"On devrait réfléchir à une date fixe pour Pâques, mais cela demanderait de grands changements dans la société"
ABONNÉS ENTRETIEN DE CHRISTIAN LAPORTE Publié le jeudi 13 avril 2017 à 13h
BELGIQUE
Arnaud Join-Lambert enseigne la théologie pratique à l’UCL, le P. Tommy Scholtes, sj est porte-parole de la Conférence épiscopale et curé à Wezembeek-Oppem. Tous deux sont bien au fait des réalités du terrain. Un double regard croisé sur l’évolution des pratiques religieuses pendant la Semaine sainte.
La fête de Pâques est un moment fort de la liturgie. Mais suscite-t-elle le même engouement que la fête de Noël ?
Tommy Scholtes (TS) : C’est impressionnant de voir comment on prépare Noël dans nos sociétés. En même temps, on n’est pas dupe de sa dimension de plus en plus commerciale. Reste que la naissance de Jésus incite à de grands rassemblements. C’est une grande fête partagée en famille contrairement à Pâques qui devrait être la plus grande. Plus que l’Avent vers Noël, le carême nous y prépare. Elle est censée être un cheminement. Mais, à part des temps de réflexion ou de jeûn collectifs, elle touche nettement moins le public. On rassemble moins de monde à la vigile pascale que pendant la nuit de Noël. Pourtant le message de la mort et de la résurrection est plus fort que celui de la naissance. Les signes qui sont associés à cette fête le sont aussi, avec le feu et l’eau.
Arnaud Join-Lambert (AJL) : Votre analyse est confirmée par des sondages. Il faut comprendre ce phénomène à l’aune du christianisme populaire. Il n’y a pas un ancrage historique dans la longue durée comme pour Noël. La vigile pascale n’est mise en valeur que depuis 1951. Il y a plus de monde dans les églises le Dimanche des Rameaux. Nombreux sont ceux qui viennent chercher du buis béni qu’ils installeront pour un an comme pour se protéger des mauvais sorts.
La tradition des chemins de croix publics est aussi en chute ?
AJ L : Ils ont quasi disparu de nos villes et villages…
TS : … et ce sont les chrétiens d’Orient qui en organisent par solidarité avec leurs frères souffrants comme il y a quelques jours à la Viale d’Europe à Uccle.
AJL : En France, ils ont tendance à réapparaître depuis une trentaine d’années mais touchent surtout des publics particuliers. En même temps, je voudrais donner un contre-exemple qui m’a marqué… Je suis allé voir le jeu de la Passion à Ligny où le desservant est aujourd’hui un dynamique prêtre ivoirien. Cela m’a impressionné de voir tout un village s’engager aux côtés de 150 personnes impliquées dans une représentation de plus de 3 heures présentée quatre fois.
Comment les paroisses pourraient-elles mieux impliquer les fidèles et les chrétiens ?
http://www.lalibre.be/actu/belgique/on-devrait-reflechir-a-une-date-fixe-pour-paques-mais-cela-demanderait-de-grands-changements-dans-la-societe-58ee5f35cd70812a6565745b
ABONNÉS ENTRETIEN DE CHRISTIAN LAPORTE Publié le jeudi 13 avril 2017 à 13h
BELGIQUE
Arnaud Join-Lambert enseigne la théologie pratique à l’UCL, le P. Tommy Scholtes, sj est porte-parole de la Conférence épiscopale et curé à Wezembeek-Oppem. Tous deux sont bien au fait des réalités du terrain. Un double regard croisé sur l’évolution des pratiques religieuses pendant la Semaine sainte.
La fête de Pâques est un moment fort de la liturgie. Mais suscite-t-elle le même engouement que la fête de Noël ?
Tommy Scholtes (TS) : C’est impressionnant de voir comment on prépare Noël dans nos sociétés. En même temps, on n’est pas dupe de sa dimension de plus en plus commerciale. Reste que la naissance de Jésus incite à de grands rassemblements. C’est une grande fête partagée en famille contrairement à Pâques qui devrait être la plus grande. Plus que l’Avent vers Noël, le carême nous y prépare. Elle est censée être un cheminement. Mais, à part des temps de réflexion ou de jeûn collectifs, elle touche nettement moins le public. On rassemble moins de monde à la vigile pascale que pendant la nuit de Noël. Pourtant le message de la mort et de la résurrection est plus fort que celui de la naissance. Les signes qui sont associés à cette fête le sont aussi, avec le feu et l’eau.
Arnaud Join-Lambert (AJL) : Votre analyse est confirmée par des sondages. Il faut comprendre ce phénomène à l’aune du christianisme populaire. Il n’y a pas un ancrage historique dans la longue durée comme pour Noël. La vigile pascale n’est mise en valeur que depuis 1951. Il y a plus de monde dans les églises le Dimanche des Rameaux. Nombreux sont ceux qui viennent chercher du buis béni qu’ils installeront pour un an comme pour se protéger des mauvais sorts.
La tradition des chemins de croix publics est aussi en chute ?
AJ L : Ils ont quasi disparu de nos villes et villages…
TS : … et ce sont les chrétiens d’Orient qui en organisent par solidarité avec leurs frères souffrants comme il y a quelques jours à la Viale d’Europe à Uccle.
AJL : En France, ils ont tendance à réapparaître depuis une trentaine d’années mais touchent surtout des publics particuliers. En même temps, je voudrais donner un contre-exemple qui m’a marqué… Je suis allé voir le jeu de la Passion à Ligny où le desservant est aujourd’hui un dynamique prêtre ivoirien. Cela m’a impressionné de voir tout un village s’engager aux côtés de 150 personnes impliquées dans une représentation de plus de 3 heures présentée quatre fois.
Comment les paroisses pourraient-elles mieux impliquer les fidèles et les chrétiens ?
http://www.lalibre.be/actu/belgique/on-devrait-reflechir-a-une-date-fixe-pour-paques-mais-cela-demanderait-de-grands-changements-dans-la-societe-58ee5f35cd70812a6565745b