Comment le conflit sunnito-chiite est devenu l’épicentre géopolitique du Moyen-Orient
ANALYSE
Si elle a des racines multiséculaires, la dynamique communautaire s'est renforcée dans la région au cours de ces trente dernières années, particulièrement en Irak, en Syrie et au Liban, cœur de la rivalité politique entre l'Iran et l'Arabie saoudite.
Anthony SAMRANI | OLJ
20/11/2017
Il y a 50 ans, personne, ou presque, n'en parlait. L'Iran était l'un des principaux alliés de Washington dans la région. L'Arabie saoudite considérait l'Égypte de Nasser comme son adversaire numéro un et menait contre elle une guerre par procuration au Yémen. Les pays arabes désignaient unanimement Israël comme l'ennemi absolu, tout en se livrant parallèlement une guerre d'influence pour pouvoir utiliser au mieux ce levier. Ce qu'on appelait alors le « conflit israélo-arabe » constituait, dans l'esprit de tous, l'épicentre géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. C'est de la résolution de ce conflit que dépendait alors, à en croire les puissances arabes, la paix et la prospérité des pays de la région.
Un demi-siècle plus tard, ce qu'on appelle désormais le « conflit israélo-palestinien » a été marginalisé du fait de l'éclatement des printemps arabes et des guerres qui ont suivi, mais surtout de la montée en puissance de la rivalité politique entre les deux principaux candidats à l'hégémonie régionale : l'Iran et l'Arabie saoudite. La conjugaison de ces événements a contribué à accentuer la polarisation des appartenances communautaires, jusqu'à faire du conflit sunnito-chiite le nouvel épicentre géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. L'entente entre les communautés sunnite et chiite est aujourd'hui la principale condition de la paix au Liban, en Syrie et en Irak, trois pays qui constituent le cœur géographique de la guerre froide que se livrent Riyad et Téhéran. Si les enjeux de cet affrontement relèvent davantage de considérations politiques que de débats métaphysiques, force est de constater que les narratifs des acteurs sont truffés de références religieuses visant à légitimer le combat contre l'autre.
Métronome
Si elle a des racines multiséculaires, la dynamique communautaire s'est renforcée au Moyen-Orient au cours de ces trente dernières années. L'année 1979 est un tournant. L'Arabie saoudite finance les moudjahidine afghans dans leur guerre contre l'URSS. La révolution islamique éclate en Iran et donne au chiisme duodécimain une nouvelle représentation, un nouveau discours, un nouveau projet, visant à s'exporter partout dans la région. Un an plus tôt, l'Égypte signe une paix séparée avec Israël qui lui fait perdre une partie de son influence dans la région. Un an plus tard, l'Irak de Saddam Hussein entre en guerre avec l'Iran de Khomeyni, dans un conflit où les référents communautaires se superposeront déjà aux discours nationalistes.
(Lire aussi : Cinq questions sur la "guerre froide" entre l'Arabie et l'Iran)
Tous les éléments sont déjà en place pour que la rivalité entre l'Iran chiite, qui veut exporter son modèle révolutionnaire, et l'Arabie saoudite sunnite, qui cherche à diffuser à une large audience sa doctrine wahhabite, s'impose comme le métronome de l'évolution régionale. Téhéran cherche toutefois à ne pas s'enfermer dans une rhétorique purement sectaire et privilégie dans son discours la lutte contre l'impérialisme américain et contre Israël pour obtenir le soutien des populations arabes. Il nouera plus tard, dans la même logique, des relations étroites avec plusieurs mouvements palestiniens sunnites, comme le Hamas ou le Jihad islamique. Dans les années 80 et 90, le conflit israélo-palestinien reste central et l'attention est focalisée sur les chances de mener à bien le processus de paix.
Les tensions sunnito-chiites sont plus ou moins mises en sourdine. Les régimes baassistes de Syrie et d'Irak, qui se prétendent tous les deux laïcs, tentent d'étouffer les revendications communautaires tout en les instrumentalisant quand ils peuvent en tirer avantage. Le régime Assad, au sein duquel le clan de confession alaouite monopolise le pouvoir dans ce qu'on appelle « l'État profond », agite en permanence l'épouvantail de la menace sunnite pour effrayer les autres minorités et justifier son pouvoir. L'Irak de Saddam s'appuiera pour sa part sur le soutien de la communauté sunnite, pourtant minoritaire, à chaque fois que son pouvoir sera menacé.
