Le pape et les évêques polonais vont s'expliquer à huis clos
ANNA LATRON, À CRACOVIE publié le 21/07/2016
Le discours du pape aux évêques de Pologne, prévu à son arrivée en Pologne le 27 juillet prochain, a été annulé. A quelques jours du début des JMJ de Cracovie, la décision interroge.
« C’est une décision du Vatican, commente sobrement Dorota Abdelmoula, porte-parole du comité local d’organisation (COL) des JMJ de Cracovie. Ça ne dépend pas de nous. » Ce mercredi 20 juillet, le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, indiquait, au cours d’un point presse sur le programme du voyage du pape en Pologne pour les JMJ, que la rencontre entre le pape et les évêques serait privée. C’est donc à huis clos que François souhaite rencontrer les quelque 130 évêques de Pologne, dans la soirée du 27 juillet, dans la cathédrale du Wawel de Cracovie. « Pour les évêques polonais ça ne change rien, veut croire la porte-parole du COL, l’essentiel est que la rencontre ait lieu. » Pourtant, cette annulation de dernière minute interroge, d’autant que la rencontre promettait d’être riche : elle symbolisait la rencontre entre le pape et un épiscopat qui ne lui est pas franchement acquis. Car l’Église polonaise – forte de 90% de fidèles parmi la population – n’est pas réputée pour ses positions progressistes. « Ce n’est un secret pour personne que le pape François n’est pas particulièrement apprécié par la majorité du clergé polonais, note Michal Kusminski, rédacteur en chef au journal Tigodnyk Powszechny, hebdomadaire catholique qui appelle régulièrement l’Église polonaise à plus d’ouverture. Ses positions sur les réfugiés ou sur l’écologie trouvent peu d’écho ».
Le pouls de la Pologne à la veille des JMJ
C’est précisément sur le sujet de l’immigration – cher au pape argentin – que les tensions internes à l’Église catholique polonaise sont les plus manifestes. Le 8 juin dernier, les évêques demandaient la création d’un « couloir humanitaire » pour accueillir un petit nombre de migrants. Ces couloirs seraient organisés par la Caritas Pologne « en collaboration totale avec le gouvernement » mené par les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS). La prise de position des évêques avait évolué fin juin à travers une déclaration commune publiée le 30 juin avec les Églises protestantes et orthodoxe, confirmant que l’Église catholique prend ses distances avec la position du gouvernement : reconnaissant que les peuples européens sont confrontés au « grand défi de la crise migratoire », elles proposaient d’« éduquer les cœurs pour secourir ceux qui souffrent ». Michal Kusminski souligne que ce « pas en avant est un effort significatif des évêques », même s’il ajoute qu’il n’y a « pas de réfugiés en Pologne puisque le gouvernement est clairement opposé à leur entrée sur le sol polonais ».
« L’influence de l'Église reste très présente »
Le rédacteur en chef à Tigodnyk Powszechny se dit « déçu » que la rencontre entre le pape et les évêques polonais ait lieu à huis clos, mais n’est pas surpris : « Cela confirme que la visite du pape en Pologne n’est pas vraiment une visite officielle mais bien une rencontre avec les jeunes du monde entier ». S'il ne voit pas cette annulation comme « la preuve que le pape se montrerait particulièrement critique et vigoureux envers l’épiscopat polonais », il estime qu’il est « vital que les fidèles sachent ce que le pape a à dire à leurs responsables ».
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-pape-et-les-eveques-polonais-vont-s-expliquer-a-huis-clos-21-07-2016-75004_16.php
ANNA LATRON, À CRACOVIE publié le 21/07/2016
Le discours du pape aux évêques de Pologne, prévu à son arrivée en Pologne le 27 juillet prochain, a été annulé. A quelques jours du début des JMJ de Cracovie, la décision interroge.
« C’est une décision du Vatican, commente sobrement Dorota Abdelmoula, porte-parole du comité local d’organisation (COL) des JMJ de Cracovie. Ça ne dépend pas de nous. » Ce mercredi 20 juillet, le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, indiquait, au cours d’un point presse sur le programme du voyage du pape en Pologne pour les JMJ, que la rencontre entre le pape et les évêques serait privée. C’est donc à huis clos que François souhaite rencontrer les quelque 130 évêques de Pologne, dans la soirée du 27 juillet, dans la cathédrale du Wawel de Cracovie. « Pour les évêques polonais ça ne change rien, veut croire la porte-parole du COL, l’essentiel est que la rencontre ait lieu. » Pourtant, cette annulation de dernière minute interroge, d’autant que la rencontre promettait d’être riche : elle symbolisait la rencontre entre le pape et un épiscopat qui ne lui est pas franchement acquis. Car l’Église polonaise – forte de 90% de fidèles parmi la population – n’est pas réputée pour ses positions progressistes. « Ce n’est un secret pour personne que le pape François n’est pas particulièrement apprécié par la majorité du clergé polonais, note Michal Kusminski, rédacteur en chef au journal Tigodnyk Powszechny, hebdomadaire catholique qui appelle régulièrement l’Église polonaise à plus d’ouverture. Ses positions sur les réfugiés ou sur l’écologie trouvent peu d’écho ».
Le pouls de la Pologne à la veille des JMJ
C’est précisément sur le sujet de l’immigration – cher au pape argentin – que les tensions internes à l’Église catholique polonaise sont les plus manifestes. Le 8 juin dernier, les évêques demandaient la création d’un « couloir humanitaire » pour accueillir un petit nombre de migrants. Ces couloirs seraient organisés par la Caritas Pologne « en collaboration totale avec le gouvernement » mené par les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS). La prise de position des évêques avait évolué fin juin à travers une déclaration commune publiée le 30 juin avec les Églises protestantes et orthodoxe, confirmant que l’Église catholique prend ses distances avec la position du gouvernement : reconnaissant que les peuples européens sont confrontés au « grand défi de la crise migratoire », elles proposaient d’« éduquer les cœurs pour secourir ceux qui souffrent ». Michal Kusminski souligne que ce « pas en avant est un effort significatif des évêques », même s’il ajoute qu’il n’y a « pas de réfugiés en Pologne puisque le gouvernement est clairement opposé à leur entrée sur le sol polonais ».
« L’influence de l'Église reste très présente »
Le rédacteur en chef à Tigodnyk Powszechny se dit « déçu » que la rencontre entre le pape et les évêques polonais ait lieu à huis clos, mais n’est pas surpris : « Cela confirme que la visite du pape en Pologne n’est pas vraiment une visite officielle mais bien une rencontre avec les jeunes du monde entier ». S'il ne voit pas cette annulation comme « la preuve que le pape se montrerait particulièrement critique et vigoureux envers l’épiscopat polonais », il estime qu’il est « vital que les fidèles sachent ce que le pape a à dire à leurs responsables ».
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-pape-et-les-eveques-polonais-vont-s-expliquer-a-huis-clos-21-07-2016-75004_16.php