[size=33]Irlande : le combat pour l'accès aux archives des "anges oubliés"[/size]
Tous droits réservés Niall Carson/AP
Par Euronews
Publié le 25/06/2023 - 15:51 UTC+2•Mis à jour 15:55
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Près de 9 000 enfants sont décédés dans des foyers pour mères et enfants gérés par l'Église dans le pays entre 1922 et 1998.
C’est un scandale qui avait bouleversé l’Irlande en 2014. Celui des “anges oubliés de Tuam” : 796 enfants enterrés dans une fosse commune près d’un ancien foyer pour mères célibataires géré par l’Église catholique.
Les révélations de Catherine Corless, une passionnée d’histoire locale, ont déclenché une onde de choc et provoqué la création d’une commission d’enquête.
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Celle-ci a établi le décès de près de 9 000 enfants dans ces établissements dans le pays entre 1922 et 1998. La plupart, des suites de maladies.
"Les femmes se sont retrouvées dans ces foyers pour mères et bébés pour des raisons diverses et variées, explique Lindsey Earner-Byrne, professeure d'histoire à l'University College Cork. Certaines avaient eu des enfants hors du mariage, d'autres pas. La base sur laquelle vous pouviez être internée était très, très aléatoire."
Dans son rapport publié début 2021, la commission pointe la responsabilité des familles qui envoyaient les femmes qui attendaient un enfant hors mariage dans ces foyers. Mais le rapport indique aussi que le taux de mortalité très élevé de ces enfants dit "illégitimes" était à l’époque référencé et connu des autorités.
"Cela renforçait la position, le statut et le contrôle de l'Église, dit Lindsey Earner-Byrne. Elle se voyait souvent confier le contrôle des établissements afin de mener à bien ce "travail". Mais aussi, très tôt, dès les années 1920, et cela a continué ensuite, l'État a mis en place un système de taxes. Ainsi, lorsqu'une jeune femme, par exemple, avait eu un enfant hors mariage et qu'elle s'adressait aux autorités locales pour obtenir de l'aide, si elle était placée dans l'un de ces foyers, les autorités locales payaient une taxe aux ordres religieux".
Les investigations ont également permis d’établir que plusieurs essais de vaccins contraires à l’éthique ont été mené dans ces foyers pendant une quarantaine d’années. Les survivants attendent toujours de pouvoir consulter les archives.
"Je pense que cela va au cœur de ce qui a été l'un des aspects les plus dommageables de cet héritage historique, estime Lindsey Earner-Byrne. C'est une sorte de négligence désinvolte de la gestion des archives des victimes. Ces personnes ont le droit d'accéder aux archives. Tout le monde a le droit de savoir quand il est né, qui l'a mis au monde, quelles sont les maladies et les vaccins qu'il a eus. Je pense qu'il s'agit là d'une énorme source de détresse."
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Publié le 25/06/2023 - 15:51 UTC+2•Mis à jour 15:55
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Près de 9 000 enfants sont décédés dans des foyers pour mères et enfants gérés par l'Église dans le pays entre 1922 et 1998.
C’est un scandale qui avait bouleversé l’Irlande en 2014. Celui des “anges oubliés de Tuam” : 796 enfants enterrés dans une fosse commune près d’un ancien foyer pour mères célibataires géré par l’Église catholique.
Les révélations de Catherine Corless, une passionnée d’histoire locale, ont déclenché une onde de choc et provoqué la création d’une commission d’enquête.
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- Une sépulture digne pour les bébés de Tuam
Celle-ci a établi le décès de près de 9 000 enfants dans ces établissements dans le pays entre 1922 et 1998. La plupart, des suites de maladies.
"Les femmes se sont retrouvées dans ces foyers pour mères et bébés pour des raisons diverses et variées, explique Lindsey Earner-Byrne, professeure d'histoire à l'University College Cork. Certaines avaient eu des enfants hors du mariage, d'autres pas. La base sur laquelle vous pouviez être internée était très, très aléatoire."
Dans son rapport publié début 2021, la commission pointe la responsabilité des familles qui envoyaient les femmes qui attendaient un enfant hors mariage dans ces foyers. Mais le rapport indique aussi que le taux de mortalité très élevé de ces enfants dit "illégitimes" était à l’époque référencé et connu des autorités.
"Cela renforçait la position, le statut et le contrôle de l'Église, dit Lindsey Earner-Byrne. Elle se voyait souvent confier le contrôle des établissements afin de mener à bien ce "travail". Mais aussi, très tôt, dès les années 1920, et cela a continué ensuite, l'État a mis en place un système de taxes. Ainsi, lorsqu'une jeune femme, par exemple, avait eu un enfant hors mariage et qu'elle s'adressait aux autorités locales pour obtenir de l'aide, si elle était placée dans l'un de ces foyers, les autorités locales payaient une taxe aux ordres religieux".
Les investigations ont également permis d’établir que plusieurs essais de vaccins contraires à l’éthique ont été mené dans ces foyers pendant une quarantaine d’années. Les survivants attendent toujours de pouvoir consulter les archives.
"Je pense que cela va au cœur de ce qui a été l'un des aspects les plus dommageables de cet héritage historique, estime Lindsey Earner-Byrne. C'est une sorte de négligence désinvolte de la gestion des archives des victimes. Ces personnes ont le droit d'accéder aux archives. Tout le monde a le droit de savoir quand il est né, qui l'a mis au monde, quelles sont les maladies et les vaccins qu'il a eus. Je pense qu'il s'agit là d'une énorme source de détresse."