l'ouest de Cracovie en Pologne. Les soldats russes y trouvent 7000 détenus survivants et ont la révélation de la Shoah.
 
Auschwitz : un camp emblématique de la barbarie nazie
Le camp d'Auschwitz (Oświęcim en polonais) est aménagé le 30 avril 1940 dans une ancienne caserne pour incarcérer les résistants polonais. Son commandant est Rudolf Hoess, lieutenant-colonel SS de 39 ans qui a déjà servi au camp de Dachau, près de Munich. Convaincu que le travail contribue à assagir les prisonniers, Hoess affiche au-dessus de la grille du camp la devise cynique inaugurée à Dachau : Arbeit macht frei (« Le travail rend libre »). Beaucoup de prisonniers meurent d'épuisement dans les complexes industriels.
 
Vers Auschwitz vont être envoyés en particulier les déportés français, à partir du camp de transit de Drancy, au nord de Paris. Le camp, où sévissent 3.000 SS, va connaître une pointe d'activité à la fin de la guerre, au printemps 1944, avec l'extermination précipitée de 400.000 Juifs de Hongrie, ces malheureux étant gazés et brûlés au rythme de 6.000 par jour.[1] Environ un million cent mille Juifs sont ainsi morts à Auschwitz-Birkenau, auxquels s'ajoutent 300.000 non-Juifs. Oświęcim est aujourd'hui une ville polonaise presque ordinaire de 40.000 habitants.
 
Le camp d'Auschwitz est devenu le plus emblématique des camps nazis. Il a pris une place centrale dans l'histoire de la Shoah et de la déportation, au point de fausser la vision que l'on peut en avoir. Il a fait oublier que la majorité des six millions de victimes juives ont été exterminées par d'autres moyens que le gaz, famine, mauvais traitements et surtout fusillades de masse.
 
Préserver la mémoire de la déportation religieuse des Témoins
de Jéhovah : le témoignage des martyrs survivants des camps
Les détenus ont pu témoigner de l’existence des camps, de la barbarie qui s’y est exercée, des tortures qui y ont été commises. Cette tragédie impitoyable subie par les Juifs particulièrement à Auschwitz a pu faire oublier aussi les autres catégories de déportés qui eurent également un sort terrible dans les camps nazis et parmi eux, les Témoins de Jéhovah.
 
Témoin et martyr ont la même racine. En grec, témoin se dit marturos. Un martyr témoigne de ses convictions dans la vie ou par sa mort. Marie-Louise Le Mouël, agrégée de Lettres classiques, professeure des classes préparatoires, expliquait : "Martyr en grec, c’est témoin. L’un et l’autre témoignent, l’un dans la paix, la vie ; l’autre dans la souffrance, la mort. Le martyr est la face tragique, la face d’ombre du témoin. Il vaut mieux être témoin que martyr. Mais toute conviction ferme peut, aux heures obscures, transformer un témoin en martyr." [2]
 
Les détenus des camps sont devenus des martyrs à divers titres. A cause de leur race, les juifs qui dans les camps devaient arborer un triangle ou une étoile jaunes, les tziganes un triangle marron; à cause de leurs engagements politiques, communistes, socialistes, gaullistes, triangle rouge; à cause de leur choix de vie, les homosexuels, triangle rose et puis aussi les prisonniers de droit commun, triangle vert, les émigrés apatrides, triangle bleu, ceux que les nazis considéraient comme asociaux devaient porter un triangle noir. Les Témoins de Jéhovah étaient obligés de porter un triangle violet.
 