Cercle vicieux
Ces dans ces deux pays prétendument laïcs que les tensions communautaires vont être les plus fortes. Réprimées et instrumentalisées pendant des années, elles vont exploser dès que les régimes en place vont perdre leur monopole du pouvoir. L'invasion américaine de l'Irak en 2003, puis la dissolution du parti Baas vont ouvrir la boîte de Pandore en jetant l'Irak dans les bras de l'Iran. Entretenant de bonnes relations avec Damas depuis le début des années 80, et ayant permis la création du Hezbollah en 1982, Téhéran se retrouve alors dans la capacité de pouvoir jouer un rôle en Irak, en Syrie et au Liban. Les puissances sunnites s'inquiètent de l'émergence d'un « croissant chiite » au Moyen-Orient, ce qui relève à l'époque davantage du fantasme que de la réalité. L'Irak plonge dans une série de guerres communautaires qui, si elles ont pris plusieurs formes, ne sont toujours pas terminées presque quinze ans plus tard. En cause : la marginalisation des sunnites par le gouvernement de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et l'essor d'un mouvement jihadiste qui tire sa force de la souffrance et de la volonté de revanche de la communauté sunnite.
(Lire aussi : L’autoroute chiite sera-t-elle brisée, et, si oui, par qui ?)
En Syrie, le discours sectaire prend une autre dimension à partir de 2011. Si les premières manifestations, aspirant à plus de liberté, se veulent pluriconfessionnelles, la réponse du régime vise dès le départ à les « communautariser ». Le régime réprime violemment les manifestations dans les quartiers sunnites et les laisse se dérouler dans les quartiers des autres communautés. L'objectif est d'assimiler les revendications populaires à un discours sectaire défendu par la majorité sunnite et menaçant les autres communautés. Le soutien de plusieurs puissances sunnites, dont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie aux groupes rebelles après l'éclatement du conflit va renforcer les groupes les plus sectaires au détriment des revendications nationales. L'intervention du Hezbollah et des gardiens de la révolution iraniens va avoir le même effet dans le camp adverse, transformant une lutte contre un régime oppressif en une guerre confessionnelle.
En Irak comme en Syrie, le cercle vicieux oblige les deux camps à repousser sans cesse les limites de la surenchère communautaire. En Syrie des milliers de Libanais, d'Irakiens, d'Afghans, de Pakistanais sont mobilisés par Téhéran pour défendre le régime, du fait de leur appartenance à la communauté chiite. Les groupes jihadistes qui leur font face, comme al-Nosra ou l'État islamique (EI) recrutent, pour leur part, des jeunes du monde entier qui rêvent d'en découdre avec les « hérétiques chiites ». Le conflit communautaire devient transnational. Un jihad chiite fait face à un jihad sunnite, et les deux rivalisent en matière de martyrologe, de discours référentiels et de symbolisme.
Bloc sunnite éclaté
En Irak, la montée en puissance de l'EI fait naître un sentiment de vengeance chez les chiites. Des milices sont ainsi créées, dont une grande partie répond directement aux ordres de Téhéran, pour récupérer les territoires de l'EI. Mais alors que cette mission est aujourd'hui en voie d'être terminée, le pays se retrouve dans une situation paradoxale : les chiites ont encore plus de pouvoir qu'avant la prise de Mossoul par l'EI en 2014 et les sunnites paraissent encore plus marginalisés. Ce qui ne laisse pas présager d'une possible pacification sur le long terme de l'Irak. Ces deux conflits ont permis à Téhéran d'ouvrir une « autoroute chiite », reliant l'Iran à la Méditerranée, et s'appuyant sur les liens que la République islamique entretient avec la communauté chiite en Irak, en Syrie et au Liban.
L'intensité du conflit sunnito-chiite n'est pas la même en fonction des zones géographiques (lire en page 7). Le concept n'est pas pertinent dans de nombreux pays et ne permet pas de comprendre les enjeux d'une partie importante des conflits qui secouent actuellement le monde arabe. Le bloc sunnite est lui-même divisé en de multiples acteurs étatiques et non étatiques qui se concurrencent et / ou se font la guerre, en témoigne la détestation des mouvements islamistes dans les pays du Golfe ou le blocus imposé par l'axe pro-Riyad au Qatar.
Le concept ne met pas assez en lumière les enjeux séculiers de tous ces conflits et certains lui préfèrent celui de guerre froide entre l'Arabie et l'Iran. Mais les deux ne sont pas contradictoires. L'instrumentalisation des uns a renforcé le communautarisme des autres. Et la créature a en partie échappé à ses créateurs.
S'il est nécessaire d'aller au-delà des narratifs des acteurs, il ne faut pas pour autant les négliger. Certes, l'appellation conflit sunnito-chiite contribue à donner une vision imparfaite de la réalité. Certes, son utilisation peut contribuer à dénaturer le débat en laissant penser que le cœur du problème n'est pas purement et simplement d'ordre politique. Certes, il ne peut en aucun cas être utilisé comme une grille de lecture unique. Mais il n'empêche que ce concept a l'avantage de mettre le doigt sur le nerf de la conflictualité actuelle, qui s'alimente en permanence de la peur et / ou de la haine que les populations des deux grandes branches de l'islam ont l'une pour l'autre.
