Dieu, un justiciable pas comme les autres
Le Point.fr - Publié le 17/10/2011 à 20:21 -
Un Français a voulu faire condamner la Bible et le Coran pour homophobie. D'autres avaient attaqué Jésus, ou même Dieu. Sans succès.
Techniquement, ce n'est pas encore le Jugement dernier. Mais Salvatore Pertutti vient de perdre une sacrée manche judiciaire dans le combat qu'il mène depuis des années contre... la Bible et le Coran. La justice vient en effet de déclarer non recevable la plainte engagée par cet électricien quadragénaire de Moselle qui se disait choqué par "les propos sexistes, homophobes et sectaires" des deux livres saints. Il s'appuyait sur la loi du 29 juillet 1881, relative à la liberté de la presse, augmentée en 2004 pour condamner l'homophobie. En vain.
Il n'est pas le premier à avoir tenté de s'attaquer juridiquement à la religion, sous quelque aspect que ce soit. En 2008, un sénateur américain n'avait pas hésité à porter plainte contre... Dieu. En personne, si l'on peut dire. Ernie Chambers voulait, courageusement, intenter un procès contre le Tout-puissant pour mettre un terme à "la mort, la destruction et la terreur" provoquées, selon lui, par Dieu. Mais là encore, la justice des hommes décidait d'être clémente. Dans son arrêt, le juge Marlon Polk faisait valoir que le plaignant devait être en mesure de joindre la partie adverse pour que le procès puisse avoir lieu. Indiscutable.
"Escroquerie, abus de confiance, corruption"
Cette plainte contre Dieu n'était pas une première. Un an plus tôt, un Roumain de 40 ans avait lui aussi défié Dieu. Mircea Pavel, qui purge une peine de vingt ans de prison pour meurtre, l'accusait "d'escroquerie, d'abus de confiance, de corruption et de trafic d'influence". Rien que ça.
Il lui reprochait de ne pas avoir pris en compte ses prières. "Lors de mon baptême, j'ai conclu un contrat avec l'accusé visant à me délivrer du mal. Or, jusqu'ici, ce dernier n'a pas honoré ce contrat, bien qu'il ait reçu de ma part différents biens et de nombreuses prières", écrivait alors le plaignant. La réponse du tribunal roumain avait alors été sensiblement la même que celle de la justice américaine : "Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse." Imparable.
"L'accusé n'est pas un résident de l'État"
Si Dieu paraît donc juridiquement intouchable, il n'est pas le seul membre de la sainte famille à avoir été inquiété par la justice. En Italie, c'est son fils, Jésus, qui a vu son existence même remise en cause par un septuagénaire. Luigi Cascioli, athée acharné - décédé depuis - avait intenté une action contre le père Enrico Righi, curé d'une paroisse d'Ombrie, dans le centre de l'Italie. Il l'accusait d'avoir abusé de la crédulité populaire en affirmant dans son bulletin paroissial que Jésus a existé. Conciliant, il promettait toutefois de retirer sa plainte "dès qu'une preuve de l'existence historique de Jésus lui serait fournie". En bout de course, la justice italienne a décidé d'un non-lieu sur ce dossier en 2008.
Mais que l'on se rassure, dans l'au-delà, l'impunité est généralisée. En 1971, un Américain avait porté plainte contre... Satan, qu'il rendait responsable de tous ses maux ! "Satan a mis des obstacles délibérés sur le chemin du plaignant, causant sa chute", mentionnait très sérieusement sa plainte, très terre à terre. La réponse de la Cour de justice de Pennsylvanie ne le fut pas moins : "L'accusé n'est pas résident de l'État." Il est vrai que le diable se cache souvent... dans les détails.
http://www.lepoint.fr/societe/dieu-un-justiciable-pas-comme-les-autres-17-10-2011-1385712_23.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20111018
Le Point.fr - Publié le 17/10/2011 à 20:21 -
Un Français a voulu faire condamner la Bible et le Coran pour homophobie. D'autres avaient attaqué Jésus, ou même Dieu. Sans succès.
Techniquement, ce n'est pas encore le Jugement dernier. Mais Salvatore Pertutti vient de perdre une sacrée manche judiciaire dans le combat qu'il mène depuis des années contre... la Bible et le Coran. La justice vient en effet de déclarer non recevable la plainte engagée par cet électricien quadragénaire de Moselle qui se disait choqué par "les propos sexistes, homophobes et sectaires" des deux livres saints. Il s'appuyait sur la loi du 29 juillet 1881, relative à la liberté de la presse, augmentée en 2004 pour condamner l'homophobie. En vain.
Il n'est pas le premier à avoir tenté de s'attaquer juridiquement à la religion, sous quelque aspect que ce soit. En 2008, un sénateur américain n'avait pas hésité à porter plainte contre... Dieu. En personne, si l'on peut dire. Ernie Chambers voulait, courageusement, intenter un procès contre le Tout-puissant pour mettre un terme à "la mort, la destruction et la terreur" provoquées, selon lui, par Dieu. Mais là encore, la justice des hommes décidait d'être clémente. Dans son arrêt, le juge Marlon Polk faisait valoir que le plaignant devait être en mesure de joindre la partie adverse pour que le procès puisse avoir lieu. Indiscutable.
"Escroquerie, abus de confiance, corruption"
Cette plainte contre Dieu n'était pas une première. Un an plus tôt, un Roumain de 40 ans avait lui aussi défié Dieu. Mircea Pavel, qui purge une peine de vingt ans de prison pour meurtre, l'accusait "d'escroquerie, d'abus de confiance, de corruption et de trafic d'influence". Rien que ça.
Il lui reprochait de ne pas avoir pris en compte ses prières. "Lors de mon baptême, j'ai conclu un contrat avec l'accusé visant à me délivrer du mal. Or, jusqu'ici, ce dernier n'a pas honoré ce contrat, bien qu'il ait reçu de ma part différents biens et de nombreuses prières", écrivait alors le plaignant. La réponse du tribunal roumain avait alors été sensiblement la même que celle de la justice américaine : "Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse." Imparable.
"L'accusé n'est pas un résident de l'État"
Si Dieu paraît donc juridiquement intouchable, il n'est pas le seul membre de la sainte famille à avoir été inquiété par la justice. En Italie, c'est son fils, Jésus, qui a vu son existence même remise en cause par un septuagénaire. Luigi Cascioli, athée acharné - décédé depuis - avait intenté une action contre le père Enrico Righi, curé d'une paroisse d'Ombrie, dans le centre de l'Italie. Il l'accusait d'avoir abusé de la crédulité populaire en affirmant dans son bulletin paroissial que Jésus a existé. Conciliant, il promettait toutefois de retirer sa plainte "dès qu'une preuve de l'existence historique de Jésus lui serait fournie". En bout de course, la justice italienne a décidé d'un non-lieu sur ce dossier en 2008.
Mais que l'on se rassure, dans l'au-delà, l'impunité est généralisée. En 1971, un Américain avait porté plainte contre... Satan, qu'il rendait responsable de tous ses maux ! "Satan a mis des obstacles délibérés sur le chemin du plaignant, causant sa chute", mentionnait très sérieusement sa plainte, très terre à terre. La réponse de la Cour de justice de Pennsylvanie ne le fut pas moins : "L'accusé n'est pas résident de l'État." Il est vrai que le diable se cache souvent... dans les détails.
http://www.lepoint.fr/societe/dieu-un-justiciable-pas-comme-les-autres-17-10-2011-1385712_23.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20111018