La Bible d'Olivétan
par John H. Alexander
"L'Eternel ne considère pas ce que l'homme considère; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel regarde au coeur." 1 Samuel 16:7
"Si quelqu'un mérite le titre de père de l'Eglise, c'est bien Olivétan. Et chose étrange, son nom même est resté inconnu." C'est en ces termes que David Lortsch, l'auteur de L'Histoire de la Bible française, rend hommage à celui qui fut le premier à traduire les saintes Ecritures des textes originaux hébreu et grec en français. De plus, Olivétan eut aussi le mérite de conseiller à son cousin, Jean Calvin, d'étudier la Parole divine, ce qui fit dire à l'historien Doumergue: "Quand Olivétan n'aurait fait qu'initier Calvin à la Réforme, il mériterait un souvenir et une reconnaissance impérissables." Il est donc utile que nous évoquions cet événement qui eut des effets de portée incalculable sur le peuple de Dieu des pays francophones.
La Bible française avant la Réforme
Après les siècles d'obscurantisme du moyen âge, la découverte de l'imprimerie – au milieu du XVe siècle – permit une soudaine et abondante diffusion de la Parole de Dieu. Depuis 1456, année où Jean Gutenberg sortit de ses presses de Mayence la Bible Vulgate en 42 lignes, les éditions bibliques se sont multipliées. Des centaines d'artisans-imprimeurs ont ouvert des ateliers d'arts graphiques un peu partout en Europe, et l'on estime à 70'000 Bibles complètes et 100'000 Nouveaux Testaments le nombre d'exemplaires de la Parole divine qui firent partie des fameux incunables, c'est-à-dire des livres imprimés avant l'an 1500. C'est considérable, si l'on pense qu'aucune de ces éditions n'était tirée à plus de 300 exemplaires.
Les imprimeurs de la "période héroïque" se contentaient de tirages fort limités, pourvu qu'ils éditent une Bible. Cette performance leur assurait une raison sociale et leur ouvrait la possibilité de continuer à pratiquer leur art. Chacun de ces exemplaires valait évidemment une fortune, mais ils trouvaient tous acquéreurs, tant était ardent le désir de connaître, en cette époque où les intellectuels découvraient soudainement qu'ils avaient été frustrés du message divin depuis des siècles.
On imprimait alors la Parole de Dieu surtout en latin, en grec et en hébreu; mais vers la fin du XVe siècle apparurent les premières éditions en langues courantes, toujours traduites de la Vulgate latine: ainsi en français, le Nouveau Testament de Barthélemy Buyer (1476) et surtout la Bible de Jean de Rely, imprimée pour la première fois à Paris en 1496 et rééditée au moins dix fois dans les cinquante années qui suivirent.
par John H. Alexander
"L'Eternel ne considère pas ce que l'homme considère; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel regarde au coeur." 1 Samuel 16:7
"Si quelqu'un mérite le titre de père de l'Eglise, c'est bien Olivétan. Et chose étrange, son nom même est resté inconnu." C'est en ces termes que David Lortsch, l'auteur de L'Histoire de la Bible française, rend hommage à celui qui fut le premier à traduire les saintes Ecritures des textes originaux hébreu et grec en français. De plus, Olivétan eut aussi le mérite de conseiller à son cousin, Jean Calvin, d'étudier la Parole divine, ce qui fit dire à l'historien Doumergue: "Quand Olivétan n'aurait fait qu'initier Calvin à la Réforme, il mériterait un souvenir et une reconnaissance impérissables." Il est donc utile que nous évoquions cet événement qui eut des effets de portée incalculable sur le peuple de Dieu des pays francophones.
La Bible française avant la Réforme
Après les siècles d'obscurantisme du moyen âge, la découverte de l'imprimerie – au milieu du XVe siècle – permit une soudaine et abondante diffusion de la Parole de Dieu. Depuis 1456, année où Jean Gutenberg sortit de ses presses de Mayence la Bible Vulgate en 42 lignes, les éditions bibliques se sont multipliées. Des centaines d'artisans-imprimeurs ont ouvert des ateliers d'arts graphiques un peu partout en Europe, et l'on estime à 70'000 Bibles complètes et 100'000 Nouveaux Testaments le nombre d'exemplaires de la Parole divine qui firent partie des fameux incunables, c'est-à-dire des livres imprimés avant l'an 1500. C'est considérable, si l'on pense qu'aucune de ces éditions n'était tirée à plus de 300 exemplaires.
Les imprimeurs de la "période héroïque" se contentaient de tirages fort limités, pourvu qu'ils éditent une Bible. Cette performance leur assurait une raison sociale et leur ouvrait la possibilité de continuer à pratiquer leur art. Chacun de ces exemplaires valait évidemment une fortune, mais ils trouvaient tous acquéreurs, tant était ardent le désir de connaître, en cette époque où les intellectuels découvraient soudainement qu'ils avaient été frustrés du message divin depuis des siècles.
On imprimait alors la Parole de Dieu surtout en latin, en grec et en hébreu; mais vers la fin du XVe siècle apparurent les premières éditions en langues courantes, toujours traduites de la Vulgate latine: ainsi en français, le Nouveau Testament de Barthélemy Buyer (1476) et surtout la Bible de Jean de Rely, imprimée pour la première fois à Paris en 1496 et rééditée au moins dix fois dans les cinquante années qui suivirent.