Mon enfant fume du cannabis, comment réagir?
Dominique Fonlupt - publié le 24/03/2011
Il consomme peut-être, c’est sûr, souvent ? Conseils adaptés à la situation.
© Kesneme / flickr
"Où en est mon enfant avec le cannabis ?" Quel parent d’adolescent ne s’est jamais posé la question ? Une vague inquiétude s’installe au regard des chiffres, après des conversations avec des amis, devant des signes troublants – une agressivité nouvelle, une fatigue récurrente, de l’argent qui disparaît. Certains, au contraire, découvrent le problème de façon brutale : une barrette de haschich "oubliée" dans la poche d’un jean dans la corbeille à linge, une exclusion de l’école, une convocation au commissariat… Les parents sont alors très démunis, plongés dans un sentiment d’impuissance et d’incompétence. "Comme si le ciel leur tombait sur la tête, reconnaît Serge Lebigot, président de l’association Parents contre la drogue. Angoisse, incompréhension, colère, culpabilité, ces émotions peuvent entraîner des réactions qui aggravent la situation."
S’il n’existe pas de recette pour préserver les enfants des drogues, les attitudes éducatives sont déterminantes sur l’issue de leur rencontre avec le cannabis. Face à cette question, La Vie propose des pistes pour agir avec un maximum de tact dans trois situations : l’inquiétude et les doutes, la découverte que l’enfant a bien consommé du cannabis et, enfin, la prise régulière de substances psychoactives.
Nous avons des doutes
"Distinguons ce qui est la réalité et ce qui relève des peurs, souligne-t-on au Café de l’école des parents à Paris. Coller une étiquette de toxicomane sur un adolescent aurait pour effet de le pousser à se conformer à cette image en cas de conflit." Il est important de faire la différence entre les doutes nourris par certains signes et l’inquiétude de tout parent conscient de la banalisation et de la facilité d’accès à la substance. Rappelons que si le produit se trouve partout et de moins en moins cher, seuls la moitié des jeunes ont expérimenté le cannabis à l’âge de 17 ans. Contrairement au discours ambiant, tout le monde ne consomme pas. Malgré tout, la vigilance s’impose.
Plus la désapprobation est formulée tôt, plus l’enfant est réceptif. "Beaucoup attendent de repérer des signes pour en parler, regrette Serge Lebigot, Il faut parler des drogues aux enfants dès le début du collège, avant que le problème ne se pose". Lorsque les parents désapprouvent clairement, le risque de consommation est moindre. Or, selon un récent sondage BVA, un parent sur cinq n’a jamais édicté de règles concernant la consommation de cannabis et d’alcool.
"Si les indices se font plus précis, les parents doivent en parler sans attendre avec leur enfant", martèle Serge Lebigot. Mais quels indices ? Un changement de comportement, de l’agressivité, les yeux rouges, des odeurs particulières, des posters de Bob Marley qui tapissent les murs de sa chambre, du papier aluminium dans ses affaires…
"L’important n’est pas d’abord de rechercher s’il consomme ou pas, mais de vérifier qu’il va bien, qu’il dialogue avec vous, qu’il a des amis, des activités extrascolaires", tempère Marie-Christine Blanquart, psychiatre et thérapeute familiale au Service d’accueil parental et familial d’Armentières (Nord), qui reçoit de nombreux parents, seuls, en couple ou en famille. "À partir du moment où l’on se fait du souci, il est légitime de vouloir partager cette inquiétude avec son enfant, sans attendre de preuve", estime Barbara Lilin, directrice de l’Arpej (Accueil rencontres parents et jeunes), à Lille. Plutôt que de traquer les indices, mieux vaut mieux lui faire part ouvertement de vos questions. "Ton attitude a changé, je m’inquiète…" L’enfant entend alors que les parents sont attentifs et lui témoignent de l’amour. Une évidence ? Pas si sûr ! Selon la même étude BVA, 37 % des 15-24 ans déclarent que leur mère ne prend pas le temps pour discuter seule avec eux. La proportion monte à 50 % quand il s’agit des pères. L’épidémiologiste Marie Choquet souligne que la cohésion familiale, le bon niveau de communication parents-enfants, la pratique d’activités en commun, le partage d’au moins un repas quotidien sont des freins à une consommation problématique.
"Le contrôle parental est très important dans la prévention, souligne le psychiatre Philippe Jeammet. Lorsque les parents savent où et avec qui sont leurs enfants, le soir et dans la journée, les jeunes risquent moins de consommer. Ce contrôle doit dans l’idéal s’exercer dans un cadre de confiance, où les jeunes parlent librement de leurs préoccupations et de leurs loisirs."
Mais évitez de fouiller sa chambre ! "Les parents ne sont pas des enquêteurs de police, rappelle Pierre de Parcevaux, prêtre et président de la Luciole, association familiale de lutte contre la toxicomanie. S’il n’a pas envie de vous en parler, il niera même devant l’évidence."
Nous savons qu’il fume
Là, il n’y a plus de doute possible. Vous avez trouvé une lame couverte d’une substance marron sur son bureau, du haschich caché dans des boîtes de CD (courant !), surpris votre enfant en train de fumer un joint à la fenêtre de sa chambre, il a été arrêté avec du cannabis, testé positif sur son scooter…