[size=38]Donald Trump cajole les évangéliques[/size]
47[size=13]e marche annuelle contre l’avortement à Washington le 24 janvier.YURI GRIPAS/PICTURE-ALLIANCE/AFP[/size]
Défense de l’avortement, nomination de juges conservateurs au sein du système judiciaire fédéral, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël… Depuis son élection, Donald Trump soigne les évangéliques, un groupe religieux qui pèse un quart de l’électorat américain. À dix mois de la présidentielle, il passe à la vitesse supérieure. Après avoir participé pour la première fois à la grande « Marche pour la vie », vendredi 24 janvier à Washington, le locataire de la Maison-Blanche dépêche le vice-président Mike Pence dans l’Iowa pour participer, le 30 janvier, à un meeting des « Évangéliques pour Trump », un groupe lancé par la campagne du républicain pour mobiliser les évangéliques autour de sa candidature.
À lire aussi
Donald Trump veut cimenter le soutien des évangéliques
État rural du centre des États-Unis, l’Iowa sera le premier État américain à voter, le 3 février, pour désigner les candidats des deux partis en vue de la présidentielle de 2020. « Donald Trump s’en prend plein la figure, mais il a fait beaucoup de choses pour l’économie, les affaires et le mouvement pro vie », raconte Olivia Duisenberg, une évangélique qui participait pour la première fois à la Marche pour la vie.
Plus de trois ans après son élection, les évangéliques blancs américains, piliers de son électorat, continuent de le soutenir plus que n’importe quel autre groupe religieux. Mais, hasard du calendrier, deux semaines avant le lancement des “Évangéliques pour Trump” début janvier à Miami, le magazine évangélique Christianity Today (CT) a jeté un pavé dans la mare en publiant un édito virulent appelant Donald Trump à être destitué ou battu dans les urnes en novembre, pour avoir demandé, en juillet, à son homologue ukrainien d’enquêter sur un rival démocrate.
Cette prise de position a surpris de la part d’un magazine qui se garde habituellement de faire de la politique. Peu de temps après la publication, près de 200 leaders de la communauté ont défendu Donald Trump dans une lettre adressée au directeur du magazine. Le président américain ne s’est pas privé non plus. En plus d'afficher le soutien du fils du célèbre pasteur Bill Graham, fondateur du magazine, il a taxé CT de média d’« extrême gauche ». Jamais la communauté évangélique n’avait autant étalé ses divisions au sujet du républicain. « Cela va donner du grain à moudre aux évangéliques qui lui sont hostiles et qui se faisaient discrets jusqu’à présent », explique Keith Halpin, un évangélique pro-Trump qui fréquente une église de Las Vegas visitée par le candidat Trump en octobre 2016.
Cet enseignant américain, qui a voté pour Donald Trump en 2016, n’hésitera pas non plus en 2020. « J’ai toujours des réserves sur son style et son ton, mais sa défense du droit à la vie me plaît. C’est le plus important pour moi. »
L’édito de Christianity Today a été interprété comme une tentative de la part du magazine de toucher les jeunes évangéliques, plus modérés que leurs parents. Selon le Pew Research Center, 62 % des évangéliques blancs ont plus de 50 ans, contre 46 % en 1987. S'y ajoutent les évangéliques non-blancs qui, eux, votent peu pour le parti républicain. « L’Église évangélique est trop alignée sur la droite dure, explique Greg Carey, professeur au séminaire de Lancaster en Pennsylvanie (est des États-Unis). Comment comprendre le militantisme évangélique contre les droits des homosexuels quand on appartient à une génération où tout le monde a grandi avec des personnes gays ?. »
À lire aussi
Trump et les évangéliques : un dîner aux allures de campagne électorale
Kyle Apsworth, un évangélique de 31 ans qui milite pour la préservation du climat, reconnaît avoir des débats vifs avec ses parents au sujet de Donald Trump. « Les évangéliques de ma génération sont contre la politique migratoire de Trump et son inaction sur le climat ou la pauvreté. Et le fait que des pasteurs importants passent leur journée à le défendre ou à ignorer ses actions ne fait qu’aggraver les différences. »
Même si le soutien pour l’action du président reste fort chez les évangéliques blancs, il recule Jusqu’à présent, ces conversations étaient difficiles (de 78 % en février 2017 à 69 % en janvier 2019). Cette tendance, conjuguée au coup de semonce de Christianity Today, va-t-il pousser les anti-Trump à sortir du bois ? « Cela ne va pas faire une différence majeure, relativise Kyle. Mais le fait qu’une publication évangélique de premier plan ose le critiquer va donner du courage à ceux qui pensent la même chose d’en parler plus librement. »
Le vice-président Mike Pence se rend, jeudi 30 janvier, dans l’État de l’Iowa, où se tient le premier vote des investitures démocrate et républicaine. Il y vantera le bilan de Donald Trump auprès d’un public évangélique, qui lui semblait acquis jusqu’à ce que des voix critiques s’élèvent récemment.