Les ouvrages de plus en plus nombreux publiés après la guerre sur cette période terrible citaient parfois les Témoins de Jéhovah mais souvent sous des noms qui ne permettaient pas de les identifier.[3] Souvent, on les appelait les Bibelforscher, y compris en France, qui plus est en allemand, langue de leurs tortionnaires et de l'occupant. BibelforscherErnst BibelforscherÉtudiants de la Bible, vrais chercheurs de la Bible, sectateurs de la Bible, scrutateurs de la Bible, toutes ces appellations se rapportaient pourtant aux Témoins de Jéhovah. Et à cause de ces dénominations qui cachaient la véritable identité de ce groupe, les Témoins de Jéhovah en vinrent à être longtemps oubliés dans les commémorations de la déportation ainsi que dans les manuels d'histoire.[4]
 
Pourtant, dans les camps, comme on l'a dit, les Témoins de Jéhovah étaient clairement identifiés par un signe distinctif de leur catégorie cousu sur leur vareuse rayée de détenu : un triangle de couleur violette. Certains rescapés les ont vus, les ont côtoyés et en ont témoigné. Ainsi, Edmond Michelet (1899-1970), grand résistant, ministre des Armées (1945-1946), ministre des Anciens Combattants (1958-1959),  interné à Dachau, parle de ce groupe en termes particulièrement émouvants : "Et voici enfin l'immense pègre des manants, (...), les Témoins de Jéhovah au triangle violet."[5]
 
Geneviève de Gaulle Anthonioz, nièce du général de Gaulle, fut déportée à Ravensbrück. Elle était placée dans une cellule du camp, le « bunker », dans des conditions d’isolement très dures. Là, elle fait la connaissance d’une Témoin de Jéhovah qui lui apporte la nourriture. « En effet, une détenue âgée exécute les ordres. Elle porte le triangle violet des Témoins de Jéhovah et un numéro qui la signale comme une des premières immatriculées dans le camp.(…)»[6]
 
Simone VEIL, survivante du camp d'Auschwitz, se souvenait dans un entretien donné en 2005: "Le camp, c'étaient beaucoup de cris. Les hurlements des kapos, les ordres des SS, les aboiements des chiens... et, au loin, le son de l'orchestre qui jouait, surtout pour le départ et le retour des kommandos qui travaillaient à l'extérieur du camp. (...) Il y avait des "droit commun" reconnaissables à leur triangle vert, des condamnées pour affaires de mœurs, en noir, des Témoins de Jéhovah avec un triangle violet (...)." [7]
 
Les Témoins de Jéhovah anciens déportés réunis au sein du Cercle Européen des Témoins de Jéhovah Anciens Déportés et internés (CETJAD) publiaient en 1994 « Mémoire de Témoins 1933-1945. »[8] Dans cet ouvrage, des survivants décrivent, preuves documentaires à l’appui, le long calvaire qu’ils ont enduré pour leur foi chrétienne. Aujourd’hui,  grâce à ce document et aux expositions, aux conférences, aux projections organisés par le CETJAD, les ouvrages consacrés à cette période du nazisme utilisent le nom de Témoins de Jéhovah pour parler du groupe des triangles violets et de ceux qui y appartenaient.[9] 
  
Poursuivre la préservation de la Mémoire du martyre
des Témoins de Jéhovah : les travaux des chercheurs
Après les témoins, les chercheurs, les universitaires, les historiens, les sociologues rappelèrent à leur tour le martyre oublié des Témoins de Jéhovah.  Ainsi, François Bédarida (1926-2001), maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris (1971-1978) et fondateur et premier directeur de l'Institut d'histoire du temps présent, (1978-1990) posait cette question il y a maintenant 18 ans : « Qui, à part les spécialistes, connaît le destin des témoins de Jéhovah sous le IIIe Reich ? Pourtant, tout au long des douze années du régime, la persécution s’est abattue sur eux avec un acharnement constant et avec une violence implacable. Eux aussi ont connu l’horreur de l’univers concentrationnaire. Eux aussi ont payé un lourd tribut à la fidélité à leurs convictions. Pourquoi ces chrétiens sont-ils les oubliés de l’histoire ? » [10]
 
