Paix au Proche-Orient : à Paris, un tour de table et puis s’en va
Laurent Larcher, le 03/06/2016 à 17h28 Envoyer par email
Une trentaine de pays et d’organisations internationales ont participé au sommet organisé par la France.
Tous ont été d’accord pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, mais rien n’a été arrêté.
La seule chose qui a été décidée, ce vendredi 3 juin 2016, lors de l’initiative pour la Paix au Proche-Orient organisée par la France, c’est de renouveler l’opération d’ici à la fin de l’année. Il fallait s’y attendre.
A lire : Le gouvernement israélien regrette une « occasion manquée »
Une délégation incomplète
Pourtant, une trentaine de pays et d’organisations internationales avaient répondu positivement à l’invitation de la France. Parmi eux, le secrétaire général des Nations unies Ban-Ki-moon, le secrétaire d’État américain John Kerry, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, le Quartet pour le Proche-Orient (UE, États-Unis, ONU et Russie), la ligue Arabe, et même la Chine. Mais sans les deux principaux intéressés, Israéliens et Palestiniens, l’initiative française était condamnée à exprimer des intentions louables et souhaitables sans valeurs efficientes.
Des déclarations d’intentions
« J’ai voulu que la France prenne une initiative pour mobiliser la communauté internationale en soutien à un règlement définitif du conflit », a ainsi expliqué François Hollande au début de la réunion. « Nous ne pouvons pas nous substituer aux parties prenantes. Notre initiative vise à leur donner les garanties que la paix sera solide, durable et contrôlée internationalement » et les « rassurer pour qu’ils reprennent le chemin de la négociation », a-t-il poursuivi.
« La réalité des faits est qu’à l’heure actuelle il n’y a aucun processus de paix », a constaté Federica Mogherini. « Les développements en Israël et en Palestine, politiquement et sur le terrain, avec la violence chaque jour plus réelle, la politique d’expansion des colonies (israéliennes), nous disent clairement que la perspective ouverte par Oslo risque sérieusement de s’évanouir », a-t-elle ajouté avant d’annoncer qu’un rapport du Quartet, incluant des « recommandations substantielles » sera publié prochainement. « Il soulignera la situation sur le terrain et comprendra des recommandations substantielles sur ce que doivent faire les parties et la façon dont la communauté internationale peut les soutenir », a-t-elle dit.
L’Arabie saoudite a rappelé que la « meilleure base pour la paix » reste l’initiative arabe. Lancée au sommet de la Ligue arabe en 2002, la Ligue arabe propose une paix globale en échange d’un retrait total des Territoires occupés depuis 1967, la création d’un État palestinien avec pour capitale Jérusalem est et une solution pour les réfugiés palestiniens. Mais depuis quatorze ans, cette initiative, soutenue par l’UE et la France, est restée lettre morte sur le terrain.
Le nœud du blocage
Le principal point d’achoppement entre la Ligue arabe et Israël porte sur le retour des réfugiés palestiniens. La ligue arabe attend que Tel-Aviv reconnaisse ce droit tout en assurant que les modalités de ce retour seraient négociées plus tard. Les Israéliens s’y refusent car, selon eux, cette simple reconnaissance ouvrirait la voie à un retour massif des réfugiés palestiniens : son existence en tant qu’État juif en serait menacée.
En revanche, l’initiative arabe serait acceptable, à ses yeux, si elle précisait que les réfugiés retourneraient uniquement dans les territoires contrôlés par les Palestiniens. Une proposition rejetée par les Arabes.
Un maigre bilan
À l’issue de la conférence, le premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est adressé à la presse pour lui dire que « trois grands messages se dégagent des travaux d’aujourd’hui » : « La solution des deux États est en grave danger. Nous approchons d’un point de non-retour » ; « il est urgent de recréer la confiance. Israéliens et Palestiniens, seuls eux, pourront faire la paix » ; et « nous pouvons proposer un cadre et des soutiens qui permettront la tenue de négociations directes entre les parties ».
Et puis c’est tout ! En n’apportant aucune solution concrète aux points de blocages entre Israéliens et Palestiniens, en partageant le point de vue de la Lige arabe pour sortir de cette crise, l’initiative française n’avait aucune chance d’aboutir à un résultat et à une avancée tangible.
À l’issue de cette rencontre, la France a annoncé qu’une nouvelle initiative de ce type devrait avoir lieu, cette fois, avec les Israéliens et les Palestiniens. Mais aucune date n’a été arrêtée et annoncée.
> À lire : Ranimer la flamme des négociations au Proche-Orient
http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Paix-au-Proche-Orient-a-Paris-un-tour-de-table-et-puis-s-en-va-2016-06-03-1200766239?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=welcome_media&utm_content=2016-06-04
Laurent Larcher, le 03/06/2016 à 17h28 Envoyer par email
Une trentaine de pays et d’organisations internationales ont participé au sommet organisé par la France.
