Discrimination.
[size=39]Copte ou musulman ? La religion, un passeport en Égypte pour trouver un logement[/size]
Publié le 05/01/2022 - 06:17
Dans plusieurs anciens quartiers mixtes du Caire, les clochers épousent les minarets, un fait de moins en moins fréquent dans les nouvelles zones de développement immobilier, photo prise le 18 février 2000. [size=11]PHOTO / MARWAN NAAMANI / AFP.[/size]
Pour pouvoir louer ou acheter un appartement au Caire, il faut être chrétien dans certains quartiers, rues ou immeubles ou, à l’inverse, musulman dans d’autres. Ce phénomène de clusters immobiliers à caractère confessionnel se propage notamment dans les quartiers huppés de la ville, déplore Rasee
Mariam se rendait dans le quartier Al-Daher, en plein cœur du Caire, abritant un grand nombre d’Églises et d’habitants coptes, pour visiter des appartements à vendre, pensant y trouver son bonheur. Son amie Chayma, qui habite ce vieux quartier, l’accompagnait vers des logements en construction.
L’un des immeubles appartenait à un chrétien, les habitants et le gardien étaient de la même religion. “Il vaut mieux que je ne t’accompagne pas, parce que le gardien pourrait croire que je suis l’acheteuse et refuser de vendre parce que je suis musulmane, lui dit-elle. Les musulmans sont une minorité persécutée ici, et vous une majorité”, ajouta-t-elle en riant.
Ces mots ne faisaient que dévoiler une réalité tangible en Égypte, notamment dans les quartiers à majorité copte, une réalité que Mariam n’avait pas perçue. Les propriétaires musulmans tiennent à ce que les habitants soient tous de religion musulmane, et les chrétiens de même.
Le phénomène se propage curieusement dans les quartiers les plus huppés du Caire. Mais ce clivage n’est pas une règle absolue, il existe des résidents coptes habitant dans des propriétés détenues par des musulmans et vice versa, quoiqu’il s’agisse d’une minorité.
Les Égyptiens ont coutume de se vanter des quartiers qu’ils considèrent comme des symboles de cohabitation religieuse, où les minarets des mosquées embrassent les clochers d’églises de différents rites. Or, on y trouve des regroupements coptes habitant près de l’église ou des musulmans à côté de la mosquée. Et au-delà du caractère mixte du quartier, la polarisation se fait sentir en profondeur.
Chérine Chérif, une jeune journaliste copte, raconte à Raseef22 être allée avec une agence immobilière dans un quartier des plus chics du nouveau Caire, dans l’intention d’y acheter un bien : “J’ai rencontré [le propriétaire], un ingénieur, et sa femme, médecin, et nous sommes convenus d’un prix. […] Le soir même, j’ai reçu un appel de l’époux de la sœur me disant : ‘Nous ne pouvons pas vous vendre le bien, car vous êtes chrétienne’, avant d’ajouter : ‘Vous ne seriez pas à l’aise, les habitants ici sont tous musulmans’.”
“Le confessionnalisme est à ce point prégnant chez nous qu’il touche même les personnes qui occupent des postes haut placés et celles les plus instruites, qui habitent les quartiers les plus chics du Caire. Le confessionnalisme est à ce point enraciné en nous qu’il est devenu un fait réel”, déplore-t-elle.
Majdi Sameh avait décidé de louer un appartement dans le quartier d’Ain Al-Shams. Sur la propriété s’élevait une croix. Dans l’entrée, près de l’ascenseur, des photos de saints étaient accrochées, et le son des.
://www.courrierinternational.com/article/discrimination-copte-ou-musulman-la-religion-un-passeport-en-egypte-pour-trouver-un-logement
[size=39]Copte ou musulman ? La religion, un passeport en Égypte pour trouver un logement[/size]
Publié le 05/01/2022 - 06:17
Dans plusieurs anciens quartiers mixtes du Caire, les clochers épousent les minarets, un fait de moins en moins fréquent dans les nouvelles zones de développement immobilier, photo prise le 18 février 2000. [size=11]PHOTO / MARWAN NAAMANI / AFP.[/size]
Pour pouvoir louer ou acheter un appartement au Caire, il faut être chrétien dans certains quartiers, rues ou immeubles ou, à l’inverse, musulman dans d’autres. Ce phénomène de clusters immobiliers à caractère confessionnel se propage notamment dans les quartiers huppés de la ville, déplore Rasee
Mariam se rendait dans le quartier Al-Daher, en plein cœur du Caire, abritant un grand nombre d’Églises et d’habitants coptes, pour visiter des appartements à vendre, pensant y trouver son bonheur. Son amie Chayma, qui habite ce vieux quartier, l’accompagnait vers des logements en construction.
L’un des immeubles appartenait à un chrétien, les habitants et le gardien étaient de la même religion. “Il vaut mieux que je ne t’accompagne pas, parce que le gardien pourrait croire que je suis l’acheteuse et refuser de vendre parce que je suis musulmane, lui dit-elle. Les musulmans sont une minorité persécutée ici, et vous une majorité”, ajouta-t-elle en riant.
Ces mots ne faisaient que dévoiler une réalité tangible en Égypte, notamment dans les quartiers à majorité copte, une réalité que Mariam n’avait pas perçue. Les propriétaires musulmans tiennent à ce que les habitants soient tous de religion musulmane, et les chrétiens de même.
Le phénomène se propage curieusement dans les quartiers les plus huppés du Caire. Mais ce clivage n’est pas une règle absolue, il existe des résidents coptes habitant dans des propriétés détenues par des musulmans et vice versa, quoiqu’il s’agisse d’une minorité.
Un confessionnalisme enraciné
Les Égyptiens ont coutume de se vanter des quartiers qu’ils considèrent comme des symboles de cohabitation religieuse, où les minarets des mosquées embrassent les clochers d’églises de différents rites. Or, on y trouve des regroupements coptes habitant près de l’église ou des musulmans à côté de la mosquée. Et au-delà du caractère mixte du quartier, la polarisation se fait sentir en profondeur.
Chérine Chérif, une jeune journaliste copte, raconte à Raseef22 être allée avec une agence immobilière dans un quartier des plus chics du nouveau Caire, dans l’intention d’y acheter un bien : “J’ai rencontré [le propriétaire], un ingénieur, et sa femme, médecin, et nous sommes convenus d’un prix. […] Le soir même, j’ai reçu un appel de l’époux de la sœur me disant : ‘Nous ne pouvons pas vous vendre le bien, car vous êtes chrétienne’, avant d’ajouter : ‘Vous ne seriez pas à l’aise, les habitants ici sont tous musulmans’.”
“Le confessionnalisme est à ce point prégnant chez nous qu’il touche même les personnes qui occupent des postes haut placés et celles les plus instruites, qui habitent les quartiers les plus chics du Caire. Le confessionnalisme est à ce point enraciné en nous qu’il est devenu un fait réel”, déplore-t-elle.
Majdi Sameh avait décidé de louer un appartement dans le quartier d’Ain Al-Shams. Sur la propriété s’élevait une croix. Dans l’entrée, près de l’ascenseur, des photos de saints étaient accrochées, et le son des.
://www.courrierinternational.com/article/discrimination-copte-ou-musulman-la-religion-un-passeport-en-egypte-pour-trouver-un-logement