Le philosophe Michel ONFRAY soulignait dans un entretien en 2005 : "Quant aux prêtres dans les camps, ils étaient enfermés pour leur héroïsme résistant, pas à cause de leur appartenance à l’Église catholique : que je sache, la religion chrétienne n'était pas inquiétée officiellement dans le IIIe Reich - à la différence des témoins de Jéhovah qui, eux, devaient arborer le triangle violet. Mais qui s'en souvient ? "[11]
 
On connait bien aujourd'hui le parcours de ces héros ordinaires qui ont dit non au nazisme et ont courageusement fait face à Hitler. Cette seule catégorie de détenus portait un  triangle en raison de sa religion, de ses choix spirituels qui s'opposaient fermement à la doctrine politique du nazisme.
 
« Cette persécution est venue buter contre la résistance spirituelle, tenace et victorieuse, de croyants capables d’opposer la force intérieure de leur foi en Jésus-Christ au poids des pressions externes, à commencer par la violence physique de l’État policier – et cela jusqu’à l’héroïsme et au martyre. »[12] C'est ainsi que François Bédarida décrivait la résistance spirituelle  des Témoins de Jéhovah, résistance qui a entraîné pour eux de terribles persécutions par l’État nazi.
 
Dans son ouvrage fort documenté intitulé Les Témoins de Jéhovah face à Hitler, le directeur du CETJAD, Guy Canonici explique les raisons invoquées par les nazis pour persécuter les Témoins de Jéhovah. Pour les nazis, les Témoins de Jéhovah sont coupables de délit d'opinion. Le Ministère prussien de l'Intérieur les accuse en 1933 de 'miner les fondements de la vie commune, de fanatiser leurs adhérents, de travail opiniâtre de décomposition bolchevique, par des cérémonies particulières d'influencer et d'exalter ceux qui écoutent, dérangeant instantanément leur équilibre spirituel.' Dans un document de 1939, la direction de la Gestapo les mettra en tête de la liste des "sectes interdites" depuis 1933.' [13]
 
Ainsi, les Témoins de Jéhovah refusent obstinément de tendre le bras pour faire le salut nazi et de crier Heil Hitler. Ce seul refus répété quotidiennement les met déjà au ban de la société jusque dans les camps. Le psychanalyste Bruno Bettelheim qui a observé les Témoins de Jéhovah à Buchenwald a écrit à leur sujet : "L'antinazi, plusieurs fois par jour, avait le choix entre devenir un martyr - tout en mettant à l'épreuve le courage et les convictions de l'autre personne - ou perdre l'estime de lui-même."[14]
 
Seul leur Dieu Jéhovah méritait pour eux l’adoration, adoration qu’il n’était pas question de partager avec Hitler et ses symboles néo-païens. Ainsi, ils préféraient mourir plutôt que d’abjurer. [15]
 
Engagement chrétien sans faille, refus du nationalisme, refus de l'embrigadement et de la guerre, toutes ces raisons ont amené les Témoins de Jéhovah à s'opposer au nazisme. Ils ont remporter leur combat spirituel et sont reconnus aujourd'hui et à juste titre comme des martyrs des camps. La Mémoire de la Déportation devait intégrer cette reconnaissance des Témoins de Jéhovah. C'est aujourd'hui chose faite.
 
Joseph Kessel, dans sa biographie consacré au Docteur Félix Kersten, médecin personnel bien malgré lui de Himmler, consacre un chapitre entier des mémoires du médecin aux Témoins de Jéhovah. Il s'émeut beaucoup de leur sort. "(...) Les Témoins de Jéhovah comptaient  en Allemagne quelque deux mille fidèles. Parce qu'ils disaient que la guerre était un fléau et qu'ils proclamaient que Dieu, pour eux, passait avant Hitler, ils furent saisis, enfermés dans des camps de concentration et soumis à un traitement particulièrement inhumain. Kersten en fut averti et résolut de les aider autant qu'il le pourrait."[16] Grâce aux Témoins de Jéhovah qui entrent à son service et qu'il sauve de cette manière, il apprend 'avec précision et en détail les atrocités qui étaient en usage dans les camps de concentration.' "Les Témoins de Jéhovah lui permirent d'en avoir une vision nette et complète."[17]
 