Tous ont été d’accord pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, mais rien n’a été arrêté.
La seule chose qui a été décidée, ce vendredi 3 juin 2016, lors de l’initiative pour la Paix au Proche-Orient organisée par la France, c’est de renouveler l’opération d’ici à la fin de l’année. Il fallait s’y attendre.
A lire : Le gouvernement israélien regrette une « occasion manquée »
Une délégation incomplète
Pourtant, une trentaine de pays et d’organisations internationales avaient répondu positivement à l’invitation de la France. Parmi eux, le secrétaire général des Nations unies Ban-Ki-moon, le secrétaire d’État américain John Kerry, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, le Quartet pour le Proche-Orient (UE, États-Unis, ONU et Russie), la ligue Arabe, et même la Chine. Mais sans les deux principaux intéressés, Israéliens et Palestiniens, l’initiative française était condamnée à exprimer des intentions louables et souhaitables sans valeurs efficientes.
Des déclarations d’intentions
« J’ai voulu que la France prenne une initiative pour mobiliser la communauté internationale en soutien à un règlement définitif du conflit », a ainsi expliqué François Hollande au début de la réunion. « Nous ne pouvons pas nous substituer aux parties prenantes. Notre initiative vise à leur donner les garanties que la paix sera solide, durable et contrôlée internationalement » et les « rassurer pour qu’ils reprennent le chemin de la négociation », a-t-il poursuivi.
« La réalité des faits est qu’à l’heure actuelle il n’y a aucun processus de paix », a constaté Federica Mogherini. « Les développements en Israël et en Palestine, politiquement et sur le terrain, avec la violence chaque jour plus réelle, la politique d’expansion des colonies (israéliennes), nous disent clairement que la perspective ouverte par Oslo risque sérieusement de s’évanouir », a-t-elle ajouté avant d’annoncer qu’un rapport du Quartet, incluant des « recommandations substantielles » sera publié prochainement. « Il soulignera la situation sur le terrain et comprendra des recommandations substantielles sur ce que doivent faire les parties et la façon dont la communauté internationale peut les soutenir », a-t-elle dit.
L’Arabie saoudite a rappelé que la « meilleure base pour la paix » reste l’initiative arabe. Lancée au sommet de la Ligue arabe en 2002, la Ligue arabe propose une paix globale en échange d’un retrait total des Territoires occupés depuis 1967, la création d’un État palestinien avec pour capitale Jérusalem est et une solution pour les réfugiés palestiniens. Mais depuis quatorze ans, cette initiative, soutenue par l’UE et la France, est restée lettre morte sur le terrain.
Le nœud du blocage
Le principal point d’achoppement entre la Ligue arabe et Israël porte sur le retour des réfugiés palestiniens. La ligue arabe attend que Tel-Aviv reconnaisse ce droit tout en assurant que les modalités de ce retour seraient négociées plus tard. Les Israéliens s’y refusent car, selon eux, cette simple reconnaissance ouvrirait la voie à un retour massif des réfugiés palestiniens : son existence en tant qu’État juif en serait menacée.
En revanche, l’initiative arabe serait acceptable, à ses yeux, si elle précisait que les réfugiés retourneraient uniquement dans les territoires contrôlés par les Palestiniens. Une proposition rejetée par les Arabes.
Un maigre bilan
À l’issue de la conférence, le premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est adressé à la presse pour lui dire que « trois grands messages se dégagent des travaux d’aujourd’hui » : « La solution des deux États est en grave danger. Nous approchons d’un point de non-retour » ; « il est urgent de recréer la confiance. Israéliens et Palestiniens, seuls eux, pourront faire la paix » ; et « nous pouvons proposer un cadre et des soutiens qui permettront la tenue de négociations directes entre les parties ».
Et puis c’est tout ! En n’apportant aucune solution concrète aux points de blocages entre Israéliens et Palestiniens, en partageant le point de vue de la Lige arabe pour sortir de cette crise, l’initiative française n’avait aucune chance d’aboutir à un résultat et à une avancée tangible.
À l’issue de cette rencontre, la France a annoncé qu’une nouvelle initiative de ce type devrait avoir lieu, cette fois, avec les Israéliens et les Palestiniens. Mais aucune date n’a été arrêtée et annoncée.
> À lire : Ranimer la flamme des négociations au Proche-Orient
http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Paix-au-Proche-Orient-a-Paris-un-tour-de-table-et-puis-s-en-va-2016-06-03-1200766239?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=welcome_media&utm_content=2016-06-04