- Alexis Buisson ( à New York),
- le 29/01/2020 à 06:01
47[size=13]e marche annuelle contre l’avortement à Washington le 24 janvier.YURI GRIPAS/PICTURE-ALLIANCE/AFP[/size]
Défense de l’avortement, nomination de juges conservateurs au sein du système judiciaire fédéral, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël… Depuis son élection, Donald Trump soigne les évangéliques, un groupe religieux qui pèse un quart de l’électorat américain. À dix mois de la présidentielle, il passe à la vitesse supérieure. Après avoir participé pour la première fois à la grande « Marche pour la vie », vendredi 24 janvier à Washington, le locataire de la Maison-Blanche dépêche le vice-président Mike Pence dans l’Iowa pour participer, le 30 janvier, à un meeting des « Évangéliques pour Trump », un groupe lancé par la campagne du républicain pour mobiliser les évangéliques autour de sa candidature.
À lire aussi
Donald Trump veut cimenter le soutien des évangéliques
État rural du centre des États-Unis, l’Iowa sera le premier État américain à voter, le 3 février, pour désigner les candidats des deux partis en vue de la présidentielle de 2020. « Donald Trump s’en prend plein la figure, mais il a fait beaucoup de choses pour l’économie, les affaires et le mouvement pro vie », raconte Olivia Duisenberg, une évangélique qui participait pour la première fois à la Marche pour la vie.
Un premier pavé dans la mare
Plus de trois ans après son élection, les évangéliques blancs américains, piliers de son électorat, continuent de le soutenir plus que n’importe quel autre groupe religieux. Mais, hasard du calendrier, deux semaines avant le lancement des “Évangéliques pour Trump” début janvier à Miami, le magazine évangélique Christianity Today (CT) a jeté un pavé dans la mare en publiant un édito virulent appelant Donald Trump à être destitué ou battu dans les urnes en novembre, pour avoir demandé, en juillet, à son homologue ukrainien d’enquêter sur un rival démocrate.
Cette prise de position a surpris de la part d’un magazine qui se garde habituellement de faire de la politique. Peu de temps après la publication, près de 200 leaders de la communauté ont défendu Donald Trump dans une lettre adressée au directeur du magazine. Le président américain ne s’est pas privé non plus. En plus d'afficher le soutien du fils du célèbre pasteur Bill Graham, fondateur du magazine, il a taxé CT de média d’« extrême gauche ». Jamais la communauté évangélique n’avait autant étalé ses divisions au sujet du républicain. « Cela va donner du grain à moudre aux évangéliques qui lui sont hostiles et qui se faisaient discrets jusqu’à présent », explique Keith Halpin, un évangélique pro-Trump qui fréquente une église de Las Vegas visitée par le candidat Trump en octobre 2016.
« Sa défense du droit à la vie me plaît »
Cet enseignant américain, qui a voté pour Donald Trump en 2016, n’hésitera pas non plus en 2020. « J’ai toujours des réserves sur son style et son ton, mais sa défense du droit à la vie me plaît. C’est le plus important pour moi. »
L’édito de Christianity Today a été interprété comme une tentative de la part du magazine de toucher les jeunes évangéliques, plus modérés que leurs parents. Selon le Pew Research Center, 62 % des évangéliques blancs ont plus de 50 ans, contre 46 % en 1987. S'y ajoutent les évangéliques non-blancs qui, eux, votent peu pour le parti républicain. « L’Église évangélique est trop alignée sur la droite dure, explique Greg Carey, professeur au séminaire de Lancaster en Pennsylvanie (est des États-Unis). Comment comprendre le militantisme évangélique contre les droits des homosexuels quand on appartient à une génération où tout le monde a grandi avec des personnes gays ?. »
À lire aussi
Trump et les évangéliques : un dîner aux allures de campagne électorale
Kyle Apsworth, un évangélique de 31 ans qui milite pour la préservation du climat, reconnaît avoir des débats vifs avec ses parents au sujet de Donald Trump. « Les évangéliques de ma génération sont contre la politique migratoire de Trump et son inaction sur le climat ou la pauvreté. Et le fait que des pasteurs importants passent leur journée à le défendre ou à ignorer ses actions ne fait qu’aggraver les différences. »
Même si le soutien pour l’action du président reste fort chez les évangéliques blancs, il recule Jusqu’à présent, ces conversations étaient difficiles (de 78 % en février 2017 à 69 % en janvier 2019). Cette tendance, conjuguée au coup de semonce de Christianity Today, va-t-il pousser les anti-Trump à sortir du bois ? « Cela ne va pas faire une différence majeure, relativise Kyle. Mais le fait qu’une publication évangélique de premier plan ose le critiquer va donner du courage à ceux qui pensent la même chose d’en parler plus librement. »