Edmond Michelet commentait ainsi la condition des survivants des camps dont il était lui-même : "Ni sains, ni saufs ...Dix ans après la libération des camps, le roman d'une rescapée de Ravensbrück rappelleraient aux survivants qui l'auraient oublié qu'il y aura effectivement toujours un côté d'eux-mêmes auquel le diagnostic s'applique. Sans parler de ceux qui, depuis dix ans, ont cessé de répondre à l'appel parce qu'ils sont allés rejoindre avant l'âge, physiquement exténués, les camarades laissés derrière eux (...) dans le jardin des crématoires ou les fosses communes des environs." [18]

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Josué

Josué
Administrateur

ALLEMAGNE

Quinze jeunes Témoins récompensés pour leur projet sur une victime du régime nazi, Wilhelmine Pötter


Le 6 juillet 2023, 15 jeunes Témoins de Jéhovah de la ville de Cassel, en Allemagne, ont reçu le premier prix pour leur projet sur le courage exemplaire de sœur Wilhelmine Pötter, qui a été persécutée par les nazis.
L’association Stolpersteine de Cassel a posé dans de nombreuses rues de la ville des pavés commémoratifs en l’honneur de ceux qui ont perdu la vie sous le régime nazi. Parmi ceux dont on célèbre le souvenir se trouvent Wilhelmine Pötter et son mari, Justus. Wilhelmine a également une rue qui porte son nom dans un village voisin, Niestetal. À l’occasion du dixième anniversaire de l’association, des élèves et des étudiants de la ville de Cassel ont été encouragés à retracer la vie d’une ou de plusieurs victimes de la persécution nazie et à exposer les leçons qu’ils en ont tirées.
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 702023230_univ_cnt_02_lg
Des affiches montrant des lettres de sœur Pötter sont placardées sur l’arrêt de bus de la rue Wilhelmine Pötter.

Les jeunes Témoins, âgés de 13 à 23 ans, ont choisi de parler de Wilhelmine. Ils ont réalisé une vidéo de 24 minutes sur sa vie, qu’ils ont intitulée Elle obéissait avant tout à Dieu. La vidéo précisait qu’elle avait été faite prisonnière par les nazis en 1937, et qu’elle était morte en 1942 dans le camp de concentration de Ravensbrück, à seulement 49 ans. Le groupe de jeunes a aussi imprimé de petites affiches montrant des photos des lettres que Wilhelmine avait écrites à son mari et à sa famille pendant sa détention. Ces affiches ont été placardées sur l’arrêt de bus de la rue Wilhelmine Pötter.
Dans une lettre adressée à son mari, datée du 25 avril 1937, Wilhelmine a écrit : « Cher Justus, j’ai été heureuse d’apprendre que nous sommes tous les deux restés calmes et sereins à l’annonce de notre condamnation. Maintenant, nous laissons toutes choses entre les mains du Seigneur afin qu’il continue de nous guider et de nous orienter. Par-dessus tout, je prie le Seigneur de nous donner la force spirituelle et physique de tenir notre promesse de lui rester fidèles jusqu’à la fin. Il ne permettra jamais que notre fardeau soit plus lourd que ce que nous sommes capables de porter. Nous nous appuierons donc sur notre Seigneur et Maître avec une ferme assurance. » Jéhovah a répondu à sa prière : Wilhelmine et Justus lui sont restés fidèles jusqu’à leur mort en camp de concentration.
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 702023230_univ_cnt_03_sm
La lettre que Wilhelmine a écrite à son mari, Justus, le 25 avril 1937.