ANALYSE
Si elle a des racines multiséculaires, la dynamique communautaire s'est renforcée dans la région au cours de ces trente dernières années, particulièrement en Irak, en Syrie et au Liban, cœur de la rivalité politique entre l'Iran et l'Arabie saoudite.
Anthony SAMRANI | OLJ
20/11/2017
Il y a 50 ans, personne, ou presque, n'en parlait. L'Iran était l'un des principaux alliés de Washington dans la région. L'Arabie saoudite considérait l'Égypte de Nasser comme son adversaire numéro un et menait contre elle une guerre par procuration au Yémen. Les pays arabes désignaient unanimement Israël comme l'ennemi absolu, tout en se livrant parallèlement une guerre d'influence pour pouvoir utiliser au mieux ce levier. Ce qu'on appelait alors le « conflit israélo-arabe » constituait, dans l'esprit de tous, l'épicentre géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. C'est de la résolution de ce conflit que dépendait alors, à en croire les puissances arabes, la paix et la prospérité des pays de la région.
Un demi-siècle plus tard, ce qu'on appelle désormais le « conflit israélo-palestinien » a été marginalisé du fait de l'éclatement des printemps arabes et des guerres qui ont suivi, mais surtout de la montée en puissance de la rivalité politique entre les deux principaux candidats à l'hégémonie régionale : l'Iran et l'Arabie saoudite. La conjugaison de ces événements a contribué à accentuer la polarisation des appartenances communautaires, jusqu'à faire du conflit sunnito-chiite le nouvel épicentre géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. L'entente entre les communautés sunnite et chiite est aujourd'hui la principale condition de la paix au Liban, en Syrie et en Irak, trois pays qui constituent le cœur géographique de la guerre froide que se livrent Riyad et Téhéran. Si les enjeux de cet affrontement relèvent davantage de considérations politiques que de débats métaphysiques, force est de constater que les narratifs des acteurs sont truffés de références religieuses visant à légitimer le combat contre l'autre.
Métronome
Si elle a des racines multiséculaires, la dynamique communautaire s'est renforcée au Moyen-Orient au cours de ces trente dernières années. L'année 1979 est un tournant. L'Arabie saoudite finance les moudjahidine afghans dans leur guerre contre l'URSS. La révolution islamique éclate en Iran et donne au chiisme duodécimain une nouvelle représentation, un nouveau discours, un nouveau projet, visant à s'exporter partout dans la région. Un an plus tôt, l'Égypte signe une paix séparée avec Israël qui lui fait perdre une partie de son influence dans la région. Un an plus tard, l'Irak de Saddam Hussein entre en guerre avec l'Iran de Khomeyni, dans un conflit où les référents communautaires se superposeront déjà aux discours nationalistes.
(Lire aussi : Cinq questions sur la "guerre froide" entre l'Arabie et l'Iran)
Tous les éléments sont déjà en place pour que la rivalité entre l'Iran chiite, qui veut exporter son modèle révolutionnaire, et l'Arabie saoudite sunnite, qui cherche à diffuser à une large audience sa doctrine wahhabite, s'impose comme le métronome de l'évolution régionale. Téhéran cherche toutefois à ne pas s'enfermer dans une rhétorique purement sectaire et privilégie dans son discours la lutte contre l'impérialisme américain et contre Israël pour obtenir le soutien des populations arabes. Il nouera plus tard, dans la même logique, des relations étroites avec plusieurs mouvements palestiniens sunnites, comme le Hamas ou le Jihad islamique. Dans les années 80 et 90, le conflit israélo-palestinien reste central et l'attention est focalisée sur les chances de mener à bien le processus de paix.
Les tensions sunnito-chiites sont plus ou moins mises en sourdine. Les régimes baassistes de Syrie et d'Irak, qui se prétendent tous les deux laïcs, tentent d'étouffer les revendications communautaires tout en les instrumentalisant quand ils peuvent en tirer avantage. Le régime Assad, au sein duquel le clan de confession alaouite monopolise le pouvoir dans ce qu'on appelle « l'État profond », agite en permanence l'épouvantail de la menace sunnite pour effrayer les autres minorités et justifier son pouvoir. L'Irak de Saddam s'appuiera pour sa part sur le soutien de la communauté sunnite, pourtant minoritaire, à chaque fois que son pouvoir sera menacé.
