Dans deux récits parallèles, les rédacteurs des Évangiles, Matthieu et Marc, rapportent une discussion qui s’éleva entre Jésus et les scribes et les Pharisiens à propos de cette question de la tradition. Si nous nous reportons au récit de Matthieu, nous lisons : “Alors, de Jérusalem, des Pharisiens et des scribes vinrent à Jésus et lui dirent : Pourquoi tes disciples outrepassent-ils la tradition des hommes du passé ? Par exemple, ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils sont sur le point de prendre un repas. Jésus leur répondit : Pourquoi outrepassez-vous le commandement de Dieu à cause de votre tradition ? Par exemple, Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui injurie père ou mère finisse dans la mort. Mais vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : Tout ce que j’ai et dont tu aurais pu tirer profit de moi est un don dédié à Dieu, celui-là ne devra pas honorer son père du tout. Et ainsi vous avez rendu la parole de Dieu nulle et sans effet à cause de votre tradition.” — Mat. 15:1-6, MN ; Marc 7:1-13.
Comme vous le constatez, les scribes et les pharisiens avaient le plus grand respect pour une tradition impliquant le lavage des mains en rapport avec les repas. Ce n’était pas un lavage des mains ordinaire, par souci d’hygiène ; Jésus ne l’aurait pas désapprouvé. Ce à quoi les Pharisiens faisaient allusion, c’était un rite cérémonieux consistant à se laver les mains avec une eau spéciale avant, pendant et après le repas. En fait, c’était une chose si sérieuse que le Talmud, qui incorpora cette tradition, dit : “Celui qui fait peu de cas du lavage des mains périra par la terre.”
Toutefois, Jésus pensait-il que cette tradition était indispensable à la vraie adoration ? Bien au contraire ! Usant d’une comparaison, il montra à ces chefs religieux combien leur manière de voir était préjudiciable ; il leur cita un cas où la tradition rendait vraiment la Parole de Dieu nulle. L’honneur dû au père et à la mère sous-entendait le soutien matériel en cas de besoin, mais la tradition des scribes et des Pharisiens annulait cette exigence divine en permettant aux individus de se soustraire à cette responsabilité en donnant au temple à la place. Comme ces chefs religieux s’intéressaient à cette sorte de “don” et tiraient profit d’une telle interprétation, on n’a aucune peine à discerner leur motif en l’occurrence. Comme Jésus l’a fortement souligné, la tradition avait donc donné naissance, parmi ce peuple, à une forme d’adoration hypocrite qui venait des lèvres et non du cœur. — Mat. 15:7-9, MN.