Dans la vidéo, sœur Alexandra Altemeier, 23 ans, a fait remarquer : « Wilhelmine et son mari savaient qu’être des disciples de Christ leur vaudrait de l’opposition. Ils ont accepté d’être persécutés, arrêtés et même mis à mort en raison de leurs croyances, car ils savaient que Dieu ne les oublierait pas. » Frère Ole Schröder, 18 ans, a aussi participé au projet. Il a dit : « L’exemple de sœur Pötter m’encourage beaucoup. Sa foi, sa fidélité à Dieu, son endurance et le fait qu’elle n’a pas perdu sa joie, tout cela est vraiment admirable. Son exemple me montre à quel point l’amitié avec Dieu est précieuse. »
Lors de la cérémonie de remise des prix, l’intégralité de la vidéo a été présentée aux 180 assistants, parmi lesquels d’autres participants, des journalistes, le maire, le ministre d’État à la culture et le directeur des écoles du district.
Tout comme nos jeunes frères et sœurs qui ont participé à ce projet, nous sommes stimulés l’exemple de foi et de courage de Wilhelmine et Justus. Nous sommes convaincus que Jéhovah n’oubliera jamais ses fidèles (Hébreux 6:10).

Josué

Josué
Administrateur

Josué a écrit:Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 Cemomr10
url=https://servimg.com/view/19694441/1696]Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 Simone10[/url]

Josué

Josué
Administrateur

https://www.jw.org/fr/temoins-de-jehovah/faq/tj-regime-nazi-faits-camps-de-concentration/

Josué

Josué
Administrateur

Josué a écrit:Un livre à lire.

Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945 - Page 3 Les_bi10
Résumé
Hitler se leva d'un bond et les poings serrés, hurla comme un hystérique : cette engeance sera exterminée en Allemagne. Cette " engeance " désignait les Bibelforscher, plus connus sous le nom de Témoins de Jéhovah qui, dans les camps nazis, portaient le triangle violet. Or il y a des pans de notre Histoire contemporaine, surtout au cours de ces années 90, que l'on tenait scrupuleusement dans le secret, sinon dans l'oubli, ces choses taboues qu'il fallait éviter d'exhumer. Et comme la préoccupation des " bien-pensants " était de lutter contre les méfaits d'une secte, il valait mieux pour l'efficacité d'un tel combat, leur refuser le titre de martyre et ne pas les inscrire dans la mémoire de la déportation. Malgré les nombreuses mises en garde, difficultés et chausse-trappes, le présent ouvrage a gommé cet ignoble oubli. Il raconte l'opposition, la répression que les Témoins de Jéhovah subirent dès 1933, leur vie, leur " résistance " dans les camps de la mort, la guerre sans merci menée contre eux par Hitler. Parlant des Bibelforscherinnen déportées à Ravensbrück, Marie-Claude Vaillant-Couturier dira : elles refusaient de travailler pour la guerre... Je les respectais pour leur courage... Geneviève de Gaulle Anthonioz les a rencontrées. Elle témoignera : ... mais quand j'étais en prison, elles m'ont rendu un grand service... Les Bibelforscher ont un droit, simplement et sans autre justification, à la reconnaissance de leur martyre. Ils furent victimes du nazisme. Quel ostracisme à l'égard de ce peuple ! Quel danger pouvait-il donc enfanter ? Pourquoi cultivions-nous autant de crainte et de silence. Cet ouvrage est un acte de liberté pour nous qui n'appartenons pas à leur " monde ". Une source inégalée d'informations, de témoignages, etc. est mise à la connaissance de tout chercheur, de tout lecteur, de tout homme curieux. Voici un acte de justice, la réponse à toute attaque. Rien ne saura nier cette réalité : je fus le premier à ouvrir le dossier des Bibelforscher contre le nazisme, ces oubliés de l'Histoire de 1933 à 1945. Que mémoire et vérité nous soient faites. Michel Reynaud.

chico.

chico.

https://www.jw.org/fr/actualites/region/allemagne/Hermine-Schmidt-dernière-survivante-des-Témoins-emprisonnés-dans-les-camps-de-concentration-nazis-décède-à-lâge-de-98-ans/

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