Pour Pâques, calendriers catholique, orthodoxe et juif se superposent
Guilhem Dubernet, le 14/04/2017 à 11h24
Mis à jour le 14/04/2017 à 18h41 Envoyer par email
Cette année, les Pâques catholique, protestante et orthodoxe tombent en même temps. Pendant la Semaine sainte, les juifs ont quant à eux fêté Pessah.
Établie en termes peu clairs aujourd’hui par le Concile de Nicée en 325, la date de Pâques est « le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ». Plus simplement formulé, il s’agit du premier dimanche après la première pleine lune suivant l’équinoxe de printemps (fixé au 21 mars).
Acceptée par tous les chrétiens, cette méthode de calcul a été établie avant le schisme de 1054. Le décalage qui s’opère souvent entre Églises catholiques et orthodoxes est donc à chercher dans la réforme grégorienne. En 1582, le pape Grégoire XIII instaure un nouveau calendrier qui doit corriger les lacunes astronomiques du calendrier julien, alors en vigueur. À cause de son imprécision, celui-ci se décale de 8 jours à chaque millénaire par rapport à l’année solaire véritable. Au moment de la réforme grégorienne, le calendrier julien a dix jours de retard. Aujourd’hui, il en a 13.
Un décalage vers l’été
Le fait que cette réforme n’ait été appliquée qu’en Occident explique pourquoi les orthodoxes continuent de célébrer Pâques selon le calendrier julien. « Dans le calendrier orthodoxe, le 21 mars correspond au 3 avril du calendrier grégorien, explique le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet. Si une pleine lune arrive entre les deux dates, alors il y aura décalage entre les deux Pâques. » Mais cette année, la pleine lune a eu lieu le lundi 10 avril.
À LIRE : Faut-il se confesser avant Pâques ?
« Le phénomène n’est pas si rare, cela se produit tous les trois ou quatre ans », précise Jean-Claude Larchet. Mais avec le temps, le calendrier julien continue d’accroître son décalage. Dans mille ans, le décalage entre les deux références sera tel que Pâques ne pourra plus jamais avoir lieu à la même date, à moins d’une réforme chez les orthodoxes.
Certains l’appellent de leurs vœux. Jean-Claude Larchet raconte « que certaines Églises orthodoxes ont adopté la réforme grégorienne pour les fêtes fixes, comme en Grèce, mais cela a provoqué un schisme et le sujet reste un motif de tension au sein de la communauté ».
Pessah pendant la Semaine sainte
Comme le calendrier orthodoxe, le calendrier hébraïque est fondé « sur beaucoup de lunaire et un peu de solaire », explique Moché Lewin, rabbin au Raincy et vice-président de la Conférences des rabbins européens.
Pour les juifs, la semaine de Pessah doit commencer le 14 du mois nissan. Les mois hébraïques commencent par la nouvelle lune. Le 14e jour de nissan est donc un jour de pleine lune
Mais contrairement aux orthodoxes, les juifs ont prévu dans leur calendrier un correctif « car c’est un devoir biblique que Pessah soit célébré au début du printemps », précise Moché Lewin. Afin de corriger les décalages naturels du calendrier, un mois (celui d’adar) est « doublé tous les trois ou quatre ans selon les calculs du sage Hillel » qui a vécu au IVe siècle.
La date de Pessah n’a pas, comme les Pâques chrétiennes, l’obligation de démarrer un certain jour de la semaine mais à une date. Cette année, la fête a commencé le mardi 11 avril, soit le lendemain du début de la Semaine sainte.
Guilhem Dubernet
http://www.la-croix.com/Religion/Pour-Paques-calendriers-catholique-orthodoxe-et-juif-se-superposent-2017-04-14-1200839600
Guilhem Dubernet, le 14/04/2017 à 11h24
Mis à jour le 14/04/2017 à 18h41 Envoyer par email
Cette année, les Pâques catholique, protestante et orthodoxe tombent en même temps. Pendant la Semaine sainte, les juifs ont quant à eux fêté Pessah.
Établie en termes peu clairs aujourd’hui par le Concile de Nicée en 325, la date de Pâques est « le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ». Plus simplement formulé, il s’agit du premier dimanche après la première pleine lune suivant l’équinoxe de printemps (fixé au 21 mars).
Acceptée par tous les chrétiens, cette méthode de calcul a été établie avant le schisme de 1054. Le décalage qui s’opère souvent entre Églises catholiques et orthodoxes est donc à chercher dans la réforme grégorienne. En 1582, le pape Grégoire XIII instaure un nouveau calendrier qui doit corriger les lacunes astronomiques du calendrier julien, alors en vigueur. À cause de son imprécision, celui-ci se décale de 8 jours à chaque millénaire par rapport à l’année solaire véritable. Au moment de la réforme grégorienne, le calendrier julien a dix jours de retard. Aujourd’hui, il en a 13.
Un décalage vers l’été
Le fait que cette réforme n’ait été appliquée qu’en Occident explique pourquoi les orthodoxes continuent de célébrer Pâques selon le calendrier julien. « Dans le calendrier orthodoxe, le 21 mars correspond au 3 avril du calendrier grégorien, explique le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet. Si une pleine lune arrive entre les deux dates, alors il y aura décalage entre les deux Pâques. » Mais cette année, la pleine lune a eu lieu le lundi 10 avril.
À LIRE : Faut-il se confesser avant Pâques ?
« Le phénomène n’est pas si rare, cela se produit tous les trois ou quatre ans », précise Jean-Claude Larchet. Mais avec le temps, le calendrier julien continue d’accroître son décalage. Dans mille ans, le décalage entre les deux références sera tel que Pâques ne pourra plus jamais avoir lieu à la même date, à moins d’une réforme chez les orthodoxes.
Certains l’appellent de leurs vœux. Jean-Claude Larchet raconte « que certaines Églises orthodoxes ont adopté la réforme grégorienne pour les fêtes fixes, comme en Grèce, mais cela a provoqué un schisme et le sujet reste un motif de tension au sein de la communauté ».
Pessah pendant la Semaine sainte
Comme le calendrier orthodoxe, le calendrier hébraïque est fondé « sur beaucoup de lunaire et un peu de solaire », explique Moché Lewin, rabbin au Raincy et vice-président de la Conférences des rabbins européens.
Pour les juifs, la semaine de Pessah doit commencer le 14 du mois nissan. Les mois hébraïques commencent par la nouvelle lune. Le 14e jour de nissan est donc un jour de pleine lune
Mais contrairement aux orthodoxes, les juifs ont prévu dans leur calendrier un correctif « car c’est un devoir biblique que Pessah soit célébré au début du printemps », précise Moché Lewin. Afin de corriger les décalages naturels du calendrier, un mois (celui d’adar) est « doublé tous les trois ou quatre ans selon les calculs du sage Hillel » qui a vécu au IVe siècle.
La date de Pessah n’a pas, comme les Pâques chrétiennes, l’obligation de démarrer un certain jour de la semaine mais à une date. Cette année, la fête a commencé le mardi 11 avril, soit le lendemain du début de la Semaine sainte.
Guilhem Dubernet
http://www.la-croix.com/Religion/Pour-Paques-calendriers-catholique-orthodoxe-et-juif-se-superposent-2017-04-14-1200839600