Coptes: Habent papam
Natalia Trouiller - publié le 05/11/2012
Le nouveau pape des coptes, Tawadros II, a été désigné hier à la fin d'un long et complexe processus. Ce jeune patriarche - il a été élu le jour de son soixantième anniversaire - pourrait montrer un visage moins politique et plus centré sur la spiritualité que son prestigieux prédécesseur Chenouda.
Anba (Mgr) Pakhomious dévoilant le nom du 118e pape de l'Eglise copte-orthodoxe,Tawadros II, tandis qu'un poster à son effigie était dressé sur le mur de la cathédrale Saint-Marc. ©Nasser Nasser/AP/SIPA
Les premiers hors de la communauté copte à féliciter le nouveau "pape d'Alexandrie, patriarche de toute l'Afrique et du siège de Saint Marc" Tawadros II ont été les Frères musulmans, le parti actuellement au pouvoir en Egypte. Ils se sont déclarés "optimistes à l'idée de travailler avec lui afin de répandre les bonnes moeurs et mettre l'accent sur les valeurs de liberté, de justice et d'égalité". Il n'était pas forcément le favori des trois derniers challengers en lice depuis le début de la semaine, puisque les grands électeurs coptes avaient voté plus massivement pour un autre concurrent, Anba (Mgr) Rafail; le futur Tawadros II lui-même avait d'ailleurs voté pour lui. Mais hier, lors d'une messe spéciale célébrée à la cathédrale Saint Marc du Caire, un enfant, de Bichoy Girgis Masaad a tiré au sort le nom de Tawadros.
> Au terme de ses études de pharmacie, il est entré au séminaire. Il prononce ses voeux de moine en 1988 (dans la tradition copte, en effet, nul ne peut accéder au trône de saint Marc s'il n'a eu une expérience monastique), puis est nommé évêque en 1997. Proche de l'actuel pape par intérim Pakhomious, il présente la particularité d'être le favori des Frères musulmans, avec lesquels il a tissé d'excellents rapports au fil des ans.
> Dans une interview exclusive à nos confrères de La Croix, une vingtaine d'heures avant sa désignation, le futur pape avait expliqué qu'il comptait "confirmer le rôle spirituel de l’Église. Elle a deux rôles principaux, l’un est spirituel et l’autre social. Elle les exerce aujourd’hui, mais les circonstances ont créé une confusion, et je veux la rectifier", ajoutant qu'il comptait suivre le chemin "de Chenouda III, mais aussi celui de Cyrille VI", le prédécesseur de Chenouda, vénéré comme un saint parmi la communauté copte et au rôle bien moins politique que son successeur.
> Or, si Chenouda III, à la longévité (en tant que pape) exceptionnelle, avait été amené à jouer un rôle de plus en plus politique, c'est en grande partie à cause des bouleversements que les chrétiens d'Egypte ont vécu avec leurs concitoyens musulmans tout au long du vingtième siècle. Il n'est pas certain que le nouveau pape puisse se dispenser de ce rôle dans une Egypte islamiste où les heurts avec les salafistes sont fréquents et graves, sauf à favoriser l'émergence d'une véritable société civile copte quasi inexistante du temps de Chenouda. Une émergence souhaitée par de nombreux coptes, à commencer par les plus jeunes, qui représentent la plus grande partie de l'Eglise.
Natalia Trouiller - publié le 05/11/2012
Le nouveau pape des coptes, Tawadros II, a été désigné hier à la fin d'un long et complexe processus. Ce jeune patriarche - il a été élu le jour de son soixantième anniversaire - pourrait montrer un visage moins politique et plus centré sur la spiritualité que son prestigieux prédécesseur Chenouda.
Anba (Mgr) Pakhomious dévoilant le nom du 118e pape de l'Eglise copte-orthodoxe,Tawadros II, tandis qu'un poster à son effigie était dressé sur le mur de la cathédrale Saint-Marc. ©Nasser Nasser/AP/SIPA
Les premiers hors de la communauté copte à féliciter le nouveau "pape d'Alexandrie, patriarche de toute l'Afrique et du siège de Saint Marc" Tawadros II ont été les Frères musulmans, le parti actuellement au pouvoir en Egypte. Ils se sont déclarés "optimistes à l'idée de travailler avec lui afin de répandre les bonnes moeurs et mettre l'accent sur les valeurs de liberté, de justice et d'égalité". Il n'était pas forcément le favori des trois derniers challengers en lice depuis le début de la semaine, puisque les grands électeurs coptes avaient voté plus massivement pour un autre concurrent, Anba (Mgr) Rafail; le futur Tawadros II lui-même avait d'ailleurs voté pour lui. Mais hier, lors d'une messe spéciale célébrée à la cathédrale Saint Marc du Caire, un enfant, de Bichoy Girgis Masaad a tiré au sort le nom de Tawadros.
> Au terme de ses études de pharmacie, il est entré au séminaire. Il prononce ses voeux de moine en 1988 (dans la tradition copte, en effet, nul ne peut accéder au trône de saint Marc s'il n'a eu une expérience monastique), puis est nommé évêque en 1997. Proche de l'actuel pape par intérim Pakhomious, il présente la particularité d'être le favori des Frères musulmans, avec lesquels il a tissé d'excellents rapports au fil des ans.
> Dans une interview exclusive à nos confrères de La Croix, une vingtaine d'heures avant sa désignation, le futur pape avait expliqué qu'il comptait "confirmer le rôle spirituel de l’Église. Elle a deux rôles principaux, l’un est spirituel et l’autre social. Elle les exerce aujourd’hui, mais les circonstances ont créé une confusion, et je veux la rectifier", ajoutant qu'il comptait suivre le chemin "de Chenouda III, mais aussi celui de Cyrille VI", le prédécesseur de Chenouda, vénéré comme un saint parmi la communauté copte et au rôle bien moins politique que son successeur.
> Or, si Chenouda III, à la longévité (en tant que pape) exceptionnelle, avait été amené à jouer un rôle de plus en plus politique, c'est en grande partie à cause des bouleversements que les chrétiens d'Egypte ont vécu avec leurs concitoyens musulmans tout au long du vingtième siècle. Il n'est pas certain que le nouveau pape puisse se dispenser de ce rôle dans une Egypte islamiste où les heurts avec les salafistes sont fréquents et graves, sauf à favoriser l'émergence d'une véritable société civile copte quasi inexistante du temps de Chenouda. Une émergence souhaitée par de nombreux coptes, à commencer par les plus jeunes, qui représentent la plus grande partie de l'Eglise.