Cercle vicieux
Ces dans ces deux pays prétendument laïcs que les tensions communautaires vont être les plus fortes. Réprimées et instrumentalisées pendant des années, elles vont exploser dès que les régimes en place vont perdre leur monopole du pouvoir. L'invasion américaine de l'Irak en 2003, puis la dissolution du parti Baas vont ouvrir la boîte de Pandore en jetant l'Irak dans les bras de l'Iran. Entretenant de bonnes relations avec Damas depuis le début des années 80, et ayant permis la création du Hezbollah en 1982, Téhéran se retrouve alors dans la capacité de pouvoir jouer un rôle en Irak, en Syrie et au Liban. Les puissances sunnites s'inquiètent de l'émergence d'un « croissant chiite » au Moyen-Orient, ce qui relève à l'époque davantage du fantasme que de la réalité. L'Irak plonge dans une série de guerres communautaires qui, si elles ont pris plusieurs formes, ne sont toujours pas terminées presque quinze ans plus tard. En cause : la marginalisation des sunnites par le gouvernement de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et l'essor d'un mouvement jihadiste qui tire sa force de la souffrance et de la volonté de revanche de la communauté sunnite.
(Lire aussi : L’autoroute chiite sera-t-elle brisée, et, si oui, par qui ?)
En Syrie, le discours sectaire prend une autre dimension à partir de 2011. Si les premières manifestations, aspirant à plus de liberté, se veulent pluriconfessionnelles, la réponse du régime vise dès le départ à les « communautariser ». Le régime réprime violemment les manifestations dans les quartiers sunnites et les laisse se dérouler dans les quartiers des autres communautés. L'objectif est d'assimiler les revendications populaires à un discours sectaire défendu par la majorité sunnite et menaçant les autres communautés. Le soutien de plusieurs puissances sunnites, dont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie aux groupes rebelles après l'éclatement du conflit va renforcer les groupes les plus sectaires au détriment des revendications nationales. L'intervention du Hezbollah et des gardiens de la révolution iraniens va avoir le même effet dans le camp adverse, transformant une lutte contre un régime oppressif en une guerre confessionnelle.
En Irak comme en Syrie, le cercle vicieux oblige les deux camps à repousser sans cesse les limites de la surenchère communautaire. En Syrie des milliers de Libanais, d'Irakiens, d'Afghans, de Pakistanais sont mobilisés par Téhéran pour défendre le régime, du fait de leur appartenance à la communauté chiite. Les groupes jihadistes qui leur font face, comme al-Nosra ou l'État islamique (EI) recrutent, pour leur part, des jeunes du monde entier qui rêvent d'en découdre avec les « hérétiques chiites ». Le conflit communautaire devient transnational. Un jihad chiite fait face à un jihad sunnite, et les deux rivalisent en matière de martyrologe, de discours référentiels et de symbolisme.
Bloc sunnite éclaté
En Irak, la montée en puissance de l'EI fait naître un sentiment de vengeance chez les chiites. Des milices sont ainsi créées, dont une grande partie répond directement aux ordres de Téhéran, pour récupérer les territoires de l'EI. Mais alors que cette mission est aujourd'hui en voie d'être terminée, le pays se retrouve dans une situation paradoxale : les chiites ont encore plus de pouvoir qu'avant la prise de Mossoul par l'EI en 2014 et les sunnites paraissent encore plus marginalisés. Ce qui ne laisse pas présager d'une possible pacification sur le long terme de l'Irak. Ces deux conflits ont permis à Téhéran d'ouvrir une « autoroute chiite », reliant l'Iran à la Méditerranée, et s'appuyant sur les liens que la République islamique entretient avec la communauté chiite en Irak, en Syrie et au Liban.
L'intensité du conflit sunnito-chiite n'est pas la même en fonction des zones géographiques (lire en page 7). Le concept n'est pas pertinent dans de nombreux pays et ne permet pas de comprendre les enjeux d'une partie importante des conflits qui secouent actuellement le monde arabe. Le bloc sunnite est lui-même divisé en de multiples acteurs étatiques et non étatiques qui se concurrencent et / ou se font la guerre, en témoigne la détestation des mouvements islamistes dans les pays du Golfe ou le blocus imposé par l'axe pro-Riyad au Qatar.
Le concept ne met pas assez en lumière les enjeux séculiers de tous ces conflits et certains lui préfèrent celui de guerre froide entre l'Arabie et l'Iran. Mais les deux ne sont pas contradictoires. L'instrumentalisation des uns a renforcé le communautarisme des autres. Et la créature a en partie échappé à ses créateurs.
S'il est nécessaire d'aller au-delà des narratifs des acteurs, il ne faut pas pour autant les négliger. Certes, l'appellation conflit sunnito-chiite contribue à donner une vision imparfaite de la réalité. Certes, son utilisation peut contribuer à dénaturer le débat en laissant penser que le cœur du problème n'est pas purement et simplement d'ordre politique. Certes, il ne peut en aucun cas être utilisé comme une grille de lecture unique. Mais il n'empêche que ce concept a l'avantage de mettre le doigt sur le nerf de la conflictualité actuelle, qui s'alimente en permanence de la peur et / ou de la haine que les populations des deux grandes branches de l'islam ont l'une pour l'autre.